16291ème jour
Flashmob à Oxford
J'ai lu aujourd'hui sur le site
d'Howard Rheingold que le mot flashmob venait d'être introduit dans
l'Oxford Dictionary. C'est étrange. Juste l'année où il aurait du être retiré?
16290ème jour
Pompes en vrac
Dans la maison de mon enfance, la porte d'entrée principale se faisait par le balcon au premier étage, sur la façade sud. Mais mon père avait une certaine obsession pour les volets en bois et dans le but de les empêcher de jouer avec le temps, il en laissait certains hermétiquement clos toute l'année, ce qui avait bien sûr l'effet inverse. La porte officielle n'étant utilisée que pour la rare visite d'une sommité, nous entrions donc par la porte du garage, puis par une pièce proche de la buanderie, où se trouvait un escalier montant au premier. Dans cete pièce, étaient stockées toutes les chaussures de la maisonnée : chaussures de jour, chaussures de sport, bottes, chaussures de marche, pantoufles, espadrilles, sans doute une cinquantaine de paires de chaussures alignées sur des étagères recouvertes d'un lino gris assez laid. Il y avait une odeur assez particulière dans cette pièce, une odeur de pied, à n'en pas douter, qui me faisait un peu honte lorsque je la faisais traverser par l'un de mes rares amis admis à la table familiale.
C'est aussi dans cette pièce que mon père m'a appris à lacer mes chaussures, alors que j'avais quatre ou cinq ans. Il me l'a enseigné selon sa méthode personnelle qu'il applique encore aujourd'hui et qui consiste, après avoir formé le premier noeud, à poser l'index de la main gauche sur celui-ci, à lever le majeur de cette même main, et à former la première boucle, de la main droite, autour du majeur gauche dressé. Souvent, des camarades de classe se sont moqué de ma méthode étrange et de ce doigt levé. Encore aujourd'hui, il m'arrive d'y songer lorsque je suis amené à lacer mes chaussures en public. Et je pense encore à mon père qui continue d'utiliser pour les chausures le mot aujourd'hui désué de soulier.
16289ème jour
bcn2
Fnac, corte ingles, mais où est donc le caller Pere IV, la madame blonde du
glop a des grosses fesses, re-patanegra, re-Dietrich, Michael de la StarAc avec son petit copain et ses bretelles ridicules, re Salvation, boules qui-est-ce réutilisables, c/Pere IV 97, 2º 2ª, re-plage, pas de nouvelles d'Antonio Banderas, téléphérique, vue sur les legos, ca sent la nouille,
Trobador Ferran re 600 km a fond la caisse, essence dans un trou paumé près de Zaragoza avec une caissière givrée, l'hôtel introuvable, au bord de la panne d'essence, les bouteilles d'ananas vides roulent au sol et fond un kling exaspérant, Chueca, Plaza Santa Ana, l'hôtel trouvé, le chargeur de téléphone introuvable, un café et deux jus d'ananas à l'aéroport. Pourquoi c'est toujours aussi court quand on est heureux?
16287ème jour
bcn
Vol annulé, deux trajets à 90 minutes de distance, deux attentes de 90 minutes dans deux aéroports, Mini Cooper bleue à toît blanc, 600 km à fond les balais, la route du Mont Blanc, mégère à l'accueil de l'hôtel, dîner au
Tenorio, Dietrich, Salvation, bruits dans la nuit, un maillot de bain Diesel, la route de Girona, Allela, un coca, la plage, les travaux de la Familia Sagrada, déjeuner sur Ferran faute de Trobador...
