15590ème jour
Déménager
Ma mère prétend adorer déménager. Il faut dire qu'elle a déménagé trois fois dans sa vie. Moi j'ai déménagé tous les 2 ans en moyenne et je déteste ça de plus en plus.
Se retrouver dans un bazar sans nom avec toutes ses affaires placées aléatoirement dans des cartons empilés aux étiquettes ésotériques ne me séduit guère. Avec l'expérience, on fait attention de bien garder dans un endroit stratégique un attirail de survie : la trousse de toilette, les câbles du PC, le carnet de chèques, un slip propre...
Hier soir, alors que je déprimais dans le désordre ambiant, E. a eu la gentillesse de passer avec un tire-bouchon et des glaçons. Et comme j'avais marqué d'une pierre blanche le carton des bouteilles de vin de la cave, nous avons dégusté un Sauternes 1984 qui avait bien vieilli. Il avait pris un petit goût fragile qui allait bien avec l'arôme doux.
Puis E. est parti alors j'ai fait le plus urgent : déballer mes deux vieilles Penta, qui en sont à leur quatrième déménagement, afin de faire résonner quelques notes de musique.
J'ai choisi le quatrième mouvement de la Troisième de Mahler, avec ce beau texte de Nietzsche.
J'ai éteint les lumières et je me suis couché à même le plancher fraîchement ciré pour écouter la voix de Anna Larsson.
C'était bon.
15589ème jour
Le théorème de la tartine renversée
Donc aujourd'hui je déménage. Et évidemment, il pleut. Or je vous rappelle que je viens de cirer à grand peine le parquet de mon nouvel appartement. De le cirer. Pas de le vitrifier. Car je déteste les parquets vitrifiés.
Et donc j'imagine déjà les gros pieds boueux de cinq éléphants qui vont transformer en bourbier de la guerre de 14 le seul truc bien qu'il y a chez moi.
Je déprime.
15588ème jour
Tournant
Ce week-end est un peu spécial. J'ai ciré le parquet de mon nouvel appartement. Je le fais toujours moi même car j'aime le contact du bois fraîchement poncé et l'odeur de la cire. Et puis je suis sûr d'obtenir le résultat que j'aime: une belle couleur chêne clair.
Et puis maintenant je dois faire mes paquets car les déménageurs les emmèneront demain rue de Madrid.
C'est donc la dernière fois que je poste depuis cet appartement à demi vidé et désormais un peu triste.
A demain.
15586ème jour
Idée à la gomme
Comme je reviens d'Espagne, je suis tout bronzé. Et quand on est bronzé, on a la peau beaucoup plus belle, plus saine, sans tous les petits grains et les petites saletés qu'on a dans la grisaille de l'hiver parisien. Et pendant notre déjeuner de tout à l'heure, P. m'a recommandé d'entretenir ce résultat et de me faire un gommage. Oui oui, un gommage. Moi j'écoute toujours les conseils de P. et en sortant du bureau, je suis passé chez Sephora m'acheter un machin qui s'appelle "
Jeu de Billes - Gel nettoyant exfoliant visage". Vu le nom, j'ai demandé à la vendeuse si c'était pour enfant mais "
non, pas du tout", m'a-t-elle répondu avec l'air de se marrer.
Et donc je suis sorti de chez Sephora, je suis remonté dans ma voiture et j'ai fait une grosse bêtise.
Il faut d'abord que vous sachiez que l'un de mes petits défauts est de vouloir utiliser toujours dans l'instant ce que j'achète. J'écoute immédiatement dans la voiture les CD qui sortent de la fnac, je ne laisse pas moisir une minute mes vêtements neufs dans un placard...etc...
Et là ça m'a pris d'un coup, j'ai voulu essayer le truc dans la voiture (pas en roulant je vous rassure).
Je lis rapidement le mode d'emploi qui recommande de mouiller le visage. Qu'à cela ne tienne, j'ai une vieille bouteille de Vichy Catalan (excellente eau espagnole) entamée dans la voiture et je m'exécute. "
Massez une minute", dit le guide. Et là mes ennuis commencent car le produit (qui n'en avait pas l'air) est diablement savonneux.
Une minute plus tard je me retrouve au volant de ma voiture le visage couvert de mousse et des fameuses petites billes (bleues très jolies) qui m'ont rapé le visage comme de la toile émeri. Les mains sont dans un état identique. Je recommande d'ailleurs à la Direction du marketing du produit d'inscrire "
Mains & visage" car il est difficile de ne pas en faire profiter ses menottes.
