23709ème jour
Maksim
Déjeuner chez
Fi'lia avec un jeune moscovite qui fait poursuit à distance depuis Dubaï ses études de psychologie. Il a de très beaux yeux verts, une bouche sensuelle mais hélas il a un nez typique de certains russes à la
Evgeny Svetlanov. De plus il passe beaucoup de temps pendant le déjeuner à prendre des photographies de lui même dont il semble fort satisfait, ce qui tend à beaucoup m'agacer. Alors que, de par mon métier, j'ai une certaine facilité à trouver des sujets de conversation variés, et même, à en avoir en permanence un ou deux en stock, j'arrive à les épuiser. Je suis content que le déjeuner d'achève. Nous reverrons nous? Non.
23708ème jour
Dubaï
J'explore la ville et en particulier les parcours de promenade envisageables dans une ville qui n'est pas conçue pour marcher. Je suis parti le long du canal en direction de l'est. Je pensais traverser le canal à un moment donné pour aller en direction du
Burj Khalifa mais j'ai découvert qu'il s'agissait de ponts uniquement pour les voitures et j'ai finalement fait une marche de huit kilomètres à travers la ville avant d'arriver à destination.
Déjeuner chez
Zou Zou (ça ne s'invente pas), un restaurant libanais assez moyen.
Piscine à l'hôtel.
23707ème jour
Dubaï
Rendez-vous à dix heures à
City Walk avec mon spécialiste immobilier irlandais toujours aussi sympa malgré son accent à couper au couteau. Je visite pour la première fois un appartement de
Central Park, le grand ensemble résidentiel du promoteur
Meraas dont la première tranche vient d'être livrée. Un deux pièces vide qui est définitivement un choix possible pour moi.
Marche jusqu'au
Dubai Mall
Déjeuner dans un restaurant indien où j'aurais aimé m'installer en terrasse mais le serveur m'indique que l'on ne sert de l'alcool qu'à l'intérieur. Faux-culterie des religions.
Piscine à l'hôtel.
je reçois quelques nouvelles de Sissi qui a été admise dans l'unités de soins palliatifs dans son hôpital autrichien. J'espère pouvoir aller la saluer lors de mon prochain passage à vienne dans sept jours.
Le soir je prends un verre au SLS avec un garçon brésilien qui habite Dubaï mais est sans le sou. Il me présente des projets immobiliers très réussis dont il prétend être l'architecte mais son histoire globale reste difficile à comprendre. Il a un rire efféminé qui m'exaspère. Je l'abandonne et rentre à l'hôtel.
23706ème jour
Disclaimer
Une de ces journées que je n'aime pas car je n'en garde le souvenir que d'être allé au bureau et d'avoir regardé une série
AppleTV le soir à mon hôtel. En l'occurrence, il s'agissait des derniers épisodes de la série
Disclaimer au scénario diabolique et aux acteurs excellents, à commencer par le très beau Louis Partridge.
23705ème jour
Retour à Dubaï
Atterrissage au petit matin. Encore une fois, j'admire la qualité de la logistique des arrivées à l'aéroport de Dubaï.
Douche à l'hôtel.
Plaisir de retrouver mes collègues que je n'avais pas vus depuis trois semaines.
Dîner chez le collègue de
City Walk au chien blanc.
Vers 22h00 les effets de la courte nuit dans l'avion commencent à se faire sentir et je rentre à l'hôtel épuisé.
23704ème jour
Paris
Journée de travail depuis chez moi à Paris, juste entrecoupée par un déjeuner au
Radis beurre. Je prépare ma valise pleine de vêtements propres. Je prépare aussi mon appartement car je le prête à FFG et son épouse à la fin du mois. En fin d'après-midi, le chauffeur
Emirates passe me chercher. Nous mettons plus d'une heure pour rallier Roissy.
Vol de nuit pour Dubaï.
23703ème jour
Funérailles
J'ai l'impression que je rentre dans la période de la vie peu réjouissante où l'on assiste de plus en plus fréquemment à des funérailles. Aujourd'hui c'est le père de mon ami E. dont il s'est occupé avec un grand dévouement tout au long de ces dernières années. C'est pour lui que je fais ce stop un peu absurde à Paris entre Bali et Dubaï, pour lui témoigner mon affection. Aujourd'hui, la cérémonie se tient dans une église moderne et sans charme, sans prêtre non plus, célébrée par une femme laïque qui fait de son mieux. A part moi et une femme qui chante faux et fort, personne n'ose participer aux chants. Mon ami E. retrace la vie de son père, dont je savais peu de choses, avec beaucoup d'émotion dans la voix. Il n'y a qu'une vingtaine de personnes dans l'assistance. J'ai l'impression que plus on meurt âgé, moins il y a de survivants pour vous accompagner à votre dernière demeure.
Départ pour le cimetière glacial. Quelques chansons, incongrues mais donnant un peu de sourire à cette journée sans joie. Déjeuner de famille dans l'
Hippopotamus voisin.
23702ème jour
Bali Doha Paris
Attente de deux heures sans la nuit à Doha. Réembarquement pour le vol de Paris cette fois ci dans les jolies coquilles business de
Qatar Airways. Atterrissage au Terminal 1 de CDG. La puce de mon passeport qui ne marche plus. Attente à l'immigration. Attente chez
Sixt car je n'ai plus de voiture à Paris. Agréable dîner au
Bistro d'â côté avec FFG qui donne une
Masterclass à Paris.
Nuit.
