17054ème jour

Retour

Sur une branche de bois mort,
Le dernier oiseau de l’été,
Se balance;
Dernier dimanche en ce décor,
Où meurt le sourire enchanté,
Des vacances...
Charles Trenet - L'oiseau des vacances

17053ème jour

Au bain turc de Rhodes

C'est une assez jolie place dans les hauteurs du quartier turc de la vieille ville de Rhodes. Au centre, une fontaine ottomane. Sur l'un des côtés de la place, une mosquée et en quinconce, les bains turcs. C'est un assez beau bâtiment blanc à la porte de bois foncé au dessus de laquelle figure encore une inscription en turc ancien.
Nous sommes entrés.
A l'accueil, un homme et une femme un peu surpris de nous voir. Nous nous acquittons du droit d'entrée (1,5 € par personne), et on nous remet une clef et une coupe en inox. Mes filles suivent la femme qui va leur montrer comment ça se passe. Je vais du côté des hommes, je laisse mes vêtements dans un casier et je rentre dans le hammam. Il y a une succession de salles voutées, au sol de marbre gris, et dont les températures sont variables. Chacune d'entre elles est équipée de petits lavabos de marbre surmontées de deux robinets. Le jeu consiste à remplir le lavabo d'eau chaude, puis a s'asperger longuement avec la coupe en inox. A cette heure matinale il n'y avait encore personne et ça manquait forcément un peu d'ambiance. Je me suis balancé sur la gueule l'équivalent de quatre lavabos et je me suis un peu lassé. A un moment j'ai entendu un bong sonore. Il faut dire que toutes les portes des salles sont équipés d'un groom antique consistant en un gros contrepoids suspendu, refermant la porte et faisant un gros bruit lorsqu'il revient à sa position naturelle. Le bong était du à l'arrivée d'un turc qui m'a salué d'un amical "Merhaba!" Comme je m'étais un peu lassé, je suis ressorti. J'ai retrouvé devant la porte mes filles toutes excitées qui venaient de vivre sensiblement la même expérience.

17052ème jour

La procession d'Aghios Fanourios

C'est le chauffeur de taxi qui nous avait recommandé d'y aller : "C'est la fête d'Aghios Fanourios. Je vous déposerai à la porte Saint Anastase, c'est à deux pas. Vous verrez, il y aura la musique." C'était en effet à deux pas. L'église Aghios Fanourios est si petite que l'on peut passer devant sans la voir. Mais en ce dimanche matin, il y avait tous les musiciens de la fanfare de Rhodes qui attendaient dans l'ombre des ruelles, et la cour entourant l'église était pleine d'une foule écoutant sagement les chants orthodoxes. On a pénétré dans l'église, très en contrebas de la rue, aux fresques effacées tant elles sont vieilles et légèrement éclairées par les nombreux cierges. De nombreuses personnes entraient et déposaient des offrandes devant l'autel et partout dans la cour il y avait d'immenses panières de pain. Chacun se servait, soit pour manger sur place un morceau, soit pour en rapporter un plus grand nombre à la maison.
A la fin de la cérémonie, deux jeunes en débardeur installés sur le toit ont sonné les deux cloches de la petite église. Un cortège se met en place. Derrière la fanfare de Rhodes qui suit son chef agitant mollement une baguette, deux fidèles portent l'icône de Saint Fanourios. Ils sont suivis par tous les célébrants dont deux patriarches coiffés d'une belle tiare dorée. Nous marchons dans les petites rues au sein d'une foule compacte qui prend bien sûr la rue Aghios Fanourios. Tout le monde est aux fenêtres. Beaucoup des habitants tiennent à la main un petit encensoir fumant, d'autres aspergent joyeusement la foule d'une huile parfumée de lavande. Alors que nous marchons, je me prends une grosse giclée sur la joue, à la grande joie de mes filles. Nous avançons ainsi jusquà la mosquée Soliman, presque pour la narguer, puis la procession reprend une petite rue sur la gauche, pour replacer l'icône à sa place habituelle, jusqu'à l'année prochaine...

