18697ème jour
Marseille Paris
De nouveau un vol très matinal, celui de 6h30 pour Orly. Dans l’avion je termine
Il est où Ferdinand ?, le livre très touchant que Patrick Chesnais a écrit en hommage à son fils tué sur le coup dans un accident de voiture sur le périphérique en octobre 2006.
18696ème jour
Le Moulin gris
Comme nous sommes décalés, Karl dort de nouveau. De toute façon, je n’avais pas vraiment l’intention de le revoir. Je suis allé à Sanary déjeuner au
Roy d’Ys, l’une des meilleures crêperies de la côte d’Azur, j’ai fait un petit pèlerinage au
Moulin Gris, où Alma et Franz Werfel ont passé quelques mois en 1940 avant de se réfugier aux Etats-Unis.
Le soir j’ai vu
Black Swan dans l’un des rares cinémas passant des versions originales à Marseille. Le film m’a déçu tant il est excessif et invraisemblable. Je suis allé dormir à côté de l’aéroport de Marignane.
18695ème jour
Karl
Alors que j’aurais pu me reposer et profiter de Prague toute la journée, je me suis levé à quatre heures pour attraper le premier vol de Paris. Le vol avait beaucoup de retard et j’aurais pu rester une bonne heure de plus au lit, mais cela ne m’a pas empêché d’attraper ma correspondance pour Marseille. Et tout ça pour Karl, un estonien avec qui j’avais prévu de passer le week-end. Au moment où je prends ma voiture de location, il ne répond pas au téléphone alors que nous devions nous retrouver à Aix. Je suis sensible à ce genre de détail et j’aurais du tout laisser tomber dans la mesure où il n’était même pas capable de se lever alors que je faisais deux mille kilomètres pour le voir. On s’est retrouvés au
Prado, on s’est baladés dans Aix, on a dîné à
La Table de Ventabren, un restaurant qui a reçu une étoile en 2009 et qui ne la mérite absolument pas.
La discussion entre nous n’est pas passionnante, je suis sidéré de constater qu’il ne connaît même pas l’enclave de Kaliningrad alors qu’il habite presque à côté. Je le ramène à son campus et je rentre dormir à l’hôtel épuisé par cette longue journée.
18694ème jour
L’anniversaire d’Eliahu Inbal au Rudolfinum avec la Septième Symphonie
Après une demie-journée de travail à Bucarest, je repars en taxi, toujours dans la neige, pour l’aéroport. Le vol de Prague est plus long que je n’imaginais et je ne resterai en ville que quatorze heures. Le soir, je me rends au
Rudolfinum où Eliahu Inbal a décidé de fêter ses 75 ans avec la
Septième Symphonie. En première partie, les
Wesedonck Lieder magnifiquement interprétés mais médiocrement chantés par Najda Michael. La vision de la
Septième d’Eliahu Inbal est assez classique, elle sonne infiniment mieux que celle de Pierre Boulez à Amsterdam un mois plus tôt, mais je ne retrouve pas l’extraordinaire émotion du concert de Bernard Haitink à Berlin il y a deux ans. Assis dans les places du balcon, devant le buffet d’orgue, un jeune homme écoute attentivement et rit aux éclats à certains passages originaux de l’œuvre, les interventions du violon solo par exemple, ou encore les passages de guitare et de mandoline. Et moi, j’ai du bonheur à le regarder sourire et parfois rire.
Alors que je dîne seul sur la vieille place, je m’aperçois que G. m’a supprimé de ses contacts skype, sans que je sache pourquoi. Nous avons cet échange glacial.
V. Whoh. Supprimé de skype. Je suis puni ? :o)
G. Je suis assez préoccupé en ce moment et je ne me sens pas forcément très en point. Je ne suis pas vraiment en mesure d’avoir des contacts. Je traverse de nouveau une période difficile, sorry. G.
V. Je ne vois pas bien en quoi ça t’aidera de me lourder de tes contacts mais bon, c’est ton choix. Sincèrement ça ne me touche plus guère. J’ai appris à vivre sans toi. Bonne chance.