23701ème jour
Un week end à Bali II
Passé l'essentiel de ma journée à rêvasser au bord de la piscine. Des singes un peu agressifs alors que je les prends en photo. Un massage balinais en début d'après midi. Une petite grenouille qui se cache derrière la bouteille de shampoing de la douche. Deux heures de route pour arriver juste à l'heure du coucher du soleil sur la plage de
Pererenan. Dîner mexicain chez
Maize. Dépôt de la voiture de location à l'aéroport. Un abruti qui me dépasse dans l'étroit couloir menant au lounge et me déclarant "Oui are wouiz zisse lédi en indiquant une malheureuse balinaise qui trimballe ses bagages. Embarquement pour Paris via Doha.
23700ème jour
Un week end à Bali I
J'ai toujours loué des voitures à Bali, ce qui n'est pas particulièrement recommandé, mais je déteste les véhicules avec chauffeur. J'aime le plaisir de l'imprévu et la joie de se tromper d'itinéraire. Depuis une dizaine d'années maintenant, mon processus de location est toujours le même: j'envoie un message
WhatsApp à deux compagnies locales de location, je choisis celle qui répond en premier et je paye en cash le montant modique de la location lorsque je récupère la voiture. Il n'y a même pas besoin de montrer mon permis de conduire.
Ce matin à huit heures, le loueur était à mon hôtel comme prévu, et après lui avoir remis 550.000 Roupies pour les deux jours (32€), me voici parti, heureux comme Ulysse, au volant de ma petite
Toyoya Agya grise en direction d'Ubud.
Comme à l'habitude, je n'ai réservé qu'une nuit à l'
Alila d'Ubud, nuit bien rentabilisée puisque j'arrive en fin de matinée et repars vers 17 heures le lendemain. J'ai toujours une émotion à retrouver cet endroit avec sa piscine théâtrale et le souvenir d'être venu avec Ambroise, avec Josiah, aver Maurits et plus récemment avec Bastien.
Dans l'après midi, échange
WhatsApp avec Aleksandr qui me reproche d'être toujours absent, de ne pas avoir assez de temps pour lui. En même temps, il refuse mes proposition de partir en week-end ou en vacances ensemble. Je lui demande s'il souhaite que l'on reste en contact. Il répond par l'affirmative mais je ne sens pas trop de conviction dans sa réponse.
Le soir dîner japonisant très agréable à l'
Ambar.
23699ème jour
Singapour Bali
Le souvenir de cette journée sera surtout celui d'un
Singapore Sling dans le seul endroit au monde où l'on saurait le recommander: Le
Long Bar de l'Hôtel
Raffles. Ma première visite remonte à il y a 37 ans et malgré un déménagement d'un endroit à l'autre de l'hôtel, tout semble immuable depuis les visites de Somerset Maugham: les cacahuètes sur les tables dont on jette les coquilles au sol, la clientèle internationale et les ventilateurs en forme de palme qui se balancent mollement au dessus de nous et, bien sur, le
Singapore Sling
Déjeuner remarquable de sushis au
Shinji by Kanesaka.
En fin d'après midi retour à
Changi Airport pour le vol Singapour Bali. Alors que je suis dans le taxi, Sissi me dit que je peux l'appeler. Sa voix est faible mais surtout, elle semble me dire adieu. Sa résignation est surprenante, son courage aussi. J'essaye de lui donner de l'énergie, de la pousser à se battre mais rien n'y fait. Elle me dit qu'elle a une eu belle vie, ce qui est vrai, et cela semble l'aider à accepter l'inéluctable. Je raccroche, très ému.
Comme j'en ai l'habitude, j'ai choisi le vol KLM qui arrive juste d'Amsterdam et repart vers Bali en ayant laissé une moitié de ses passagers à Singapour. KLM est toujours une compagnie agréable, le vol peu rempli et le segment jusqu'à Bali coute une misère.
Arrivée en Indonésie où les formalités d'immigration sont de plus en plus laborieuses. Je récupère mon
Grab qui est le
Uber d'Asie du Sud-Est et nous filons à travers les rues moites et bouillonnantes de Kuta pour une nuit dans un hôtel
low cost.
23698ème jour
Singapour
Il y a plus de trente ans que visite Singapour et cette ville devient de plus en plus agréable au point que je pourrais parfaitement considérer y habiter aujourd'hui. Je me prends à penser que Dubaï évolue dans la même direction et que dans vingt ans peut-être on y trouvera peut aussi une douceur de vivre et, qui sait, une certaine vie culturelle.
Ce matin, après mon petit déjeuner rituel au
Starbucks, j'ai retrouvé un partenaire Hongkongais pour une réunion de travail et un médiocre déjeuner chinois au Marriott. J'ai ensuite passé l'après midi dans un salon professionnel grouillant de monde dans lequel j'ai croisé la Reine des Pays Bas et retrouvé avec plaisir quelques collègues que je n'avais pas vu depuis fort longtemps.
Le soir dîner avec un ancien client devenu ami dans mon restaurant préféré de Singapour:
Fleur de Sel toujours aussi formidable.
23697ème jour
Tōkyō Hong Kong Singapour
Que de souvenirs me sont revenus à l'esprit au cours de cette journée où j'ai pris deux vols
Cathay Pacific qui était ma compagnie aérienne habituelle pendant mes trois années à Hong Kong. Il était amusant de retrouver les jingles de la compagnie qui n'ont pas changé. Il était frustrant de s'arrêter à l'aéroport de Hong Kong sans pouvoir aller faire un tour à mon vieux quartier
Wan Chai qui sera pour toujours un peu "chez moi". Il était merveilleux de retrouver le lounge
Cathay où je suis si souvent allé et de retrouver les nouilles
Udon avec leur sauce à la cacahuète.
