16628ème jour
Le grand jour
Donc aujourd'hui c'était le grand jour, la présentation à notre client, objet de ce voyage. Une table de travail très cosmopolite avec côté client, un anglais, un indien et deux coréens et de notre côté, deux anglais, deux français, un philippin, un singapourien et un coréen. Après le meeting, je me balade pour la première fois dans les rues de Seoul. Je marche jusqu'à
Kyobo Book qui est la fnac locale.
Le soir, je vais prendre un verre avec mes deux collègues anglais et mon client anglais. Nous le rejoignons au nouveau Hyatt de Seoul qui est un hôtel vraiment incroyable. Nous nous installons à un premier bar, pus nous le quittons car nous trouvons le prix des bières trop élevé. Nous nous retrouvons dans un autre bar, dans un jardin qui domine la ville. Et nous partons pour deux heures de discussion. Et les bières défilent. Je ne sais combien. J'ai du en prendre trois. Eux quatre. L'addition arrive. 278000 won. 280 dollars... Ils sont fous ces coréens!
16627ème jour
Un déjeuner à Seoul
Ce matin, lever à l'aurore. Nous partons visiter un site industriel à 150 km au sud de Séoul. Notre collègue coréen nous conduit dans sa Kia noire, copie très silencieuse des Mercedes classe E. La route est ennuyeuse. Il pleut en permanence. La file de gauche de l'autoroute est bizarrement réservée aux autobus qui nous dépassent à des vitesses affolantes.
Nous visitons le site, plutôt mal tenu et équipé de matériels antédiluviens. J'observe à cette occasion que le coréens, lorsqu'ils serrent la main, en s'inclinant à la japonaise, se tiennent le coude droit avec la main gauche.
Retour identique à l'aller.
Nous déjeunons dans un restaurant à l'enseigne aux lettres coréennes bariolées rouges et jaunes. Le hamburger est plutôt bon. Je me réjouis en me disant que j'ai enfin rempli la mission impossible confiée par Michael.
Je demande à notre collègue coréen : "
Is it a korean restaurant?"
Il me répond, hyper sérieux : "
No! This is american. Donald is american."
Eh merde.
Encore perdu.
16626ème jour
Un diner à Seoul II
Eh bien ce soir, rien que pour me faire plaisir, ils ont remis ça. Ils ont trouvé un vrai petit restaurant coréen, just à côté de chez le client. On y est allé à 18 heures pour être sûr d'avoir de la place. Car j'ai oublié de vous dire que les coréens dînent à 18 heures. Pour moi qui aime les horaires d'Andalousie, c'est le bonheur. La décoration du restaurant de ce soir était assez minimaliste. Murs en béton, avec quelques tuyaus censés apporter une climatisation en panne. Le reste était comme hier. J'ai oublié aussi de vous dire que la serveuse vient découper la viande avec de grands cisaux, dans un geste très raffiné.
On m'avait placé face au coréen de la bande, histoire de me faire apprécier les slurps et rots divers.
Ah sinon j'ai un un petit moment de bonheur chez le client dans l'après midi. Une assistante nous a apporté des cannettes de jus de mangue très frais. Je me suis vraiment régalé avec. Très fier d'avoir réussi la mission dite impossible confiée par Michael, j'ai noté l'étiquette et la marque :
www.lottechilsung.co.kr et en tout petit derrière :
under license del Monte USA.
16625ème jour
Un dîner à Seoul
La place réservée aux clients se trouve sur une petite estrade en parquet très propre. Il faut se déchausser pour y accéder et les convives s'assoient en cercle sur des petits coussins posés à même le sol. La commande est rapide, menu unique oblige. La serveuse, dans une tenue locale est coiffée d'un faux chignon en laine noire de forme aérodynamique. Quelques minutes plus tard, deux serveurs apportent la table entièrement dressée, c'est à dire recouverte d'une trentaine d'assiettes pleines. C'est là que les ennuis commencent : il n'y a rien de bon. Du crabe sans chair, des légumes sans goût et pleins de trucs bizarres : une omelette en forme de soufflé, un bouillon insipide avec quelques grains de riz grillés au fond, le tout arrosé par un alcool de soja à 25°.
