15655ème jour
Point G. I
Il y a dix huit mois, de retour de vacances en Italie, je me trouvais à la terrasse du café Beaubourg. C'était le 10 mai 2001, puisque je me souviens que je feuilletais le fac similé du
Monde publié vingt ans plus tôt. J'ai senti qu'on m'observait, et en me retournant, j'ai pu vérifier qu'un visage inconnu me regardait fixement avec un grand sourire.
Ca sentait franchement la drague mais je me méfie toujours de ce genre d'impression. Le petit jeu se renouvella de nombreuses fois et le même sourire m'incitait à me retourner fréquemment. Au bout d'une demie-heure, Beau-sourire se levait en me regardant, puis disparaissait en direction des toilettes, laissant l'amie qui l'accompagnait seule.
J'avais envie de m'y rendre, tant je sais qu'au café Beaubourg, tout est possible, mais j'ai toujours peur des gamelles. Quinze minutes s'écoulèrent sans que rien ne se passe, ce qui m'incita à aller à mon tour dans les toilettes.
Je croise Beau-sourire en bas de l'escalier et nous nous regardons en nous croisant. Lorsque je sors des toilettes, Beau-sourire est encore là apparemment dans une concentration totale pour refixer les attaches de ses chaussures. Je m'approche et nous échangeons aussitôt nos numéros de téléphone.
Dans les heures qui ont suivi, nous avons échangé un nombre invraisemblable de SMS et planifié de nous retrouver Porte Maillot. A peine retrouvés devant le Palais des Congrès, nous avons rejoint ma voiture au Parking et sans dire un mot, avons commencé à nous embrasser et à caresser les parties les plus sensibles de nos corps. Beau-sourire, dont le prénom commence par G. aime beaucoup donner du plaisir avec sa bouche et est particulièrement doué pour ça. Après le parking, cap pour Le Fumoir, qui était à la mode à cette époque.
G. et moi nous nous sommes revus quatre ou cinq fois pour une étreinte rapide et fougueuse. Celà commençait toujours par un SMS de sa part : "
Tu aimerais me faire quoi ce soir", se poursuivait par une réponse imaginative et se terminait par le scénario que j'avais proposé. A part celà, nous nous connaissons finalement peu.
G. a été l'une des premières personnes à venir dans mon nouvel appartement et je me souviens que nous sommes longuement restés dans le long couloir qui relie la salle de bains à la chambre.
Hier j'ai reçu un nouvel SMS de la part de G. Il est plutôt cru : "
Quand vas-tu me défoncer le c... Quel endroit aimerais tu pour ça?" Pourtant je me lasse. Je pense sur le fond ne pas aimer les relations exclusivement sexuelles.
I'm incurably romantic.
15654ème jour
Mon Parisien
Le matin en partant de chez moi, j'aime bien prendre un petit expresso dans le café en bas de chez moi. A mon ancienne adresse, j'allais au
Dôme de Villiers qui est une assez belle brasserie. Maintenant je vais au
Paris Europe, un café plus popu où je lis l'exemplaire du Parisien du jour. Ca n'est pas vraiment mon quotidien de prédilection mais on y lit toujours quelques infos intéressantes. Et par exemple, lundi, il y avait une interview ahurissante de Croze-Marie qui prétend toujours ne pas comprendre pourquoi on lui a cherché des ennuis, avec des remarques du genre : "
Mais mon compte en Suisse, il n'y avait presque rien dessus..."
Plus amusant, son voisin de cellule dans le quartier VIP de la Santé était Maurice Papon et ils ont apparemment beaucoup discuté entre eux. Et Croze-Marie a cette magnifique formule à propos de son ex co-détenu : "
Papon, c'est vraiment un homme bien."
Parole d'expert.
15653ème jour
Le marquis et les envahisseurs
Hier matin, j'ai été envahi par une horde de peintres conduits par leur chef bougonneux, dès huit heures (soit sept heures à l'heure d'avant hier). Ils ont pour mission, s'ils l'acceptent, de repeindre mon hall d'entrée et la cuisine. Le chef, qui porte le nom d'un titre de noblesse bas de gamme, a jeté un regard consterné sur les lieux : "
C'est vraiment mort ce truc" a-t-il dit en contemplant une porte. "
C'est de la merde là haut" a-t-il lancé en fixant le plafond. J'ai préféré fuir sans combattre, leur retirant ainsi tout honneur, puisqu'à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
De retour chez moi, j'ai constaté avec stupeur, qu'ils avaient supprimé le cable noos, bien à ras, dès son arrivée dans mon appartement et jusqu'à son passage dans mon bureau. Me voilà reparti chez
Monsieur Monop' qui a la gentillesse de ne fermer qu'à 21 heures et de vendre des prises coaxiales.