17051ème jour

Le cap Prassonissi

Hier nous avons fait le tour de l'ile, deux cents kilometres environ. Nous avons fait la halte classique de Lindos avec sa forteresse grecque batie au sommet d'un piton rocheux dominant la mer. Nous avons fait par erreur douze kilometres de terre battue dans l'interieur des terres, nous avons dejeune au cafe du petit village de Siaga, nous nous sommes baignes dans les fortes vagues de la cote Ouest, pres de la forteresse de Monolithos, nous avons visite le Monastere de Skiros recemment restaure et nous sommes alles jusqu'a l'extreme sud de l'ile. J'ai toujours aime les pointes des iles et des continents; elles ont toujours des atmospheres de fin du monde, un peu comme a Trapani voila deux ans deja...
L'extreme sud de l'ile de Rhodes s'appelle le cap Prassonissi. C'est le paradis des surfers. Une immense plage de sable tres fin battue par des vents tres chauds. La mer est totalement envahie de planches et de kite surfs. La partie orientale estr reservee aux nageurs et nous y sommes restes un long moment a jouer dans les vagues, avant de rentrer diner dans le petit village de Koskinou.

17050ème jour

Kafka

Allant voir ce client dans ses deux immenses tours jumelles, je me souviens avoir eu du mal à trouver une place et j'ai donc garé la lada devant l'entrée des livraisons. Juste pour déposer une enveloppe, j'ai le temps, me suis-je dit.
Je me dépèche, je trouve le bureau dans l'immense fourmillière, je dépose mon enveloppe et je cherche la sortie. Cet immeuble est pervers car les deux tours se ressemblent comme deux gouttes d'eau et les étages inférieurs ont des appellations ambigües (Entresol, R et A) sans que l'on sache très bien où il faut sortir. Je trouve enfin le hall d'entree, mais je suis bloqué au sas de sortie car je ne suis pas rentré par le même endroit. On me fait patienter, je dois voir le responsable de la sécurité. Je m'inquiète pour la lada mal garée. Je vois passer une femme étrange, un masque sur le visage et que l'on porte dans un fauteuil roulant. Le responsable de la sécurité arrive enfin. C'est un petit homme à l'allure militaire avec une fine moustache. "Excusez moi pour l'attente, j'étais en train de faire enlever un véhicule devant l'entrée livraisons."
C'est alors que je me suis réveillé dans mon lit à Rhodes.

17049ème jour

Anita

Dans notre hotel, il y a séance de karaoké le samedi soir. Je suis allé y fredonner un Dean Martin avec ma fille aînée. Le karaoké est animé par une femme polyglotte à la cinquantaine bien tassée qui s'appelle Anita. Mes filles ont décidé qu'elle serait ma fiancée officielle pendant toute la durée du séjour.
Hier, à Pedi, alors que je finissais la salade grecque, l'une de mes filles m'a dit : "Pas trop d'oignons papa, tu vois Anita après demain!"

17048ème jour

A la recherche de Symi X et fin - Le tour du port

Notre ferry de retour a Rhodes s'appelait le Proteus et partait a 16h15. Vers 15h00, nous avions depose notre valise dans un cafe afin de profiter de nos derniers moments a Symi. Pour comprendre la suite, il convient de savoir que le port de Symi a une forme de U, les deux branches paralleles du U formant les quais Est et Ouest. Notre ferry d'arrivee nous avait depose sur le quai Ouest et je ne savais pas trop ou le Proteus allait s'amarrer. Comme il y avait un autre gros ferry sur le Quai Ouest, mous sommes alles demander a l'un des marins ou serait le Proteus. "Juste a cote" nous a-t-il repondu tres sur de lui. Qu'a cela ne tienne, nous sommes repartis en face, sur le quai Ouest rechercher la valise, et nous sommes revenus tranquillement sur le cote Est attendre notre ferry. Comme il allait etre 16h10, je redemande a un autre marin. Ce dernier n'a pas l'air tres sur de lui mais il me dit, que si le ferry part a Rhodes, il devrait arriver sur l'autre quai. Je suis un peu embarasse. Il faut dix minutes environ pour aller d'un bout a l'autre et le ferry ne fait vraiment que s'arreter pour deposer et reprendre quelques passagers.
Je me decide a aller en bas du U pour voir de quel cote il se rangera. C'est alors que nous le voyons arriver de face et il m'a alors semble qu'il virait plutot vers le Quai Est de facon a amorcer sa manoeuvre de recul vers le quai Ouest. Nous partons donc, toujours avec la valise vers le Quai Ouest. Et au moment ou nous depassons le premier gros ferry, celui aupres duquel nous nous etions renseigne au depart, nous avons apercu le Proteus, juste de l'autre cote, la poupe presque contre le quai Est. On a vraiment couru comme des malades, sur toute la longueur du U de nouveau, moi avec la valise, mais on l'a eu ce ferry, presque a regret d'ailleurs.