16282ème jour
CK
On apprend
aujourd'hui que
Carlos Kleiber est décédé le 13 juillet et a été enterré samedi dernier. Je ne l'ai jamais vu, jamais entendu et pourtant je suis triste du départ de celui qui était sans doute le plus grand chef d'orchestre du 20eme siècle. Il ne me reste qu'à repenser à son Freischutz, à sa Traviata, aux deux plus beaux concerts du Nouvel An jamais donnés, à ses rares symphonies de Beethoven ou à son Rosenkavalier. Je me souviens aussi d'un
film en noir et blanc que j'avais vu à l'auditorium du Louvre, où on le voyait répéter l'ouverture de la Fledermaus avec l'orchestre de la Radio de Stuttgart. Il était tel un jeune prince élégant tentant de donner un peu de sourire et de légèreté à une armée de barbons sceptiques. Et miracle du talent, il parvenait à les entrainer avec lui.
Voilà donc ma
Chronique du non-être alimentée d'une frustration supplémentaire.
16280ème jour
Nouvelles turqueries I
Non je ne suis plus à Istanbul... Je viens seulement de passer quelques jours en Bourgogne avec un client turc. J'en ai profité pour mettre à jour mon dictionnaire des mots communs du français et du turc et en sus des
Taksi, Otopark, Acsiyon, Informasiyon, Finisiyon, Garson, addisyion, dèjà nommés, j'ai noté également
Obligasiyon, Tradisiyon, Direcsiyon, Reservasiyon, Kravat, Abajur, Sondaj, Viraj, Montaj, Viadük, Salonsalanje, Tampon. Et puis j'ai noté ces quelques perles :
Portföy, qui se prononce
Port'feuille,
Bide, qui se prononce comme notre
Bidet,
Sutien qui veut bien dire
Soutien-gorge,
Büstie, qui se prononce comme
Bustier,
Tirbuson, qui se prononce
Tire-bouchon,
Müze, qui se prononce
Musée,
Dus, qui se prononce
Douche.
Masturbasyion et
Jartier se passent de commentaires. Quant au
Noeud papillon, cela se dit
Fiyon en turc. Ca ne s'invente pas...
J'ai raconté à mon client l'origine des croissants, inventés par un boulanger viennois pour fêter la fin du siège de la ville par les turcs en 1683. Il m'a raconté que le café était nettement d'origine turque, et que du temps de la splendeur ottomane, les grains de café venaient de la lointaine province du Yemen. D'où une expression courante aujourd'hui en Turquie lorsque l'on veut signifier son impatience :
"Il est allé le chercher au Yemen?"
16272ème jour
Comment vérifier sa monnaie à Istanbul
Avant hier, je suis allé chez mon client dans un taksi jaune. A l'arrivée le compteur affichait 7.500.000 TRL (5 € environ). Je tends un billet de 20 Millions, le chauffeur me rend la monnaie, je lui redonne deux billets de 500.000 en pourboire, lui demande une fiche, et pendant qu'il aligne les zéros sur la note, je regarde ce qu'il m'a rendu : il reste 1.500.000; il m'a donc rendu la monnaie sur 10 et non 20. Je lui montre mais il semble ne pas comprendre. Je montre le compteur en disant "
Seven", puis sa liasse de billets en disant "
Twenty" et j'ajoute en montrant mes mains "
Want ten!" Il a l'air de faire vraiment semblant de ne rien comprendre. Je recommence mon baratin en anglo-turc.
C'est alors que, un peu gêné, il me montre ce que je lui ai laissé en pourboire : au lieu de donner deux billets de 500.000, je lui ai refilé les deux de 5 millions. Il accepte gentiment de me les rendre.
Il faut dire que c'est vraiment difficile, vu le nombre de zéros et compte tenu du fait que tous les billets arborent le même dessin d'Ataturk, de ne pas se tromper. Le plus vicieux est le billet de 10.000.000 TRL, qui ressemble bien sûr comme un jumeau à son petit frère de 100.000 et qui en plus a comme inscription en lettres "
On Milyon".
Dix se dit
On en turc...
16270ème jour
Mamamouchi
En Turquie, le portrait d'Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne, est partout : dès l'aéroport, qui s'appelle Atatürk, la photographie est sur tous les murs. On le retrouve dans les vitrines, dans les halls des entreprises, dans les hôtels...
