17847ème jour
Charles
Par amusement, je lui avais donné rendez vous devant le trou du cul de cheval de Jeanne d’Arc à Saint Augustin, mais nous nous sommes finalement retrouvés chez moi. Il y a plus de quatre ans que nous ne nous étions vus. Ce sont ses yeux qui m’ont frappé de nouveau, leur couleur verte et leur si belle forme en amande. Il a les cheveux plus courts, quelques petites rides autour des yeux. J’étais ému de le revoir, de le voir assis dans ce canapé où, jadis, nous avions passé du temps ensemble. La discussion a repris son cours incroyablement naturellement. La vie n’a pas été très facile pour lui et j’ai senti une fragilité même s’il se refusait à l’avouer. On a bu un peu de champagne devant le feu de bois, on a dîné à
Risi e bisi, on est revenus chez moi, on a fumé, on a écouté de la musique et comme en ce jour de juillet d’il y a si longtemps, je l’ai raccompagné à Boulogne. Je sais très bien qu’il me rendrait plus malheureux qu’heureux, mais je ne puis m’empêcher de rêver, d’espérer et de regretter tout ce temps cassé que l’on appelle le passé…
17846ème jour
Amsterdam Paris
Juste au dessus du siège devant moi, le 1D, dépassent quelques touffes de cheveux de Jean-Claude Casadesus qui revient de tournée à Taiwan. L’hôtesse KLM l’a reconnu et au moment de lui donner son bagage, elle a un peu de mal à le soulever et lui demande : "
What do you have in your case : sticks ?"
17845ème jour
De Moscou au Concertgebouw
J’avais mis mon réveil à 4h00 et commandé un taxi pour 4h15. A l’heure dite, il était là, petit bonhomme brun avec le même regard inexpressif que Vladimir Poutine, vêtu d’un anorak beige au col de fourrure. Sa voiture attend devant la porte de l’hôtel. Sur la banquette arrière, une peau de lion en peluche acrylique, avec les pattes et la tête posée sur la lunette arrière, et qui me tombe sur la tête à chaque coup de frein.
Après quelques minutes, la voiture pourtant neuve s’arrête et ne redémarre pas. Nous sommes dans une rue, près de la ligne de tramway et ceux-ci nous frôlent à chaque passage. Le chauffeur s’énerve et braillant en russe. Il appelle un mec pour l’engueuler. Je suis un peu inquiet car il pourrait s’agir d’un début d’embrouille et je l’imagine appeler un autre chauffeur pour m’emmener je ne sais où me dépouiller. Pourtant quelques minutes plus tard la voiture repart. On fonce comme des malades sur
Lenin Prospekt en direction de l’aéroport de
Sheremetyevo où j’arrive un peu avant cinq heures, juste une heure avant le décollage du premier vol prévu : celui d’Amsterdam.
Le décalage horaire aidant, je dépose mes bagages vers neuf heures du matin à mon hôtel, près du
Rijksmuseum. Et moins de deux après la visite précédente, je me retrouve au
Concertgebouw. Je m’y rends même dès le matin pour assister à la répétition du concerto pour violon de Brahms. Si l’on veut assister à une répétition au
Concertgebouw, il faut se presser des onze heures trente, au milieu de bataillons de retraités bataves prêts à en découdre pour avoir une bonne place. J’ai choisi de me mettre sur le podium, afin de bien profiter des discussions entre le soliste Julian Rachlin, et Mariss Jansons. Ne sont répétés que quelques points de détail du mouvement lent, et la totalité du dernier mouvement. Comme d’habitude, le placement sur le podium fait profiter d’un son comme depuis l’orchestre, totalement déformé en faveur des vents et des timbales.
Le soir, magnifique concerto de Brahms, suivi par une belle Symphonie
italienne et d’une
Valse de Ravel en apesanteur.