17047ème jour

A la recherche de Symi IX - Pedi

On est descendu a pied, sur une petite route entourée de figuiers. La baie de Pédi me deçoit un peu au prime abord car elle est aussi un petit port et un cargo est en train de décharger des marchandises sur le quai unique. Nous longeons la plage et un peu plus loin, il y un restaurant les pieds dans l'eau. Une jeune femme aux yeux clairs (beaucoup d'habitants de Symi ont les yeux incroyablement clairs) nous apporte la carte. Comme d'habitude, on se partage plein d'entrées : du tzatziki, une salade grecque, des aubergines grillées, des beignets d'aubergine, un peu de pain a l'ail. Le vin local est blanc, limpide comme de l'eau mais le plus étonnant est le raisin: c'est un raisin rouge avec des petites baies oblongues au gout très sucré et prononcé et totalement dépourvues de pépins. Le rêve.
Après déjeuner, on se baigne de nombreuses fois dans l'eau chaude de la baie, on va faire le tour des voiliers qui ont jeté l'ancre ici. Et puis on prend le bus pour remonter à la ville haute.
Le bus à Symi c'est un poème. Un petit bus vert émeraude, avec une vingtaine de places assises et au moins le double de places debout tant tout le monde est serré. Ca crillasse un grec rustique en permanence, les debouts manquent de tomber sur les assis a chaque virage et Dieu sait s'il y a des virages à Symi. On s'arrête à la ville haute juste pour le plaisir de se perdre dans les merveilleuses ruelles entourées de belles maisons au couleurs pastel. Il y a des chats partout. A chaque fois mes filles s'arrêtent pour caresser le matou. Mais le plus surprenant est cette odeur de figue dans toute la ville tant les figuiers aux branches couvertes de fruits sont nombreux en cette saison.
On a pris un verre dans l'un des bars de la ville haute et on a redescendu doucement les 486 marches pour aller dîner au port.

17046ème jour

A la recherche de Symi VIII - Enfin Symi

A l'arrivee dans le port, j'ai ressenti le même bonheur visuel que lors de cette première fois où je n'avais fait qu'effleurer l'île sans en toucher le sol. Le soleil éclairait les belles maisons au style XIXème très homogène qui recouvrent tous les gradins de l'amphithéâtre naturel du port. A l'arrivée, nous errons dans le port à la recherche d'un hotel. Il y en a peu dans la ville basse. A l'extremité de l'un des quais, à l'hotel Dorian, la propriétaire nous dit que l'on peut aller chez sa fille dans la ville haute. C'est soit les 486 marches, soit le bus, soit le taxi. Nous optons pour cette dernière solution. On trouve l'arret des taxis. Un mec est là, au look baroudeur avec deux jeunes enfants. Il est francais. On échange quelques mots:
- Vous attendez un taxi?
- Oui
- Ca peut prendre longtemps?
- C'est comme tout ici, c'est assez aléatoire.
- ...
- Ca repond a votre question?
- Vaguement...

On discute un peu ensemble et je comprends que je m'adresse à un déçu de Symi. Rien ne lui plait. Les gens ne sont pas aimables, à chaque fois il y a une histoire invraisemblable avec les taxis et c'est la plus chère des îles grecques.
Des taxis passent en effet mais ne s'arrêtent pas. Puis le baroudeur en trouve un et nous partons finalement dans une vieille Mercedes grise. Je montre le papier avec l'adresse au chauffeur. Il a l'air de comprendre mais ne dit pas un mot. J'ai même du mal a lui faire annoncer à l'avance le (modeste) prix. La route monte en faisant un grand lacet où peu a peu une vue somptueuse sur tout le port apparaît. Quelques minutes plus tard le taxi nous dépose au bout d'une allée. On arrive dans une jolie maison tenue par des gens adorables. Il nous offrent un verre d'eau, des cerises confites maison et nous montrent la chambre. Elle a une vue superbe sur toute la ville haute, la crête couverte d'anciens moulins, plus à l'est la baie de Pédi, sublime, et tout au fond les côtes turques. On reste là quelques minutes et on se dit qu'il faut partir avec nos serviettes de plage et aller à Pédi.

