15989ème jour

Paul

J'ai rencontré mon ami Paul à Paris il y a plus de vingt ans. Fraîchement débarqué de ma province, j'habitais alors un foyer d'étudiants qui hébergeait une dizaine d'americains. Paul n'était resté que six mois, mais nous nous étions vraiment liés. Je l'appelais Monsieur Sousbois, traduction imparfaite de son nom.
Je l'ai revu quelques années plus tard, peu de temps après la naissance de ma fille aînée. Par un imbroglio assez étrange, on l'avait attendu la semaine d'avant et pas du tout le soir où il était venu, soir où précisément un couple d'amis s'étaient décommandés... Quand à lui, il avait oublié à New York mon adresse, se souvenait seulement du nom de la rue, heureusement courte, qu'il avait arpentée jusqu'à trouver l'interphone à mon nom. Il avait offert à ma fille un joli hochet en argent de chez Tiffany, dans un coffret bleu ciel.
Je l'ai revu ensuite à New York, au cours de mon deuxième séjour, avec mes amis C. et A. qui habitaient Montreal à l'époque. Il nous avait fait découvrir le restaurant Balthazar sur Spring Street qui est devenu un de mes lieux préférés ici.
Et puis on s'est retrouvés en 2000 lorsque je suis venu avec P. Il nous avait invité dans son bel appartement de la 106ème rue avec des amis très bobo-gays. P. l'avait beaucoup intrigué par sa beauté et son parfait accent américain et on s'était retrouvés tous les trois à l'Oyster bar de Grand Central autour d'une soupe rustique et d'un plateau magnifique d'huîtres américaines.
On ne s'est pas vus en 2001 car il était bloqué à Londres alors que moi j'étais bloqué à New York...
Et c'est à l'Oyster bar que nous nous sommes retrouvés hier pour déjeuner. Au menu, soupe rustique et plateau d'huîtres américaines, le tout arrosé d'un Sancerre blanc bien français.

15988ème jour

Zorn's day

Donc hier soir, je me suis pointé un peu avant 20h00 Norfolk Street, à la limite de Chinatown et d'Alphabet city, devant ce petit théâtre où une cinquante de personnes faisaient la queue. Population jeune, intello, fauchée, bohême... L'impétrant de cinquante ans, look jeune, pantalon militaire de camouflage 5th Avenue, passe dans les rangs pour faire rentrer gratos quelques connaissances. A vingt heures, tout le monde s'ébranle et, moyennant quinze dollars, pénètre dans ce qui ressemble assez à un garage, avec un bar dans un coin, des petites bougies un peu partout et une scène devant un rideau de velours rouge.
Première partie : Goetia, cinq pièces pour violon seul jouées dans une tension extrême par une fantastique artiste d'origine asiatique. On aurait une sorte de Caprices de Paganini revisités par Boulez.
Entracte
Seconde partie : Necronomicon, cinq pièces pour quatuor à cordes dans un langage proche de Shostakovitch.
Le problème est que pendant la pause-bar, le second violon a joué, pour rigoler, le début de la première sonate pour violoncelle de Brahms, aussitôt rejoint par son collègue violoncelliste qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à Lionel Jospin. Ca m'a détruit. J'ai eu une envie incoercitible d'écouter la belle mélodie lyrique de Brahms et un mal fou à me concentrer sur le Zorn. J'ai même eu envie de quitter discrètement la salle. Puis je me suis dit que les premiers auditeurs de Brahms avaient sans doute aussi quitté la salle pour les mêmes mauvaises raisons et je suis resté stoïquement.
Ce matin, pour me consoler, je suis allé chercher des places au Metropolitan Opera : Tristan demain, le Nozze di Figaro mercredi.