17844ème jour
Retour au Conservatoire Tchaikovski
Ayant un rendez vous professionnel qui se terminait tard la veille, c’est un peu par hasard que j’ai jeté mon dévolu sur ce concert Haydn, début des festivités du bicentenaire de 2009 et qui avait lieu dans la petite salle du conservatoire Tchaikowski. Cette salle se trouve dans l’aile sud du conservatoire, en étage et si elle est dans le même style que la grande salle, elle a beaucoup moins de charme. Le concert, composé de cinq concertos de Haydn était bizarrement coupé en deux parties totalement différentes. Dans la première, les œuvres étaient jouées dans un format de chambre, deux violons, un alto, un violoncelle et le soliste, tandis que dans la seconde partie, un vrai orchestre d’une quinzaine d’instruments à cordes et trois cors accompagnaient le soliste. La première partie fut une vraie déception : concerto pour orgue, concerto pour violon et orgue et surtout l’un des deux concertos pour violoncelle totalement massacré par le malheureux soliste totalement dépassé par la difficulté de l’œuvre. Il a même perdu son archet dans la fièvre de l’exécution avant de le récupérer gauchement sur le sol. Après l’entracte, entre en scène une belle violoncelliste russe visiblement originaire de l’est de la russe et elle nous offre une interprétation absolument bluffante du second concerto. Elle était à l’aise, impériale, maitrisant parfaitement le concerto. Et surtout, elle savait faire sortir un son merveilleux de son instrument, avec des graves somptueux. La salle lui a fait un véritable triomphe mérité. Le concert s’achevait avec le concerto pour piano de Haydn que je préfère, celui avec son finale
alla ungarese absolument irrésistible. Nous sommes ensuite allé dîner au petit restaurant qui fait l’angle du conservatoire, à l’atmosphère estudiantine si attachante et où j’ai mes petites habitudes avec notamment les succulents petits pâtés de crabe sur du riz sauvage.
17843ème jour
Anton
Temps superbe et assez doux pour la saison à Moscou. Ma journée est centrée sur
Pushkinskaia, où je retrouve une cliente pour le déjeuner à mon cher café
Pushkin qui est désormais ma cantine professionnelle à Moscou. J’ai appris que la belle décoration du café est en fait celle d’une pharmacie avec un peu d’authentique et beaucoup de trompe l’œil.
L’après midi, j’ai retrouvé Anton, ses yeux verts et ses cheveux couleurs de blé devant la statue de Pushkin. On a bu un verre dans un restaurant banal et on est allés directement à mon hôtel pour une brève étreinte.
17842ème jour
Une promenade matinale à Versailles
Pour ce premier jour de l’heure d’hiver, une longue promenade avec HLG et son chien dans le parc de Versailles. Comme à l’habitude notre discussion est animée. On parle de la ligne de partage des eaux près de Toblach, de Korngold et de Prokofiev, de Boulez et de Schostakovich, des fjords de Norvège et de Grieg et de bien d’autres choses encore. Je continue à le pousser à rédiger ses mémoires, mais je sais que rien ne se fera avant que le volume I ne soit publié dans sa version anglaise.
Le midi, nous déjeunons au restaurant libanais près du parc Monceau et le soir je prends le vol de Moscou dont l’arrivée est prévue à 1h35 locale.
17841ème jour
Fumées
Il m’avait prévenu qu’il ne venait que pour fumer et pour rien d’autre. Tout en roulant le tabac, ce qu’il faisait plutôt bien, il s’est étonné qu’à mon âge, on fume encore. On a écouté de la musique, il aimait étrangement la variété allemande et était heureux de découvrir
Engel de Ben. On a même écouté un peu de classique puis il est reparti son bonnet noir enfoncé jusqu’aux sourcils. Il avait l’air bien défoncé.
17840ème jour
Cent vingt bougies
Un très joyeux anniversaire à l’orchestre du
Concertgebouw qui fête aujourd’hui ses cent vingt ans par un grand concert dirigé par Bernard Haitink. Je ne peux malheureusement pas être présent mais j’ai quand même la joie d’entendre deux fois l’orchestre dans sa salle ce moi ci.
17839ème jour
Les Wunderhorn Lieder par Mathias Goerne et l’orchestre de Paris
Journée étrange où je me réveille à Dresde vers cinq heures du matin, où je passe la journée à Bruxelles après une escale à Francfort et où j’arrive à Paris juste à l’heure pour le concert. Je devais à l’origine entendre ce concert la veille et aller ce soir au récital d’Ivo Pogorelich à la Salle Gaveau. Le voyage de Dresde aidant, c’est le lendemain et aux côtés de HLG que je me suis rendu à Pleyel. Première partie fort ennuyeuse avec l’oubliable (et oubliée)
Fiancée de Messine et le
Konzertstück pour quatre cors de Schumann.