Et donc je fais quoi là? Le mode d'emploi (que je n'avais pas lu jusqu'au bout) dit "
Rincez abondamment". Facile à dire. J'ai encore de la Vichy Catalan mais pour les fauteuils en cuir beurre frais, ça craint.
Je prends donc une décision courageuse : je descend de voiture avec ma bouteille de Vichy Catalan et j'applique la dernière étape du mode d'emploi en public.
A part ça c'est efficace, j'ai l'impression d'avoir une peau de bébé. Enfin presque.
The market
Aujourd'hui j'ai déjeuné avec P. au
Market. Le
Market est un restaurant très branché qui se trouve avenue Matignon. Même s'il cède un peu à la mode de la cuisine actuelle (très internationale, très légère) les plats servis sont vraiment délicieux. Nous avons choisi des crabes mous croustillants, plat assez rare en France mais très courant dans les restaurants japonais des USA. Ce qui est amusant, c'est qu'on mange tout le crabe, même la carapace et le résultat est particulièrement savoureux et croustillant. En plus, au
Market, ils sont préparés avec des câpres, des petits morceaux de pamplemousse et une mousse d'épinards.
Pourquoi est ce que je me sens toujours aussi bien quand je suis avec P.? Pourquoi le temps est-il aussitôt suspendu en un instant parfait.
Après le déjeuner, nous sommes allés faire une photomaton à l'entrée du métro Champs-Elysées Clémenceau. Je la poserai chez moi tout à l heure, sur une des cheminées de mon appartement tout vide.
15585ème jour
Bowie I
Je ne vous en ai jamais parlé mais je suis un fan de Bowie. Depuis longtemps puisque je l'ai entendu pour la première fois en concert en juin 1983 à l'hippodrome d'Auteuil pendant la tournée "
Serious moonlight" qui a accompagné la sortie de l'album "
Let's dance!". J'étais dans les tous premiers rangs et je garde un souvenir inoubliable de ce concert. J'ai revu Bowie en 1987 au parc de La Courneuve pour un concert qui m'avait un peu déçu.
J'ai été très frustré de ne pouvoir avoir de place pour son récital de l'Olympia en juillet dernier, mais il fallait impérativement faire la queue à l'Olympia pour obtenir un billet-bracelet; j'étais malheureusement à Portofino. En remontant d'Espagne, j'ai beaucoup écouté son nouvel album
Heathen, qui fait partie de ses meilleurs. Et puis en arrivant en France et en écoutant les informations sur France Inter, je découvre qu'un autre concert est planifié le 24 septembre au Zenith, que les places sont en vente depuis le matin même et déjà toutes vendues, mais qu'un second concert pourrait être programmé le 25; ce que la fnac vient de me confirmer. Et j'ai le plaisir d'avoir contre mon coeur deux places pour le concert.
15584ème jour
Retour à Paris
Eh voilà. Tout était réparé hier à midi et j'ai eu vingt-quatre heures pour parcourir les 1500 kilomètres qui séparent Valencia de Paris et passer ainsi de 34°C à 22°C, avec un minima à 15°C sur le plateau du Larzac. Tristes tropiques.
15582ème jour
Barcelone avec Mennuie
Un intermède amusant et imprévu de ces vacances était de retrouver
Mennuie en week-end à Barcelone à l'occasion de ma lente remontée sur Paris. C'est donc le pied alerte que j'appuyais sur le champignon en remontant d'Estepona : Marbella, Malaga, Grenade, Murcia, Alicante, Valencia, Castellon, Tarragona, ah non. Pas Tarragona: ayant juste dépassé Castellon, je remarque que le voyant de température est totalement au maximum, alors que je suis à peu près à 180 kmh. Euh... je fais quoi là? Ben suffit de faire ce que l'on me dit. L'ordinateur de bord affiche "
vitesse réduite à 80 kmh" et la voiture ralentit d'elle-même. L'affichage suivant est moins cool : "
garez vous sur le bas côté et arrêtez le moteur": J'obtempère, une jolie pente douce me permettant juste de stopper devant une borne d'appel. J'ouvre le capot pour découvrir que le liquide de refroidissement a giclé partout et qu'il y a un joli trou dans le tuyau le contenant. Après une aimable discussion avec la borne orange, on me prévient que l'assistance arrivera dans vingt minutes. Elle est là exactement a l'heure: le dépanneur parle français, son fils de neuf ans aussi et c'est ce dernier qui commande avec maestria la grue de chargement de mon véhicule sur le pont. Nous voilà partis pour Castellon, où par miracle se trouve un concessionnaire adéquat, au grand plaisir de mes filles sur la banquette arrière de la camionnette qui font de grandes salutations a notre mascotte
Madame Lavache restée seule à bord de la voiture.