18693ème jour
Istanbul mon amour
Après un petit déjeuner avec un ancien collègue, je me rends sur les recommandations de Gaëtan sur la rive sud de la
Corne d'or pour visiter l’église du
Saint Sauveur in Chora que les turcs ont tristement rebaptisé du nom de
Kariye Müzesi. Cette église, dont les origines remontent au Quatrième siècle est en effet un miracle et sa transformation en mosquée n’a pas totalement détruit la splendeur de ses mosaïques du 14ème siècle. S’il reste deux minarets, le reste du bâtiment conserve la forme de l’église originelle et avec Sainte Sophie et Sainte Irinée, elle fait partie des bâtiments les plus vénérables de Byzance.
Le chauffeur de taxi m’emmène à
Etiler, chez
Cemilzade 1883 pour acheter les loukoums que j’ai promis à Karl, et me dépose au restaurant
Sans que j’ai tellement plaisir à retrouver après si longtemps. Mon ami le perroquet est toujours là à l’entrée et je le prends en photo pour ma page
facebook. Vol d’une heure pour Bucarest où l’Airbus de la
Turkish Airlines atterrit sur la piste recouverte d’une épaisse couche de neige. Comme à l’habitude, les turcs se lèvent dans l’avion pour récupérer leurs bagages alors que l’avion roule encore sur la piste.
18692ème jour
Treize à table
Petit déjeuner matinal avec un client devenu ami. Je prends un taxi pour
Beþiktaþ, puis le ferry pour la rive asiatique, je retrouve mon vieux cireur de chaussures attitré qui a toujours son stand sous les arbres et une vieille parka couverte de chiures d’oiseaux. Je prends un autre taxi pour nos nouveaux bureaux d’
Ataþehir, un quartier d’affaire sans charme de la côte asiatique.
En fin d’après midi, je prends encore un taxi pour l’
immense tour qui ressemble à celle de Picsou et où j’avais eu mon
premier rendez-vous à Istanbul voila un peu plus de sept ans. Je tombe dans un véritable guet-apens puisqu’une réunion que j’imaginais informelle se transforme en une quasi conférence que je suis censé faire devant un public de huit personnes lors de mon arrivée et qui s’accroit vite à douze personnes. Je tente tant bien que mal de me sauver du ridicule de la situation et planifie un autre meeting. Mais je me rappellerai souvent de ces douze paires d’yeux me scrutant dans l’espoir d’information sur un sujet dont j’ignore tout.
18691ème jour
Paris Istanbul
Il y a plus d’un an que je ne suis allé à Istanbul et c’est avec un véritable plaisir que je retrouve la ville que j’ai visité le plus grand nombre de fois de ma vie après Paris. Je m’y suis probablement rendu soixante dix fois, depuis le vol de mon passeport, je ne sais plus très bien, il faudrait que je recompte, toutes les visites étant mentionnées dans ce blog (Alice, je suis sûr que c'est une mission que tu aimerais). Je reprends vite mes habitudes, le
Merhaba et le
Gündüz, la
FiÞ et le
Iyi günler au chauffeur de taxi qui, à ma demande expresse, longe la mer de Marmara, avant de bifurquer à gauche pour retrouver
Taksim et le
Grand Hyatt.
18690ème jour
L'anniversaire de S.
Le matin avant de partir au bureau, je tente de transformer un sac cartonné
Lenôtre en paquet cadeau pour enrober un joli livre consacré à
Palladio que je destine à S. dont c’est l’anniversaire aujourd’hui. Après quinze minutes de bataille aux ciseaux contre le sac, je renonce et prévois de passer à la
fnac prendre un paquet cadeau. Hélas je sors très tard du bureau et je me rends à l'anniversaire organisé chez
Shiki, un restaurant japonais de Boulogne, avec le livre toujours enrobé dans son affreux paquet à moitié terminé. Cela se terminera par une bonne crise de rire lorsque je remettrai le cadeau.