Mais le clou de la soirée était onze des
Wunderhorn Lieder chantés par Mathias Goerne. J’ai toujours eu un souci avec Mathias Goerne en raison de son timbre de voix que je trouve très sourd, et de son manque de puissance. On a souvent dit de Pavarotti qu’il était solaire, Goerne serait plutôt lunaire. Au cours de cette longue deuxième partie la voix s’est réchauffée, atténuant quelque peu cette impression, mais sans parler d’un Fischer Dieskau, Goerne n’arrivera à mes yeux jamais aux chevilles d’un Thomas Hampson. Il restait bien sûr la musique, chacun de ces lieder si exceptionnellement ciselés (
Wo die schönen Trompeten blasen !) et admirablement interprétés par un orchestre de Paris très en forme. Nous avons eu droit en bis à un
Urlicht, si rare en voix d’homme, ainsi qu'au onzième des Lieder, mais bizarrement pas au dernier Lied du cycle orchestral.
17838ème jour
Retour au Semper Oper
Pour me rendre à Falkenstein, une petite bourgade perdue à la frontière entre l’Allemagne et la République tchèque, il y avait deux solutions : un vol direct jusqu’à Nuremberg puis deux cent kilomètres en voiture, ou bien un vol avec escale jusqu’à Dresde et cent cinquante kilomètres en voiture. Le Semper Oper, où était donné le
Trouvère a bien sûr emporté mon adhésion. La route de Falkenstein à Dresde, sous une pluie battante a été difficile et, partis à 17h30, nous nous sommes garés vers 18h55 au parking de l’opéra. Très belle représentation dans une mise en scène classique qui rendrait jaloux n’importe quel parisien, et par une troupe sans voix exceptionnelle mais particulièrement homogène. Et puis, comme pour la représentation de
Macbeth, dix huit mois plus tôt, c’est l’orchestre qui est le véritable événement d’une soirée à Dresde. Des sons extraordinaires montent de la fosse, des cuivres et des bois d’exception qui mettent si bien en valeur l’orchestration de Verdi. Après la représentation, je montre rapidement le centre ville sous la pluie à mon collègue et nous dînons de très bonnes saucisses dans la brasserie en face de l’opéra.
17837ème jour
Le Sirba Octet
Il y a quelques jours, j’ai entendu par hasard sur
France Musique quelques morceaux interprétés par le
Sirba Octet, dont je n’avais jamais entendu parler jusqu’à maintenant. Pour la plupart membres de l’orchestre de Paris, les membres du
Sirba Octet se sont retrouvés il y a quelques années pour faire ensemble de la musique, de la très bonne musique même, imaginée à partir du répertoire yiddish. Le résultat est irrésistible, sonne terriblement juste et retransmet si merveilleusement le climat doux amer de la
Mittel Europa. Ils ont enregistré deux CD, l’un directement yiddish, l’autre plus dédiée à l’influence juive sur la musique américaine de l’entre deux guerres. L’un comme l’autre sont magnifiques et sont entrés dans les favoris de mon Ipod.
Le
Sirba est une danse traditionnelle roumaine.
17836ème jour
Bekim - Pantin
Le quartier est pourri et je ressens même un peu d’angoisse entre l’endroit où j’ai garé ma voiture et son immeuble. Je sonne. Il m’attend sur le balcon, voulant sans doute vérifier à quoi je ressemble avant de m’ouvrir ma porte. Moi je l’avais déjà aperçu en train de servir des cafés au
Nespresso des champs Elysées. Il regarde la fin d’un film sur Arte, puis le début d’une master classes de Julia Varady. Les bouches déformées par le son le font sourire. Il me dit assez rapidement que je ne suis pas son genre. Je repars avec ma bouteille de vodka qu’il n’a pas voulu garder.
17835ème jour
Brahms à Pleyel
J’ai toujours un peu de mal avec les concerts matinaux le week-end car je profite mal de la musique lorsque je suis encore un peu embrumé de sommeil mais pour rien au monde je n’aurais manqué les deux trios avec instrument à vent de Brahms, celui avec cor et violon par Renaud Capuçon et le magnifique cor de David Guerrier, puis celui pour violoncelle et clarinette avec Gauthier Capuçon et Paul Meier.
17834ème jour
Matt
Je retrouve Matt pour une promenade près des halles. J’aime bien être avec lui. Comme avec Alban Berg, on a toujours mille choses à se dire et j’aime beaucoup regarder ses yeux bleus. J’aimerais bien tenter de construire quelque chose avec lui mais je sens que je n’y parviendrai pas.
