19185ème jour
Le Premier Concerto de Saint-Saens par Gautier Capuçon et l'orchestre du Staatsoper de Hanovre
Je paye ma note d'hôtel en même temps que Hugh Wolff et vers dix heures, je me rends à pied au centre ville afin de visiter la maison natale de Beethoven, miraculeusement préservée à la fin du 19ème siècle par quelques inconditionnels du Maître de Bonn. La maison est belle, petit îlot de calme dans un quartier bien abîmé. On peut voir de nombreux documents et instruments, mais aussi quelques uns des plus célébres portraits de Beethoven. Au deuxième étage se tient la petite pièce basse de plafond où semble-t-il Beethoven naquit un jour de 1770.
Je prends la route pour Hanovre, trajet que Gautier Capuçon a sans doute fait lui aussi quelques heures plus tôt. J'arrive à Hanovre en début d'après midi, je dépose mes bagages à mon hôtel situé juste en face du
Staatsoper et je parcours rapidement le centre ville.
À 19h00 je me rends à l'opéra pour un concert appartenant au cycle
Vive la France!. Le concert, dirigé par l'américaine Karen Kamensek, démarre par la très rare
Fête Pololonaise extraite du
Roi malgré lui d'Emmanuel Chabrier. Puis c'est la
Symphonie en ut de Bizet, symphonie que j'aime tant mais qui souffre beaucoup ce soir de la difficulté des musiciens de l'orchestre du Staatsoper à jouer ensemble.
La seconde partie est principalement consacrée au
Premier concerto pour violoncelle de Saint-Saens. Comme la veille, Gautier Capuçon joue avec une passion jouissive et le résultat et très convaincant et comme la veille, il nous donne en bis la
Marche des petits soldats. Le concert se termine avec la
Deuxième Suite de
Daphnis et Chloé ou bizarrement, l'orchestre, qui a sans doute plus répété Ravel que Bizet, retrouve une énergie et un unisson jouissif.
Vive la France! comprenait aussi une projection des
Vacances de Monsieur Hulot bizarrement à l'opéra mais fatigué, j'ai préféré rentrer dormir à mon hôtel.
19184ème jour
Le Concerto de Dvorak par Gautier Capuçon et l'orchestre Beethoven de Bonn
Je suis parti un peu tard de Paris en ce dernier vendredi de juin et le parcours de 500 kilomètres entre Paris et Bonn a été une lutte permanente contre mon ordinateur de bord de façon à avoir une chance d'être à l'heure pour le concert. Je suis arrivé finalement à la
Beethovenhalle avec quinze minutes d'avance, juste le temps d'avaler un
bretzel et de boire un verre de
sekt.
La
Beethovenhalle est une salle très laide, construite dans la fièvre de l'après guerre pour satisfaire les besoins musicaux des fonctionnaires s'installant dans la nouvelle capitale allemande. L'orchestre, dirigé par son chef Hugh Wolff, joue une suite assez insipide de Thomas Ades poliment applaudie par l'assistance. Puis les choses sérieuses commencent avec le Concerto pour violoncelle de Dvorak, joué par l'élégant Gautier Capuçon. C'est un moment magnifique et le soliste fait plaisir à voir et à entendre, tant il semble heureux de jouer cette œuvre. Son interprétation est terriblement lyrique, parfois tendre, parfois violente, toujours passionnée. L'orchestre n'est pas d'un niveau extraordinaire mais la complicité des musiciens avec leur soliste est belle à voir et à entendre. En bis, Gautier Capuçon nous offre son bis fétiche, la
Marche des petits soldats de Prokofiev, irrésistible d'humour.
À l'entracte, j'achète le CD du concerto de Dvorak par Gautier Capuçon et Paavo Jarvi, juste pour le plaisir d'en avoir un exemplaire dédicacé. Comme nous échangeons quelques mots, le violoncelliste semble surpris de la présence d'un spectateur français.