Aussi, ce matin, par l'effet conjugué de Valéry Giscard d'Estaing qui inventa jadis l'heure d'été calée sur l'Europe centrale et celui de Jacqueline B. qui inonda mon appartement au début de cette année, me voilà réduit à être chassé de chez moi et à me retrouver au bureau au milieu de la nuit pour vous narrer mes petites contrariétés.
15652ème jour
Threesome in Amsterdam
Voilà donc quatre jours écoulés dans cette ville que j'aime beaucoup. Un premier jour musical avec cette soirée au
Concertgebouw, où Riccardo Chailly dirigeait la Trosième de Mahler. Concert exceptionnel d'un des meilleurs orchestres au monde dans son répertoire de prédilection. J'étais placé -pour la troisième fois, cela devient une habitude- sur le podium, qui est en fait le gradin en amphithéâtre qui se trouve face au chef et dont les places sont vendues pour certains concerts. Le son en est un peu modifié, mais il est toujours passionnant de voir le chef de face, de comprendre la complicité qui l'unit à son orchestre.
Le lendemain, j'ai eu le plaisir de retrouver
Mennuie et
M@nu à la Centraal Station, en provenance de Paris. Après un déjeuner dans notre cantine, le
Café De Jaren, nous avons parcouru la ville en tout sens, puis dîné dans une nouveau restaurant assez tendance, le
Moko et fini la soirée à Exit.
Samedi, après un déjeuner tardif à
De Jaren, nous avons marché du Dam au Concertgebouw en passant par la rue des antiquaires, en face du Rijksmuseum.
The iT étant fermé nous avons étrenné une nouvelle boîte assez étonnante, le
Backdoor. L'endroit est plutôt petit, mais avec une décoration kitscho baroque dans des couleurs rouges où il y a juste ce qu'il faut de monde sur une très bonne musique et des vidéos assez déroutantes.
J'adore décidément toujours autant cette ville et en particulier m'y retrouver avec deux amis que j'aime.
Pourtant, après ces quatre jours et plus que jamais,
I feel a bit confused.
15649ème jour
Blog three
Je suis installe au
Easyeverything de Rembrandt Plein a Amsterdam. Il pleut,
Mennuie et
M@nu ont vu Dave dans le Thalys,
gVgVssE a acheté des slips,
M@nu et
gVgVssE ont un peu fumé,
Mennuie nous révèle un peu son passé... A bientot
15648ème jour
Départ
Ce soir je serai donc au Concertgebouw. Aujourd'hui déjeuner avec
Mister Tigger dans la bonne ville de Tourcoing. A bientôt.
15647ème jour
Le café de l'année
Aujourd'hui je suis allé à Toulouse pour déjeuner avec un client. Mon avion était prévu à 9h50. J'ai un peu glandé au réveil et ne suis arrivé à Orly qu'à 9h30. "Trop tard", me dit l'ex-mamie volante devenue célérière de guichet. "Et celui de 10h50 est compleeeet" ajoute-t-elle avec gourmandise. Bon... Me voilà en liste d'attente pour l'avion de 11h50, ce qui me fait arriver vers 13 heures à Toulouse. Un coup de fil et c'est réglé.
J'embarque à l'heure prévue mais alors que tout le monde est installé dans l'avion, le commandant de bord nous annonce que la machine à transporter les bagages est en panne et que nous devons attendre quinze minutes, puis trente, puis au final une heure.
J'ai atterri sous la pluie à Toulouse Blagnac.
Je me suis précipité en taxi dans le restaurant où je suis arrivé à 14 heures précises.
J'ai eu le temps d'accompagner mon client pour le café.
Un café qui a donc coûté 385 Euros de billet d'avion, 7 Euros de taxi et 10 euros de parking à Orly, soit un total de 402 Euros.
Il était vraiment délicieux cet arabica.