Mais le plus dur à supporter est la façon qu'ont les coréens de manger: ils font le maximum de bruit, des slurps langoureux chaque fois qu'ils boivent, parlant de préférence quand ils ont la bouche garnie, et une mention spéciale aux nouilles chinoises qu'ils aspirent à grand bruit alors qu'elles dégoulinent sur leur menton. J'ai observé également qu'un rot était le bienvenu pour faire part de son contentement.
Seule exception pour le boeuf en barbecue, acceptable malgré sa sauce trop sucrée. L'addition, elle, est est plutôt salée avec 30.000 won, soit 30 dollars par tête.
Comme me l'avait dit un client turc avant mon départ : "
Au moment du retour, vous aurez sûrement faim."
16624ème jour
Premières impressions
Le 747 se pose massivement sur la piste. Une bouffée de chaleur moite nous accueille à la sortie de l'avion. L'aéroport est tout neuf, aseptisé, comme souvent sur ce continent. Il a été construit il y a quelques années sur une île, à une cinquantaine de de kilomètres de la capitale. Je monte dans un taxi. Le chauffeur tient absolument à me mettre un DVD de rock. Je préfère regarder la grande autoroute qui défile avec ses panneaux verts incompréhensibles. Nous empruntons le péage qui relie l'aéroport au continent. Le ciel est blanc, la mer est grise. Nous mettons plus d'une heure à traverser la ville. A un moment, nous laissons passer un long défilé contre la guerre en Irak. J'arrive enfin à l'hôtel. Il faut que je tienne jusqu'au soir pour contenir le décalage horaire.
16623ème jour
Nouveau départ
Ce soir je refais mes valises. Je retourne à Roissy. Et je m'envole pour un pays où je ne suis encore jamais allé. Pour ne pas abandonner les bonnes habitudes, je donnerai dès demain quelques indices et le premier de mes lecteurs à le découvrir gagne la
Première Symphonie de Mahler par l'orchestre Symphonique de Chicago et le regretté Giulini.
Son évidemment exclus du concours Michael, Manu, tigger et Alban Berg.
16622ème jour
Eric Artz
Le jour de la fête de la Musique nous sommes allés Alban Berg et moi à un concert au Conservatoire à côté de chez moi. C'était un concert qui n'avait en fait aucun lien avec la fête de la musique et à ma grande suprise la salle était vide. Nous y étions essentiellement allé pour deux sonates pour violoncelle et piano, l'une de Brahms, l'autre de Beethoven. Belles interprétations surtout celle de Beethoven par une jeune violoncelliste au son superbe, en particulier dans les pasages doux et calmes. Mais à ma grande surprise, le clou du concert consistait en deux pièces de Chopin, entre les deux sonates pour violoncelle. Première Ballade, Premier Scherzo. Au piano Eric Artz. Très calme, il relève le couvercle du piano pour que celui-ci sonne mieux, et s'installe pour vingt minutes de prodige. Je vais sans doute exagérer mais ce que j'ai entendu l'autre jour tient à une sorte de mélange improbable d'Horowitz et de Rubinstein : la virtuosité implacable du premier et des passages de tendresse absolue quand il fait chanter son instrument comme seul le vieil Arthur savait le faire.
Chapeau bas.
Et retenez ce nom : Eric Artz.
16621ème jour
Une rencontre
Ce soir, alors que je rentrais chez moi, j'ai croisé Seiji Ozawa qui marchait au milieu de l'avenue Matignon, l'air fatigué, habillé comme un touriste, une casquette américaine mal posée sur ses longs cheveux gris. Je n'ai pas eu la présence d'esprit de le saluer.