17833ème jour
Le société des jeunes pianistes
Mes déplacements en avion se font au gré d’un livre que j’ai acheté uniquement en raison de son titre qui me plaisait :
Lq société des jeunes pianistes. C’est un roman norvégien, largement autobiographique, qui raconte la vie d’un adolescent d’Oslo, qui après la mort de sa mère, décide d’arrêter ses études scolaires pour se dédier à la musique et aux concours de piano. L’atmosphère du livre, emplie de la ville d’Oslo, des émois adolescents et des tensions liées aux concours est particulièrement bien mise en lumière.
Ketil Björnstad - La société des jeunes pianistes -JC Lattès
17832ème jour
Nielsen Mendelssohn au Concertgebouw
Je n’avais jamais assisté à un concert d’Herbert Blomstedt dont j’étais persuadé qu’il venait d’Allemagne de l’Est et dont j’ai appris qu’il était suédois. Je ne porterai pas de jugement sur l’interprétation de la Symphonie N°3 de Nielsen
Espansiva, œuvre que j’ai trouvée touffue et bavarde. En revanche j’ai été particulièrement déçu de la Symphonie
Ecossaise emmenée du début à la fin à un train d’enfer, défigurant en particulier son finale si noble. J’en connais
qui après un tel concert à la tête de l’une des meilleures phalanges mondiales, auraient mis Herr Blomstedt sur leur blacklist.
17831ème jour
Faux départ
Finalement, cela n’a servi à rien que je me donne le mal d’aller acheter des préservatifs près de la gare d’Amsterdam. A peine arrivé dans ma chambre, il m’a juste embrassé sur le sexe et il est reparti.
17830ème jour
Equus
Les pièces de Peter Schaeffer ne laissent jamais indifférent, c’est ce qui est particulièrement agréable. J’avais vu il y a fort longtemps au théâtre Marigny une magnifique représentation d’
Amadeus avec François Périer et Roman Polanski. C’est dans ce même théâtre, près de trente ans plus tard, que je découvre
Equus. La pièce a un peu vieilli et bizarrement c’est ce qui devait la rendre si moderne à l’époque qui résiste le moins bien au temps. Le professeur psychiatre joué par Bruno Wolkowitch a tendance à surjouer ce qui le rend crispant, mais la pièce vaut le déplacement rien que par la performance de Julien Aluguette vraiment exceptionnel et généreux dans le rôle si difficile d’Alan Strang. La mise en scène de Didier Long est simple, inventive et intelligente.
17829ème jour
Gergiev - LSO - Prokofiev - Pleyel
Je stresse dans le hall de la salle Pleyel, car il n’est toujours pas là trois minutes avant le concert et n’a pas répondu à mes messages. Il arrive pourtant juste à l’heure, et nous nous installons derrière l’orchestre pour ce premier des deux concerts Prokofiev du London Symphony Orchestra. J’ai toujours l’impression d’assister à un miracle lorsque je vois Valery Gergiev entrer en scène tant son
agenda consultable en ligne est à proprement parler ahurissant. Le concert démarre par la symphonie classique de Prokofiev pour laquelle j’ai toujours eu une grande tendresse. Belle interprétation mettant parfaitement en évidence la qualité des pupitres. Suivait le Deuxième Concerto pour piano, que je découvrais, magnifiquement joué par Vladimir Feltsman. La difficulté du second mouvement est telle qu’à l’issue de celui-ci, le soliste se souffle sur les doigts en se tournant vers le public. Il a quand même la force de nous offrir en bis un prélude de Bach transcrit par Siloti. Mais, après le Sixième Symphonie, le clou de ce concert était le bis, que je n’oublierai sans doute jamais. Il s’agissait de la
Mort de Tybald, dirigé au couteau par un Gergiev enflammé et un orchestre prenant des risques absolus et jouant comme un seul homme. Ces cinq minutes de bonheur parfait font partie des grands moments de la vie.
17828ème jour
Argentina
Vu avec mes filles
Vicky Cristina Barcelona, le nouveau Woody Allen, sans grand intérêt. De façon générale, j’aime rarement les films avec voix off. C’est une facilité un peu indigne d’un metteur en scène. Le jeu de la plupart des acteurs réussit à être à la fois convenu et forcé.
Le soir rencontré un argentin sans grand intérêt lui non plus.
17827ème jour
Une condamnation peu classique
J’ai lu dans un journal que Andrew Vactor, un jeune américain, fan de hiphop, objet de plaintes pour avoir écouté de la musique trop fort dans la rue, avait été condamné, soit à payer 150 dollars, soit à écouter de la musique classique pendant huit heures. Il a tenté la solution « musique classique » mais a rapidement jeté l’éponge et préféré payer l’amende.