17045ème jour

A la recherche de Symi VII - Le ferry Rhodes-Symi

Si vous allez au port principal de Rhodes pour demander les horaires des ferries, vous verrez sur la jetée une cahute où un individu peu aimable vous proposera de faire la traversée le mercredi ou le dimanche pour vingt cinq euros. Ne l'écoutez pas. Allez au petit port tout proche. Et là, vous trouverez des bateaux de plus petite taille qui vous emmeneront tous les jours à Symi pour dix neuf euros, les enfants payant moitié prix. Le vendeur souriant m'a même affirmé que l'an passé, j'aurais pu bénéficier du tarif réduit. C'est donc demain que je débarquerai enfin à Symi. Sauf si je meurs dans la nuit d'une crise cardiaque. Ou sauf si le ferry chavire.

17044ème jour

Mes restaurants préférés de Rhodes

17043ème jour

L'émail des dents

Lorsque j'étais enfant, pendant les dîners familiaux, il y avait souvent du potage que nous appellions banalement la soupe. Très régulièrement, notre père nous demandait fermement de ne pas boire pendant la soupe, car le mélange du froid et du chaud, "c'est mauvais pour l'émail des dents". Et moi, j'entendais "les mailles des dents" et donc je ne comprenais rien a cette recommandation paternelle que je respectais cependant scrupuleusement.

17042ème jour

Le Bolero

Quand Toscanini va le diriger a sa manière, deux fois trop vite et accelerando, Ravel vient le voir froidement après le concert. Ce n'est pas mon mouvement, lui fait-il remarquer. Toscanini se penche vers lui, allongeant encore son long visage et plissant le fronton qui lui sert de front. Quand je joue ça dans votre mouvement, ça ne fait aucun effet. Bon, réplique Ravel, alors ne le jouez pas. Mais vous ne connaissez rien à votre musique, frémissent les moustaches de Toscanini, c'était la seule facon de la faire passer. Rentré chez lui, sans en parler à personne, Ravel écrit à Toscanini. On ne sait pas ce qu'il lui dit dans cette lettre.
Jean Echenoz - Ravel

17041ème jour

Farniente a Rhodes

Nous avons découvert l'hotel. J'ai fait découvrir à mes filles les mezzés grecs. Le Tzatziki et les feuilles de vigne bien sûr, mais aussi les poulpes en salade, la féta au four, les hoummos, les crevettes grillees, le calmar, bref la vraie vie accompagnée d'un verre de vin rouge puissant.
Et puis, en allant en direction de la plage, nous avons aperçu un vol groupe d'une cinquantaine d'albatros, qui volaient en faisant du sur place. Le moment était magique.

17040ème jour

Retour a Rhodes

En quittant Orly, il faisait tout gris. L'avion étant géré par une compagnie de charter, même pas un sac à vomi griffé, juste un minable airsicknessbag. Et bien sûr, nous avons eu droit aux blagues habituelles :"Nous allons à Rhodes avec une escale à Héraklion mais si vous nous donnez une enveloppe, on peut faire l'inverse..."
Le ciel s'est éclairci dès que nous avons survolé l'Italie et l'aterrissage à Héraklion, qui a des airs d'amerrissage était vraiment sublime. Comme ma voisine se bouchait fermement les oreilles, je lui ai donné mes petits trucs de changement de pression.
Quarante minutes plus tard nous arrivions à Rhodes. Nous sommes accueillis par une bouffée d'air chaud et un vent assez fort. La chaleur et le vent seront sans doute les deux mots clefs de ces quinze jours...

17039ème jour

Deux petits vieux

Ce matin je déjeune avec Francisco dans la brasserie qui fait face au Château de Saint Germain en Laye. A côté de nous sont installés deux vieillards assis côte à côte à deux tables différentes. L'un, tout mince, est habillé de façon très soignée et porte cravate, l'autre, assez gros est habillé de façon détendue. Le mince est en train d'avaler un foie de veau tandis que le gros conclut son déjeuner par un irish coffee. Ils commencent à discuter pour meubler l'ennui. Je n'ai pas entendu le début de leur conversation. Mais à un moment donné, le maigre dit à l'autre :
- Je suis veuf depuis deux jours...
et l'autre lui répond:
- Ah! ben moi je suis veuf depuis trois ans...