16620ème jour
Lignes et signes
Lorsque je m'étais rendu à Istanbul il y a quelques mois avec une de mes
collègues, nous avions déjeuné avec mes clients. Le Directeur financier de mon client, jeune femme enceinte jusqu'aux dents, avait proposé de lui lire les lignes de la main. Je les revois toutes deux, assises face à face, se livrant à l'exercice. L'apprentie-sorcière, après avoir longuement regardé la paume de la main, lui avait prédit "
beaucoup de changement et un grand voyage". La prédiction m'avait bien sûr fait sourire tellement elle était banale. Mais j'avais lu dans le regard de ma collègue une expression amusée que je n'avais pas su décoder. La croisant dans les couloirs cet après midi, elle me dit :
- Tu sais que je m'en vais?
- Non....
- Eh si, je quitte la Société, d'ailleurs je pars à l'étranger...
- Ah oui? Où ça?
- A Londres...
16619ème jour
Blogue ta musique
Il y a quelques années, j'ai assisté à un concert salle Pleyel où l'orchestre de Paris accompagnait le grand Mstislav Rostropovitch. Je crois qu'il interprétait les variations roccoco mais je n'en suis plus sûr à cent pour cent.
A l'entracte, Slava était dans le hall, à une petite table et il dédicaçait ses disques. Il avait un gros marqueur pour les pochettes de 33 tours et un stylo à bille noir pour les jaquettes de cassettes audio. Dans la file, je suis le seul avec un CD, ces étranges objets n'étant apparus que quelques mois auparavant. Rostropovitch le prend dans ses mains, presque avec curiosité. C'était son enregistrement, récent à l'époque, des sonates de Brahms avec Rudolf Serkin. Perplexe, il hésite entre les deux stylos, puis me déclare en souriant avec son gros accent russe :
"Compact disc, alors compact stylo!"
Posté dans le cadre de l'opération Blogue ta musique, qui n'a pas lieu cette année. Mais y glande quoi Mediatic?
16618ème jour
Déprimes
Lorsque je me souviens d'un événement vieux d'il y a cinq ans, ou d'il y a dix ans, il me semble toujours très proche. L'an 2000, la première élection de Chirac, la guerre du golfe me semblent être survenus il y a fort peu de temps. Lorsque je songe à l'âge qui sera le mien lorsqu'une période de temps identique se sera écoulée à compter de ce jour, je préfère bien vite orienter mon esprit vers d'autres directions, tant ces pensées sont déprimantes.
Lorsque je serai à une semaine de mon dix huit mille deux cent soixante cinquième jour, je dois absolument me souvenir de quitter Paris, de partir seul, au loin, sans téléphone et sans laisser d'adresse à quiconque et d'occuper mon esprit à des pensées non calendaires.
16617ème jour
Snobismes musicaux
J'ai toujours été amusé par le côté élitiste de la musique classique, son aspect un peu intimidant alors qu'il est si facile pour n'importe qui, avec quelques conseils, de trouver une dizaine oeuvres que l'on va adorer pour le restant de sa vie... Ce côté presque snob de la musique est aussi alimenté par le fait qu'il est impossible de faire illusion sur sa culture musicale. Il suffit d'un simple article "
le concerto pour piano de Beethoven" au lieu de "
un concerto" pour être perçu comme "
quelqu'un qui n'y connait rien..."
A l'usage de ceux qui aiment frimer avec la musique classique, je voudrais recommander les compositeurs peu connus du grand public et au nom exotique. Il est impossible de paraitre cultivé avec Mozart, Beethoven, Schubert, Brahms ou Mahler. Beaucoup trop connus. En revanche, apprécier Janacek, Scriabine (les oeuvres de la fin, pas quand il composait comme Chopin) ou quelques maîtres mineurs mais au nom à la belle consonnance, comme Reicha, Kozeluh, Galuppi, Berwald, Kodaly ou Busoni... La musique contemporaine est aussi un moyen parfait de se distinguer. Il convient bien sûr de mépriser tout compositeur connaissant du succès, en particulier au disque, comme Gorecki, Part, Adams ou Glass. Mais je vous garantis que vous ferez sensation en disant que vous adorez
Je sens un deuxième coeur l'une des dernières oeuvres pour alto, violoncelle et piano de la compositrice finnoise (vivant à Paris) Kaija Saariaho. Ou bien un concerto pour violon d'Alfred Schnittke (pas "
le", hein, "
un", sinon, tout est raté)
16616ème jour
Good
C'était un vieux ticket de métro. Il était dans la poche arrière d'un jean récemment passé à la machine à laver. Il était tout chiffonné. Illisible. Pourtant il est parfaitement passé dans la machine à composter.