Il y a cent ans, 21 février 1911, Mahler dirigeait à Carnegie Hall le dernier concert de sa vie.
Au programme :
Leone Sinigaglia : Ouverture de "Le Baruffe Chiozzotte"
Felix Mendelssohn : Symphonie Italienne
Giuseppe Martucci : Concerto pour piano en si bémol mineur
Busoni : Berceuse élégiaque op.42
Enrico Bossi : Intermezzi Goldoniani
18689ème jour
Encore un Maxime
Il m’avait prévenu qu’en raison de notre différence d’âge, il ne s’agirait que d’amitié entre nous mais il était tellement beau que j’avais envie de le rencontrer. Dimanche à treize heures, je suis donc devant le
Pershing Hall lorsque Maxime me rejoint pour un brunch. Il est exactement le genre de garçon qui me fait craquer, intelligent, racé et élégant, malgré des origines très simples dans la bonne vieille ville du Puy. Etudiant dans une école de commerce de Grenoble, mais en stage à Paris pour une année, c’est un véritable petit
Rastignac aux dents longues et au sourire perturbant et il semble s’être déjà organisé un carnet d’adresse conséquent. Après le brunch, nous marchons ensemble à pied jusqu’à la place de la Concorde où nous nous séparons car il a un thé rue de Rivoli. Je rentre chez moi et, en retournant vers ma voiture, je passe devant l’immeuble de la
Thai désormais recouvert d’une immense affiche
Abercrombie.
18688ème jour
Grzegorz
Je me suis levé vers dix heures et j’ai proposé à Grzegorz, un polonais étudiant à Berlin de me rejoindre au
Café Einstein (le vrai, celui de
KurfürsterStraße) pour déjeuner. J’arrive un peu avant lui et je découvre devant le café deux pavés dorés mis en place sans doute récemment (je ne les avais jamais vus en tout cas auparavant) et dédiés à deux habitants juifs de la belle maison où se tient maintenant le café. Ils s’appelaient Georg Blumenfeld (né en 1871) et Lucia Blumenfeld (née en 1877). Les deux pavés indiquent "
dedemütig / entrechtet flucht in den Tod" le 21 juin 1939 pour lui, le 11 novembre 1941 pour elle. A chacune de mes visites au
café Einstein, j’aurai désormais une pensée pour ce couple de berlinois poussés au suicide alors qu’ils avaient près de soixante dix ans.
Grzegorz arrive légèrement en retard alors que je suis déjà installé dans le café. Il est très élégamment habillé avec un beau manteau gris cintré et un jean. Il a les cheveux très blonds en pétard, des yeux incroyablement bleus et un sourire très avenant. Il a passé son enfance à
Uznam (
Usedom en allemand), une île de la mer baltique juste à la frontière entre la Pologne et l’Allemagne, l’île étant elle-même coupée entre les deux pays. Il est venu il y a dix huit mois à Berlin pour étudier le droit international et pour rien au monde il ne retournerait dans son pays. On a fait un saut de métro pour se balader près du
Kudamm et faire quelques boutiques de vêtements, on a pris un café au
Kranzer où je n’étais encore jamais allé puis on a repris le métro en direction de
Mitte. Il m’a laissé à
Gleisdreieck, j’ai poursuivi jusqu’à mon hôtel pour reprendre ma valise et je suis rentré à Paris.
18687ème jour
Où l’on me fait le plaisir de venir me chercher en Rolls Royce à la Philharmonie après la Quatrième de Simon Rattle
J’avais un rendez vous professionnel planifié de longue date à Bruxelles ce matin et j’avais donc prévu depuis longtemps ce vol de Bruxelles à Berlin. Mon rendez vous a été annulé et je suis donc allé à Bruxelles pour rien, juste pour prendre mon vol.
Tegel, le NH Hotel de
Leipziger Straße, cela devient presque une habitude routinière. Le chauffeur de taxi m’a d’ailleurs appris à prononcer NH en allemand, car j’avais toujours du mal à me faire comprendre. En allemand, il convient de prononcer "
En-Haaa" et tout va bien.