15646ème jour
Hot post
Mon doigt n'a fait que l'effleurer. Son sourire m'a invité à aller plus avant. Mes lèvres se sont approchées de son cou qui est si doux. Ma main court désormais le long de son corps en otant peu à peu ses habits pendant que l'autre va et vient entre ses jambes. Ma langue ressent un léger goût salé en se promenant sur sa peau, en remontant vers ses lèvres. Nous sommes presque surpris lorsque nos langues se rencontrent. Nos yeux fermés nous permettent encore mieux d'apprécier la chaleur et l'humidité de nos bouches. Nos deux corps sont maintenant nus. Sa peau est très lisse, très douce et j'ai envie d'englober totalement sa chair, de ne laisser aucun centimètre carré de son corps à l'air libre. J'ouvre les yeux pour vérifier dans les siens que son plaisir est égal au mien. Nous poussons tout deux des petits soupirs de plaisir semblables à des gémissements d'animaux. Ses lèvres descendent lentement de mon cou à mon ventre, elles humidifient mon nombril en lui procurant une douce chaleur, puis elles engloutissent mon sexe. Pourquoi suis-je surpris alors que je savais ce moment inévitable? Parce que ce plaisir est toujours différent, toujours unique, toujours merveilleux. Chaud. Doux. Moelleux. Humide. Généreux. Extatique. Le temps est suspendu alors que ma langue s'attarde dans une cavité de son corps et que la sienne continue de satisfaire mon plaisir intense. Nos deux corps se préparent ainsi à leur fusion, à leur union, à leur interpénétration. J'aime nos regards qui se croisent lorsque celle-ci survient. J'aime la complicité du plaisir partagé. J'aime cette envie commune de rendre infinie la béatitude de nos deux corps qui se donnent et qui permettent la laison des esprits au moment où nous ne faisons plus qu'un dans une même sensation d'orgasme simultané. C'est bon.
15645ème jour
Déroulède et Da Vinci
Près de chez moi, vers le square Saint Augustin, il y a une statue de Paul Déroulède, écrivain oublié, militaire aventureux et politicien boulangiste. La statue a une pose assez particulière : Déroulède se tient debout, très droit avec sa longue barbe et lève la main très haut, comme pour saluer, mais la paume tournée en arrière. Ce qui est amusant c'est qu'un pigeon -ou plusieurs, ils doivent se relayer- est en permanence posé au bout de ses doigts.
Ainsi coiffée, la statue me fait irrémédiablement penser à celle d'un autre barbu, Leonardo da Vinci, qui accueille les visiteurs à l'aéroport de Fiumicino et qui tient, lui, une colombe au dessus de la main. Vous pourrez en voir une mauvaise photographie
ici. L'original est très impressionnant et me rend triste quand je l'aperçois car elle m'indique toujours que je quitte Rome.
15644ème jour
T'es moche!
Aujourd'hui déjeuner avec mes filles dans une brasserie près de Saint Augustin. La dernière (6 ans), s'adresse à l'aînée (11 ans) et lui déclare : "
Ce qu'il y a de moche, dans ta tête, c'est ton appareil". Elle a un appareil dentaire.
Cet âge est sans pitié.
15643ème jour
Stuart Little
Cet après-midi je suis allé voir Stuart Little 2 avec mes filles. Si si. Elles ont adoré. Moi, euuh... couci-couça dirons nous. Le premier épisode m'avait amusé, mais là, je ne suis pas sûr que c'était utile de rééditer. En revanche, j'ai été étonné des nombreuses vues sur Manhattan sans le World Trade Center. On pourrait imaginer que pour un film comme celui-là, le réalisateur aurait montré New York de façon neutre. Eh bien non, je trouve même que le film revendique ce qu'il faut bien appeler le nouveau visage de New York. Et plus d'un an après, il suffit de ne pas voir les twin towers pour que inconsciemment, toutes les images de ce 11 septembre nous reviennent à l'esprit.
15642ème jour
Jeff Buckley
Hier, un nouveau disque de Jeff Buckley est sorti. Il ne s'agit pas vraiment d'un nouveau disque bien sûr, mais de quelques chansons inédites, ou de prises alternatives de titres de son album
Grace.
La musique de Jeff Buckley occupera toujours une place très particulière dans mon coeur et dans ma vie. Un jardin secret qui me rappelle des moments intenses, de la tristesse et de la joie mêlées.