Les nouvelles de l'élection américaine commencent à nous parvenir et comme prévu, hélas, Donald Trump semble largement en tête. Ce moment me rappelle un réveil à Londres, il y a exactement huit ans lorsque le monde sidéré avait appris sa première élection. A l'époque, même si je détestais déjà le personnage, je pouvais comprendre que des électeurs soient tentés par quelque chose de différent. Mais après l'avoir observé pendant quatre ans aux affaires, comment peut on avoir envie de son retour? Etrange pays.
Atterrissage en fin de soirée à
Changi Airport toujours merveilleusement organisé. Trajet silencieux dans la nuit jusqu'à l'hôtel.
23696ème jour
Tōkyō V
Long trajet en taxi de Tokyo jusqu'à Ranzan, dans la Préfecture de Saitama où j'étais la veille pour le concert. Visite d'une immense usine d'une propreté absolue. Impressionnante qualité à chaque étape des process de fabrication. Amusant déjeuner dans un restaurant hawaïen. Nouvelle visite d'usine cette fois ci à Asaka, entre Saitama et Tokyo. Retour à l'hôtel pour un bref repos. Exception à mon habitude de ne pas dîner pour un repas dans un restaurant très japonais de Hibiya où nous sommmes assis à ces tables que je déteste à même le sol.
Avant d'aller dormir, un whisky japonais au
Penguin, un bar étonnant dans un sous sol de
Ginza.
23695ème jour
Tōkyō IV
Le matin de ce jour férié au Japon, j'effectue une promenade autour de l'hôtel. Mes pas me conduisent au
Petit mec, une boulangerie française au nom ridicule, créée à l'origine à Kyoto. Une critique de François Simon lui a sauvé la vie il y a quelques années et elle a maintenant une succursale à
Hibiya. Je vais faire un tour à
Hankyu Men une sorte de
Printemps Homme qui est sans doute mon magasin de vêtements préféré au monde. J'en garderai pour toujours le souvenir de ma première visite avec Jef, l'été 2022. Jef, qui ne s'habille qu'en noir, était tombé amoureux du style japonais et nous avions tous deux acheté un imperméable noir de
Yojji Yamamoto. Jef aimait tellement le sien qu'il le portait été comme hiver, avec en dessous un Hoodie noir qu'on avait acheté ensemble à Vienne et ses boots
Prada. Je me souviens qu'un jour, alors que nous marchions dan le quartier de
Haight-Ashbury et qu'il avait ses lunettes de soleil noires, un type l'avait interpellé en disant: "
All good Neo?", ce qui nous avait fait rire pour le reste de la journée.
Aujourd'hui, je suis retourné chez
Hankyu et j'ai racheté un imper noir qui lui, a une capuche intégrée. Jef adorerait.
Je rejoins mon collègue à l'hôtel car nous avons prévu d'aller ensemble au concert du
NHK Symphony Orchestra qui joue cet après midi à Saitama, une banlieue assez éloignée du nord de Tokyo. Nous tombons sur un vieux chauffeur de taxi qui comme souvent à Tokyo, ne parle pas un mot d'anglais, a du mal à le lire et refuse de bouger tant qu'il n'a pas compris avec la précision la plus absolue l'adresse de destination. Dans n'importe quelle ville du monde, le chauffeur aurait pris la direction de Saitama, puis aurait affiné en approchant. Lui, non; il a bien pris dix minutes avant de décider à s'élancer alors que je trépignais à l'arrière.
Finalement nous sommes arrivés à l'heure. La jeune femme à l'accueil m'a immédiatement reconnu avant même que je donne mon nom. J'étais le seul non japonais à avoir réservé des billets.
Le concert, dirigé par Kimbo Ishii présentait des œuvres plutôt faciles mais pas si souvent jouées à commencer par l'orchestration de Berlioz de l'
Invitation à la valse de Weber. Comme d'habitude, le public a applaudi au moment de la fausse fin, juste avant la conclusion du solo de violoncelle, au grand amusement du chef. Suivait la
Grande fantaisie sur des airs polonais oeuvre de Chopin très rare au concert, agréable, mais pas inoubliable. Puis le pianiste Kotaro Fukuma revenait sur scène pour la
Totentanz de Liszt dont j'avais encore dans l'oreille la magnifique interprétation de François Frédéric Guy un soir de 2021 à Munich. Le concert s'achevait pas une Suite sur des thèmes les plus célèbres de Carmen, orchestrés par le chef Kimbo Ishii.
Retour au centre ville et dîner à l'invitation de collègues japonais dans un restaurant de sushis pas inoubliable de
Ginza.
23694ème jour
Tōkyō III
Après un petit déjeuner à
Dean & Deluca, je retourne au
Suntory Hall, cette fois ci pour un concert symphonique avec deux artistes norvégiens. En guise d'entrée en matière,
La fille de Pohjola de Sibélius. Puis, le temps d'installer le piano, l'orchestre revient avec le pianiste Håvard Gimse pour interpréter le Concerto pour piano de Grieg. Belle interprétation inspirée que met en valeur le silence respectueux et concentré de la salle. En bis, Håvard Gimse nous offre la
Marche des trolls extrait des pièces lyriques de Grieg. Après l'entracte l'orchestre et sa chef jouent l'orchestration de Ravel des
Tableaux d'une exposition de Moussorgsky. J'ai souvent été déçu par les chefs femmes (je sais que je vais m'attirer des ennuis par cette déclaration) et je n'ai bien sûr aucun problème de principe à ce sujet. Je ne pourrais jamais dire comme le regretté Mariss Jansons l'avait une fois déclaré "
It's not my cup of tea" et je ne demande pas mieux que d'être séduit. Eh bien c'est arrivé cet après midi à Tōkyō: j'ai été émerveillé par l'interprétation flamboyante de Tabita Berglund à la tête du Tōkyō Metropolitan Symphony Orchestra. La chef (dont je pense qu'elle n'a aucun lien de parenté avec Paavo Berglund qui était finnois) sait ce qu'elle veut et elle l'obtient, ce qui est pour moi la meilleure qualité d'un chef d'orchestre. Elle est bien sûr aidée par les merveilleux pupitres du TMSO qui, de mon point de vue, est le meilleur orchestre japonais, bien avant l'orchestre de la NHK ou le Japan Philharmonic Orchestra.