16615ème jour
Poupées russes
Il y a un moment magique dans ce film. Lorsque Wendy sort de la gare de Saint Petersbourg, triste et aux bords des larmes. La lumière de l'aurore est sublime. La rue, juste en face de la gare aussi. Et puis il y a la voix de Beth Gibbons, la chanteuse des Portishead, dans Mysteries. J'ai évidemment pensé à
ce jour où j'avais découvert ce CD dans une boutique de Notting Hill. Et puis j'ai songé à cet autre jour où je découvrirai Saint Petersbourg...
16614ème jour
Brandon
Il était là, bien à l'heure, devant la fontaine Saint Michel, avec un jean troué aux genoux et un pull en coton blanc, un sourire
gibbs très américain. Il a paru amusé par la new lada et m'a dit combien sa
Nissan 350 restée à Atlanta lui manquait. Arrivés chez moi il s'est étonné que j'aie du coca à lui proposer. Alors qu'on discutait en écoutant du
Craig David, ma main se baladait sur sa nuque fraichement coupée. Il ne s'est pas passé très longtemps avant qu'on se mette à s'embrasser. "
I'm a little bit nervous" m'a-t-il dit. Moi je n'étais pas nerveux du tout, je profitais juste du moment... J'ai mis un moment à me rendre compte qu'il avait un piercing sur la langue. Depuis le lit on entendait encore
Craig David au loin et le son assourdi accompagnait bien les caresses, les va et vient, les baisers. Après avoir joui, on est restés longtemps l'un contre l'autre en regardant les lumières de l'immeuble en face à travers la vitre sale. "
I'm afraid to fall asleep" m'a-t-il dit soudain.
Je l'ai raccompagné à travers les rues. Boulevard Malesherbes, Madeleine. Place de la Concorde, la tour Effeil clignotait comme un fantôme, son éclairage traditionnel éteint. Il m'a embrassé une dernière fois alors que je le déposais à l'angle de la rue d'Assas et de la rue Vavin.
16613ème jour
CMG
J'ai assisté une seule fois dans ma vie à un concert de Carlo-Maria Giulini. Il dirigeait l'orchestre de Paris dans deux symphonies de Brahms. Je me souviens d'un silence incroyable dans la salle. Je me souviens d'un orchestre subjugué par le chef. Et je me souviens de la sublime mélodie si brahmsienne qui arrive après quelques mesures du premier mouvement de la Deuxième Symphonie. C'était tendre, rêveur, brumeux, magique.
Après le concert j'étais allé demander un autographe au Maestro dans sa loge de Pleyel. J'ai souvenir qu'il s'était changé, qu'il était assis, tout de noir vêtu. Lorsqu'un homme lui demandait un autographe, il restait assis. Lorsqu'une femme le saluait, il se levait aussitôt.
Le Maestro venait de fêter ses 90 ans. Il est décédé hier dans un hôpital de Brescia. Il sera inhumé dans le caveau de sa famille à Bozen.
16612ème jour
L'auberge espagnole II
Je ne sais trop pourquoi, j'ai revu ce soir
l'Auberge espagnole à la télévision. Voila donc trois ans que je l'avais
vu la première fois lors de sa sortie. Le film a moins vieilli que je ne l'aurais cru. Son statut de film culte me parait très excessif mais il embrasse si bien son temps. Je reste toujours énervé de l'usage de cette valse de Chopin totalement incongrue alors que Klapisch choisit d'habitude très soigneusement ses musiques. Je ne me souviens pas à l'époque avoir reconnu aussi facilement les lieux de tournage et j'en déduis que ma connaissance de la ville a du beaucoup s'approfondir depuis, sans doute grâce à l'amour que Michael lui porte et qu'il a su me faire partager.