Je me souviens d’un passage au Virgin’s des Champs Elysées en août 1994, d’une écoute absolument par hasard de
Grace, après avoir été sans doute attiré par la pochette. J’ai été immédiatement subjugué, par le charme, le talent, la voix exceptionnelle et l’intelligence de la musique de Jeff Buckley. Peu après, le 22 septembre 1994, j’étais au Passage du Nord Ouest pour son premier concert parisien. Le concert, initialement prévu à l’Erotika avait changé de salle au dernier moment. Je me souviens de l’attente interminable dans la rue Montmartre avec Eric, de 22 heures à Minuit, du début du concert à 0h30, d’un moment exceptionnel dans une petite salle, je me souviens de
Lilac Wine, de l’
Hallelujah de Cohen, de son humour avec le public, de sa joie d’être sur scène. Je me souviens de ma rage d’avoir raté les deux concerts du Bataclan l’année suivante, je me souviens de cette horrible grippe et de la fièvre qui m’ont gâché le concert de l’Olympia en juillet 1995. Je me souviens aussi de ce jour de 1997 ou sur Internet j’ai appris sa noyade dans le Mississippi. C'est idiot de pleurer pour la mort de quelqu'un qu'on ne connait pas, mais j'ai pleuré. Je me souviens de la sortie de son disque posthume, de ma joie triste à le découvrir, surtout "
Satisfied Mind", cette chanson si belle et si simple qui a été diffusée pendant la cérémonie de ses obsèques à New York.
En 1999, j'ai offert à mes amis le "
disque de mes quarante ans", et parmi les musiques sélectionnées, figurait cette chanson.
Le disque sorti hier sera sacré pour tous ceux qui aiment Jeff. J'ai été d'abord surpris par l'interprétation étrange qu'il donne de
l'Hymne à l'amour, sur un rythme lancinant, totalement différent de sa version Medley du Bataclan. Et puis je me suis laisser captiver et envouter, et je l'ai écoutée en boucle hier pendant deux heures alors que je passais la première couche de vernis sur mes cimaises.
15641ème jour
Demain (Pour P.)
Tu m’as écrit : "Don't forget many pages are still white to write on and many pens have ink to write with... The story must go on".
Dépêchons nous; à force de ne pas utiliser les stylos, il arrive que l’encre s’y assèche. Et pourtant...
j’aimerais te faire découvrir les endroits que j’aime et que tu ne connais pas encore : les plages, les temples et les forêts de bananiers de Bali, la magie des petites rues baroques de Prague, la saveur de
l’insalata della mare dans un petit restaurant près de l’Accademia à Venise, la mer d’oliviers près de Delphes, les rues d’Hydra et leurs petits chatons paresseux, les vues vertigineuses sur les lacs du Salzkammergut, le restaurant dans les arbres près de l’île aux cerfs, les villas luxuriantes de Portofino…
J’aimerais que tu me fasses découvrir les endroits que tu aimes et que je ne connais pas encore : les barrières en bois d’Alexandrie, les temples hindous, les immeubles art déco et les villas de Frank Lloyd Wright à Chicago, les plages de Californie…
J’aimerais découvrir avec toi les lieux où la réalité n’a pas encore concrétisé ni mes rêves, ni les tiens. Je voudrais tant voir Syracuse, me baigner avec toi dans les eaux bleues de Symi, parcourir les marchés aux épices du Cambodge, contempler l’Atlantique dans le port de Lisbonne, découvrir le petit Haüschen de Mahler dans le bois de Maiernigg, danser près de toi tout au long des nuits blanches d’Oslo, prendre le train de Moscou à Saint Petersbourg, ou de Bangkok à Singapour, faire un vrai tour de notre petit monde…
En attendant je te souhaite un très bel anniversaire.
15640ème jour
Un dimanche à Vichy
En démarrant ce blog, voilà cent jours, je faisais part de ce sentiment d'être au milieu de ma vie, ce qui m'a valu quelques moqueries de la part de lecteurs me trouvant bien optimiste. Ceci me rappelle un souvenir d'enfance, alors que mes parents avaient l’habitude de nous emmener, mon frère, ma soeur et moi même, le week-end à Vichy. Ces promenades immuables étaient pour nous une véritable distraction qui nous changeait de la routine habituelle. Et pourtant les activités des dimanches vichyssois n’étaient pas très nombreuses: promenade dans le petit centre vieillot bruissant de touristes âgés, lèche-vitrines, et quelques fois -oh merveille- séance de cinéma, dans la mesure où l’un des films proposés avait reçu l’agrément parental. Nous avions conçu un itinéraire, mon frère et moi, passant devant tous les cinémas de la ville et nous le parcourions en éclaireurs. Lorsqu’un film nous paraissait pouvoir avoir une chance de résister à la censure, nous retournions sur nos pas pour tenter de convaincre nos parents qu’il était "visible".
