17236ème jour

Proverbe turc

Ne plus aller en Turquie me manque quelque peu, en particulier lorsque je lis ce proverbe, tellement adapté à la mentalité ottomane :
Il faut parfois savoir sacrifier sa barbe pour sauver sa tête.

17235ème jour

69 rue du Rocher

Un instant vraiment agréable, dans un endroit qui me rappelle quelques souvenirs. La Résurrection de Kaplan, le Quatrième Concerto de Paganini, le Tango Pathétique de Kiesewetter et le Walzerspaß de Sofia Gubaidulina... et l'un de plus cadeaux que l'on ne m'ait fait depuis longtemps... et que je ne méritais assurément pas... Merci encore...

17234ème jour

Envies

Le London Symphony Orchestra vient d'annoncer sa saison 2007-2008 au cours de laquelle sera donnée une intégrale des symphonies de Mahler, sous la direction de son nouveau chef principal Valery Gergiev. Les symphonies seront jouées au Barbican, à l'exception de la Huitième qui cloturera le cycle à la cathédrale Saint Paul, le 30 juillet 2008.

17233ème jour

Adès-Ligeti-Antheil au festival Présences

Après une nuit blanche et une méchante grippe, j'affrontais ce concert avec appréhension. On ne sait pourquoi, la salle Olivier Messiaen était plongée dans le noir pendant le concert, juste éclairée par les pupitres des pianos et j'ai somnolé pendant toute la première partie. Mais adoptant les préceptes du best seller Comment parler des livres que l'on a pas lus, je n'hésiterai pas à dire que la musique de Thomas Adès manque parfois de consistance et qu'elle est souvent une suite de détails manquant de ligne de force. J'étais venu essentiellement pour Ligeti et Antheil, et en particulier pour son fameux Poème symphonique pour cent métronomes. La encore, grosse déception, au lieu de la centaine de métronomomes attendue, nous avons eu droit à la simple diffusion d'un enregistrement de piètre qualité, sur laquelle la pulsation d'un unique métronome présent sur scène avait été ajoutée. Une partie du public a visiblement eu du mal à comprendre de quoi il s'agissait.
Le concert s'achevait par le ballet mécanique de George Antheil, l'un des plus méconnus des compositeurs intéressants et le plus intéressant des compositeurs méconnus. Américain né en 1900, fils de cordonniers, admirateur de Stravinsky, George Antheil est un cas unique dans l'histoire de la musique. Son ballet mécanique, pour deux pianos, deux pianos mécaniques, hélices d'avion et percussions a été créé en 1923 au Théatre des Champs Elysées, en accompagnement d'un film de Fernand Léger, et repris en 1927 à Carnegie Hall faisant l'objet d'un mémorable scandale. Le film de Léger, aux confluents de Breton et Bunuel a de véritables accents loufoques et la musique, pétaradante, bruyante, mécanique à souhaits est une véritable préannonce de ce que Varèse fera plus tard avec Amériques.
Dans la salle, à quelques places sur la droite, la tignasse rousse d'Elisabeth Chojnacka qui interprètera dans six jours au même endroit mon très cher Hungarian Rock.

17232ème jour

Un samedi

Il m'avait dit qu'il me réveillerait vers quatre heures du matin. Je ne penserais pas qu'il le ferait. Mais il le fit. Je me suis rhabillé et je suis allé le chercher devant la bulle de Saint Lazare. On est remonté chez moi. On a bu du Coca Zero. On a beaucoup parlé. Je n'ai pas osé l'embrasser. Je l'ai raccompagné chez lui près de l'île de la Jatte. Le jour se levait.

