16690ème jour

Liste macabre

Pendant ces vacances, j'ai lu également deux livres de Fernando Vallejo qui m'ont plutôt déçu en comparaison de la mythique Vierge des tueurs. Dans l'un d'entre eux, très autobiographique, l'auteur promène son personnage un peu aigri dans Barcelone, à l'occasion d'une foire du livre. On apprend à cette occasion qu'il a réuni une liste de toutes les personnes qu'il a connues et qui sont aujourd'hui décédées.
J'ai eu l'étrange idée de me livrer au macabre exercice. Je n'ai selectionné que les personnes réellement rencontrées, avec lesquelles j'ai eu une vraie relation personnelle, et dont j'ai été informé de la mort. Il est probable que nombre de mes professeurs d'enfance sont morts, mais je n'en tiens pas compte, dans la mesure où je les ai perdus de vue.
Ma liste comprend 40 noms, 23 hommes et 17 femmes, 18 sont des personnes de ma famille proche ou lointaine. 3 ont péri par accident, une a été assassinée, 7 sont mortes de maladie et 29 à un âge plutôt avancé.
J'ai été surpris de ce faible nombre que j'imaginais bien supérieur. Cela doit être très déprimant de continuer à tenir régulièrement une telle comptabilité. Les entrées doivent s'accélérer avec le temps. Il y a probablement un jour où, avec la vieillesse, le nombre de disparus écrase totalement le nombre de connus vivants. On doit se sentir irrémédiablement appelé par ces voix grimaçantes et hurlant silencieusement.

16688ème jour

Les bébés de la consigne automatique

Ma rencontre avec ce roman était sans doute prédestinée. Il y a quelque mois dans un blog (impossible de me souvenir lequel) quelqu'un avait bizarrement fait un rapprochement entre mon style et celui de l'auteur de ce livre. Le titre m'avait paru incongru à l'époque, et je l'avais noté à tout hasard dans un recoin de mon téléphone. En choisissant mes lectures de vacances, début août, j'avais réussi à me procurer le livre dont les 500 pages aux caractères serrés m'avaient un peu impressionné.
Je n'ai pas débuté mes vacances par ces Bébés de la consigne. Je leur ai préféré le très autobiographique Rien de grave de Justine Levy. Et bizarrement, au cours du roman, que lit l'auteur? Les bébés de la consigne automatique, bien sûr.
Je me suis plongé avec délices dans cette histoire démesurée, délirante, attachante, baroque, futuriste, apocalyptique, onirique, grinçante, touchante, mais cependant racontée avec une rigueur détachée.
Tentez l'aventure. Vous ne le regretterez pas.

16687ème jour

Le petit sac blanc est mort

Il y a une quinzaine d'années, j'avais participé à une convention près de Dakar. On nous avait offert un petit sac blanc en toile. Ce sac, au demeurant assez laid a été de tous mes voyages privés. Il me servait à porter l'appareil photo, les passeports, bref, ce que l'on ne met pas dans la valise. Avec le temps, il est devenu encore plus laid qu'à l'origine, il fait partie de ces objets que l'on aime uniquement parce que l'on a passé beaucoup de temps avec eux, parce qu'ils font partie de l'environnement familier.
Il y a six mois environ, un passager de l'aéroport d'Istanbul avait un très beau sac à dos qui me plaisait car il se portait en bandouillère et non pas avec deux lanières aux épaules. J'aimais bien le dessin que formait cette longue bandouillère, je m'étais approché tout près pour voir qu'il s'agissait d'un sac Champion, et m'étais dit qu'il remplacerait avantageusement mon vieux sac blanc.
Depuis six mois je l'ai cherché partout, de São Paulo à Seoul, en passant par Istanbul et Paris. Je me revois le chercher dans le Kaufhof de Cologne avec l'ami tigger. Et l'autre jour, à Venise, je suis rentré plein d'espoir dans une boutique Champion. J'avais raison. Je l'ai enfin trouvé.
Le petit sac blanc est mort.