A l'issue du concert, je pars dans le quartier de
Shimo Kitazawa car j'ai donné rendez vous à mon collègue pour dîner chez
Miura, encore une recommandation de François Simon. J'arrive un peu avant l'ouverture du service car le site web, entièrement en japonais, ne me permet pas de réserver. Le chef m'accueille et, comme lors de ma première visite en mai tente de me décourager dans un anglais balbutiant: "
No credit card, No English menu, No table". Au vu de mes yeux de chien battu et de mon insistance, il finit par céder et en attendant mon collègue, je vais faire un tour dans le quartier que j'aime beaucoup, grouillant de jeunes habillés en style japo-branché, qui se promènent au milieu des magasins de vêtements d'occasion et de petits restaurants populaires.
Délicieux dîner avec le fameux poisson de
Miura cuit à la perfection au dessus de la braise.
23693ème jour
Tōkyō II
Le matin, j'effectue une longue promenade dans les rues ensoleillées de
Ginza. Mes pas me conduisent à la laverie
Baluko dont on m'a dit qu'en plus des vêtements, on peut blanchir ses sneakers pour la modique somme de 200 ¥. Dans un coin de la laverie, il y a en effet deux petites machines. Celle du bas est équipée d'un tambour où l'on place ses chaussures pour les nettoyer en 20 minutes. Celle du haut possède quatre cintres ou on les positionne ensuite pour un séchage en profondeur. J'installe donc mes deux sneakers
Alex Arigato (qui comme chacun sait est une marque suédoise) et je pars explorer le quartier. Je passe devant une boulangerie française qui répond au nom de
Pain Maison où une cinquantaine de personnes font la queue. Par curiosité, je m'installe dans la file d'attente mais me fais immédiatement rappeler à l'ordre car je n'ai pas respecté le process. Il convient d'abord de scanner un QR Code qui permet d'accéder à une page web où l'on s'inscrit et, après avoir validé son adresse e-mail, on obtient un numéro qui permet enfin d'accéder à la file d'attente. J'étais le 242ème client de la journée mais le plus amusant est que personne ne m'a ensuite demandé le numéro. Logique japonaise.
Pain Maison produit de jolis petits pains individuels, un peu gras mais délicieux. J'en ai pris un au sel et l'autre, mon préféré, aux pommes. Je les ai avalés en allant récupérer les sneakers reblanchis.
Vers midi, je retrouve mon collègue qui m'emmène dans le quartier de
Yotsuya dans le restaurant
Unico Restore.
Uni signifie "oursin" en japonais et nous prenons un menu 100% oursin. J'adore les oursins, en particulier au Japon où on les range méticuleusement dans de jolies boîtes de bois tendre mais j'ai trouvé le restaurant un peu inégal. Y retournerai-je? Non.
Je passe à l'hôtel pour une sieste d'avant concert mais, avant de m'endormir j'ai la surprise de croiser Kiril sur
Grindr. Kiril est un garçon russe que j'avais rencontré à Paris il y a huit ans. J'étais allé le chercher en voiture place de la Bastille ou il m'attendait souriant. On était allés chez moi, il avait longuement fumé une grande pipe à eau et on avait fait une longue partie de jambes en l'air dont seuls les russes ont le secret et dont je gardais un souvenir émerveillé. Depuis Kiril, qui voyage beaucoup, s'est installé à Santa Barbara pour exercer le métier de tatoueur, ce qui m'a toujours laissé rêveur car lors de notre première et unique rencontre, Kiril avait déjà de nombreux tatouages sur le corps; je les trouvais naïfs et maladroits. Depuis, sans jamais se revoir, Kiril et moi sommes toujours restés en contact et, aujourd'hui, c'est incroyable, Kiril est là, à Tōkyō, à cinq cents mètres de moi. Nous prévoyons de nous retrouver en fin de soirée.
En attendant, je pars en taxi au
Suntory Hall car ce soir, Maria Joao Pirès accompagne Matthias Goerne dans le
Winterreise de Schubert. Le concert me laisse toute fois une impression mitigée, non pas à cause de Pirès qui est beaucoup plus inspirée que lors de son dernier récital à la Philharmonie de Paris, mais en raison de la voix de Goerne qui ne s'améliore pas avec les années: de plus en plus sourde, elle manque terriblement d'expression malgré les mouvements de serpent du corps de Goerne, qui semble tenter de trouver dans sa colonne vertébrale ce qui lui manque dans la gorge.
A la fin du concert je file à l'hôtel où j'arrive un peu avant Kiril qui me demande de l'attendre devant l'entrée. Il arrive, son sourire est toujours aussi agréable. Il a juste pris un peu d'embonpoint. Huit ans plus tard, nous passons donc de nouveau une heure à nous donner du plaisir et à échanger nos fluides. Il repart. je m'endors.