Je reste un peu pour les
Danses Symphoniques de Rachmaninov qui concluent le concert mais je quitte la sa salle dès la fin du premier mouvement, tant je trouve cette musique insipide, surtout lorsqu'elle est mal interprêtée comme ce soir.
19183ème jour
Paris Prague Paris
Un aller retour à Prague, juste pour une réunion client devenue assez urgente. Il fait très chaud en ville et il est particulièrement frustrant de ne venir que pour quelques heures, juste le temps d'apercevoir l'opéra et la Moldau de loin, de traverser la place Wenceslas et de me donner envie de revenir.
19182ème jour
Soldes
Journée de travail banale. Je m'esquive du bureau vers midi et je me rends au
Printemps de l'Homme envahi de garçons sensibles et économes en cette première journée de soldes. Je fais une razzia chez
Paul Smith et chez
Ralph Laurent et je rentre sagement au travail.
Le soir, dîner à l'
Acante à l'invitation de mon ami E.
19181ème jour
Mustang
Journée qui ressemble à celle de la veille avec les mêmes réunions. Je complète le voyage à New York et Tanglewood avec les réservations d'hôtel et, bien-sûr une
Mustang décapotable.
19180ème jour
Tanglewood
Journée morne pleine de réunions. Dans la soirée, je me console en prenant deux billets pour New York pour moi et ma plus jeune fille qui rêve d'y retourner. Je ne suis pas sûr qu'il soit une bonne idée d'aller à New York en juillet mais je suis heureux de lui faire plaisir et j'en profite pour réserver des billets pour deux concerts au Festival de Tanglewood où je n'ai encore jamais mis les pieds.
19179ème jour
Sur la route en train
Journée calme en famille. Nous regardons
War Horse, dont j’ai acheté le
bluray pour ma mère dans la gare d’Eindhoven. Dans le train de retour, je commence
Sur la route de Kerouac, que je n’ai jamais lu jusqu’à aujourd’hui et que je trouve abominablement mal traduit.
19178ème jour
Paris Clermont-Ferrand
Je prends le train de Clermont Ferrand de 7h00 avec ma fille aînée. C’est donc dans ma ville natale que je mets à jour les cinq derniers mois de ces pages. Je reçois un SMS de Michael depuis la Thailande et je découvre qu’il suit la progression de la mise à jour, probablement depuis son lit.
19177ème jour
Paris Eindhoven Paris
Je devrai me rendre régulièrement à Eindhoven dans les prochains mois et c’est une destination à problème pour un aller retour dans la journée. En train, Eindhoven est en effet à une heure trente à la fois de Schiphol et de la gare d’Anvers. J’ai donc choisi aujourd’hui d’y aller en voiture, choix malencontreux en raison des bouchons autour d’Anvers. Je suis néanmoins arrivé à l’heure chez mon client. En sortant, j’ai tenté d’acheter des joints dans un
coffee shop, mais j’ai du abandonner l’idée. Le vendeur m’a expliqué qu’Eindhoven est encore dans la zone du sud des Pays Bas où les étrangers n’ont pas le droit d’acheter. Je n’ai pas eu le courage d’aller jusqu’à Nijmegen et je suis rentré à Paris.
19176ème jour
Paris Vienne Paris
Paris Vienne depuis l’abominable Terminal T3 de Roissy.
Grandes chaleurs à Vienne où l’on voit partout une grande et belle affiche d’une exposition Klimt au
Kunsthistorischen Museum. Déjeuner au
Biedermeyer avec un client slovaque. Un autre meeting, un brin de taxi, une heure dans l’avion sur son parking en raison d’orages sur la région parisienne et je retrouve ma voiture sur le parking du T3. Bien avancé la lecture de
La carte et le territoire de Michel Houellebecq dont j’imagine qu’il a du ravir le mari d’Alice.
19175ème jour
Paris London (le tout à Paris)
Journée banale à part un verre avec Pierre au
Paris London qui est devenu notre quartier général. La serveuse est adorable et ressert systématiquement un verre à Pierre.