La première partie du concert était consacrée à l’
Apollon musagète, un ballet pour orchestre à cordes de Stravinsky de 1947 que j’entendais en concert pour la première fois et qui malgré sa durée de trente minutes m’a semblé mortellement long. Après l’entracte, Simon Rattle dirigeait la
Quatrième Symphonie de Mahler dont je dois admettre qu’elle était d’un niveau inférieur aux
Deuxième et
Troisième Symphonies récemment entendues. L’orchestre était bien sûr admirable, mais Rattle a une conception un peu trop nerveuse de cette œuvre dont le caractère Haydnien a souvent été observé. Les deux premiers mouvements étaient donc un peu tonitruants à mon goût et manquaient de raffinement. Le troisième mouvement, en revanche était d’un niveau absolument merveilleux avec des cordes enchanteresses, marquées par le rythme sublime des pizzicati de contrebasses. Le dernier mouvement était lui aussi très réussi avec son orchestration subtile et sauvage entre les interventions de la soliste. Ce soir c’était Christiane Schäfer que j’entendais pour la quatrième fois dans cette œuvre et qui a maintenant de longs cheveux ébouriffés. La voix est restée enfantine, en revanche elle semble avoir encore perdu en puissance et même du bloc B peu éloigné de la scène, j’avais du mal à l’entendre. Le spectateur assis juste derrière moi a été pris d’une quinte de toux violente dans les dernières mesures si calmes de la symphonie et c’est dans une série d’éternuements mal contrôlés que l’œuvre s’est achevée. Le public berlinois semblait vouloir respecter une minute de silence, mais mon cher voisin tousseur s’est subitement lâché tellement fort que la salle est partie en applaudissements.
J’ai rapidement quitté la salle car Timur, un berlinois avec lequel j’entretiens une conversation sur
gros meow depuis des mois m’attendait devant la sortie principale de la salle,
Karajan Straße. A l’heure dite, il était là et, à ma grande surprise, comme il me l’avait annoncé par SMS, il était bien au volant d’une
Rolls Royce Silver Shadow de 1977 de couleur bordeaux. Je me suis installé sur les fauteuils en cuir et Timur, vêtu d’un manteau de fourrure, m’a accueilli avec un grand sourire, sous ses cheveux blond platine. Hélas, nous n’allions pas très loin car Timur voulait absolument un canard laqué pékinois pour dîner et d’après lui le meilleur canard de Berlin se trouve au
Peking Ente, un restaurant chinois sans grand caractère qui se trouve au numéro 1 de la VoßStraße, adresse ayant la particularité d’avoir été celle de la chancellerie de Hitler. Timur est et restera sans doute la rencontre la plus étonnante qu’il ne m’ait jamais été donné de faire. En résumé, à vingt cinq ans, il n’a aucun besoin de travailler pour vivre, il est originaire de Düsseldorf mais est venu vivre seul à Berlin, ses parents habitant à Lorient. Il parle donc un petit peu le français. Je n’ai pas réussi à lui faire dire ce qu’il fait de ses journées, sauf qu’il se lève entre onze heures et quatorze heures et qu’il va beaucoup en boîte. Il a deux
Rolls Royce dont une ayant appartenu au Baron Empain, il a aussi un château du 16ème siècle près de Leipzig où il se rend tous les quinze jours. Le canard, quand à lui était correct, sans plus, et beaucoup trop froid. Après notre dîner, Timur allait en boîte (il ne m’a hélas pas proposé de venir avec lui et ses amis). J’ai été tenté d'accepter son offre de me déposer avec la
Rolls devant l’hôtel, la distance était si courte que je suis rentré à pied, après l’avoir admiré s’éloigner dans son étonnant véhicule.
18686ème jour
Bamberg Munich Batignolles
Tôt le matin, nous parcourons les 160 kilomètres qui séparent Bamberg de Munich. Après de nombreuses réunions et un énorme demi-poulet grillé pour déjeuner, je prends le vol Munich Paris.