17231ème jour

Brighton-Londres-Paris

Alors que je rentre à Paris par l'Eurostar, mon esprit rêvasse, alimenté par cette citation extraite de l'Agenda 2007 de La Pléiade:
Si tu n'espères pas l'inespéré, tu ne le trouveras pas.
Héraclite (VIème-Vème siècle avant JC), cité par Clément d'Alexandrie, Stromates

17230ème jour

Brighton

Les jours se ressemblent à Brighton. Cette fois ci, les réunions ont lieu à l'Old Ship. J'ai la grippe mais je ferraille ferme avec la partie adverse. Le soir, dîner à l'hôtel du Vin; que mes collègues britanniques appellent The du vin et où j'ai plaisir à discuter avec les serveurs français. Le sommellier a été incapable de me dire l'originie du nom de son beau métier.

17229ème jour

Paris-Ashford-Brighton

Au lieu d'aller jusqu'à Londres, je descend cette fois-ci à Ashford où je récupère la voiture de location. J'oublie de demander à l'agence une carte de la région. Je me dis que celà doit être tout simple, qu'il suffit d'aller à la côte et de la longer jusqu'à Brighton. Grave erreur. Arrivé à Douvres, que dois-je suivre? Folkestone? Ramsgate? Je de mande de l'aide à un ami néerlandais qui m'envoie par e-mail l'image de la carte de la région. Je l'affiche sur mon téléphone et me rends compte que je suis venu à Douvres pour rien. Je repars dans la nuit. Une heure trente plus tard je retrouve Brighton et mon cher Old Ship labyrinthesque.

17228ème jour

Rufus Wainwright chante Judy Garland à l'Olympia

J'attendais beaucoup de ce concert, parce qu'il est rare d'entendre aujourd'hui ce répertoire avec un vrai orchestre et puis parce que j'ai une vraie affection pour Rufus Wainwright. La salle était pleine à craquer, avec une proportion masculine dépassant les 60%. Quant on concert, il était en effet agréable d'entendre un bon orchestre avec de vrais instruments à cordes et une section de cuivres endiablée. Mais hélas, Rufus Wainwright, dont la voix est naturellement un peu métallique, était ce soir incapable d'affronter la moindre note aigüe. Bref, une soirée à oublier. On écoutera plutôt le double CD de Judy Garland de ce concert mythique de Carnegie Hall.

17227ème jour

Valter

J'avais rencontré Valter lors d'un séjour précédent au Brésil. On avait eu un premier contact manqué, un concert à la Sala São Paulo raté, parce qu'il était en retard à notre rendez-vous. On avait bu un verre un autre soir à l'hôtel Unique et on était toujours restés en contact. Cette fois encore, il était en retard, mais avec son sourire immaculé est ses cheveux blonds, on ne peut que lui pardonner. On a pris ma petite voiture de location, et il m'a emmené visiter des quartiers de la ville que je ne connaissais pas et aux noms qui font rêver, Ibirapuera, Morumbi, Brooklin. Valter aime sa ville, il admire beaucoup ces nouveaux quartiers hérissés de tour en construction et que j'associe volontiers à un cancer urbain. On est allé déjeuner à une terrasse. On a pris des capirinhas fraise et une marmite de poisson et de crevettes en sauce à la noix de coco. Pendant le repas, un énorme orage à éclaté, nous obligeant à nous réfugier à l'intérieur du restaurant. On a repris la voiture, il m'a guidé jusqu'au nord de la ville, près du fleuve Tiétê. Je l'ai laissé au métro. On s'est dit au revoir et même à très bientôt puisqu'il doit venir passer quelques semaines à Paris pendant l'été. Puis j'ai repris la route de l'Aéroport. C'est fini.