J’ai pris sottement des places pour deux concerts d’affilée du violoncelliste très connu. J’entendrai donc prochainement le Concerto de Dvorak (bizarrement jamais encore entendu en concert) et le
Premier Concerto de Saint-Saens
déjà entendu l’an passé à Berlin).
19174ème jour
Impôts
Dans l’après-midi, je passe à mon centre des impôts, étant complètement paumé au milieu de cases du genre
gain de levée d’options sur titres ou encore
gains imposables sur option dans la catégorie des salaires. Satisfait de voir que la fille en face de moi ait l’air, elle aussi, un peu perdue.
19173ème jour
Purcell, Mozart et Schubert par le London Symphony Orchestra, Maria Joao Pires et Bernard Haitink à Pleyel
En fin de journée, je retourne à Pleyel pour le deuxième concert du LSO au programme proche de celui de la veille. Purcell, avec cette fois-ci une chaconne assez mystérieuse, un peu dans le ton de la mort de Didon, et confiée uniquement aux cordes. Puis Mozart, avec cette fois-ci le 23ème concerto qui m’a un peu laissé sur la faim. Tout est très bien mis en place, le piano bien sûr, et l’orchestre attentif à accompagner sa soliste à la perfection. Il manque juste un grain de folie ou d’originalité que Barenboim sait parfaitement mettre dans ses concertos de Mozart. Pas de bis non plus ce qui fait dire à ma voisine de derrière : "
Incroyable! Je n’ai jamais vu ça de ma vie !". Il faut sortir plus souvent, Madame.
Une partie de l’assistance quitte la salle, Pierre Bergé en tête, sans doute inquiet des longueurs de la
Grande Symphonie de Schubert. C’est une œuvre que j’aime profondément, découverte lors de la sortie de l’enregistrement de Carlo Maria Giulini, il y a si longtemps. Pourtant ce soir, est ce la fatigue de la journée, j’ai trouvé l’interprétation lisse et un rien ennuyeuse. J’étais content de rentrer chez moi.
Le violoncelliste très connu, réel ou pas, me bloque sur grindr, soit ennuyé d’avoir été reconnu, soit parce qu’il est n’est pas du tout violoncelliste mais juste un imposteur idiot.
19172ème jour
Purcell, Mozart et Bruckner par le London Symphony Orchestra, Maria Joao Pires et Bernard Haitink à Pleyel
Après un déjeuner avec M. de France chez Janou, je file à Pleyel pour le premier des deux concerts du
London Symphony Orchestra. Celui d’aujourd’hui ressemble à trois de mes derniers concerts puisque composé d’un concerto de Mozart et d’une symphonie de Bruckner, avec toutefois une très belle introduction déjà choisie par Simon Rattle avant la Cinquième:
Music for Queen Mary. Haitink a choisi un arrangement de la musique funèbre réalisé par Steven Stucky à la demande d’Esa Pekka Salonen. Cette version, peut être encore plus glaçante que l’original, reprend seulement quelques mouvements de l’œuvre de Purcell, dont bien sûr la fameuse marche funèbre. Mais elle est aussi transposée pour instruments à vent, percussions et aussi un piano utilisé soit dans les notes très graves et très aigues de l’instrument. Terriblement efficace.
Après un réaménagement de la scène, c’est donc Mozart, avec le sombre 20ème Concerto en ré mineur, composé en même temps que le lumineux 21ème. Magnifique Maria Joao Pires qui, a soixante huit ans a toujours des allures d’adolescente. Elle est dans son répertoire de prédilection et c’est juste magnifique. Les musiciens du LSO l’accompagnent à merveille, les cordes sont incroyablement à l’unisson. Pas de bis à la grande frustration du public et c’est la
Septième de Bruckner, là encore un répertoire de prédilection pour Bernard Haitink qui dirige ses musiciens avec une immense poésie et une grande énergie. Un seul regret peut-être : le son du LSO, d’une très grande clarté, peut être un peu trop lumineux, là où les berlinois apportent un sombre sans doute plus approprié.