Le soir, un garçon me propose de le rejoindre près du square des Batignolles. Il n’a pas de photo mais se dit beau gosse et BCBG et une nouvelle fois, je n’arrive pas à résister à l’aventure. Je vais jusqu’aux Batignolles en
velib et à l’heure dite, il arrive. Il n’est pas mal en effet, juif tunisien d’origine, beau sourire qui cache un léger zézaiement. On marche jusqu’à chez moi et comme il semble assez entreprenant, je lui propose un verre chez moi.
Comme il ne boit plus d’alcool, ce sera deux verres de jus de pamplemousse.
Comme il aime Mozart, on écoutera l’ouverture de la
Flûte enchantée.
La soirée se terminera sur mon lit, lui se branlant très fort et jouissant sur mon ventre, et moi, avec l’index dans son cul. Il a pris une douche, j’ai lavé mon ventre et mon doigt, et il est reparti.
18685ème jour
Paris Düsseldorf Nuremberg Bamberg
J’ai peu dormi puisqu’il me fallait prendre le vol de Paris Düsseldorf où j’ai retrouvé une collègue, puis le vol pour Munich où un autre collègue nous a rejoints. Puis je les ai conduits tous deux dans une Mercedes très confortable jusqu’à Bamberg où je n’étais pas allé depuis fort longtemps. Après avoir garé la voiture au parking du ZOB (
Zentralen Omnibus Bahnhof), nous avons marché dans les belles ruelles de la ville. J’ai d’ailleurs appris que Bamberg était la plus grande des villes allemandes épargnées par l’aviation américaine, trop occupée par ses deux cibles prioritaires de Bavière, Nuremberg et Munich.
Comme c’est la mode en Allemagne, dîner sophistiqué mais médiocre dans un hôtel restaurant de Bamberg.
18684ème jour
Karl
Journée de réunions fatigantes.
Dans la soirée,longue discussion en video sur
skype avec Karl un letton aux cheveux très longs qui fait ses études à Marseille et qui devrait prochainement venir à Paris.
18683ème jour
Où la vie ne manque pas de sel
Nouvelle discussion avec Arnold, l’australien en fauteuil roulant qui, semble-t-il, a trouvé un type pour l’héberger sur Versailles (localisation confirmée par Grindr et un savant calcul). Je suis un peu déçu mais je lui propose de venir me visiter quand il le souhaite.
Vu
Salt, film assez plaisant avec Angelina Jolie, plus sexy que jamais.
18682ème jour
Herafter
Vu dans l’après midi, toujours avec ma fille,
Au-delà, le nouveau film de Clint Eastwood qui m’a laissé un curieux mélange de très réussi (la scène du raz de marée, les instants avec Matt Damon) et de très raté (la plupart des scènes en France).
Le soir je discute sur Grindr avec Arnold, un jeune australien au sourire ravageur qui me dit être provisoirement en fauteuil roulant suite à un accident et dont les photos variées m’incitent vraiment à le rencontrer pour une partie de jambe en l’air probablement acrobatique, dans la mesure où sa condition physique le lui permet.
Hélas Arnold se déconnecte sans prévenir et ne donne plus de nouvelles.
Et puis aussi, ce soir, la satisfaction de voir ce blog à jour, pour la première fois depuis un ou deux ans.
18681ème jour
Le discours d'un Roi
Vu avec ma plus jeune fille
Le discours d'un roi, film désormais favori à la course aux oscars 2011. L'ensemble est plutôt réussi vu l'étroitesse de l'histoire racontée. Colin Firth est excellent comme à l'habitude, mais j'ai surtout eu beaucoup de plaisir à retrouver Geoffrey Rush et son sourire malicieux que j'avais tant aimé dans
Shine. Il est intéressant d'écouter le
vrai discours d'entrée en guerre de George VI afin de percevoir la part d'exagération cinématographique.