23692ème jour
Tōkyō I
Lors de mon premier séjour mentionné hier à Tōkyō, je logeais donc à l'
ANA Intercontinental qui est l'hôtel habituel des orchestres de passage et bénéficie d'une sortie directe pour le
Suntory Hall. En y séjournant, j'avais pris l'habitude de prendre mon petit déjeuner dans un
Dean & Deluca voisin. Les new yorkais savent tous que
Dean & Deluca était une épicerie de luxe à Soho et qu'il existait quelques succursales dans
Manhattan, cafés que l'on pourrait vaguement comparer à des Starbucks, mais la comparaison est quelque peu insultante pour les îlots de bonheur qu'étaient les
Dean & Deluca. La crise a entrainé la disparition de ceux-ci. Aussi, quelle ne fut pas ma surprise que de découvrir en 2018 qu'il existait au Japon un réseau important de cafés
Dean & Deluca et j'y prends systématiquement mais petits déjeuners non seulement à Tōkyō mais aussi dans le reste du Japon. Ils ont une atmosphère new yorkaise élégante et de la musique classique y est systématiquement diffusée. Je possède même leur carte de fidélité sans m'être jamais inquiété de connaitre les avantages qu'elle confère. Las, le
Dean & Deluca sis près de l'ANA a disparu pour une raison inconnue mais ce matin, je me suis précipité à l'ouverture de celui de
Nihombashi pour mon petit déjeuner habituel.
A huit heures, un taxi nous emmenait, mon collègue et moi, pour une visite à siège du groupe. Longue succession de réunions à l'atmosphère très protocolaire. Lors de la première réunion, je suis présenté au conseil d'administration au grand complet. J'avais bien fait de prévoir un stock important de cartes de visite. J'ai du en distribuer une vingtaine au cours de la journée.
En fin de journée, nos collègues japonais nous invitent pour dîner dans un restaurant qui ne mérite guère que l'on s'en souvienne.
23691ème jour
Retour à Tōkyō
Par un jour pluvieux d'avril 2018, j'ai découvert le Japon. Je me souviens parfaitement de mon atterrissage à
Narita (j'ignorais encore que seul
Haneda mérite d'être choisi). J'avais pris vaillamment le
Narita Express (NEX) qui m'avait emmené dans un long voyage à travers la banlieue est de Tōkyō. J'avais décidé de prendre le métro et non un taxi de la station de
Ueno à celle de
Tameike-sannō par la
Ginza Line. Déjà, j'avais admiré l'organisation merveilleuse de ce métro où tout est propre, simple et fluide. J'avais marché sous la pluie pour les derniers cent mètres qui me séparaient de l'
ANA Intercontinental qui était notre hébergement à cette époque. Mes collègues n'étaient pas encore là et, pour meubler la première soirée de ma vie dans cette ville inconnue, j'avais visité le
Teppanyaki situé à l'avant dernier étage de l'hôtel, avec une vue imprenable sur la
Tokyo Tower. Là, assis devant les plaques chauffantes, un jeune cuisinier m'avait initié aux délices du
Teppanyaki. Je me souviens de l'ail noir de la Préfecture d'Aomori, des légumes délicatement cuits, d'un demi homard merveilleux et d'un
wagyu aérien et savoureux, avant de finir par un riz grillé légèrement épicé. Ce soir là, seul au bar, j'étais tombé éperdument amoureux du Japon.
Depuis, je suis revenu une vingtaine de fois au Japon, essentiellement pour des déplacements professionnels depuis Hong Kong, puis, après la longue interruption du COVID, pour deux séjours de vacances: l'un extraordinaire, avec Jef, fait sans doute partie des jours les plus heureux de ma vie, alors que la nécessité d'obtenir un Visa business pour se rendre au Japon, nous avait fait découvrir ensemble un pays totalement délivré de ses touristes. J'y suis retourné en mai de cette année pour deux semaines tout aussi merveilleuses avec mon ami E. qui a vécu trois ans là bas il y a fort longtemps.
Aussi, ce soir, en atterrissant à l'aéroport d'
Haneda, j'avais un mélange d'émotion et de bonheur, content de retrouver le pays d'origine de mon nouvel employeur. J'ai eu aussi un petit moment de panique en quittant l'avion, car je n'arrivais plus à retrouver mon
iPhone français que finalement, l'expérience du chef de cabine
Japan Airlines m'a permis de retrouver dans le ventre de mon fauteuil.
Après avoir déposé ma valise à l'hôtel près de
Tōkyō Station, j'ai retrouvé ma chère
Ginza Line pour aller dîner à
Kidoguchi, un restaurant de sushis recommandé par François Simon, dans le quartier d'
Omotesandō. Lorsqu'on a goûté aux sushis du Japon, il devient quasiment impossible d'ingurgiter ceux du reste du monde. Ceux de
Kidoguchi étaient merveilleux. Après dîner, je suis allé rendre visite au
Tower Records de
Shibuya, sans doute le plus grand magasin de disques au monde, après que la plupart d'entre eux ont disparu. En marchant dans le quartier, je découvre qu'il y a une étrange agitation et en effet c'est
Halloween qui est devenu peu à peu une fête extrêmement populaire à Tōkyō. Mais loin d'être une célébration des morts, il s'agit plus d'un carnaval joyeux où se mêlent touristes et jeunes locaux exubérants. Je m'arrête auprès d'un samouraï d'opérette aux traits féminins et à la longue tignasse grise mais dont la voix grave me démontre qu'il s'agit d'un garçon. Il accepte de faire une selfie avec moi. Je peine à trouver mon chemin dans la foule et rentre à l'hôtel.
23690ème jour
Las Vegas Tokyo ou Le jour qui n'existait pas
En me levant à quatre heures pour attraper le vol de Los Angeles, je me disais que pour une fois, le jetlag présentait un avantage très clair: me réveiller très tôt, frais comme un gardon.