Le soir, discussion avec un grindrien à image de violoncelle et que je reconnais, à l’envoi de sa photo comme étant un violoncelliste très connu. Si toutefois la photo est bonne...
19171ème jour
Cosmopolis
Après un déjeuner au
café di Roma, vu avec mes filles
Cosmopolis pendant lequel nous avons tous trois dormi. J’achète le roman (réputé inadaptable au cinéma) de Don DeLillo aussitôt après pour vérifier si le ratage vient du film ou du roman original.
Le soir, dîner à
Il Piccolino, un nouveau (petit bien sûr) restaurant d’à côté de chez moi, tenu par un vrai italien aux
Wayfarer rouges et à la cuisine parfaitement authentique. Sans doute ma nouvelle cantine.
Vu avec ma fille aînée le
bluray de Millenium I. La version américaine avec Daniel Craig est beaucoup plus convaincante que le nanard suédois.
19170ème jour
C’est l’plombier !
Ma fille a la gentillesse de passer chez moi à huit heures pour accueillir le plombier.
Le soir je retrouve Pierre au
Paris London pour un verre et nous dînons ensemble chez
Isami. J’aime beaucoup la façon dont nous avons renoué notre relation. La relation avec son mec a l’air de se terminer lentement mais surement.
19169ème jour
Vienne Paris
Au contraire de la veille, il fait un soleil éblouissant sur Vienne et après ma matinée de travail et un déjeuner au café
Schwarzenberg, je me balade en ville et ramène de ma promenade un livre intéressant sur les relations entre Bruno Walter et le
Staatsoper, une chemise Ralph Lauren aperçue à Berlin et en solde à Vienne et le catalogue de l’exposition
Klimt Persönlich du Leopold Museum qui n’existait qu’en version allemande lors de ma
visite précédente.
Retour sur Paris en fin de journée dans un vol plein à craquer.
19168ème jour
Mozart et Bruckner par la Staatskapelle et Daniel Barenboim au Musikverein
En fin de matinée départ pour Vienne où il fait gris. Après une réunion de travail, je file avec un collègue au
Musikverein où Daniel Barenboim dirige l’intégrale des symphonies de Bruckner dans l’ordre avec une symphonie par soirée, à la tête de sa
Staatskapelle. Les
Cinquième,
Septième et
Huitième symphonies sont jouées seules et les six autres sont, comme à Paris en avril, précédées d’un concerto de Mozart que Barenboim dirige bien sûr du piano. Barenboim affectionne beaucoup, et à juste titre, ces programmes Mozart Bruckner et ce soir, c’est le sixième concert, et donc la
Sixième Symphonie précédée du 22ème concerto qui, à Paris, avait précédé la
Neuvième. Vous suivez ?
Je suis particulièrement heureux de découvrir dans le programme du concert le fac-similé d’une affiche du septième concert d’abonnement de la saison Philharmonique 1898-1899 où, dans la même
Goldensaal, la même
Sixième Symphonie était créée par un certain Gustav Mahler.
Le 22ème Concerto donc, dans lequel Barenboim met toujours autant de fantaisie, mais bizarrement, quelque chose fonctionne moins bien qu’à Paris, peut-être seulement l’acoustique du
Musikverein qui met peu en valeur le son du Steinway privé de son couvercle. Je prends toujours autant de plaisir à entendre le très beau thème médian du dernier mouvement, que nous avions chanté dans les rues de Barcelone, Jean-François et moi, quatre jours plus tôt. En bis, Barenboim, qui semble être en pleine période Schubert, nous donne un
Impromptu dans une salle un peu bruyante du fait de l’étonnante irruption de spectateurs de la tribune qui tentent de repérer les rares places vides.