16686ème jour

Mes journées à Venise

Ces quatre journées se suivent et se ressemblent. Il y a toujours trois heures consacrées à la plage, parfois le matin, parfois l'apres-midi, selon la météo. Nous les passons près de l'Hôtel des Bains, dans l'ombre de Tadzio. La plage est couverte de petites cabines bleues et blanches et il est préférable de louer un parasol et des transats. En Italie, personne n'aurait l'idée d'étendre sa serviette à même le sable. Je passe une bonne partie de mon temps à lire Les bébés de la consigne automatique et à aller nager avec mes filles.
Le reste du temps, nous le consacrons à la visite de cette ville incroyable. Je reprends mes habitudes, mes itinéraires, mes petits restaurants... Nous avons fait un tour à Murano, nous avons visité rapidement la biennale fort décevante avec beaucoup de laid, un peu d'amusant et rien de touchant...
Je vois arriver avec appréhension le retour sur Paris. Il me faut encore trouver la compilation festivalbar 2005 pour accompagner notre retour vers Paris.

16685ème jour

Papiers

En arrivant à notre hôtel au Lido, j'ai laissé nos passeports à la réception, comme il convient de le faire en Italie. Quelques minutes plus tard, alors que je passe prendre des affaires dans la voiture, la personne de la réception me fait signe de venir, me montre le passeport de ma fille aînée et me dit un peu gêné: "Monsieur, il y a un problème avec la date de naissance de la Signora..."
Je lui indique : "C'est ma fille..."
"Aaah!" a-t-il simplement répondu.

16684ème jour

Les soupirs du Pont

Il y a un pont de Venise dont le nom est peu connu (Ponte di Paglio) et qui est cependant célèbre. C'est celui composé de marches basses, le long de la lagune, par lequel on apercoit le fameux Pont des Soupirs. Il y a fort longtemps, alors qu'il faisaient leur voyage de noces, mes parents avaient été pris en photo sur ce pont, par un photographe à touristes. La photo, en noir et blanc, était assez jolie et mes parents avaient décidé de l'acheter. J'aimais la regarder dans l'un des albums de photo de famille.
Longtemps après, alors que j'étais adolescent, nous passions quelques vacances en famille près d'Ascona. Découvrant que Venise n'était pas si éloignée que celà de notre lieu de vacances, j'avais tanné mes parents pour aller y passer douze heures. Ils avaient accepté. Au cours de cette journée, nous avions fait un remake de cette fameuse photo où mes parents descendaient de nouveau le pont, vingt-huit ans plus tard.
En repassant sur ce pont avec mes filles cet après-midi, je songeais de nouveau à ces deux photos qui n'existent plus désormais que dans ma mémoire.

16683ème jour

Klagenfurt-Ljubljana-Venise

Il faisait beau ce matin, incroyablement beau. Mes filles ont bien voulu m'accorder une heure à moi et j'ai grimpé de nouveau le sentier qui monte au Häuschen. Le gardien était en train d'ouvrir les lieux, il m'a demandé ce que je voulais entendre et je me suis assis au centre de la petite cabane. Nous avons écouté tous les deux l'Andante de la Sixième Symphonie. C'était un moment étrange pour moi que d'entendre cette pièce si familière dans le lieu même où elle a été composée cent deux ans plus tot. La porte du Hauschen était ouverte et le chant des oiseaux se mêlait parfois à la musique. Je ne peux m'empêcher de penser que les mêmes chants il y a un siècle étaient à la fois source d'inspiration et de distraction pour l'occupant solitaire du Häuschen.
Je rejoins la voiture, nous partons vers le sud, vers la Slovénie que je ne connais pas encore. Nous faisons une halte d'une heure dans le centre de Ljubljana. C'est une petite ville charmante qui m'a fait l'impression d'une grande douceur de vivre avec plein de jeunes aux terrasses des cafés et de jolies petites rues piétonnes le long de la Ljubljanica.
Nous n'avions guère le temps de rester au delà de cette première impression car il fallait poursuivre notre route vers Trieste, puis Venise, qui marquera la fin de notre voyage.