15987ème jour

Don't walk

Ce qui a le plus changé depuis deux ans que je n'ai pas mis les pieds ici, c'est la disparition quasi totale des panneaux WALK / DON'T WALK aux carrefours, remplacés par un piéton d'un blanc étincelant quand on peut passer et une main rouge quand on risque de se faire écraser par un taxi jaune.
Je n'ai pas de guide, car j'ai offert le mien à ma mère à la fin de notre dernier séjour. A ma grande joie, je m'en passe très bien.
Ce matin j'avais pensé me rendre à l'Abyssinian Church de Harlem dont j'ai envie d'entendre le Gospel depuis des années. Il pleuvait des cordes. Je sais qu'il faut faire la queue assez longtemps pour espérer entrer. Je me suis rabattu sur un petit déjeuner américain sur l'Avenue of the Americas. Ensuite j'ai laissé tomber la pluie en m'abritant à Saint Patrick pendant la messe très solennelle et très guindée.
Cet après-midi, je suis allé visiter la magnifique Neue Galerie, petit musée consacré au Jugendstil viennois, et fondé en 2001 par deux mécènes dont l'un n'est autre que le fils d'Estée Lauder. J'ai été subjugué par quelques Klimt qui sont restés pendant tout le vingtième siècle dans des collections privées américaines. Il y a aussi de nombreux dessins et peintures d'Egon Schiele dont son célèbre autoportrait au sourcil froncé et aux lèvres rouges que j'avais déjà vu à Düsseldorf en 1996. Et puis une collection très riche d'objets de la Sécession viennoise : des couverts, des vases, de l'argenterie, du mobilier de Otto Wagner, Adolf Loos, Kolo Moser et de Klimt lui même.
En regardant pour la première fois la fameuse dame au chapeau de plumes noires de Klimt, je me suis pris à rêver à tous ces Klimt détruits au cours de deux conflits mondiaux et perdus à tout jamais, comme ce magnifique portrait de Schubert de profil, dont il reste quelques photographies en noir et blanc.
En sortant du musée je suis allé faire un tour à Tribeca, puis à Chinatown qui n'en finit pas de s'étendre, jusqu'à en étouffer Little Italy.
Ce soir j'ai prévu de me rendre dans un petit Théâtre, le Tonic, pour un concert donné à l'occasion des 50 ans de John Zorn. Le théâtre se trouve dans une partie de Manhattan que je connais peu mais qui m'a toujours attiré : si on considère que Manhattan a la forme d'un pénis au repos (si, si, c'est flagrant, un pénis comme ceux que l'on voit dans les livres d'anatomie; big apple tu parles, megadick oui!), bref, si l'on considère celà, il y a une partie de Manhattan, tout en bas, au bord de l'East River, qui serait en quelque sorte sous le gland. Eh bien cette partie se trouve à l'est de la Première Avenue et elle est pourtant traversée par quatre avenues qui traversent le gland du nord au sud. Et les new-yorkais, plutôt que de les appeler -1, -2, les ont baptisées A, B, C, et D, d'où le nom du quartier : Alphabet city.
J'adore cette ville.

C'est encore hier

Je concluais le dernier post par "A demain". Je n'aurais pas du. Car si vous êtes déjà demain, je suis encore hier. Il n'est que 22 heures ici. Il fait plus doux qu'à Paris. Presque encore l'été même si quelques gouttes de pluies venaient s'écraser sur les vitres du taxi. Cinq jours dans cette ville que je retrouve pour la cinquième fois, vingt ans après ma première visite.
J'ai hâte de quitter l'hôtel, de retrouver naturellement mes habitudes et le chemin de Times square. Cette fois ci, à demain.

15986ème jour

Le tourbillon des jours

J'ai le sentiment que ma vie prend un tour étrange ces temps-ci. J'ai aussi le sentiment de ne pas être très honnête avec ces pages depuis le début de l'année. Je pêche par omission. J'ai du mal à évoquer certains sujets. Je m'interdis de parler de certains autres. Pourtant ces domaines interdits sont un véritable régal, une bouffée d'air frais qui ont rendu cet été inoubliable. Je racontais à mennuie les récentes aventures de mon frère en Auvergne et il ne me croyait pas. J'hésite donc à parler de ça, me disant qu'il y a encore moins de chances d'être cru si je le raconte ici.
On verra bien.
Le temps devrait me permettre d'aborder tout ceci plus sereinement.
En attendant, je m'apprête à déguster une semaine comme je les aime.
A demain.