Mon collègue et moi en profitons pour changer aussi de place et nous prenons le corridor qui longe la salle et passons au milieu de tous les musiciens en frac qui attendent de rentrer en scène et nous nous installons sur scène, juste derrière les altos, sur deux chaises dont j’avais repéré qu’elles étaient vides. En trente années de concert, je pense n’avoir jamais vécu une expérience aussi intense, celle de se trouver vraiment au milieu des musiciens, de sentir le son aller de droite à gauche, d’avant en arrière et de voir le chef brandir sa baguette vers moi lorsqu’il souhaite plus d’énergie des altos, de comprendre la difficulté des cordes à s’écouter et à jouer ensemble pendant les tuttis de cuivres. Bien sûr, au
Concertgebouw ou à la Philharmonie de Berlin, l’expérience du
Podium ou de l’arrière scène est comparable, mais ces rares fauteuils sur la scène du
Musikverein sont vraiment une expérience inoubliable. Je connaissais très mal la
Sixième de Bruckner et bien qu’ayant au moins trois intégrales Bruckner au disque, je crois ne l’avoir jamais écoutée jusqu’à ce soir. Elle est d’un format assez classique avec ses blocs et ses contrastes puissants, mais je suis tombé vraiment amoureux du
Scherzo, l’un des plus réussis de Bruckner, avec son rythme initial des contrebasses qui entrainent tout l’orchestre dans une furie sauvage. Je ne devais pas être le seul à découvrir la
Sixième ce soir car la symphonie se termine sur un accord particulièrement tonitruant et Barenboim a baissé sa baguette et a reculé jusqu’à la barre de sécurité de son podium dans un silence étonnant. La salle a mis cinq bonnes secondes avant d’applaudir et le public viennois piégé a fait beaucoup rire tous les berlinois sur scène.
Dîner au restaurant de l’hôtel
Majestic dont la
Wienerschnitzel est toujours aussi recommandable.
19167ème jour
SingTank à la Maroquinerie
C’est une journée étrange qui m’aura vu me lever à 5h10 à Munich, travailler à Bruxelles et rentrer à Paris pour le concert de
Singtank.
Singtank, vous ne connaissez sans doute pas, mais c’est le groupe que tout le monde voudra aller applaudir à l’
Olympia en 2014. Ce sont un frère et une sœur, très jeunes, des beaux quartiers, Alexandre et Joséphine de la Baume. Ils sont habillés très années 60 dans des teintes beatnik-pastel, lui avec son air timide, sa voix grave à la Bowie et sa crinière blonde immense et indomptée, et elle beaucoup plus extravertie avec ses longs cheveux qu’elle remue en tout sens en dansant. Ils ont du talent, ils chantent uniquement en anglais, c’est de la pop fluo et acidulée et ils mettent le feu à la
Maroquinerie. Ils nous donnent tout leur répertoire (les onze chansons de leur
unique album), plus quelques reprises. Leur batteur, qui connait aussi une ébullition capillaire, a une énergie folle, la basse, très sexy avec sa banane à la Elvis sifflote et sourit à la salle. Pierre est ravi. Moi aussi. On dîne dans ce coin du 19eme arrondissement. Je dépose Pierre Chez lui et je rentre chez moi pour une courte nuit, pour une fois à Paris.
19166ème jour
La Neuvième par l’orchestre de l’opéra de Munich
Paris Munich en fin de matinée. Par un hasard étonnant ce rendez vous à Munich a été fixé il y a quelques semaines, alors que ce soir, l’orchestre de l’opéra de Bavière donne la
Neuvième de Mahler sous la direction de Kent Kagano. Il ne restait que des places debout, mais j’avais pris un ticket.
En fin d’après-midi, je passe à l’opéra, des billets sont revenus et je m’achète une très bonne place, la caisse de l’opéra me remboursant même ma place à neuf euros. Comme l’affiche du concert est vraiment très belle, je demande à la billetterie si je peux en avoir une et une fille adorable descend de l’administration de l’opéra pour me l’apporter.
