Le Manfred d'Abbado
C’est comme d’habitude un grand bonheur que de retrouver la Philharmonie, ses lignes pures et son acoustique parfaite. Et c’est un événement attendu auquel nous assistons, car il s’agit du concert annuel de Claudio Abbado avec ses anciens Philharmoniker. Première partie très courte avec les
Wesendonk Lieder de Wagner chantés par Anne Sofie von Otter accompagnée avec une immense délicatesse Abbado et l’orchestre. La deuxième partie est constituée par la musique de scène rarement jouée Manfred de Schumann dont le texte a été établi en allemand par Schumann lui-même d’après Lord Byron.
L’œuvre est constituée pour moitié de texte parlé et des acteurs jouent dans ce qui est plus une mise en place qu’une mise en scène. Bruno Ganz tient le rôle de Manfred et il est assez pathétique de le voir traîner son personnage du bas en haut de la Philharmonie, éructant son allemand comme le Hitler de
La Chute, le nez et les lunettes en permanence dans le livret, puisqu’il n’a même pas eu la politesse d’apprendre son texte. Comme nous sommes assis derrière l’orchestre, face au chef, Bruno Ganz grimpe les escaliers nous séparant de la scène et se tient juste devant nous pendant quelques minutes, face au public. J’évalue la distance entre le genou de Michael et la jambe du grand acteur à une dizaine de centimètres.
Reste la musique, une ouverture célèbre et plutôt agréable, des petits motifs assez banals rythmant ça et là le texte parlé, deux beaux chœurs, un passage assez moderne où l’orgue de la Philharmonie est utilisé et un très beau mais court finale. Un concert un peu décevant qui me fait encore regretter de n’avoir pu assister à la mythique
Quatrième de Claudio Abbado l’an passé à Berlin.