16682ème jour

Le Wörthersee sous la pluie II

Il a moins plu aujourd'hui sur le Wörthersee. Ce matin nous avons marché de Reifnitz à Maria Worth le long du lac, puis nous avons fait une longue promenade en pédalo de Reifnitz jusqu'au pied de la villa de Mahler, soit près de deux heures allez retour. Les propriétaires, une famille viennoise détestant tout ce qui touche à Mahler en interdisent l'accès et le meilleur moyen de l'observer est donc le lac.
Nous sommes partis ensuite vers Klagenfurt, capitale de la Carinthie curieusement jumelée avec Dachau, avant de dîner dans un restaurant, sous un arbre à kiwis, au bord du lac qui nous offrait un somptueux coucher de soleil.

16681ème jour

Le Wörthersee sous la pluie I

La route de Steinbach à Villach a été pénible avec des trombres d'eau qui se sont abbatues sur la voiture et pour seules accalmies les longs Tauerntunnel et Katschbergtunnel. Dès mon arrivée sur le Wörthersee, je suis trop excité pour ne pas aller directement au seul Komponierhäuschen que je n'aie pas encore visité, celui de Maiernigg. Nous garons la voiture sur un petit parking au bord de la route longeant le lac. Il pleut légèrement mais le sol du petit sentier qui mène au Häuschen s'est transformé en un vrai bourbier. Le chemin est très pentu, charmant avec un petit pont au dessus d'une rivière. Nous arrivons à la maison, qui est assez grande comparée aux deux autres. C'est visiblement le Musik Direktor de l'Opéra de Vienne qui a enfin eu les moyens de s'offrir le lieu de ses rêves. L'endroit est également beaucoup plus isolé dans les bois, on aperçoit juste le lac en contrebas à travers les arbres.
L'endroit est tres bien pourvu en livres et en disques et le gardien des lieux est un amoureux de Mahler. Nous avons mille choses à nous dire et nous abordons des sujets aussi bizarres que le nombre de bustes de Mahler par Rodin, ceux sculptés par sa fille Anna, le chemin de Mahler pour venir de la villa au Häuschen et celui de la bonne qui lui montait le Frühstück, ce qu'il est advenu de la salle de Prague ou fut créée la Septieme et bien d'autres choses qui vous sembleront sans doute futiles...
Je serais bien resté des heures quant à moi, mais mes filles s'impatientaient, alors nous avons quitté la magie du lieu sous une pluie battante...

16680ème jour

L'Attersee sous la pluie II

Il faisait toujours gris ce matin, mais il ne pleuvait pas. Alors nous en avons profité pour faire une longue promenade dans les bois au dessus du lac vers Nußdorf. Partout des limaces rouges sans doute ravies des intempéries. Dans un petit sous-bois, trois salamandres sont là, comme à nous attendre au grand plaisir de mes filles. La pluie revient. Nous partons en voiture à Bad Ischl, la ville où a eu lieu la fameuse rencontre entre Mahler et Brahms. Nous visitons la Kaiservilla où habitait Franz Josef les mois d'été. De nombreux souvenirs de Sissi, le bureau où l'Empereur a signé la déclaration de guerre, début d'une immense boucherie. Au mur, les signes d'une autre boucherie : les bois des 2000 chamois que Franz Josef a abbatus lui même tout au long de son long règne. La pluie redouble. Nous rentrons jouer au cartes et dîner sur l'Attersee.