Vol très court pour Los Angeles pour trois heures d'attente au salon bien médiocre d'
United Airlines. Puis vol immensément long au dessus de l'océan Pacifique, au cours duquel, pour la deuxième fois, je franchis la ligne de changement de date qui me fera arriver le lendemain soir à
Tōkyō Haneda.
23689ème jour
Las Vegas II
Journée semblable à la précédente avec de nombreux meetings dans l'enfer du
Venetian. Entracte rafraichissante lorsque j'invite une ancienne et jolie collègue pour déjeuner au
Capri le restaurant bien moyen du
Venetian qui se tient sur le toit du bâtiment, à côté de la piscine assez spectaculaire. Je ne parviens toujours pas à me caler sur les horaires du Nevada et décide laisser tomber cet objectif.
23688ème jour
Las Vegas I
L'hôtel dans lequel je réside est une sorte d'immense usine aux chambres médiocres avec bien évidemment un casino bruyant au rez-de-chaussée. Son avantage réside uniquement dans la proximité avec le
Venetian où se tient l'événement pour lequel je suis venu dans cet enfer du jeu et du mauvais goût.
La journée se passe dans le bruit habituel des salons. Il est impossible de manger quelque chose de convenable sur le salon et je me contente d'une assiette de mauvais riz. En fin d'après midi, les onze heures de décalage avec Dubai se font sentir et je m'endors beaucoup trop tôt, sachant très bien que je vais me réveiller à trois heures.
23687ème jour
Paris-Salt Lake City-Las Vegas
Poursuite de mon périple vers l'est. Vol
Delta Airlines de Paris à Salt Lake City. Grâce aux conseils de
Paris Broadway, j'ai téléchargé l'application MPC (
Mobile Passport Control) qui permet de réaliser l'ensemble des formalités à l'avance, puis de bénéficier d'une ligne prioritaire d'immigration. Bien m'en a pris. Le vol de Paris a trente minutes de retard et je n'ai que 45 minutes pour quitter l'avion, récupérer mon bagage enregistré, passer l'immigration, changer de terminal et finalement embarquer pour le vol suivant. Malgré un peu de stress, tout se passe bien et je me retrouve à l'heure pour le vol très court entre Salt Lake City et Las Vegas.
Je m'étais rendu une seule fois à Las Vegas, il y a une douzaine d'années avec mes filles et m'étais juré de ne jamais y remettre les pieds. Las Vegas représente en effet tout ce que je déteste de l'Amérique profonde: un désert culturel, une architecture à vomir, un non sens écologique, des spectacles médiocres, une population avinée et bien sûr les jeux d'argent (que je déteste) partout en ville et mêle dans les endroits les plus incongrus.
J'arrive à Las Vegas à 16h20, mais je commence à être fatigué car il est déjà une heure du matin en France. Mes collègues sont à une pizzeria épouvantable du centre ville. Je les accompagne avec juste un
diet coke et préfère aller manger seul quelques sushis.
Nuit bien méritée.
23686ème jour
Paris
Bref passage de trente six heures à Paris où je ne me sens pas encore un étranger. Je retrouve Romain, mon coiffeur depuis mon retour de Hong Kong, que je n’arrive pas à trahir malgré mon envie d’essayer les coiffeurs de pays exotiques. Déjeuner avec mes filles, le petit A, E, et R. Au restaurant
Les Parisiens à l’angle de la rue Pré aux Clercs. A une table voisine, Charles Henri Lobkowicz déjeune avec un ami.
Le soir, je fais une exception à mon régime en retrouvant Stefano, qui compte maintenant parmi mes amis les plus anciens. Il est miraculeusement de passage à Paris en même temps que moi. C’est lui a suggéré d’aller à
Magnum 150cl, le restaurant au nom étrange du chef Matthieu Garrel dont la cuisine de terroir est particulièrement savoureuse. Le pâté en croûte est sublime.
23685ème jour
Dubaï Paris
Courte nuit et au réveil, nouveau partage des bagages entre ce qui reste à Dubaï et ce que j’emmène dans mon long tour du monde à venir qui va me conduire dans les quatre semaines à venir à Paris, à Salt Lake Cit, à Las Vegas, à Los Angeles, ô joie, à Tokyo et à Hong Kong, à Singapour à Bangkok et à Jakarta avant de rentrer à Dubaï.
L’hôtel accepte de garder quelques costumes pendus à un cintre pendant ces quelques semaines.
Vol Dubaï Paris au premier rang de l’A380 d’
Emirates. Cette fois ci, l’avion contourne Israël et le Liban en passant par l’est, en survolant l’Irak et l’est de la Turquie. Je ne réaliserai que le lendemain que nous sommes passés peu avant l’aviation israélienne engagée dans son opération de représailles contre l’Iran.
23684ème jour
Ryiadh Dubaï
Au matin, on part vers les bureaux de notre partenaire saoudien pressenti. Trente minutes de trajet, les locaux sont d’une grande banalité dans une banlieue sans charme. L’adjoint égyptien (qui s’avèrera finalement être libyen) nous reçoit dans son bureau qui sent la fumée.
« Je suis juste à côté de l’espace fumeur » se justifie-t-il, pour aussitôt ajouter que, dans la mesure où son bureau sent naturellement la cigarette, il s’autorise à y fumer. Nous partons dans le bureau du CEO, beaucoup plus spacieux, avec une grande table de réunion et un coin salon. Il est habillé dans sa tenue traditionnelle saoudienne avec le long abaya et le keffieh à carreaux rouges mais aujourd’hui il arbore aussi des sandales, probablement de marque. En l’observant, je vois qu’il porte une
Rolex en or cerclée de diamants. Pendant la discussion, alors qu’il fume lui aussi comme un pompier, il se déchausse et pose son pied nu contre le pilier de son bureau.