C’est probablement au cours d’une de ces explorations cinématographiques que je m’étais arrêté devant une librairie où je savais que mon père avait ses habitudes. J’appréciais particulièrement l'endroit car la boutique était voisine d’un magasin de jouets "les beaux jeudi" où j’aimais rêver de l’accessible ou mieux encore de l’inaccessible.
Mais ce jour là, c’est dans la vitrine du libraire que j’aperçus un livre de Jean-Louis Servan-Schreiber intitulé "
Age 40 ans, à mi-vie". Sur la couverture du livre figurait une photo de l’auteur, jeune et détendu. Je ne sais ce qui m’a le plus frappé entre le fait que l’on était encore jeune au milieu de sa vie et l’acceptation candide de l’auteur de mourir après avoir vécu un laps de temps équivalent.
Dans tous les cas, en vingt cinq ans, les grains de sable se sont largement enfoncés dans l'abime.
15639ème jour
La rue des luthiers
Je découvre peu à peu mon nouveau quartier. A deux immeubles du mien, sur le même trottoir, se trouvait le Conservatoire National de Paris qui a déménagé à la Villette, l'immeuble étant occupé maintenant par un Conservatoire Régional. Le quartier reste marqué par la musique puisque presque tous les luthiers parisiens se trouvent là. J'adore passer devant leurs vitrines, particulièrement pour les instruments à cordes, certains travaillant presque de façon visible depuis la rue. L'un d'entre eux a une minuscule échope dans laquelle sont entreposées en permanence une quinzaine de contrebasses.
Lorsque je passe au pied du conservatoire, il n'est pas rare que diverses mélopées en provenance de plusieurs ateliers de répétition atteignent mon oreille en se mélangeant en une belle cacophonie. Il y a aussi énormément d'étudiants qui se baladent avec leur instrument en bandouillère. Leur look branché détonne avec le côté forcément classique que confère un cor ou un violoncelle. Je me prends à rêver que la population entière joue d'un instrument, que la musique soit une activité aussi naturelle que manger ou respirer. On ne peut plus être agressif lorsque l'on a en tête la
Sonate Arpegionne de Schubert ou les
Danseuses de Delphes de Debussy.
15638ème jour
Et ta soeur?
Je connais depuis près de vingt ans deux amis libanais, deux frères qui s'appellent Hani et Samer. Et j'ai toujours été amusé du regard ahuri de mes interlocuteurs lorsque je leur assurais que "Annie et sa mère" étaient deux hommes...
J'ai aussi un petit gag avec Hani, lorsque je l'appelle au téléphone, c'est de lui dire:
- Allo, c'est Samer?
- Non, c'est son frère...
Il y a longtemps qu'on ne s'est pas vus et ils me manquent.
15637ème jour
La Troisième au Concertgebouw
Une de mes salles de concert préférées au monde est celle du
Concertgebouw d'Amsterdam. Celà tient à la fois à sa très grande beauté intérieure, à son acoustique parfaite et à la grande tradition mahlerienne de l'
orchestre qui l'occupe, qui a été dirigé par Mahler lui même au début du XXème siècle et qui n'a connu que quatre chefs depuis sa création en 1888 : Willem Mengelberg, Eduard van Beinum, Bernard Haitink et Riccardo Chailly, tous de grands mahleriens.
J'ai du aller une bonne vingtaine de fois à Amsterdam et j'adore conjuguer une soirée au Concertgebouw et une nuit dans la boite la plus folle de la ville,
the iT.
Le 24 octobre, Chailly dirigera la Troisième de Mahler, peut être ma préférée, une oeuvre monumentale de près de deux heures avec un choeur de femmes, un choeur d'enfants et une alto soliste. J'ai attendu un peu trop longtemps et le concert était complet en septembre. Par chance, un contact interneto-mahlerien me propose une place. J'ai accepté et dans deux semaines je serai donc là bas accompagné par trois roumains que je ne connais pas.
15636ème jour
Et de cent
Aujourd'hui, le blog-note a cent jours.
La Reine de l'Arène
Hier soir,
Mennuie,
M@nu et moi même avons entrainé
Mister Tigger au Queen afin de célébrer comme il se doit son passage à Paris. J'étais un peu inquiet de cette soirée tant les boites sont souvent le vendredi bondées de clients qu'on éviterait volontiers de croiser. Pourtant la soirée
Ministry of sound était excellente.