16679ème jour

L'Attersee sous la pluie I

Une meteo exécrable aujourd´hui, un temps gris, des nuages lourds et menaçants. Je ne devrais guere être étonné du temps maussade que peut offrir durablement le Salzkammergut en été. Il y a cent un ans, le climat du Wörthersee était lui aussi exécrable et Mahler se consolait de sa stérilité créatrice en lisant Le Portait de Dorian Gray et les Confessions de Tolstoi.
J'ai emmené mes filles le long du Mondsee, puis à Salzbourg pour leur faire découvrir la ville. Je leur ai montré la maison de naissance de Wolfgang, celle de son épouse Constance qui a habité la ville longtemps après la mort de son mari, et celle de sa soeur Nannerl. Nous avons acheté quelques saucisses sur la place du marché. J'ai essayé de ne pas trop regarder les affiches du concert du jour des Wiener Philharmoniker avec Gergiev, puis nous sommes rentrés à l'hôtel jouer aux cartes.

16678ème jour

Steinbach

"Je me réjouissais impatiemment des semaines que je devais passer avec lui à Steinbach. J'y arrivai dans le petit bateau à vapeur, par une superbe journée de juillet; Mahler était venu jusqu'au débarcadère pour m'accueillir et en dépit de mes protestations, il tint à se charger de ma valise jusqu'à ce qu'un porteur vînt le soulager. Lorsque, sur le chemin de sa demeure, je levai les yeux vers le Höllengebirge dont les parois abruptes formaient derrière le charmant paysage une toile de fond menaçante, il me dit : "Ce n'est pas la peine de regarder - j'ai déjà mis tout celà en musique!" (Das habe ich schon alles wegkomponiert!)"
Gustav Mahler par Bruno Walter (1936)
à l'occasion du 25ème anniversaire de la mort de Mahler
Cette scène s'est déroulée le 17 juillet 1896
Le petit Häuschen est toujours là. Il faut aller en demander la clef à la réception de l´Hotel Föttinger où Mahler a logé pendant trois étés. On traverse alors un abominable camping pour découvrir la petite cabane, restaurée il y a une vingtaine d'années, après avoir longtemps été les toilettes dudit camping.
On ne peut s'empêcher de penser à toutes les merveilles qui ont été imaginées puis peaufinées entre ces quatre petits murs, de l'immense Totenfeier au final de la Troisième Symphonie.
Tout a changé mais le Höllengebirge continue d'écraser la petite maisonnette de son immense stature.
Avec une pensée pour Philippe[s].

16677ème jour

Kaliste et Iglau

Sur l'autouroute de Prague a Brno, il faut sortir à Humpolec, aller dans le centre et demander à la boulangère, qui ne parle que tchèque mais est adorable, la route de Kaliste. Il n'y a en fait que huit kilomètres à parcourir dans les forêts de Bohème, et on trouve facilement juste à l'entrée du hameau sa naison natale.
La route de Kaliste à Iglau est magnifique avec des forêts de hauts sapins serrés les uns les autres, des bois de bouleaux, des petits étangs. On retrouve visuellement la magie du Naturlaut. La place centrale d'Iglau a gardé son allure originelle même si le groupe central de petites maisons au centre de la place a été remplacé par un bloc moderne incluant désormais un MacDo. Il est facile d'imaginer le jour du marché dans la partie sud de la place ou les défilés militaires avec fanfare sur la partie nord. Un peu plus bas se trouve la maison de son enfance. Il y a de nouveau un café au rez de chaussée de la maison, comme il y a cent quarante ans, mais c'est un cybercafé.
Nous repartons. Les forêts de Bohème de nouveau, les musiques militaires. Tout Mahler. Déjà.

16676ème jour

Prague II

Avec ce séjour, Prague rentre définitivement dans la liste des villes que j'aime tant, qu'il est impensable qu'une année ne s'écoule sans que je les visite. Elle rejoint donc Amsterdam, Barcelone, Berlin, Rome et New York. En fait je me verrais très bien vivre dans la beauté magique de cette ville, traverser le Pont Charles pour monter les rues de Mala Strana, aller revoir l'un des plus beaux Klimt au Palais des Expositions, prendre un tramway rouge pour aller entendre la Philharmonie Tchèque au Rudolfinium, passer un week end à Vienne ou Berlin dont Prague est idéalement distante. Il ne me reste plus qu'à trouver la personne qui aimera partager mes folies fantasques.