Nous repartons avec l’égyptien. C’est pendant le trajet dans son
Audi Q7, qu’il me corrige et m'apprend qu'il est libyen, qu’il a habité plusieurs années à Londres, que sa famille habite maintenant à Madrid et qu’elle le rejoindra l’an prochain à Ryiadh.
Nous arrivons dans leurs locaux hautement sécurisés car c’est un traitement de billets de banque. Des camionnettes de transport de fonds arrivent dans un grand sas et déposent des mallettes sécurisées. Le personnel les récupère, les vides des billets restants sous l’œil de caméras omniprésentes. Le système de video est surnommé
Big brother et à chaque étape du process, les employés doivent se tourner vers
Big Brother et lui montrer leurs mains. Il est étrange de voir ces ouvriers, indiens et pakistanais pour la plupart, évoluer dans cet espace où, partout, il y a des liasses de billets dans un arrangement complexe paraissant totalement incompréhensible pour le néophyte.
Nous repartons pour le salon. Discussion détendue avec un autre
self made man jovial, qui a une énorme verrue en bordure de son nez. Il pleure sur les mauvais résultats de son entreprise mais me confie avoir acheté récemment une Bentley bleue avec intérieur en cuir blanc.
Retour à l aéroport pour un vol de deux heures pour Dubaï, encore une fois dans un A380 d’
Emirates.
23683ème jour
Ryiadh II
Départ en taxi pour le salon. Le chauffeur, comme souvent dans les pays du golfe, a conservé toutes les protections usines de son véhicule: sur le tableau de bord, les compteurs, le bloc lumineux d’éclairage du plafonnier. Il a même enrubanné les appuie-têtes avec un film plastique scotché, de peur que les cheveux gras de ses clients ne les abîment. Mon collègue libanais se moque gentiment de lui .
Le soir, nos clients saoudiens nous emmènent dîner dans une zone de plein air où se tiennent de nombreux restaurants, tous construits dans la même architecture traditionnelle. L’endroit est bruyant et ne se prête guère à une discussion de travail mais la nourriture est absolument délicieuse. Pas de vin bien sûr mais un formidable jus de grenade. Après dîner, nous allons admirer le palais de la famille Saoud, qui date du 17eme siècle, a été détruit par les ottomans et vient d’être restauré sur décision de MBS .
23682ème jour
Ryiadh I
Je découvre un nouveau pays qui ne m’aurait pas vraiment tenté en tant que touriste mais qui m’intrigue beaucoup: l’Arabie Saoudite.
Première surprise, il y a très peu de femmes voilées dans l’avion, je n’en ai même vu aucune. À part celle qui contrôle les passeports à l’arrivée et qui me fait appliquer énergiquement les doigts sur la plaque de contrôle des empreintes digitales. Je suis étonné de ce contact entre nos mains.
Deuxième surprise la température: il fait bon, beaucoup moins chaud qu’à Dubaï et il y a une brise très agréable.
Troisième surprise: la circulation qui s’avérera pénible pendant tout mon séjour; une heure pour me rendre à l hôtel, puis quarante cinq minutes pour aller au centre de conférences, bâtiment banal où a lieu le salon professionnel objet de mon voyage.
Les rendez vous sont très chaleureux, les clients et partenaires agréables et ils parlent tous un très bon anglais. Ce sont les visiteurs qui me fascinent le plus: beaucoup de saoudiens, bien sûr, mais aussi des hommes d’affaires en costumes, des femmes voilées, un peu, beaucoup, ou totalement, certaines laissant voir des maquillages prononcés et dégageant dans leur sillage des volutes sirupeuses.
Lors des intervalles entre deux rendez vous, j’ai un grand plaisir à flâner dans les allées du salon en ouvrant grand mes yeux et mes oreilles.
Le soir, je suis tellement fatigué (je me suis levé à 3h30, heure de Ryiadh) que je m’endors dans le taxi qui me ramène à l’hôtel.
23681ème jour
Aleksandr VII
Journée de séminaire au Marriott de Dubaï. Aleksandr m’envoie des messages pour me dire qu’il a envie de me voir, ou plutôt qu’il a besoin de me voir. Je sens qu’il s’attache à moi, au sens romantique du terme, mais aussi, plus prosaïquement, sexuellement.
« I am young » me dit-il,
« I am always horny and I need to have sex ». D’un autre côté, il comprend que mon travail, du fait de son intensité et aussi des nombreux voyages qu’il induit, m’empêche de satisfaire ses besoins de jeune chiot. Pour lui faire plaisir, mais aussi bien sûr pour me faire plaisir, je parviens à éviter le dîner du soir et lui donne rendez-vous à mon hôtel. Je rentre à pied, pour profiter de la lumière du soleil couchant sur les gratte-ciel de
Business Bay.
Aleksandr me rejoint et s’annonce directement à la réception pour éviter l’expérience de la fois précédente. Je le vois arriver par le judas de la porte que j’ouvre avant même qu’il n’aie le temps de frapper. Nous nous embrassons et il se déshabille directement. Dans l’après midi, il m’avait indiqué qu’il avait envie d’être soumis et je lui donne ce qu’il souhaite. Je pénètre sa bouche avec mon sexe dans différentes positions aussi profondément que je le peux. Je caresse nos deux queues alors que je suis assis sur lui. Je lui demande de s’allonger sur le dos sur le lit, la tête pendant dans le vide et je lui baise la bouche en me tenant debout. De temps à autre, je me penche en avant pour le sucer alors que je continue de m’agiter dans sa bouche. Puis je frotte ma queue sur son visage alors qu’il a la langue sortie. Je jouis sur son visage.