17038ème jour

L'embarcadère pour Rhodes

Alors que ce jour là, j'attendais le ferry pour Rhodes, je me suis décidé à appeler mon ami Gaëtan à Montreal dont je n'avais pas de nouvelles depuis Noël. Première surprise je l'ai appelé le jour de son anniversaire sans même m'en rendre compte (je suis très mauvais pour les anniversaires, surtout depuis que mon smartphone ne les affiche plus au quotidien). Je n'ai rien caché et j'ai reconnu que si je l'appelais ce jour là le hasard faisait bien les choses. Deuxième surprise, il m'annonce qu'il était à Amsterdam en avril et qu'il a entendu un concert au Concertgebouw. APrès quelques vérifications, il a bien fallu se rendre à l'évidence. Alors que nous vivons la plupart du temps à 7000 km de distance, nous avons passé la soirée du 12 avril sous le même toît, sans même nous en rendre compte.

17037ème jour

Des nouvelles de Jerry

Jerry est réapparu dans la liste de mes contacts msn messenger. Il prétend qu'un "ami" ayant ses mots de passe lui a joué le tour de l'envoi de l'e-mail. Il prétend aussi qu'étant loin, il n'a pu donner de nouvelles. J'ai eu du mal a en savoir plus et les informations vaseuses m'ont quelque peu laissé sur ma faim.
Azure-Te, tu peux te rassurer désormais, tes larmes n'étaient guère méritées.

17036ème jour

Der des der

Lorsqu'avec mon pere, suite a une erreur de conduite, nous nous retrouvons dans un lieu etrange, la cour d'une ferme ou une impasse inprobable, lorsque nous faisons demi-tour pou retrouver notre chemin, mon pere me dit d'un air grave : "Eh bien Vince, nous ne reviendrons jamais ici de notre vie!"

17035ème jour

A poil

A l'issue des contrôles de sécurité de Ben Gourion, j'étais plutôt enclin à penser que ce type de mesure allait probablement s'étendre à toutes les compagnies. Les événements de Londres risquent hélas de confirmer cette impression. Et au vu de la diminution permanente de la taille des explosifs, il ne faut pas exclure de devoir voyager un jour dans le plus simple appareil...

17034ème jour

Sentence

A la fin de sa vie, ma grand-mère paternelle avait coutûme de dire : "Il vaut mieux partir qu'arriver..."

17033ème jour

Le lustre magique

Je ne sais pas très bien pourquoi, avec deux collègues, nous sommes allés aujourd'hui dans un petit restaurant japonais de Colombes, mais les sushis y étaient plutôt frais. A la fin du déjeuner, nous avons détaillé le lustre étonnant fixé au plafond. Un rectangle de plastique transparent auquel étaient suspendus douze colonnes de même matière. Mais le kitsch de l'objet résidait dans les éclairages multicolores, clignotants et variés qui transformaient cet éclairage en un sapin de Noël permanent. Comme nous l'admirions un rien narquois, le serveur, un jeune chinois très gentil est venu nous en parler. Il nous a dit que l'on pouvait changer les réglages avec une télécommande. Au désespoir de mes collègues j'ai demandé une démonstration. Et en effet on pouvait varier les couleurs et les intensités. A un moment plusieurs centaines de watts ont envahi la salle et les convives des autres tables, soudains sortis de leur torpeur nous ont regardés d'un air réprobateur. Notre ami démonstrateur nous a dit qu'au sous-sol, se trouvait un lustre identique mais avec en plus une boule tournante. J'étais prêt à accepter la visite du Saint des Saints, mais mes collègues m'en ont empêché.