Après un
very early dinner à la brasserie
Spatenbrau, je traverse la place pour ce qui est bizarrement ma première visite à l’opéra de Munich, une institution très respectée en Allemagne, encore très marquée par les noms de Richard Strauss, de Karl Böhm ou plus récemment de Carlos Kleiber et Zubin Mehta. La salle a été refaite après guerre dans un style un peu bizarre, propre, néoromantique et somme toute assez laid. Mais du parterre, on voit bien et on entend très bien. Le spectacle est aussi dans la salle tant tout le monde est sur son trente et un.
Le concert débute par l’œuvre la plus connue du compositeur peu connu Karl Amadeus Hartmann (1905-1963), dont j’avais entendu l’œuvre ultime,
Gesangszene, d’après des textes de Giraudoux,
l’an passé à Berlin. Au programme ce soir, son
Concerto funebre pour violon et orchestre (plutôt fourni) à cordes, composé juste avant la guerre et révisé en 1959. C’est assez beau, en particulier les mouvements lents que l’extraordinaire Gil Shaham, que je n’avais pas entendu depuis
son incident d’archet d’il y a quatre ans, joue avec un plaisir visible, et amène à un niveau de beauté étonnant.
En deuxième partie, l’œuvre devenue si dangereuse depuis la perfection abbadienne de Lucerne. Le premier mouvement est assez banal. L’orchestre est bon, joue de façon très unie, mais un peu lisse. Le
Ländler est plus incisif, la folie du troisième mouvement est bien présente et l’orchestre commence même à se déchainer. Le
Finale est très remarquable avec les brassées de cordes comme je les aime et une toute fin absolument étouffante comme si l’air était raréfié dans la salle du
Staatsoper. Le public de l’opéra se tient d’ailleurs muet dans un silence abbadien alors que la baguette de Kent Nagano reste suspendue.
Je rentre sous la pluie en taxi au NH de l’aéroport
Franz Josef Strauss.
19165ème jour
Barcelone Paris
Je me suis levé au milieu de la nuit pour attraper le vol de Paris, j’ai retrouvé Gaëtan à Saint Gervais Saint Protais et nous avons déjeuné à l’
Etincelle où j’étais avec Pierre trois jours plus tôt. J’ai acheté un cahier noir chez
Spalding & Bros et j’ai enfin trouvé mes lunettes de soleil
Persol Capri, tant admirées à Venise et fabriquées en Italie en série très limitée.
En fin d’après-midi, j’écoute le magnifique enregistrement des 20ème et 21ème concertos de Mozart par
Jan Lisiecki, le très jeune prodige canadien dont tout le monde parle et qui est accompagné par l’orchestre de la Radio bavaroise et le si mozartien Christian Zacharias. Le résultat est vraiment exceptionnel et fait oublier les horreurs de Radu Lupu du milieu de semaine. Dans mon enthousiasme j’ajoute Jan à mes amis facebook et il a la gentillesse de me répondre aussitôt. Je tenterai d’aller l’entendre à Berlin ou Vienne fin octobre dans le 21ème concerto.
19164ème jour
Et encore de la musique de chambre à Barcelone
Après un déjeuner à
4 Gats (formidables anchois frais), j’ai fait une longue promenade avec Jean-François sur le bord de mer. Nous parlons musique, bien sûr, de Lupu et du 22ème concerto. Il me raconte aussi l’événement de son enfance, ce rôle de Mozart dans le téléfilm de Marcel Bluwal que je me souviens fort bien avoir vu à la télévision à l’époque.
Un peu plus tard, soirée musicale chez Alban Berg qui nous offre avec ses amis, trois mouvements du premier sextuor de Brahms et le fantastique premier trio de Brahms, celui dont le thème du premier mouvement me donne irrésistiblement envie d’aller courir nu dans les rues.