Nous avons également tenté de battre le record du tour de balcon du Queen et celui-ci s'établit donc désormais à 25 secondes. Les nouveaux détenteurs du record sont priés de se faire connaitre ici même.
15635ème jour
Mon Jules
Hier soir, j'ai trouvé un pli qui avait été glissé sous ma porte par la concierge. A l'intérieur, se trouvait un CDR avec une étiquette très pro du
Belmondo Quintet et puis un petit mot très gentil écrit par
Jules qui a une belle écriture. Je suis très sensible à l'écriture des autres tout en n'aimant pas la mienne. Et j'aime avant tout l'élégance des courbes qui témoigne souvent d'une attirance pour l'art.
A part ça, le
Belmondo Quintet (rien à voir avec Paul(s) et Jean-Paul) joue une musique jazzy et planante qui me donne envie de reprendre Jules comme prof de zik.
Je me prends aussi à rêver d'avoir plein d'amis qui, comme lui, me font souvent découvrir des musiques rares ou méconnues et m'enverraient un CDR quotidien.
Merci
Jules.
15634ème jour
Le mots et les jours
Depuis l'ouverture du blog-note, j'ai inscrit 15634 mots alors que j'entame mon 15634ème jour... 15634 mots en 97 jours alors qu'il me reste peut-être 15634 jours à vivre. Chaque mot valait-il la peine d'être écrit? Chaque jour valait-il la peine d'être vécu?
Dans la
Mort à Venise, Visconti a ajouté une scène qui ne se trouve pas dans la nouvelle de Thomas Mann, scène dans laquelle Gustav von Aschenbach, transformé par Visconti d'écrivain en compositeur, compare le déroulement de la vie aux grains d'un sablier.
Au commencement rien ne parait se produire. Le temps est figé, le niveau du compartiment supérieur semble immuable et l'écoulement tellement marginal. Puis on arrive à un moment où c'est le compartiment supérieur qui devient marginal et où l'on voit clairement des grains de sable se faire aspirer dans le trou béant de la mort.
15633ème jour
Désinvolture
Je suis tombé par hasard sur un blog dont le titre est
Désinvolte. Non seulement je l'ai beaucoup aimé, mais je me suis aperçu que son auteur Nicolas avec fait un lien vers mon blog-note.
J'aime ce blog parce que son ton est agréable et qu'il y a un vrai plaisir à partager avec Nicolas des petits moments de sa vie qui n'ont rien d'extraordinaire dans l'absolu mais qui deviennent savoureux sous les touches de son clavier.
Etre désinvolte c'est avant tout être trop libre, léger jusqu'à l'insolence. Or la liberté, la légèreté et l'insolence sont des qualités que j'aime, surtout si elles cachent un peu de profondeur.
Nicolas n'a qu'un défaut. Il poste peu. Vous ne vous trouvez pas un peu désinvolte jeune-homme?
Ranska
J'ai toujours été intrigué par les noms des villes en français. Certaines comme Londres, Venise, Florence ou Rome ont un nom traduit, d'autres comme Amsterdam, New York ou Madrid conservent leur appellation originale. Lorque la ville est dans une zone ou l'alphabet est différent du notre, comme l'Inde ou la Chine, je comprends parfaitement la nécessité d'avoir créé un nouveau nom. Mais pourquoi ne pas avoir maintenu Roma ou Venezia, quitte à en franciser la prononciation comme nous le faisons pour Berlin et Dublin?
Les autres pays font comme nous. Tout le monde sait que les italiens disent Pariggi et Nizze. Il est beaucoup plus amusant de savoir que les allemands appellent Milan Mailand ("
le pays de mai") et que les italiens ont baptisé Munich du joli nom de.... Monaco! En revanche seuls les vieux italiens continuent à dire Nueva York.
Dans l'avion qui me ramenait d'Helsinki, il y avait une carte du monde avec les noms de nombreuses villes en finnois. Je vous en offre ici un florilège:
Berlin : Berliini
Bruxelles : Bryssel (non! non, ça n'est pas du togolais!)
Hambourg : Hampuri
Kiev : Kiova
Copenhague : Kööpenhamina
Lisbonne : Lissabon
Londres : Lontoo
Nice : Nizza
Paris : Parisi
Saint Petersbourg : Pietari
Rome : Rooma
Stokholm : Tukholma
Ouf! je suis content d'être rentré dans mon beau pays la Ranska.