16675ème jour

79548 jours

J'avais préparé mes filles à ce moment important. Je leur avais lu le livret de Lorenzo da Ponte qui, à mon grand plaisir, les avait intéressé. Peu avant huit heures, nous étions là, au septième rang de cette salle exceptionnelle, le Théâtre des Etats où le 29 octobre 1787, Mozart avait levé sa baguette pour la première fois pour diriger Don Giovanni. Hier soir Don Giovanni était encore à l'affiche au même endroit pour notre plus grand bonheur. Comment ne pas songer à cette Première survenue 79548 jours plus tôt, à ceux qui assistaient à cette représentation sans savoir qu'elle était un événement historique.
La mise en scene était inventive avec des personnages de mime ajoutés représentant l'Amore, la Morte et la Vendetta.
En sortant, je suis heureux que mes filles fredonnent le non piu servire, l'air du catalogue ou la ci darem la mano, mais le grand tube étant indiscutablement l'apostrophe en octave du Commandeur à Don Giovanni, pendant le dîner final, mélodie qui va sûrement nous accompagner pour toutes ces vacances.
En sortant nous prenons la Rytinska pour attraper notre tramway jusqu'à Mala Strana. Nous passons devant l'hôtel ou Mozart logeait pendant les répétitions et les représentations de Don Giovanni.
Cette ville est plus qu'une merveille. Elle est un miracle.

16674ème jour

Il y a trente ans

Aujour'hui, j'ai beaucoup pensé à ce quinze aout d'il y a trente ans. Mes parents avaient organisé un grand déjeuner familial dans le jardin de notre maison. Il y avait une cinquantaine d'invités, il faisait un temps merveilleux. Ma grand mère, à qui il restait onze mois a vivre, était arrivée toute affolée car elle était restée coincée plus d'une heure le matin même dans un ascenseur. Je me souviens des chaises que nous avions utilisées, je revois mon oncle me prendre en photo en gros plan, ce qui m'avait fait faire un sourire gêné allant bien avec mon teint boutonneux adolescent.
Lorsque l'on se souvient aussi précisément d'un souvenir vieux de trente ans, celà veut certainement dire que la vieillesse approche à grand pas.

16673ème jour

Prague I

J avais été ébloui par cette ville lors de ma première visite, peu de temps après la chute du mur de Berlin. Je ressentais un peu d'inquiétude à y revenir si longtemps après, peur de voir sa singularité s'atténuer, avec des Mac Donalds et des Benetton à tous les coins de rue.
Il n'en est rien. Bien sûr, le centre a désormais tendance à être entretenu à l'allemande, c'est à dire un peu trop, le quartier juif, et en particulier la rue Pariska, est devenu le repère des boutiques chics et des restaurants branchés, et il est sage de prévoir de parcourir le Pont Charles à l'aube pour eviter les meutes de touristes. Mais le reste est là, immmuable. Cette impression, comme à Venise, de voyager dans le temps et qui fait de Prague la plus belle ville d Europe.

16672ème jour

Paris Heidelberg

Heidelberg se trouve juste au milieu de la route entre Paris et Prague. C'est donc là, comme lors de mon premier séjour, que nous avons choisi de faire une pause. La ville était sous le soleil. Nous avons garé la lada sur l'autre rive du Neckar, traversé le Karl Theodor Brucke en contemplant les ruines du vieux château détruit par les troupes de Louis XIV. Puis nous avons parcouru longuement la magnifique Hauptstraße. Je suis resté quelques instants devant la grande maison blanche de cette rue où, au début du XIXeme siècle, Arnim et Brentano travaillaient sur le Knaben Wunderhorn. Puis plutôt que de passer la nuit là, nous sommes repartis vers l'est, en direction de Nuremberg, en faisant une halte à Ruthenburg qui est sans doute la plus merveilleuse des petites villes allemandes.