17826ème jour
Des petits bonheurs Easy Jet
Afin d’être à l’heure à
Lutton, nous avons choisi de prendre le train. Avec nos bagages, nous avons donc pris le métro, puis le train, puis un bus pour rejoindre le Terminal . L’avion
Easy Jet avait, comme à l’habitude, une heure de retard.
17825ème jour
Plus de chambre
Après le concert, je retrouve mes collègues et nous prenons un cab pour rejoindre notre hôtel à
Canary Wharf, à l’autre bout de la ville. Arrivés à l’hôtel, la fille de la réception nous indique qu’un groupe a du rester plus longtemps que prévu et que nous n’avons plus de chambre. Elle nous propose donc de nous reloger à Paddington, exactement à l'opposé de la ville, dans un autre hôtel du groupe Accor et donc de faire le trajet en sens inverse et accessoirement, ce qu’elle ne peut deviner, de le faire une nouvelle fois le lendemain matin vers 7h00 pour rejoindre les locaux de notre client qui se trouvent précisément à
Canary Wharf. Alors que cela m’arrive rarement, je me suis vraiment énervé et j’ai exigé une autre solution. Alors que le maître d’hôtel français du restaurant nous offrait des verres pour nous amadouer, la réception a téléphoné a des hôtels voisins pour trouver des chambres de substitution. Ils nous on trouvé un hôtel minable, hors de prix et dont les chambres puaient la clope et nous ont cependant offert la différence de prix.
17824ème jour
Boulez Messiaen Bruckner par le London Symphony Orchestra au Barbican
J’arrive à Saint Pancras juste à temps pour sauter dans un cab et être à l’heure à 19h30 pour le concert du London Symphony Orchestra dirigé par Daniel Harding. La première partie est dédiée à Pierre Boulez (Le livre pour cordes) et Olivier Messiaen avec ses Poèmes pour Mi chantés par Sally Matthews. Malgré la beauté du son de l’orchestre j’avoue encore une fois être peu touché par l’œuvre messiaenique. Après l’entracte, Daniel Harding dirige la Symphonie Romantique de Bruckner dans une interprétation qui m’a semblé un peu banale.
Message personnel 1 :
Joost, pourquoi gardes-tu ta barbe ? C’est affreux.
Message personnel 2 :
Daniel, pourquoi mets tu une redingote bleue avec un pantalon noir ? C’est affreux aussi. Pas autant que la barbe de Joost, mais presque.
17823ème jour
Crash II
Depuis trois semaines, j’ai vécu sans aucune archive ou sans mémoire de ces dernières années de travail. Il est absolument effarant de constater la difficulté qu’il y a aujourd’hui à travailler sans l’aide de son environnement informatique. Mon disque dur est mort, irrécupérable. Par bêtise, la sauvegarde a été écrasée. Et par un étonnant hasard, le disque dur externe sur lequel j’avais mis une sauvegarde de mes archives il y six mois, a rendu l’âme lui aussi. Aussi, depuis trois semaines, ai-je passé beaucoup de temps à récupérer à droite et à gauches d’anciens dossiers. Et puis aujourd’hui miracle. J’ai tout récupéré.
17822ème jour
Les boules d'Athènes
Lors d’un voyage à Athènes avant l’été, j’avais aperçu dans Plaka des vendeurs de rue qui proposaient des boules colorées et très malléables qui, lorsqu’on les lançait sur une surface plane, s’écrasaient en une sorte de mare infâme avant peu à peu de reprendre leur forme initiale. Lors de mon séjour, j’en ai acheté quelques unes. J’aurais du vérifier leur fonctionnement avant de les négocier car deux sur trois se sont avérées tellement remplies de liquide qu’il est impossible de les écraser. La troisième fait l’objet d’un vrai succès au bureau, et si j’en faisais payer chaque usage à mes collègues, j’arrondirais certainement mes fins de mois.
17821ème jour
Une éducation libertine
C’est le livre dont tout le monde parle cette rentrée et je l’ai lu avec plaisir pendant le vol de Hong Kong. Il est une belle description de ce qu’était peut être le Paris du XVIII ème siècle. Son auteur de 26 ans,
Jean Baptiste Del Amo, est de toute évidence promis à un joli succès tant sa plume est inventive. J’ai cependant regretté la trop grande similitude avec
Le Parfum de Süsskind ainsi qu’un certain tic littéraire consistant à multiplier les qualificatifs et les expressions descriptives, en particulier dès qu’il s’agit d’expliquer la puanteur de Paris, transformant en dix lignes ce qui aurait pu se faire en deux mots.