15631ème jour
Helsinki
Je suis à Helsinki, a la fenêtre de ma prison et je regarde les arbres oranges, le ciel bleu et la mer qui scintille au loin dans l'air glacé. J'ai envie de m'enfuir, d'aller en ville voir les beaux monuments que j'ai apercus hier soir, de faire les disquaires, de prendre le ferry qui va sur l'île en face de la ville. Mais je ne ferai rien de cela et je n'ai que ce pauvre clavier qwerty et mon imagination pour m'envoler le temps de la pause.
15629ème jour
Hi
Demain soir je serai à Helsinki. Je suis bien sûr très excité de découvrir une ville que je ne connais pas mais je suis aussi très frustré d'aller là bas pour passer l'essentiel de mon temps dans des salles de réunion. That's life.
J'ai fait un petit tour cet après midi sur des chats finnois et je me suis assez vite rendu compte qu'il ne fallait pas démarrer les discussions par "
Hi!" En effet "
Hi" en finnois veut dire "
moi".
Comme quoi
everybody says hi! :))
15628ème jour
Gaëtan
Hier soir j'ai dîné avec mon vieil ami Gaëtan. Je dis "vieil" ami, car celà fait plus de vingt ans que nous nous connaissons. Je peux même citer la date exacte. Nous nous sommes rencontrés dans la salle de télévision du foyer d'étudiants ou j'habitais depuis peu, fraichement débarqué de ma province à Paris. Il se trouve que la télévision diffusait en direct les images du discours de Jean-Paul II aux Nations-Unies. Et Internet me permet donc de dater cette rencontre au 2 octobre 1979.
Gaëtan était l'aumonier de ce foyer, et il était parvenu à créer une jolie complicité avec la plupart des étudiants qui étaient pourtant majoritairement assez hostile à tout ce qui touchait la religion.
Nous avons été très proches l'un de l'autre pendant les trois années où il est resté à Paris pour ses études. Je me souviens parfaitement de ce jour de 1982 où je l'ai raccompagné à l'aéroport de Roissy pour un retour simple et je me souviens que j'ai beaucoup pleuré dans le RER au retour en imaginant pas que l'amitié pouvait survivre à une séparation de 7000 kilomètres.
Je suis allé le voir l'été suivant pour quelques semaines à Montreal et à Quebec et nous sommes même descendus avec sa voiture à New York. je n'étais pas peu fier d'être au volant quand nous avons franchi l'un des ponts sur l'Hudson.
Je ne suis pas retourné au Quebec depuis cette année 1983. Lui en revanche est souvent revenu en Europe, et je me souviens notamment d'un séjour très agréable à Rome pendant l'été et de la joie que nous avions eu à nous retrouver dans la belle basilique de Santo Clemente.
Je reviendrai à Montreal dans un Boeing bleu de ciel.
15627ème jour
Six clopes
C'est un bébé cyclope en pleine discussion avec son papa cyclope :
- Dis, papa, pourquoi on n'a qu'un oeil ?
- Oh, laisse-moi j'ai pas l'temps.
Bébé cyclope, assez insistant :
- Dis papa, POURQUOI on n'a qu'un oeil, dis ?
- Je t'ai dit que j'avais pas l'temps !
- Dis papa, pourquoi....
- Oh arrête de ma casser la couille !!!
A propos, vous savez la différence entre l'abominable homme des neiges et l'abominable femme des neiges?
La réponse est dans les commentaires.
15626ème jour
Pas de quartier
Un de mes collègues a des lunettes Cartier en or. Il faut dire qu'il a la cinquantaine bien tassée. Il y a quelques jours, il se trouvait dans le RER et un black assez barraqué s'avance vers lui et, très gentiment et très délicatement, lui retire ses lunettes et part avec. Mon collègue a vaguement essayé de le retenir mais inutile de dire qu'il ne faisait pas le poids.
Ce casse d'un genre inédit m'étonne. Il parait que les lunettes Cartier sont appréciées des rapeurs américains... Je me demande s'il est prudent de me ballader en ville avec ma montre voire avec un slip Calvin Klein. Car s'il est désagréable de se retrouver sur le quai de métro sans lunettes quand on est miro, il doit être pire de se retrouver nu dans une cabine téléphonique.