Pense bête: lors de la sortie en
bluray, penser à retrouver la musique classique du milieu du film que je n'ai pas pu retrouver pendant la séance.
18680ème jour
Ados
En fin de matinée, je vais chercher ma fille qui rentre de Rome par le train de nuit. A ma demande, elle me raconte toutes les bétises qu'on pu commettre un groupe d'adolescents pendant un voyage de cinq jours. Il y a l'alcool (caché dans la bouteille de shampoing), la cigarette (ils se faisaient tous prendre à cause de l'odeur), le sexe (en se faisant passer pour malade pendant la journée) et l'actionnement du signal d'alarme dans le train (apparemment une dizaine de fois, facturé cent euros par la SNCF et refacturé aux parents).
18679ème jour
Düsseldorf Paris
Meetings toute la journée au
Sheraton de l'aéroport de Düsseldorf.
Je rentre à Paris à temps le concert, mais je n'ai pas le courage de me rendre à
Pleyel pour le
Requiem de Fauré dont tout le monde m'a pourtant dit le plus grand bien.
18678ème jour
Paris Düsseldorf
Dans l'après midi, Marcin me prévient qu'il ne pourra venir à Düsseldorf. Il loge à Oberhausen chez sa tante et celle-ci ne veut rien entendre de sa sortie et menace de le renvoyer à Cracovie. J'hésite à reporter mon départ au lendemain mais finalement je pars et je décide d'aller seul au
Monkey West, un nouveau restaurant branché de Düsseldorf où j'avais réservé une table pour deux pour Marcin et moi. L'endroit est amusant avec une décoration étonnante, mais la cuisine est prétentieuse à souhait et sans talent. Le foie gras est une vague mousse dont il ne sert à rien de camoufler l'absence de goût par du cacao. Le flétan est trop cuit et le plateau de fromages de Strasbourg a un peu trop voyagé en frigo. Mon voisin, un jeune américain puant qui parle très fort, déclare devant son invitée (charmante) à la serveuse que c'est le meilleur repas de sa vie. En rentrant à l'hôtel dans le froid, je me demandais comment l'on peut traduire
palais de vache en anglais.
18677ème jour
Prévoyance
Acheté du
poppers en prévision de ma soirée à Dusseldorf.
18676ème jour
Brahms rue du Conservatoire
Il y a fort longtemps que je voulais visiter la salle de concert de l’ancien Conservatoire, rue Bergère. Inaugurée en 1811 par Napoléon, elle a vu la création en France de la plupart des symphonies de Beethoven, le jeune Berlioz a du s’y époumoner depuis le poullailler et surtout, c’est là qu’a été créée la
Symphonie Fantastique le 5 décembre 1830. Aujourd’hui partie intégrante du
Conservatoire National d’Art Dramatique, on y donne peu de concerts et c’est donc avec beaucoup de plaisir que j’ai assisté ce soir à un concert Brahms, consacré à la
Troisième Sonate pour piano magnifiquement interprétée par Nima Sarkechik, un jeune pianiste d’origine iranienne. Composée alors que Brahms a tout juste vingt ans, il est magnifique d’entendre cette sonate par un interprète de talent à peine plus âgé. Sans entracte, le programme se poursuit avec le
Quintette pour piano op.34 que j’avais découvert adolescent, lorsque l’enregistrement de Maurizio Pollini et du
Quartetto Italiano était sorti. Et c’est le
Quatuor Voce, composé de quatres jeunes musiciens bourrés de talent qui accompagne ce soir Nima Sarkechik dans cette œuvre sublime, magnifiée par la belle acoustique de la salle de l’ancien Conservatoire.
18675ème jour
Paris Berlin
A peine rentré de Berlin, je ramène Ramon en bas de chez lui et je vais chercher ma plus jeune fille qui part quelques jours à Rome pour un voyage scolaire. Elle me dit qu’elle aimerait bien que je la dépose avec la voiture décapotée, mais sans musique classique, car "
c’est un peu la honte". Alors que je l’embrasse dans le hall de la gare de Bercy, elle me confie, qu’elle est un peu angoissée.