Le Niño dépose la guimbarde devant le concessionnaire fermé ce 15 août et nous allons a l'hôtel. Le lendemain a 9 heures pétantes, je suis de nouveau chez le concessionnaire pour découvrir qu'il est fermé pour le week-end pendant quatre jours... Je découvre alors que j'ai une assurance internationale qui me rembourse l'hôtel pendant les réparations. Je loue donc une voiture afin de rejoindre
Mennuie à Barcelone. Week-end super tous frais payés dans cette ville de rêve que je connais mal. Le temps de surveiller les travaux de la Sagrada Familia, de découvrir le
Dietrich, le
Salvation et l'
Arena que
Mennuie connaît par coeur en habitué des lieux. C'est le pied.
Hier, retour a Castellon: Bon hôtel, toujours au frais de l'assurance. Ce matin retour chez le concessionnaire a re-9 heures re-pétantes. Une charmante assistante commerciale me dit qu'il n'y aura pas de mécanicien de la semaine: horreur.
Il faut donc remorquer une nouvelle fois la pauvre voiture a Valencia où, apparemment, l'activité technique est plus intense qu'à Castellon.
Et en venant au cybercafé, je viens de croiser par hasard ma voiture qui partait a Valencia, avec
Madame Lavache en figure de proue.
Bon! ben on va aller à la plage en bus: je vous donne des nouvelles demain: promis.
Tanger
Quelques jours après Tarifa, nous avons passé une journée à Tanger. Une demie-heure de ferry depuis Tarifa. Autant dire rien quand on pense aux malheureux qui donnent tout pour franchir les quinze kilomètres qui séparent la pauvre Afrique de l'opulente Europe. L'arrivée dans la baie de Tanger est superbe tant la ville est blanche, construite en amphithéâtre. Petite aventure : ma nounou n'a pas de passeport; seulement une carte d'identité. Le douanier de bord nous prévient que nous allons probablement nous faire refouler a l'arrivée. Deux cent euros pour deux heures de ferry, ça fait un peu cher... En débarquant du ferry, nous attendons, nous parlementons, c'est seulement pour la journée... Les douaniers sont soucieux de nous faire comprendre l'irrégularité de notre démarche et même l'indépendance du Maroc. Les photos de M6 sont partout, souriant avec ses lunettes de soleil ovales et ce slogan : "
Le Maroc est a vous". On aimerait bien... Puis tout d'un coup tout se règle. La nounou bénificiera d'un permis de transit valable 24 heures. La douane royale en soit ici remerciée. Le précieux document nous permet de découvrir la ville qui n'est plus la "
colombe perchée sur la corne de l'Afrique", mais a encore beaucoup de charme tous en s'effritant peu à peu dans la saleté qui recouvre les beaux immeubles blancs et les souks colorés et animés, même un vendredi. A bientôt, Tanger.
La plage de Tarifa
Il y a une quinzaine de jours, nous sommes allés avec mes filles et leur nounou a Tarifa. Pour ceux qui ne savent pas, Tarifa est une grand plage de sable fin sur l'Atlantique, là où l'Espagne touche presque le Maroc: l'Afrique y est encore plus proche qu'à Gibraltar. Les conditions étaient exceptionnelles: on voit le village tout blanc de Tarifa au premier plan et juste derrière la côte africaine et ses montagnes, le Gurugu. On peut même distinguer les maisons, et au loin Tanger où nous devons aller vendredi. Tarifa est le paradis des surfers qui ne font plus du tout de planche à voile mais pratiquent une sorte de cerf-volant relié à un petit surf. Il y en avait au moins 200 sur la plage ce jour là et le spectacle était superbe. Les vagues sont hautes et nous avons joué avec elles pendant au moins deux heures. Sauf la nounou. Elle ne supporte pas le soleil et a la gentillesse de nous attendre enturbannée, tchadorisee, sous un canotier de paille et un parapluie orange. Je l'aime.
Fin des vacances
Eh non, je ne suis toujours pas de retour a Paris. Je suis bloqué à Castellon en Espagne, à 80 kilomètres au nord de Valencia. Mais je vais vous raconter mes aventures. Il n'y aura certainement pas d'accent et sans doute des fautes de tilde, mais je suis dans un (charmant) cybercafé et on ne peut pas tout avoir...