19163ème jour
Chopin et Schumann au Goethe Institut de Barcelone
Une journée encore à ne pas faire grand-chose. J’ai déjeuné au
Trobador de
Ferran et j’ai découvert à l’occasion qu’ils ont une terrasse sur la place derrière le restaurant.
Le soir je me rends au
Goethe Institut pour le concert objet de mon week-end. C’est un endroit amusant où il y a un bar qui sert des bretzels et de la bière avec un serveur qui parle uniquement allemand. Le concert, donné par Alban Berg et ses amis est consacré à deux œuvres de musique de chambre : le Concerto pour piano en fa mineur de Chopin dans sa transcription pour quintette par le compositeur lui-même, et le quintette avec piano de Schumann que j’aime tant, avec son deuxième mouvement aux ombres fantomatiques. Le Chopin est infiniment mieux interprété que lors de l’horrible
concert de Pogorelich de l’an passé. Jean-François Dichamp, un formidable pianiste français que l’on aimerait entendre plus souvent, est totalement dans son élément et, malgré la transcription un peu faible de Chopin, où le quatuor à cordes fait souvent dans l’accompagnement minimal, c’est un magnifique moment, en particulier, à la fin du deuxième mouvement, dans le duo entre le piano et le violoncelle (passage normalement joué au basson dans la version orchestrale), où Alban berg me tire des larmes. Deuxième partie avec Schumann et ce quintette, beaucoup plus équilibré que le concerto et que j’écoute avec un vrai bonheur.
Dîner de groupe à
Bella Napoli.
19162ème jour
Paris Barcelone
Vers midi, je prends l’avion pour Barcelone. Il fait un temps superbe qui change de Paris. Je ne fais pas grand-chose. Je passe du temps à la piscine du toit de l’hôtel, je prends un déjeuner tardif à la
Casa Alfonso, je dînerai encore plus tardivement de quelques tranches de jambon et d’une boîte de
gazpacho achetés dans un supermarché et consommés sur un banc près de l’
Estacion del Norte.
19161ème jour
Pierre VII
Il y a près de quatre ans qu’on ne s’était pas vus. Il m’avait donné rendez-vous au
London Paris, un café plein de charme de la place de la Madeleine, qui, d’après Pierre, appartient au même propriétaire que la
Brasserie de la Poste où j’ai mes habitudes avec mes filles et dont les restaurants semblent avoir la marque de fabrique de créer de toutes pièces un lieu à l'atmosphère ancienne. J’ai pris un
spritz (médiocre comme toujours en France) et Pierre a pris un chardonnay. La serveuse lui faisait des "
mon chéri" et il lui répondait des "
ma puce".
On a pris un martini au
Murano (où je ne mettrai plus les pieds tant une odeur pestilentielle flotte sur le bar). On a dîné à l’
Etincelle et je l’ai raccompagné chez lui au fin fond du vingtième.
19160ème jour
Beethoven et Schumann par Claudio Abbado, Radu Lupu et le Mozart Orchestra
J’attendais beaucoup du concert de ce soir, le seul passage de Claudio Abbado à Paris en 2012. Cruelle déception. Il apparaît bien vite que le Mozart Orchestra est d'un niveau très moyen. Malgré quelques stars (Raphael Christ toujours aussi beau au premier violon, Jacques Zoon à la flûte solo et Alois Posch à la contrebasse solo) le son de l’orchestre est acide et les musiciens ont beaucoup de mal à jouer ensemble. L’ouverture d’
Egmont manque de force et d’un bon son rond et allemand. Mais la vraie catastrophe vient du
Concerto de Schumann dont les deux mouvements extrêmes sont joués comme des adagios par un Radu Lupu qui, malgré cette lenteur extrême, aligne pain sur pain et devrait songer à une retraite bien méritée. Claudio Abbado semble dérouté par tant de lenteur et les musiciens qui ont du mal à suivre, jouent encore moins ensemble. Radu Lupu, presque pour se faire pardonner, nous donne en bis la
Rêverie des
Scènes d’enfant. En deuxième partie, la
Deuxième Symphonie de Schumann, d’un niveau bien supérieur au
Concerto, mais d’un intérêt bien faible comparée à
celle dirigée par le même Claudio Abbado un mois plus tôt à Berlin.