Jean Baptiste Del Amo -
Une éducation Libertine - Gallimard
17820ème jour
Dernier jour à Hong Kong
Pour ce dernier jour à Hong Kong, nous avons droit à une rapide visite de la ville. Le bus nous emmène à travers un tunnel sous la baie, puis grimpe sur une route en lacets vers un panorama exceptionnel sur toute la baie de Hong Kong. C’est un endroit terriblement touristique, bondé de visiteurs. Avec deux collègues, j’abandonne le groupe et nous descendons par le petit funiculaire alors qu’un orage terrible s’annonce. Arrivés à la station d’en bas, c’est une véritable pluie de mousson qui s’abat sur nous. Nous tentons d’avancer dans des passages protégés mais c’est totalement trempés que nous arrivons dans un centre commercial où la climatisation fait bien sûr régner un froid de canard. Lorsque la plus cesse, nous parcourons un vieux quartier pittoresque, avec ses boutiques, quelques temples, un tramway de carte postale, puis nous rentrons à regret à l’hôtel en métro.
17819ème jour
Le garçon de Hong Kong
Il a frappé à la porte de la chambre et je lui ai ouvert. Il m’a embrassé directement. On a pris une douche ensemble dans le noir en reniflant du poppers. La chaleur du jet de la douche, la douceur de ses mains qui me passaient du savon liquide sur le corps étaient agréables et on est restés là assez longtemps à se donner du plaisir. On est passés dans la chambre et sur le lit, il s’est mis dans la position indiquant clairement ce qu’il attendait de moi. On s’est endormis mais au milieu de la nuit il m’a réveillé en me suçant et on a refait l’amour. Au petit matin, il est reparti avant que je ne rejoigne mes collègues pour le petit déjeuner.
17818ème jour
Shenzen
Nous arrivons dans la matinée à l’aéroport de Hong Kong. Un bus nous emmène à travers une belle autoroute qui longe d’immenses immeubles et une nature accidentée. Notre hôtel se trouve sur l’île de Hong Kong, juste au bord de la baie, à l’endroit où partent les ferries. Je profite d’une heure de liberté pour me promener le long de la baie, il y a de nombreux touristes chinois et quelques personnes âgées qui font des exercices d’assouplissement. Je descends au point d’embarquement des ferries. Cela ressemble un peu à un hall de gare et je rêve quelques instants devant les panneaux Macao.
Puis nous repartons en bus en direction de Shenzen, que l’on peut maintenant atteindre directement par la route depuis Hong Kong en franchissant un nouveau pont suspendu. A la frontière avec la Chine, le bus dépose l’ensemble des passagers devant un bâtiment et les récupère de l’autre côté, après que ceux-ci aient franchi la frontière. On a beau passer de la Chine à la Chine, il y a deux contrôles des passeports. Nous avançons donc dans une sorte de grand hall d’entrée et passons le premier contrôle. Puis il y a une sorte de long couloir dans lequel quelques femmes portant des masques d’hygiène braquent un étrange appareil sur l’ensemble des passagers afin de vérifier à distance leur température et donc s’ils sont éventuellement porteurs du SRAS. Puis c’est le deuxième contrôle des passeports et l’on se retrouve en Chine.
L’autre côté de la frontière n’est pas très différent, même si l’on aperçoit des quartiers assez pauvres. Quant à Shenzen, c’est une sorte d’immense zone mi industrielle, mi quartier pour expatriés : palmiers, immeubles aseptisés, présence policière et piscines à profusion. On m’a d’ailleurs expliqué que plus loin, à l’intérieur des terres, il y a une autre frontière entre Shenzen et le reste de la Chine.
Le soir nous retournons à Hong Kong après le même double contrôle à la frontière, nous dînons et je m’endors épuisé à l’hôtel.
17817ème jour
Nouveau départ
A peine arrivé déjà reparti… J’ai passé juste une nuit chez moi et le lendemain, je retrouve l’aéroport de Roissy pour un départ à Hong Kong. Dans des circonstances normales, découvrir une ville d’Asie où je n’ai encore jamais mis les pieds aurait été une véritable fête. Mais là, il ne s’agit que d’y séjourner trois nuits et de passer la plupart des jours dans des salles de réunions d’un hôtel aseptisé.