17226ème jour

Tiago

Il m'a rejoint à mon hôtel, à l'angle de la Rua Augusta et de Alameda Itu. On a descendu la rua Augusta jusqu'à Lorena et on a pris Haddock Lobo jusqu'au Figueira. Je n'ai pas pu résister devant les baby oysters de l'Ile Santa Catarina, il a pris des ribs d'un gros poisson blanc, on a bu une bouteille d'un chardonnay chilien. Son prénom, assez fréquent au Brésil, se prononce Tchiago. Il est étonnant avec ses cheveux blonds et ses yeux très bleus. Il est du sud du Brésil, près de l'Uruguay où tant de colons se sont installés au cours du XXème siècle. Il m'a expliqué que son père est d'origine indienne, sa mère moitié allemande, moitié italienne du Nord. Sa soeur a parait-il un visage indien et des yeux noirs. C'est celà aussi, le charme du Brésil. Dans sa ville, plus de 60% des habitants sont blonds aux yeux bleus comme lui. Il m'a appris beaucoup de choses sur son pays, m'a donné l'envie terrible de visiter la région de Bahia, où les habitants sont, parait-il, si accueillants, le Sud et ses zones encore vierges et bien sûr l'Amazonie. Au cours de la discussion il m'a raconté que, voici un an, il avait rencontré un turc dans une boîte de São Paulo qui lui avait dit qu'il ne couchait jamais le premier soir. Tiago voulait visiblement savoir ce qu'il en était des européens. Je lui ai répondu elliptiquement, puis on est rentrés à l'hôtel et par deux fois, au début de la nuit et au lever du soleil, je lui ai fait comprendre que j'étais assez flexible sur le sujet.

17225ème jour

Comment se sortir de la merde en quatre étapes

Le téléphone de ma chambre d'hôtel a sonné tard dans la nuit. Une voix douce, avec un accent asiatique qui semble issue du milieu de la nuit à l'autre bout de monde. Elle me parle en français avec ce ton destiné à calmer les personnes les plus énervées. Pourtant ceci n'est guère utile avec moi tant je suis calme et heureux de recevoir l'appel. Elle m'indique que je peux me rendre le lendemain à l'ouverture de l'agence Bradesco qui se trouve dans la rue de mon hôtel l'Avenida Princesa Isabela. Mille trois cent trois dollars américains m'y attendront en monnaie locale, me dit-elle.
C'est le plus important l'argent. Sans argent, il n'est même pas possible de se rendre en taxi au Consulat demander un document de sortie du territoire.
A dix heures je passse la porte de Bradesco, je demande un gérant qui parle anglais. La jeune femme a l'air un peu méfiant, elle me dit n'être au courant de rien. Je lui donne le numéro de téléphone de Visa International, mon numéro de dossier. J'attends. Apès quinze minutes d'attente tout est résolu, je repars avec 46 billets de 50 réals et quelques pièces. Je les range en deux endroits différents.
Puis je pars pour le consulat de France à Rio, situé dans le centre, dans les locaux de l'ancienne Ambassade, il y a cinquante ans. Je suis reçu par un jeune mec qui à l'air d'avoir un boulot en or. Pas grand chose à faire, la vie douce et le soleil. Il m'indique qu'il n'y a pas de problème pour avoir mon laissez-passer mais qu'il serait préférable de lui fournir une photo d'identité de bonne qualité afin de la scanner sur le document. Je ressors du consulat, je me rends dans un petit magasin de photo à deux pas de là. Il y a une sorte de photomaton. Je m'y installe. Mais au lieu de l'écran habituel il y a une sorte de fenêtre et de l'autre côté une jeune fille souriante avec un énorme appareil photo numérique. Celà me fait tellement rire que je ressors de là avec ma photo où je figure hilare. Je retourne au consulat dont je ressors aussitôt avec le précieux laisser-passer...