17032ème jour

Cent et quelques rencontres

François Mitterrand rue du Four avec un immense chapeau sur la tête, saluant à droite à gauche les passants tel un monarque, Valéry Giscard d'Estaing juste avant son septennat à Chamalières, et le dernier jour de son septennat à l’arc de triomphe, Jacques Chirac, alors maire de Paris, avec une béquille pour l’inauguration du Châtelet.
Philippe Seguin devant l’hôtel George V, Edouard Balladur sortant de chez lui boulevard Delessert, Lionel Jospin pas encore ministre rue Christine, Jean-Louis Debré à deux pas de l’Assemblée Nationale, Dominique Strauss Kahn et Anne Sinclair dans l’ascenseur de Pleyel pour un concert Abbado-Berlin, Raymond Barre assis à côté d’Alfred Brendel dans une loge du Théâtre des Champs Elysées en deuxième partie d’un concert Abbado-LSO, François Léotard ministre de la Culture s’ennuyant ferme à un concert Abbado–Vienne à Pleyel, Jacques Toubon ministre de la Culture ravi d’être à un concert au Châtelet, Jack Lang qui se croyait encore ministre de la Culture et qui me dit "Bonjour Monsieur!" sur le plateau de Sacrée Soirée, Bernard Pivot à la soirée Lang un soir de fête de la musique, Laurent Fabius qui déjeune avec son fils au Balzar pas loin de la table où je suis installé avec tigger, Elisabeth Guigou en face du Clos des Lilas, François Bayrou qui a envie d’engager la conversation devant chez Lipp pendant la campagne électorale de 2002, Boutros Boutros Ghalli chez des amis pour une jolie photo avec Madame, Jacques Chaban-Delmas, pas longtemps avant sa mort dans l'avion de Bordeaux, Roland Dumas qui traîne la patte quai Bourbon, Charles Pasqua qui s’énerve dans sa voiture officielle à Neuilly, Alain Poher encore président du Sénat qui sort du Grand Véfour, Madame Chirac à qui je tiens la porte de son centre des impôts. Mme Pompidou à un anniversaire.
Bill Gates dans les locaux de Microsoft, Boris Becker qui sort du Royal Monceau, Jacques Chazot qui sort d’une boîte rue Sainte Anne, Yannick Noah qui se balade seul un matin via dei Condotti, Karl Lagerfeld au Flore, le professeur Jean Bernard dans sa voiture, son bicorne d’académicien sur les genoux, Patrick Dupond qui me drague dans le hall de Pleyel, son bichon sur les genoux, Jean-Pierre Darras et son chien atroce à Deauville, Jean-Paul Belmondo et son chien plutôt mignon au Drugstore des Champs, Eddie Barclay à Orly au retour d’un vol de Marrakech, Laurent Terzieff à Saint Germain, Jeanne Moreau dans un restaurant japonais rue Sainte Anne, Pierre Bergé qui téléphone de sa Classe-A le soir où Le Pen passe le premier tour, Bernard Henry Levy au Twickenham, le bar en bas de chez lui, Catherine Deneuve cachée sous un joli chapeau au même endroit, Florian Zeller aux Editeurs, René de Obaldia qui m’inscrit un bel autographe sur le livret de son Fantôme, posé sur mon dos.
Michel Blanc dans le hall de l’oriental à Bangkok, Gérard Jugnot avec sa famille dans un restaurant oriental à Saint Germain, Isabelle Adjani dans la même cabine téléphonique que moi près de Pleyel, Jean Marais devant le Berkeley avec la barbe du roi Lear, Patrice Chéreau dans une rue du Marais, Laureen Bacall que je suis longuement dans la rue Saint Honoré, Lambert Wilson au café Marly, son père Georges dans un ascenseur je ne sais plus où, Gérard Depardieu sur sa moto avenue de Villiers, Carole Bouquet à une pièce de théâtre, Francis Huster au Virgin des Grands Boulevards, Bruno Ganz presque assis sur nos genoux à Berlin, Claudia Cardinale qui fait ses courses au Marché de la rue de Lévis, Jean-Jacques Annaud dans un restaurant à Berlin pour le tournage de Stalingrad, Daniel Auteuil encore maquillé en Scapin au Balzar, le sculpteur César encore au Balzar, Michel Boujenah et toute sa famille à la Brasserie Lorraine, Mireille Dumas au même endroit, Marc-Olivier Fogiel et Mimi Mathy ensemble au cinéma sur les