16611ème jour
N'oubliez pas de vivre
Vous aurez adoré les ouvrages de Philippe Besson. Cette passion vous conduira à lire tous les ouvrages recommandés sur le site web de l'auteur. Vous les achèterez peu à peu. Vous tomberez sur celui ci, plus épais que les autres. Vous serez surpris par son choix stylistique inhabituel. Vous entrerez dans son univers clos qui vous rappelera peut-être votre propre jeunesse dans l'environnement impitoyable des classes préparatoires. Vous apprécierez les non dits et les silences. Vous vous demanderez quelle est la part d'invention de ces lignes, quelle est celle du vécu. Vous vous étonnerez qu'un auteur aussi jeune puisse être aussi talentueux. Vous vous demanderez si le demi-visage que l'on aperçoit en couverture est bien le sien. Vous quitterez le livre à regret, le soir, uniquement car vous savez qu'il convient de se lever tôt le lendemain. Vous verrez venir les dernières pages avec anxiété. Vous serez triste d'avoir achevé ce beau roman et heureux d'avoir découvert un écrivain prometteur.
Thibaut de Saint Pol : N'oubliez pas de vivre
16610ème jour
A chaud
Dans mon job précédent j'avais une collègue qui s'appelait
Bourachot et un collègue qui s'appelait
Nicolli. Un jour, j'ai vu qu'ils étaient tous deux à un pot. Et j'ai demandé à la première si elle connaissait le second. Comme elle m'avait répondu par la négative, j'ai fait les présentations :
Nicolli.
Bourachot. Et comme tout le monde se marrait autour sans qu'ils ne comprennent pourquoi, la jeune femme est devenue rouge comme une pivoine et m'a dit :
"T'es vraiment con!"
16608ème jour
Parismobs #11
Les flashmobs vont fêter le mois prochain leur deuxième anniversaire. Les avis sont partagés sur la poursuite d'un mouvement qui se voulait éphémère. Certains se disent lassés. Et curieusement, alors que les flashmobs retournent au plus près de leur absurde originel puisque la presse s'en désintéresse aujourd'hui, ce sont souvent ceux qui se plaignaient de la surabondance médiatique des débuts des premiers rassemblements, qui aujourd'hui
se disent lassés des foules intelligentes.
Les participants ne s'en lassent visiblement pas puisqu'ils étaient entre 800 et 1000 ce soir au jardin des Tuileries pour une clepsydre géante. Elle a été assez bien racontée par
Gus, un blogueur que je découvre par la même occasion.
Quant à moi, je suis souvent fidèle dans mes goûts comme en amitié. Et j'aime toujours autant le tout début, la mise en place, les regards complices, le petit papier noir découvert...
A bientôt.
16607ème jour
Mon nouveau jouet
C'est Michael qui me l'a trouvé. C'est un petit
programme. On l'installe sur le smartphone. Et à partir delà, chaque fois que l'on chante une note devant, le smartphone dit de laquelle il s'agit. Bon, il le dit en anglais. Mais il suffit de savoir que C, c'est do, D, c'est ré ...etc... Maintenant je peux répéter mon
mi bémol du soir au matin. Et même la nuit. Jacqueline n'a pas fini de s'inquiéter.
16606ème jour
Tiens, un revenant...
Cher Flashmober, soyez très attentif à votre boîte mail vendredi 10 juin à partir de midi.
De nouvelles instructions s'y trouveront.
ParisMobs
16605ème jour
Des nouvelles du Tamagochi
Depuis hier la place libre est inférieure à la place occupée. Et pourtant je sens qu'il a encore très faim. Je me demande sérieusement si j'ai choisi le bon modèle.