17224ème jour

Le jeune homme à la chemise violette

Je voulais profiter du soleil enfin un peu oblique pour me baigner dans l'océan. J'ai posé mes affaires dans le sable, en face du Copacabana Palace. Un jeune homme en chemise violette est passé, jetant un coup d'oeil à mes vêtements et à mon sac. Cela a attiré mon attention et je l'ai observé. Il est allé parler à un groupe voisin. J4en ai profité pour aller dans l'eau. Oh, j'ai à peine nagé, tant les rouleaux étaient impressionnants, et puis je surveillais mes affaires du coin de l'oeil. C'est alors que j'ai vu le jeune homme en violet à côté de mes affaires. Je suis sorti de l'eau en courant. Je l'ai vu s'éloigner avec mon bermuda. j'ai couru derrière lui mais moins vite, je savais déjà que c'était foutu. J'ai traversé l'avenida Atlantica en courant au mileu des voitures, pieds nus et avec mon maillot de bain jaune. Un vieillard comprenant ce qui produisait m'a dit qu'il l'avait vu s'enfuir. Je suis revenu vers la plage en faisant le compte de tout ce que je perdais. mes cartes de crédit, mon argent, mon téléphone, mon passeport, la clef de la voiture de location. Beaucoup de temps et d'énergie en perspective pour déméler cette situation inconfortable, à soixante douze heures de mon avion pour Paris.
Et quant à toi, le jeune homme à la chemise violette, je ne t'en veux pas. J'espère que tu avais vraiment besoin de ce que tu m'as pris. Je ne dois m'en prendre qu'à ma bétise, pour avoir avec moi tout ce sans quoi il est difficile de vivre à l'étranger, fonçant tête baissée dans un risque que j'évaluais parfaitement. Et après tout, il y a un peu de justice à ce que les visiteurs des pays où la richesse la plus insolente cotoie tant de pauvreté soient confrontés aux deux faces de la réalité.

17223ème jour

Les kiosques de Copacabana

Tout au long de Copacana, se trouvent des kiosques en bois coloré. Il y en a des bleus des rouges, des jaunes, ils ont en général un nom et aussi un numéro. Les cariocas s'y donnent volontiers rendez vous "à quatorze heures au kiosque N°28". On y trouve des petits trucs à manger, des boissons. Le menu est inscrit à la main sur des ardoises. Certains cotoient une pyramide de noix de coco (2 Réals la noix cette année) que l'on peut boire à la coquille sur quelques chaises en plastique coloré. Bref, rien d'extraordinaire, juste le charme de Rio.
Et puis la municipalité a décidé de changer tout celà. Les kiosques sont en train d'être tous remplacés par un modèle unique, un cylindre de verre et de métal pouvant être climatisé, surmonté d'un toît en pyramide aplatie qui fait penser aux anciens kiosques, mais lui aussi de verre. L'ensemble serait réussi s'il n'était pas dramatiquement impersonnel. Il pourrait aussi bien se trouver sur les Champs Elysées, via del Corso ou à Covent Garden. Bien des cariocas sont paraient-ils furieux de voir un peu de leur passé qui s'envole.

17222ème jour

Guilherme

Il est venu me chercher à mon hôtel. Moitié allemand, mais de nationalité brésilienne, il avait beaucoup de charme avec son bermuda beige, son tee shirt noir ses cheveux très blonds et son anneau à l'oreille. On est allé dans le kiosque situé juste en face du Copacabana Palace, et on a commandé une Capirinha et des bolsas de bacalhau. Pendant le dîner, j'ai vu sur sa carte de crédit que le prénom qu'il m'avait donné, Guilherme, n'était pas le sien. Il m'a proposé de voir son appartement et je l'ai suivi au huitième étage d'un immeuble année 50. L'appartement était très petit, tout en longueur avec une première pièce meublée d'un canapé sur lequel tronait en énorme ours blanc en peluche, et une seconde pièce, avec vue sur la baie de Copacabana et meublée juste du lit. Il s'est immédiatement déshabillé, me disant qu'il aimait évoluer comme celà chez lui. Puis il s'est étendu à côté de moi. Je l'ai caressé quelques instants, puis on est passés aux choses sérieuses. Il avait l'air d'avoir envie d'en finir assez vite et c'est ce qui est arrivé. J'ai pris une douche, je me suis rhabillé, il m'a dit qu'on se retrouverait à la plage le lendemain à dix heures, en face du Copacabana Palace.
Le lendemain, je suis allé lire sur la plage. Il n'est pas venu et n'a pas donné de nouvelles.