Je regrette déjà d’avoir pris un billet pour le concert des mêmes interprètes en 2013.
Et sinon je n’ai toujours pas résolu le mystère de la baguette magique de Claudio Abbado.
19159ème jour
Paris Amsterdam Paris
Journée près de l’aéroport d’Amsterdam. Le soir, je retourne à Roissy pour récupérer ma fille aînée qui vient de passer cinq mois en Turquie. Nous dînons chez
André d’un repas très français qui lui fait plaisir.
19158ème jour
Hydra Paris
Après un petit déjeuner typique de la navigation à voile (fromage, jambon et gros rouge), nous retournons à Hydra pour faire le plein d’eau et pour me laisser sur le quai, puisque je dois rentrer sur Paris. Comme la veille, le port est plein et je dois escalader deux autres voiliers pour accéder au port avec ma valise. Depuis le quai, le cœur un peu serré, je salue mes collègues qui s’éloignent. Je déjeune à Hydra dans un petit restaurant merveilleux. A la terrasse, rien que des grecs qui rigolent. A mes pieds, un petit chat noir et blanc, quémandeur. Sur la table, de la fêta grillée, des côtes d’agneau et un rouge local vaguement pétillant. Je prends le ferry pour le Pirée, le train pour l’aéroport, deux chemises chez Boggi et je rentre à Paris.
19157ème jour
Une journée en mer
Nous avons quitté le port à six heures du matin, en manœuvrant avec un peu de mal nos seize mètres coincés entre les autres bateaux. En s’éloignant de la côte, on pouvait apercevoir au loin la silhouette de l’Acropole et celle du Mont Lycabette. Le vent s’est levé et on a pu faire de belles distances à la voile. C’était un vrai bonheur et je me suis juré de ne pas attendre ving ans avant de renouveler une telle expérience. On s’est arrêtés une heure, le temps de nager et on est rentrés dans le port d’Hydra qui était tellement plein qu’il s’est avéré impossible d’y rester. Certains d’entre nous sont restés à terre ferme et les autres (dont moi) sommes partis nous ancrer à quelque distance du port. L’idée était de revenir au port en
zodiac. Nous avons eu problème sur problème, la mer étant trop profonde pour s’ancrer et l’ancre refusant de remonter. A un moment, je mets le
zodiac à la mer avec une collègue grecque. Celle-ci me demande si la corde est bien mise, je réponds que oui, nous lançons le
zodiac et je me retrouve l’air absolument idiot avec la corde entre les mains et le
zodiac à l’eau qui commence à dériver. Tout s’est bien terminé.
Le soir, pour le dîner, j’ai préparé un énorme
sgroppino pour dix. Malheureusement, le remplacement du
prosecco par du
moscato d’Asti ne n’est pas avéré très probant.
19156ème jour
Athènes
Après une matinée de travail, je déjeune avec un collègue à ma chère
Taverna Bizantina et je m’achète dans le centre une paire de chaussures à semelles blanches (20€ chez
Zara) et je pars avec des collègues à la
Marina pour faire connaissance avec le voilier de seize mètres sur lequel nous allons passer un peu de temps ensemble. Je choisis la cabine de la proue, totalement indépendante avec son lit très exigu et à laquelle on accède par une sorte de puits. Je retrouve avec bonheur le bruit merveilleux des câbles qui claquent, de la coque qui craque et le très léger roulis d’une nuit au port.
Depuis le bateau, j’échange des SMS avec Pierre et je lui propose de venir avec moi au concert de
Singtank à la
Maroquinerie, le nouveau groupe pop à la mode. Il accepte et cela me fait très plaisir.