Le soir longue discussion téléphonique avec Marcin, un polonais de Cracovie vivant à Dusseldorf et que j'ai prévu de rencontrer.
18674ème jour
La Troisième de Mahler de Simon Rattle à la Philharmonie de Berlin
Le matin, j’ai fait découvrir la ville en tous sens à Ramon, de la cathédrale à
Oranienburgerstraße en passant par les
Hackesche Höfe. J’ai pris de Ramon la même photo amusante que celle de Selim il y a deux ans dans les graffitis colorés du
Tacheles Kunsthaus.
Mais Ramon avait l’envie de visiter un monument dont j’ignorais l’existence, érigé en hommage aux homosexuels déportés pendant le troisième Reich. L’endroit était indiqué de façon
eronnée par Googlemap près de la
Siegessaüle, en plein milieu du
Tiergarten et nous avons donc eu beaucoup de mal à le trouver. Il s’avère en fait être en bordure du
Tiergarten, tout près du monument de la
shoah. C’est un cube de béton un peu bancal, flanqué d’une fenêtre dans laquelle on peut voir la vidéo en boucle de deux hommes s’embrassant. L’endroit est régulièrement saccagé par des crétins.
Le soir c’était le concert à la
Philharmonie. Comme à l’habitude pour ce cycle Mahler, Simon Rattle a choisi de faire précéder la symphonie de Mahler par deux œuvres, ce qui ne se fait jamais pour la
Deuxième Symphonie, ni pour la
Troisième.
Ce soir, nous avons donc pu entendre le chœur de Johannès Brahms
Es tönt ein voller Harfenklang pour cor, harpe et chœur de femmes, œuvre aussi rare que sublime et je me souviendrai longtemps du son du cor solo de l’orchestre, au tout début du concert. L’œuvre suivante, du collègue de conservatoire de Mahler, Hugo Wolf était le
Elfenlied pour soprano, orchestre et chœur de femmes, chanté par Anke Herrmann. Il y eut une brève interruption, puis a démarré l’une des plus belles interprétations de la
Troisième Symphonie qu’il m’ait été donné d’entendre. Premier mouvement orgiaque, Rattle dirigeant un orchestre véritablement déchaîné. Je ne sais quels musiciens ont été les plus admirables entre les cors puissants et soyeux, les bois merveilleux (fantastique Albrecht Meyer !), les violoncelles absolument incroyables dès qu’ils interviennent, les contrebasses au son sourd qui m’ont rappelé le
Crépuscule d’Aix. A ma grande surprise, le plus long mouvement de toutes les symphonies de Mahler s’achève par une salve d’applaudissements du public berlinois, qui m’avait peu habitué à si peu de discipline. Les deux mouvements intermédiaires sont parfaits avec un solo de cor de postillon superfétatoire depuis la coulisse. C’est la première fois que j’entends Nathalie Stutzmann en concert et, alors que j’aime peu ses disques, je les trouvée très émouvante dans le texte de Nietzsche, sans atteindre la merveilleuse Gerhild Romberger entendue
à Prague en décembre. Le seul reproche que l’on pourrait faire à cette
Troisième tient dans l’effectif des enfants qu’il aurait probablement fallu doubler. Le
Finale était lui aussi admirable et je crois avoir pleuré pendant les trente minutes de sa durée. Le public a retenu son souffle pendant trente secondes avant d’acclamer son orchestre de façon très méritée.
Dîner au
Lütter & Wegner de la
Postdamer Platz. D’un commun accord, alors que nous projetions d’aller au
Berghain, Ramon et moi ne sommes pas allés en boîte.
18673ème jour
Paris Berlin
En fin d’après-midi, je retrouve Ramon Porte Maillot et nous partons pour
Roissy. On arrive à
Tegel vers vingt heures, il fait nuit noire et un taxi nous emmène au NH de la
Leipziger Straße. Je me rends assez vite compte que le chauffeur prend un intinéraire bizarre. Alors que je suis toujours passé par une banlieue triste puis par le
Tiergarten, nous partons sur une autoroute circulaire.