17221ème jour

La route de São Paulo à Rio

C'est sans surprise que je me suis égaré en quittant São Paulo. Il est difficile de se repérer dans le cancer urbain de la troisième ville au monde. Je suis arrivé sans encombre à l'aéroport de Congholas, mais à partir de là, j'ai eu le plus grand mal à trouver Immigrantes, la grande autoroute qui part vers l'océan. J'ai du faire demi tour à deux reprises dans des banlieues sans charme, et je me retrouvais dans le sens des flots de voitures qui allaient en direction du centre en ces heures matinales. Puis j'ai enfin trouvé Immigrantes, une large autoroute à péage qui traverse de beaux paysages. Après une cinquantaine de kilomètres, l'autoroute se transforme en deux tunnels de quatre kilomètres chacun et qui s'enfoncent à pic sous la montagne jusqu'à la plaine côtière. Je me suis perdu une nouvelle fois à Santos, un port sans charme. Puis j'ai enfin trouvé la route côtière, une Nationale qui relie Santos à Rio en cinq cent kilomètres.
J'ai vu des paysages éblouissants, des îles rocheuses, comme posées sur l'eau, des forêts de bananiers, des vendeurs de bananes au bord de la route, des arbres immenses aux fleurs violettes et puis un peu partout cette belle terre rouge du Brésil.
J'ai visité Paraty, petite ville aux belles maisons coloniales, ancien port de São Paulo destiné à l'exportation de café et fort heureusement tombée à l'abandon lors de l'ouverture de la ligne de chemin de fer Rio-São Paulo, ce qui lui a permis d'être sauvée totalement de la fièvre destructrice qui a tant abîmé le Brésil.
Il me restait à parcourir deux cents kilomètres, sous une forte pluie avant de rejoindre l'avenida do Brasil et la triste banlieue de Rio.

17220ème jour

Un orage à São Paulo

Ce dimanche le ciel était lourd et gris. Il y avait un petit marché près de la rue Haddock Lobo, avec des fruits et des poissons parfumés. On a déjeuné au Figeira, ma cantine de São Paulo, et j'ai repris avec un immense plaisir du baby beef. Dès la fin du déjeuner, des trombes d'eau se sont abattues sur la verrière qui protège la terrasse du restaurant. On a attendu que la pluie diminue avant de repartir sur les chaises à l'entrée du restaurant. La rue Haddock Lobo était devenue une véritable rivière et à chaque intersection, il fallait enjamber la rivière pour passer au pâté de maisons suivants. Il a oublié son parapluie dans ma chambre d'hôtel.

17219ème jour

SoGo

Celà peut paraitre étrange, après une nuit presque blanche et douze heures d'avion de se précipiter dans une boîte de nuit, mais c'est pourtant ce que j'ai fait. Le décalage horaire n'aidait en rien et il était quatre heures du matin en France lorsque j'ai poussé la porte du SoGo, dans Alameda Franca. Des souvenirs ont aussitôt rejoint mon esprit. J'ai commandé une Capirinha et puis j'ai regardé ce garçon à l'entrée qui lui aussi m'observait fixement. Le jeu de regard a duré quelques instants puis je me suis approché et je lui ai proposé un verre. Il a refusé sans trop que je comprenne pourquoi. Il parlait très mal anglais mais j'ai cru comprendre que le garçon post adolescent qui l'accompagnait, avec ses dreadlocks et ses grosses lunettes noires, était son petit ami. Je suis donc parti.
Une demie heure plus tard, sur la piste de danse du premier étage, les jeux de regard ont repris. Je ne savais plus trop quoi penser et puis je les ai perdus de vue. Un peu après, quelqu'un me touche le dos et s'enfuit rapidement. C'était lui. Je l'ai rejoint un peu plus tard. Il s'était adossé à un mur. On s'est embrassés. Il avait la main assez baladeuse. On est redescendus boire une capirinha. Puis il m'a emmené dans un endroit de SoGo que je connaissais pas, une suite de couloirs où il faut payer pour pouvoir y accéder.
Un peu plus tard, je rentrais à mon hôtel dans les rues pentues de Jardins. De temps à autre, la vive lumière halogène de dispositifs de sécurité s'allumait, me suivant tout au long de mon parcours. J'ai mis mon réveil à 11 heures et je me suis aussitôt endormi.