Chaque chef qui se respecte l'a dans son bureau. C'est meme un critère de distinction, au même titre que la superficie du bureau ou le nombre de plantes vertes. Plus le Mudur (Manager) est élevé, plus la reproduction d'Atatürk est de grande taille.
En pénétrant dans le bureau de mon client ce matin, je me disais donc qu'il s'agissait probablement d'un méga-Mudur, car en plus d'une immense photographie colorisée posée sur un chevalet de bois, il y avait également deux autres photographies en noir et blanc ou Atatürk posait comme à son habitude en queue de pie et col cassé.
A son arrivée le maréchal Mudur fait venir sa (fort jolie) secrétaire pour rebrancher son PC portable. Celle-ci plonge a quatre pattes sous le bureau sans qu'il ne lui prête le moindre regard. Une seconde soubrette apparait pour nous demander ce que nous souhaitons boire. J'opte pour un modeste verre d'eau. SuperMudur reste impassible, l'oeil dans le vide, jugeant que les deux êtres du sexe féminin sont indignes d'entendre les nobles propos que nous allons tenir.
Elles quittent la salle. Un silence persistant s'instaure que ni mon collègue turc, ni moi même, n'osons interrompre. Au bout d'une minute environ, mon collègue commence à parler en turc. Une conversation d'une dizaine de minutes, entièrement en turc, a lieu sans que je n'y comprenne rien. Je regarde un presse-livres en bronze assez laid et de temps a autres, le paysage relativement vert pour le centre d'Istanbul.
Puis tout d'un coup, la conversation bascule en anglais. Je me mets à y participer de temps a autre, mais Monseigneur Mudur y prête une oreille inattentive. Il s'occupe régulierement de son PC, répond d'un air très concentré à tous les appels qu'il recoit sur son gsm.
L'entretien ressemble au final a une conversation de salon entrecoupée de nombreuses failles pendant lesquelles mon collègue et moi nous regardons avec une incommensurable envie de rire.
En sortant je me demanderai pourquoi nous sommes venus, mais mon collègue me rassurera en me disant que dans la conversation turque, au tout début, Sergent Mudur lui avait indiqué que notre proposition était très intéressante et qu'ils allaient probablement la retenir. Ils sont forts les turcs...
16269ème jour
Chaise longue turque
Retour a Istanbul. Il fait beau, il fait chaud. Un vent assez fort rend la ville tres agreable. Le soir il fait curieusement frais, presque froid. J'ai meme du demander une sorte de chale rouge pour mettre sur mes epaules alors que je dinais au
Reina, sur la rive du Bosphore.
Sinon, je m'amuse toujours autant a reperer les mots turcs issus du francais. Au menu du sejour : Kafeterya, kalite, estetik, ekonomi, teknoloji, et je garde le meilleur pour la fin : ºezlong (le
ª se prononce
ch en turc...
16267ème jour
Born on the Fourth of July
Putain!
Deux ans!
16265ème jour
Moi
Vu ce soir avec mes filles la belle
exposition du Musée du Luxembourg consacrée aux autoportaits. J'ai été amusé de les voir regarder les trois sexes d'homme d'un
peintre (Schiele!), d'un
sculpteur et d'un
photographe un peu exhibitionnistes. L'idée de mélanger totalement les époques est intéressante. Elle crée parfois des ressemblances ou des parallèles saisissants. J'ai tenté de deviner l'année de chaque oeuvre et j'ai parfois eu quelques surprises, comme cet autoportrait du peintre hongrois
Jozsef Nemes-Lamperth.
Et puis j'ai été surpris par cet autoportrait anticipé du peintre James Ensor, né juste cent ans avant moi, qui s'imaginait
ainsi l'année de ma naissance. Dans la mesure où il est mort en 1949, il avait un assez bon instinct. Je me suis bien sûr imaginé au même âge, dans un état comparable.