16604ème jour
Get behind me Satan
Celà fait quatre ans environ que suis les
White Stripes, depuis un article pleine page dans le monde qui m'avait donné une furieuse envie de les découvrir. J'avais adoré
Elephant dont le premier titre
Seven Nation Army avait totalement envahi mon printemps 2003. Je me souviens qu'on l'écoutait à fond dans la lada avec Mister Z.
Le nouveau CD des
White Stripes est sorti aujourd'hui. Il s'appelle
Get behind me Satan. Je le trouve exceptionnel. Un peu différent des précédents, donnant une large place au piano et à des instrumentations plus originales, mais avec un son immédiatement reconnaissable. Les White Stripes, qui étaient il y a deux jours a São Paulo, ne feront même pas une halte à Paris pour leur tournée mondiale cet été.
16603ème jour
Vide
Lorsque vient le dimanche soir, je n'aime pas le sentiment de n'avoir rien fait des deux jours écoulés. D'avoir vu un film inutile au cinéma. D'avoir erré dans le froid de mon appartement. D'avoir passé trop de temps derrière des écrans. D'avoir fait une fois encore avancer le compteur terrifiant des jours sans avoir su profiter du temps qui passe comme d'une bénédiction rare.
16602ème jour
WC turcs
J'étais enfant. Nous avions probablement déposé mes frère et soeurs à l'école. Maman conduisait sans doute la petite Ford Anglia blanche qu'elle avait à l'époque. Et elle m'avait dit qu'elle avait envie de faire pipi. Et il fallait une demie-heure pour rentrer à la maison. Je suppose à posteriori que ça l'ennuyait d'aller prendre quelque chose dans un café juste pour aller aux toilettes. A cette époque, celà ne se faisait pas pour une dame d'aller dans un café. Surtout juste pour faire pipi.
Moi, j'ai tout de suite pensé au garage de mon grand-père. Nous n'en étions pas très éloignés. Je ne savais pas trop si, pour des raisons anatomiques, l'endroit était adapté. Alors je lui ai posé cette question, restée depuis dans les annales de la famille :
Maman tu peux faire dans les turcs?
16601ème jour
Démasqué
Discussion sur une messagerie quelconque avec un correspondant inconnu.
Lui :
Et tu aimes quoi dans la vie?
Moi :
Mahler, Rome, Bali, Visconti, Amsterdam, Obaldia, Bowie, Schubert, Paris, New York, the Comedian Harmonists, Pogorelich, Istanbul, São Paulo, Trenet, Karajan, Brahms, Klimt, Jeff Buckley, Berlin, le confused sex...
Lui :
Et tu en es vraiment à ton 16.601ème jour?
Moi :
Damned...
16600ème jour
Une photo
Elle a été prise lors du mariage de la soeur de mon père. Nous revenions de l'église et nous étions dans le jardin de l'hôtel où avait lieu le déjeuner. Mon père avait encore sa petite moustache à l'époque. Il portait l'un de ses éternels manteaux gris tristes et celà ne l'avait pas empêché de faire une des petites comédies qu'il affectionnait, même si elles étaient rares. Il avait aperçu dans un coin du jardin une remorque Michelin. Il avait attrapé une grosse fleur séchée qui avait l'allure d'un artichaut, se l'était mise à la boutonnière et avait parcouru le jardin ainsi décoré en trainant derrière lui la remorque. Mon oncle l'avait pris une photo et nous l'avait adressée quelque temps plus tard avec une légende humouristique au verso. Lorsque je la voyais, dans l'un des albums de famille, je soungeais souvent à cette légende devenue inaccessible et je me demandais si quelqu'un d'autre que moi se souvenait de cette légende. Aujourd'hui, je ne sais même plus où se trouve cette photo. Je préfère même ne pas le savoir...
16599ème jour
Fin de règne
La 607 bleue a changé de destination. Elle a quitté Matignon et se tient maintenant le plus souvent rue Portalis, devant l'appartement, déserté pendant trois ans, mais gardé vingt quatre heures heures sur vingt quatre par deux policiers. Bonnes vacances , monsieur le Premier Ministre.