17218ème jour

Départ

L'une des très rares superstitions dont je tienne compte dans ma vie est que lorsqu'un événement démarre dans de mauvaises conditions, j'ai tendance à penser que tout va aller de mal en pis. Ce matin, après deux courtes heures de sommeil, j'ai bouclé ma valise j'ai appelé comme à l'habitude la borne de taxis de Villiers. Pas de réponse. Premier mauvais présage. J'ai finalement trouvé un taxi bleu qui m'a emmené sous la pluie. Roissy. Terminal 2F. La fille d'Air France ne retrouve pas ma réservation, alors que mes miles on été débités et que j'ai reçu un mail de confirmation. Elle me renvoie au guichet dix minutes avant la fermeture du comptoir d'enregistrement. Au guichet, pas trace non plus de ma réservation. Je me dis qu'il y a peu de chance qu'aucun des deux vols ne soient complets, je pense déjà à ce que je vais faire de cette semaine. Puis tout se débloque. J'ai dans les mains un reçu, puis mes deux cartes d'embarquement. Le vol Paris Amsterdam. Schipol et ses longs couloirs. Le long 777 bleu flambant neuf de KLM. J'ai tellement de sommeil en retard que les onze heures de vol passent vite. Le nouveau Paul Auster. On se pose à São Paulo. En quittant le 777 KLM, je jette un oeil au 777 d'Air France prêt à s'élancer sur la piste pour rentrer à Paris. Brésil, me revoilà.

17217ème jour

Demain dès l'aube...

Demain dès l'aube, je retournerai à Roissy. Je reprendrai l'avion d'Amsterdam ou j'effectuerai une courte escale d'une heure. Puis je prendrai un autre avion qui filera vers le sud pendant dix heures et qui m'emmenera dans un pays que j'aime, mais que pour la première fois, je visiterai sans autre but précis que de mieux le connaitre.

17216ème jour

Les taupes

Un séminaire professionnel dans un golf minable en région parisienne. Alors que je participe à une conférence téléphonique, j'observe un employé du golf qui va de taupinière en taupinière. A chaque étape, il enlève la terre, la dépose dans la benne de son tracteur puis tasse bien l'emplacement.
Cette activité m'a rappelé le jardin de la maison de campagne de ma grand-mère. Elle avait un carré de gazon qu'elle faisait entretenir méticuleusement. Mais les taupes l'attaquaient régulièrement et il ressemblait plus souvent à Verdun qu'à Wimbledon. Ma grand-mère avait acheté des fusées de carton gris destinées en enfumer et tuer les taupes dans leur tunnel. Mon frère s'aquittait de cette mission avec un plaisir certain. Je le revois encore allumer la fusée et la balancer dans le trou, mon rôle consistant à vérifier que la taupe ne s'enfuyait pas par une autre issue. Je détestais l'idee tuer cette pauvre bestiole juste parce qu'elle avait balancé de la terre sur le gazon. Apparemment la méthode fonctionnait. Wimbledon remplaçait peu à peu Verdun.

17215ème jour

Dernère fois

Lorsque je déposais mon grand-père en bas de chez lui, le dimanche soir, je le regardais attentivement pousser la lourde porte de son immeuble et disparaitre à mes yeux. A chaque fois, je me disais que c'était peut-être la dernière fois que je le voyais. Ce sentiment me gênait, mais j'en avais quelque part besoin afin de profiter d'instants qui seraient un jour révolus.
Quelques années plus tard, je visitais mon grand-père à l'hôpital. On avait mangé quelques chocolats, on avait parlé de mon frère, de ma grand-mère placée depuis peu en maison de retraite. Je lui avais aussi annoncé qu'il serait une nouvelle fois arrière grand-père. Et puis je suis parti. Il avait l'air de reprendre des forces, d'aller bien de nouveau. J'étais confiant, insouciant presque. Je ne l'ai jamais revu vivant.