Champs Elysées, Jean-Marie Messier qui téléphone au Lounge de Roissy, le professeur Croze-Marie ironiquement en train d'acheter des médicaments dans une pharmacie de Bandol, Thierry Ardisson en bas de chez lui rue Saint Honoré, Yves Mourousi à un angle de rue près de Cognac-Jay, Jean-Pierre Elkkabach devant le CNIT, Bruno Masure qui se rhabille après une soirée mousse, Jean-Marie Cavada dans la cour du Sénat, Philippe Bouvard chez Allard, Lorie sur le plateau de Ruquier à qui je demande un autographe pour ma fille, Laurent Ruquier et Claude Sarraute au café Beaubourg qui préparent leur émission sur les flashmobs, Claude Sérillon devant la maison de la radio, Frédéric Taddei qui nous balance dans la gueule sa caméra lumineuse à deux pas de sa Volvo mythique, Christophe Salengro à la terrasse de la Carbonara à Rome, Benjamin Castaldi dans un restaurant branché de la rue Marbeuf en plein succès du premier Loft.
Dave qui fait ses courses avec son mec rue de Bretagne, Marc Lavoine au Wong, Yves Montand chez lui pour une heure inoubliable autour d’un whisky, David Bowie à une dédicace au Virgin des Champs-Elysées, Claudio Abbado au même endroit, Gilles Vigneault qui va en coulisse saluer Trenet au Théâtre Sainte Catherine, Charles Trenet assis dans sa 607 à la sortie des artistes de Pleyel le soir de son dernier concert, Charles Aznavour à un concert Trenet au Palais des Congrès, Charles Dumont chez Thoumieux, Serge Gainsbourg à la buvette du Théâtre des Champs-Elysées pendant l’entracte du concert Horowitz, Serge Lama à un Club Med à Faro, Sylvie Vartan et David Halliday dans un restaurant près des Champs, Harry Connick Jr dans les toilettes de l’Opéra Bastille, Bernard Lavilliers chez Lipp qui drague V., Georges Moustaki sur sa moto je ne sais plus où, Jean-Michel Jarre à la meilleure table de chez Georges, Jérémy Chatelain au concert de Louis, Louis dans le bar en face du Nouveau Casino, Henri Salvador à la fnac Montparnasse.
Evgeny Kissin devant la fnac Ternes, Alfred Brendel à une terrasse d’Aix en Provence, William Christie dans les rues d’Aix en Provence, Eve Ruggieri dans l'assistance de la Flûte du même Christie, Alain Duault à un concert, Philippe Labro je ne sais combien de fois à des concerts, Karl Heinz Stockhausen devant le théâtre des Champs Elysées, Daniel Barenboim avec un grand chapeau noir dans le hall de Pleyel et beaucoup plus tard à Berlin, dans la même brasserie que Jean-Jacques Annaud, Kurt Masur, toukours dans la même brasserie, et que je félicite pour une Première de Mahler vraiment très banale avec les Berliner Philharmoniker, Herbert von Karajan à l’arrière de sa Mercedes noire entre sa femme et l’une de ses filles, acclamé comme un dieu vivant, Ivry Gitlis dans une petite bagnole décapotable rue du Sabot, Ivo Pogorelich éblouissant de beauté pour la séance dédicace de son premier récital parisien, Anne-Sophie Mutter en dédicace à Pleyel, Mstislav Rostropovich au même endroit, Georg Solti dans la loge de Pleyel, Carlo-Maria Giulini dans la même loge, Elisabeth Schwarzkopf chez Pygmalion, Francesco Tristano Schlimé au bar de l’Auditori à Barcelone et inquiet pour son chat, Mischa Maisky dans l’assistance de concerts à Gaveau et au Musikverein, Elisabeth Chojnaka après un concert du festival Présence, Marc Minkowski entouré de jeunes fans à la Première d’Adriana Mater, Philippe Jaroussky en bas de chez moi qui parle à une amie et plus tard dans ma voiture, Gautier Capuçon en bas de chez moi, lunettes de soleil et violoncelle au dos, Christoph Eschenbach dans un restaurant près des Champs, Seiji Ozawa qui se balade au milieu de l’avenue Matignon, Pascal Dusapin et Laurent Bayle aux 80 ans de Boulez, Pierre Boulez que je ramène chez lui dans ma voiture et à un dîner à Bozen, John Zorn à New York le jour de ses 50 ans.
Sur une idée de Coquecigrue déjà piquée par Neimad.