16671ème jour

Ali Baba

Je dépose mes filles en bas de chez leur mère pour qu'elles récupèrent quelques affaires avant notre départ en vacances. Elles reviennent un peu affolées en disant : "Papa on a un problème!". Elles m'annoncent que tout est sans dessus dessous dans l'appartement. Je remonte avec elles. La porte d'entrée est intacte, mais à l'intérieur, spectacle de désolation : placards vidés, objets renversés... Il y a de l'argenterie en vrac sur un meuble et je comprends aussitôt que mes filles ont dérangé les voleurs en pleine action. J'inspecte donc précautionneusement toutes les pièces, m'attendant à recevoir un coup sur l'occiput à tout moment. Nos amis ont probablement filé dès qu'ils ont entendu la clef dans la serrure. La porte de l'escalier de service est fracturée. Vivent les vacances.

16670ème jour

180 mètres

Il y en a qui en feraient un post incompréhensible en sabir post-moderne. Il en est d'autres a qui ça procurerait une érection durable. Mais quand Michael m'a appris que ma freebox était distante de 180 mètres seulement de la tête de réseau France Telecom, celà m'a seulement donné envie de tirer très fort sur le câble du téléphone pour voir si j'arrivais à l'arracher du switch. Et puis aussi quand Michael m'a dit qu'il était "un peu jaloux" de mon débit, celà m'a fait plaisir.
Pour terminer sur les sujets geek, il est amusant de constater qu'il faut moins de temps à France Telecom pour installer une nouvelle ligne, puis à free de la faire dégrouper et de mettre en place une freebox, qu'à Noos de réparer sa propre installation.

16669ème jour

Une page se tourne

J'étais un peu las de ne jamais recevoir d'appel pour la vente de la lada. Il faut dire que garée à plein temps au parking de mon bureau, le nombre de clients potentiels était assez réduit. C'était d'ailleurs l'un des sujets de moquerie à mon endroit : Alors tu l'as vendue ta lada? Non? Pourtant, elle est bien placée pour la vendre!
Profitant du parking gratuit le mois d'août à Paris, je l'ai déplacée dans une avenue cossue du 17ème, à un emplacement bien visible, la dernière place d'une file de stationnement, loin de tout risque de fiente de pigeon. J'ai reçu trois appels, dont un black charmant qui a envie de se faire ce modeste plaisir. Il m'a promis un chèque d'avance pour demain. Je me demande si, au fond de moi, je n'aimerais pas qu'il change d'avis au dernier moment.

16668ème jour

Jeu déprimant

Découvert grâce à Michael. C'est ici.

16667ème jour

400.000

Cette journée, comme les précédentes, compte vingt quatre heures. Pourtant l'une de ces vingt-quatre heures est spéciale : elle est la quatre cent millième de ma vie.

16666ème jour

Les variations Goldberg par Gould

Lorsque ce disque est sorti en 1981, peu avant la mort de Gould, de nombreux esprits grincheux n'y ont vu qu'un phénomène de mode, certains même trouvant à son style des allures de machine à écrire. Comme beaucoup, je ne me suis jamais lassé de ce disque, je peux le réécouter n'importe quand avec le même bonheur, y découvrant toujours de nouvelles preuves de l'incroyable inventivité de Gould. Mais le passage que j'aime le plus est la toute fin de l'oeuvre, la reprise de l'aria initial. Il y a un bonheur de vivre dans cette reprise, une sorte de d'allégresse, un soulagement satisfait de voir arriver la fin quand tout a été aussi parfait jusque là, le tempo étant plus rapide que lors de l'aria initial, et Gould qui chante à tue-tête, comme il n'a jamais chanté pendant les quarante minutes qui précèdent.
Johann Sebastian Bach : Goldberg Variations Glenn Gould, piano (1979)