Googlemap me permet de voir qu’il contourne entièrement la ville du nord au sud, un peu comme si un taxi parisien qui vous emmène de
Roissy au
Chatelet passait par
Orly. Je proteste, le type explique que la route normale est bloquée, il menace de nous ramener à l’aéroport, je lui dis que je m’en fous. L’affaire se termine par un forfait à 24 Euros, le prix normal étant autour de vingt euros.
Le soir nous dînons au
Lütter & Wegner de la
Gendarmenplatz qui est en fait la maison mère, fondée en 1811, et que je ne connaissais pas.
De retour à l’hôtel, je console Ramon qui apprend sur
skype par son frère que sa grand-mère maternelle vient de mourir à Rio. Je compatis d’autant plus à sa douleur que la distance et l’impuissance doit rendre de tels moments encore plus difficiles.
18672ème jour
Londres
Il y a un beau soleil sur Londres de matin. Je profite d’une matinée un peu vide pour me promener vers
Covent Garden (
Paul Smith,
Jack Wills) et à
Notting Hill où se trouve
Classical Music Exchange, mon magasin de disques d’occasion préféré. Alors que j’en sors, je me rends compte que j’ai oublié mon écharpe quelque part, soit à l’hôtel, soit chez
Jack Wills où j’avais essayé des vêtements. Comme il s’agit d’un cadeau de mes filles, j’y suis attaché et je repars à la boutique
Jack Wills de
Long Acre. Mon écharpe n’est pas là mais en revanche, il y a au rez de chaussée un vendeur à la beauté envoutante. Juste pour le plaisir de le regarder dans les yeux et de lui parler, j’achète un sweat shirt noir et je repars à mon hôtel récupérer mon écharpe et ma valise.
Retour à Paris par le vol de
London City.
En arrivant chez moi, je trouve devant ma porte le très gros livre
A Mahler Discography avec une très gentille dédicace de son auteur Péter Fülöp:
Dear Vincent, without your help & wonderful website, this book would be much smaller. Thank you. Péter Fülöp. Budapest Jan 10th 2011. Mon
site Mahler est lui aussi mentionné dans la page remerciement avec, hélas, une coquille dans mon nom de famille.
Tard dans la nuit, j’apprends par
facebook qu’il reste quelques places pour la
Huitième de Mariss Jansons au
Concertgebouw début mars et j’achète deux places.
18671ème jour
Madrid Londres
Journée de réunions à Madrid.
Jamon iberico pour le déjeuner.
Voil
easyJet parfaitement à l’heure pour
Gatwick
Gatwick express.
Taxi jusqu’à
Russel square.
Le charme très victorien du
Russel Hotel.
Nuit.
18670ème jour
Paris Lisbonne Madrid
Juste après le concert Dudamel, je passe chercher Ramon en bas de chez lui et nous allons dîner chez
Barlotti. Puis nous passons chez moi et vidons une bouteille de champagne devant un feu de bois. On écoute beaucoup de musique brésilienne, du Shazz et des chansons françaises. J’aime beaucoup être avec lui et je pense de plus en plus que notre week end ensemble à Berlin peut être très agréable. A quatre heures je le dépose en bas de chez lui je rentre chez moi, je dors une heure et je pars à Orly prendre le vol de Lisbonne.
Après une matinée de travail, notre client portugais, adorable (comme tous les clients portugais que je connais nous emmène près de Cascais pour déjeuner devant la mer d’un merveilleux bar de ligne cuit dans une croute de sel. Il nous ramène en voiture à l’éaroport de Lisbonne. Je suis tellement épuisé que je dors derrière dans sa voiture mais il ne s’en rend pas compte. Vol Lisbonne Madrid, une assiette de jambon et un bon verre de vin sur la
Plaza de Santa Ana et vers minuit je m’endors comme une souche.