17031ème jour

Souvenirs de travail I

Il a une quinzaine d'années, j'assistais au comité de suivi hebdomadaire d'un projet informatique assez difficile. Le chef de projet était malade et remplacé par son adjoint, très tendu. Pendant la réunion, l'adjoint, qui était assis à ma gauche s'est soudainement évanoui et a glissé sur le sol. Je lui ai flanqué une baffe.
Puis dès qu'il a repris ses esprits et à sa demande, nous avons repris la réunion.

17030ème jour

A71

Un voyage inhabituel entre Paris et Clermont Ferrand hier. L'autoroute est tellement chargé à partir du péage de Saint Arnoult que je décide de le quitter. Nous traversons des petits villages de la Beauce, nous évitons Orléans, nous nous arrêtons pour revoir brièvement la belle basilique de Saint Benoit sur Loire, nous déjeunons tranquillement au Lièvre gourmand le délicieux restaurant de Vailly sur Sauldre.
Puis nous repartons en direction de l'Auvergne par l'ancienne route que je connais par coeur. La Charité sur Loire, Nevers, Moulins. Tout a changé, de plus longues portions à quatre voies, plus de carrefours giratoires, plus de contournements d'agglomération. A Gannat cependant, nous passons encore en plein centre ville et mes filles ont du mal à me croire lorsque je leur explique que l'ancienne route entre Paris et Clermont Ferrand s'écoulait autrefois par cette étroite ruelle. Nous passons devant le mur du cimetière du Cheix sur Morge où Fernand Raynaud a jadis fracassé sa Rolls-Royce. Et nous apercevons enfin la silhouette familière des volcans.

17029ème jour

Pile poil

A Tel Aviv, la semaine passée, pour une raison que vous devinerez sans doute, j'ai du brusquement ôter mon chewing gum de la bouche et comme je me trouvais sur le lit de la chambre d'hôtel, je l'ai déposé (j'ai honte) sur la table de nuit. Et puis je l'ai oublié.
Le lendemain, alors que nous déjeunions à Ein Karem, je regarde l'heure et je me rends aussitôt compte que le chewing gum de la veille est coincé entre mon poignet et ma montre. Dans la nuit,j'avais posé la montre pile dessus.
Je suis allé aux toilettes du restaurant pour faire disparaitre l'abominable gomme. J'ai tenté l'eau froide, l'eau brûlante, rien n'y a fait. Au final, je me suis retrouvé avec trois centimètres de peau totalement glabre. Cela se voit encore parfaitement aujourd'hui lorsque je retire ma montre verte.

17028ème jour

Eau melon

Chaque fois que j'ai l'occasion de manger du melon, me revient le souvenir de ma grand mère maternelle. Celle-ci était plutôt superstitieuse et ne supportait pas, par exemple, qu'il y eut treize personnes à sa table. Elle était également horrifiée à l'idée que l'on puisse boire de l'eau avec du melon. Cette crainte provenait sans doute d'une légère indisposition d'enfant faussement attribuée à la conjonction des deux aliments. Nous avions beau lui dire que les melons étaient naturellement gorgés d'eau, rien n'y faisait. Et bien sûr nous buvions verre sur verre au moment du melon. Elle était à chaque fois très inquiète des conséquences possibles.

17027ème jour

Les yeux verts

Elle avait quitté la scène en 1979, il y a plus de vingt cinq ans et je ne l'ai jamais entendue sur scène. Comme beaucoup j'étais ébloui par sa Maréchale, par ses quatre derniers Lieder, ses Quatrième et ses Rückert avec Walter. Arrivé depuis peu à Paris, j'étais allé dans un magasin de disque aujourd'hui disparu, Pygmalion, boulevard de Sébastopol. Tout intimidé, je m'étais approché. Elle m'avait dédicacé une jolie photo que j'avais découpée dans une revue l'Avant Scène qui lui était consacrée. J'avais été sidéré par ses magnifiques yeux verts.
Elle est partie la nuit dernière pour toujours.

Gustav Mahler : Ich bin der Welt abhanden gekommen
Elisabeth Schwarzkopf
Concert d'adieu de Bruno Walter aux Wiener Philharmoniker
29 mai 1960

17026ème jour

A la recherche de Symi VI

Le sort en est jeté. C'est entre le 16 et le 30 août que mes pieds se poseront enfin sur l'île de Symi.

17025ème jour

Le blog chronophage

Je le lisais jadis, très régulièrement. Son auteur commentait parfois ici, et moi chez lui. On avait débattu sur l'incompatibilité entre le blog et le bonheur. J'étais un peu jaloux de son talent d'écruture, et plus encore de son talent graphiste, de sa patte visuelle. Et puis il avait disparu, comme tant de blogs. Et puis il est revenu. Il y a longtemps déjà. Et je n'en savais rien.
Chronolog is back.
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