16665ème jour

Les gaufres du Boulevard Desaix

Ma grand mère avait une boutique de vêtements près de la place de Jaude à Clermont-Ferrand. Lorsque enfant je passais la voir, ce milieu très féminin m'intimidait et je filais à son bureau qui se trouvait tout au fond du lieu, caché derrière un rideau orange. Elle me donnait alors une pièce de un franc pour aller m'acheter une gaufre. Un peu plus haut sur le même trottoir, se tenait une petite baraque peinte en vert pâle avec à l'intérieur un personnage ressemblant un peu au Nestor de Tintin, en plus maigre, et coiffé d'une immense coiffe de cuisinier. Je commandais une gaufre au sucre. J'adorais le voir verser la pâte liquide, retourner les manivelles, couper les petits morceaux grillés qui s'étaient échappés du moule, démouler ma gaufre, me la poser sur un papier, la saupoudrer de sucre glace et me la tendre en rendant la monnaie. Le meilleur restait à venir. Alors que la merveilleuse odeur de pâte chaude s'éloignait, je la croquais à pleines dents, pendant que le vent maculait mes vêtements avec le sucre qui s'envolait.

16664ème jour

16664

Le jour parfait pour découvrir la collection 1664 de Philippeatrick Stark. Un lecteur aurait-il envie de la tester aujourd'hui sur Paris en ma compagnie?

16663ème jour

Mes problèmes de capote

L'un des inconvénients de rouler décapoté dans Paris est d'être vraiment très proche des quémandeurs et SDF qui demandent quelque chose aux automobilistes à de nombreux feux rouges. L'autre jour, je me suis fais traiter de "raciste" simplement parce que j'avais refusé de donner quelque chose à un black.
Hier, en haut de la rue Monsieur Le Prince, un clodo s'approche et me demande la pièce. Je lui fait signe que non, en souriant. Il vient tout près de la lada, se penche en avant (je craignais le pire, là, du crachat au coup de poing...) et il me demande :
- Tiens c'est quoi la musique...?
Moi (un peu interloqué) : Euuuh... du Mozart je crois... (je n'allais quand même pas lui dire qu'il s'agissait du deuxième quatuor avec piano K.493 avec bizarrement Georg Solti au piano...)
Lui : Ah? vous aimez la grande musique? (je déteste cette expression de "grande musique")
Moi : Oui la grande et la petite aussi!
Lui : Mais qu'est ce que vous appelez la petite musique?
Moi : Eh bien, celle que vous ne faites pas entrer dans la grande musique...
Lui : Oui mais quoi? Brassens par exemple?
Moi: Ah, pour moi Brassens, c'est de la grande musique...
Lui : Brassens? de la grande musique? Ah ben elle est bien bonne celle là.
Le feu est passé au vert.
J'étais amusé, mais un peu soulagé aussi.

16662ème jour

Regards pas liés

Hier matin, lorsque nous sommes sortis de chez moi, nous sommes tombés nez à nez avec mon voisin de palier qui descendait de lourdes valises pour son départ en vacances. Lorsqu'il l'a vue, il m'a envoyé un petit regard qui semblait dire: "Putain, y s'emmerde pas, ce con..."

16661ème jour

Palindrome

16661 est un assez joli palindrome. C'est cependant le deuxième cette année.
Pouvez vous me dire combien de jours palindromes ai-je vécu depuis ma naissance?
Le gagnant se verra remettre un CD de mon choix...

16660ème jour

Nid de vaches

Ce post d'hier m'a fait me souvenir d'anecdotes datant du CP. Notamment celle du jour où, quelques temps avant la rentrée, mes parents m'avaient emmené à l'école, pour que je la découvre et que j'y prenne mes repères. La classe unique du Cours Préparatoire était dans un petit bâtiment d'un seul étage, sur l'un des côtés de la cour. En l'apercevant, du haut de mes cinq ans, j'avais dit à mes parents d'un air dubitatif : "On dirait un nid de vaches...". L'expression a longtemps survécu dans la famille pour désigner un bâtiment un peu étriqué.
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