Nous prenons une douche et parlons un long moment, tous les deux nus sur le lit. Il a faim et nous descendons au restaurant de l’hôtel.
Coca zéro pour moi. Côte d’agneau pour lui. Il me refait part de ses sentiments compliqués à mon égard. Je lui propose de venir avec moi en Afrique du Sud fin novembre mais il décline sans doute par peur de s’attacher.
Il repart. Nous ne nous reverrons pas avant trois semaines.
23680ème jour
Emil
L’été dernier, alors que j’étais en Croatie, j’avais croisé sur
Tinder un garçon Viennois qui passait par là mais qui était vite reparti en Autriche. Lors de mon premier concert viennois de la saison, le mois dernier, nous n’avions pas pu nous rencontrer et j’espérais y parvenir ce week end.
Ce matin au réveil, j’avais un message de lui, envoyé à 4h38. Il sortait de boîte, un peu saoul, aurait aimé me rencontrer mais hélas, je dormais. Je lui réponds que je suis disponible jusqu’à treize heures, mon vol de retour au Dubaï étant à quinze heures. Je n’ai guère d’espoir en une réponse vu son activité de la veille mais, en attendant, je pars au
Café Landtmann pour mon petit déjeuner traditionnel du dimanche.
À onze heures pile, il me répond, me dit qu’il a envie de me voir pour une séance de sexe et même aussi pour un déjeuner. Je rentre à l’hôtel et je l’attends.
À 11h40 il est là. Je vais le chercher à l’accueil et nous montons ensemble dans la chambre. Il est plus grand que je le croyais, 1m92 je pense, il a des cheveux blonds un peu longs, tout ce que j’aime, des yeux très bleus et une bouche avec des lèvres épaisses dont on devine aisément qu’il embrasse merveilleusement bien. Nous sommes de suite à l'unisson, il aime se servir de sa bouche et moi aussi. Il a un très beau sexe que j’aime avoir au fond de ma bouche. Il aime le poppers, moi aussi, et nous avons chacun une fiole, ce qui nous permet d’alterner les plaisirs. Il jouit sur mon visage et je fais de même sur le sien. Nous filons sous la douche car l’heure de restitution de la chambre est déjà dépassée.
Nous partons ensemble par la Ligne 2 du tramway en direction de
Volkspark et nous allons déjeuner à
Plachura: une
Wiener Schnitzel pour Emil, un
Tafelspitz pour moi. Nous profitons du déjeuner pour faire connaissance. Emil a un petit ami qui visiblement ne le satisfait pas sexuellement même si, me confie-t-il, il l’aime profondément. Il n’a pas dévoilé son homosexualité à ses parents car son frère aîné est gay et il pense, sans doute à juste titre, que cela peut faire beaucoup pour des parents, aussi tolérants soient ils.
Je quitte Emil avec regret, prends mon CAT pour l’aéroport et mon vol pour Dubaï.
Nous atterrissons avec une heure de retard à minuit et je m’endors facilement à une heure du matin.
23679ème jour
Abonnementkonzert II
C’est mon premier essai de concert viennois depuis Dubaï. Onze heures d’avion pour deux heures de concert. Mais la musique me manque si cruellement à Dubaï que je consentirai probablement à cet effort chaque mois. Les horaires sont confortables grâce au décalage horaire. Décollage à neuf heures. Arrivée à l’aéroport de Vienne deux heures avant le concert. Du fait de la guerre en Ukraine et du conflit à Gaza et au Liban, l’A380 d’
Emirates fait une grande boucle par le sud, survolant Le Caire puis remontant vers le nord ouest. Par l’un de ces petits hasards que j’affectionne, nous passons pile au dessus de Symi, l’île qui m’avait tant fait rêver et que j’aimerais beaucoup visiter de nouveau.
Je retrouve
Parisbroadway au
Café Schwarzenberg et nous nous rendons au
Musikverein voisin. Je constate combien Andris Nelsons a encore maigri depuis la dernière fois que je l’ai vu à Paris et curieusement, je suis persuadé que son impressionnante perte de poids influence positivement sa direction qui manquait objectivement d’engagement ces dernières années.
Le concert commence par le
Premier Concerto pour violon de Prokofiev, que je connais moins que le Second et qui est magnifiquement interprété par Midori. En bis, l’habituel extrait d’une sonate de Bach mais qui arrive même à émouvoir
Parisbroadway habituellement allergique à cette musique.
En deuxième partie, pour fêter l’anniversaire de sa création il y a cent vingt ans à Cologne, Andris Nelsons dirige une magnifique
Cinquième Symphonie de Gustav Mahler. Incident amusant, pendant le premier mouvement, le pupitre de Nelsons descend petit à petit jusqu’à se retrouver au niveau du sol. Il faudra faire un échange avec le pupitre des premiers violoncelles pour que tout revienne dans l’ordre. L’
Adagietto, qui peut facilement tomber dans le banal est absolument formidable, passionné, tendre, intéressant de bout en bout avant le final en apothéose.
Parisbroadway m’a ensuite entraîné à Baden bei Wien pour assister dans le petit théâtre local à une représentation de
Kiss me Kate de Cole Porter. Je ne suis pas peu fier d’avoir vaillamment tenu le choc alors que les textes en allemands n’étaient pas surtitrés.
J’étais heureux de retrouver mon hôtel et de dormir.