17214ème jour

Brighton II

Les meetings marathon se succèdent. Neuf heures par jour avec quelques interruptions pour se concerter au sein des Parties ou pour la pause sandwich de treize heures. De temps en temps, j'ai une altercaion avec la grosse responsable des achats, la fille de Sydney qui n'arrivait pas à franchir les sas. A un moment dans la négociation, alors qu'elle est très en colère parce que je ne cède pas sur un point, je la regarde dans les yeux et je lui dis : "Finally, I 'm afraid I love when I say No to you..." Je voyais dans leurs yeux que ses collègues se marraient intérieurement et elle, elle est restée blanche pendant une dizaine de minutes.

17213ème jour

Brighton I

Retour à Brighton pour la suite des séances de négociation marathon. Tout au long de la journée on entend les cris des mouettes à travers les fenêtres pourtant bien fermées.

17212ème jour

Dupond Dupont

La plus grosse banque polonaise s'appelle PKO. La seonde plus grosse banque polonaise s'appelle PEKAO. PKO en polonais se prononce PEKAO. Celà crée parfois d'amusants imbroglios.

17211ème jour

Je perds tout II

Reçu ce jour ce mail de mon hôtel de Vienne:
You stayed in our hotel 2 weeks ago and we found your calender with your drivers licence! Should I send it to you or do you come to Vienna (for any reason)? Please let me know what I should do with it! Kind regards and a nice weekend
Je l'aurais reçu quelques jours plus tôt, celà m'aurait évité cinq heures d'une activité fébrile destinée à me procurer un nouveau permis de conduire d'urgence.

17210ème jour

Je perds tout I

Depuis deux mois c'est l'hécatombe... J'égare un nombre incroyable d'objets. Il y a eu le dernier Florian Zeller à mon hôtel d'Athènes (retrouvé dans un état invraisemblable comme s'il avait été immergé), les clefs du placard de mon bureau (jamais retrouvées, j'ai du faire péter la serrure par les services généraux), mon agenda contenant mon permis de conduire (l'agenda, c'est très agaçant il faut acheter deux Pleiade pour l'obtenir, le permis de conduire je l'ai fait refaire en urgence lundi), mon cahier où je note tout au cours de mes réunions et visites clients (retrouvé à l'hôtel de Brighton). Ces oublis permanents ne sont en aucun cas le fruit du hasard, mais la preuve d'une fatigue qui a atteint un niveau excessif.

17209ème jour

Brighton

Brighton devient pour moi une routine un peu ennuyeuse. L'hôtel vieillot, l'english breakfast, la marche du matin le long de la mer puis dans la vieille ville pour rejoindre les locaux du client, les réunions marathon avec une quinzaine de personnes autour de la table, les sandwiches et les petites brochettes de poulet au curry pour un lunch sur la table de travail. Cette fois ci, l'attraction était l'avocate new-yorkaise venue pour finaliser les clauses un peu délicates du contrat. Une noire coiffée d'une queue de cheval, avec un regard perçant derrière ses petites lunettes d'écaille noire, tailleur chanel noir et blanc et une broche en forme de fleur. Le soir nous avons tenté de dîner mais vers 21h00 les retaurants nous indiquaient qu'il était trop tard. La soirée a fini dans un restaurant italien assez banal...

17208ème jour

Not yet

L'agence de Avis de Heathrow se trouve éloignée de tous les terminaux de l'aéroport et il faut d'y rendre dans un minibus rouge. A l'arrivée una fille d'origine indienne s'occupe de nous. A chacune de mes phrases elle répond "lovely" comme le font tant de jeunes anglaises. Je lui demande si c'est moi ou ce que je lui dis qui est lovely. Elle se marre. Elle jette un oeil à ma collègue, jeune avocate assez BCBG et me demande si nous sommes mariés. "Not yet" lui ai-je répondu. Ma collègue était cramoisie...
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