15984ème jour

Jeudi à onze heures II

Il n'a pas dit Turlututu.
Il n'a pas dit Chapeau.
Il a dit Pointu mais en anglais et hors propos.
Il a souri souvent mais il sourit souvent.
Il a été énigmatique mais pas plus qu'à l'habitude.
Soit je me fais des histoires.
Soit il est très fort et ça l'amuse de me voir jouer avec la banderille.

15983ème jour

Kangourou

Vint l'automne, les jours froids,
Et je compris ce jour, ma foi,
En venant un jeudi,
Que tu allais mourir d'ennui.
J'eus alors du chagrin
De t'avoir ramené de si loin
Sans savoir que ton bonheur,
C'était de vivre au pays de ton cœur.

15982ème jour

Jeudi à onze heures I

Il y a trois ans environ, j'ai commencé à reprendre des cours d'anglais. Je me débrouillais assez bien mais j'avais envie de m'améliorer de façon à être plus à l'aise professionnellement. J'ai eu plusieurs professeurs, une australienne souriante et dilletante, puis une anglaise assez laide et pointilleuse. J'avais le sentiment de peu progresser, puis j'ai eu l'occasion de changer de prof. Je me suis très bien entendu avec le nouveau, irlandais d'origine, très intelligent, malin même, sachant bien aborder ses "étudiants" dans le bon sens. Il adore par exemple nous dire combien nous sommes bons en anglais, ce à quoi je le menace donc de mettre fin à mes cours. Nous avons ensemble étudié beaucoup de sujets qui m'intéressent : Mahler, Bernstein, Wilde, Kipling, des critiques musicales, j'ai répété devant lui des oraux importants.
Avec le temps, je pense avoir vraiment progressé grâce à lui, plus en tout cas que je ne l'aurais imaginé au départ.
Avec le temps, nous sommes devenus amis, même s'il est encore rare que nous nous rencontrions en dehors du jeudi à onze heures.
Avec le temps, j'en sais assez peu sur lui et j'ai l'impression qu'il sait presque tout sur moi.
Avec le temps, je suis de plus en plus persuadé qu'il lit ces pages.
Après tout, il suffit de taper Mahler, Bowie et Flashmob dans Google pour tomber sur moi.
Voilà.
Donc Herr Professor, si vous me lisez, n'hésitez pas à me dire Turlututu Chapeau Pointu lorsque nous nous reverrons jeudi.
A onze heures.

15981ème jour

Lartigue

J'ai enfin vu hier l'expo consacrée à Lartigue au Centre Pompidou que j'avais envie de visiter depuis que la fille aux gants en avait parlé. Etonnant destin que celui de ce grand monsieur qui a embrassé tout le siècle en restant un amoureux du bonheur. L'expo est recouverte de formules dont il avait le secret. J'ai noté celle-ci : "Un bonheur, comme un air de musique, ne vaut que par la capacité qu'on a de l'enregistrer."

15980ème jour

Flashmob #3

Cet après-midi, je suis allé à la troisième flashmob de Parismobs, avec un peu d'appréhension. Je me demandais si ça n'était pas la dernière, celle de Pot-Pidou m'ayant un peu déçu. J'y suis allé cette fois-ci avec mes filles, tout excitées pour leur premier happening.
Il était tout de suite évident que celle-ci serait différente : il y avait affluence devant la petite librairie Shakespeare & Co et le malheureux distributeur semblait totalement paniqué devant autant de bras qui se tendaient. Tout le monde semblait heureux de repartir vers le parvis avec sa craie. Sur place, il est assez facile de savoir qui est flashmober : air branché, sourire en coin, repérages de dalles... Trois jeunes passent dans les rangs et nous refilent avec un sourire entendu un minitract pour une organisation dissidente de Parismobs. A 18h10 c'est parti pour cinq minutes de folie : six-cents, huit-cents personnes plongent au sol pour créer leur oeuvre éphémère. L'une de mes filles se décide pour un éléphant vu de dos. Juste le temps de prendre en photo nos chefs d'oeuvre et la place se vide en un clin d'oeil. Aucun touriste ne cherche à résister à la poussée d'une foule bon enfant. Tout le monde attend dans le silence. Un mec souriant se fait un tour de stade en courant acclamé par une foule hilare. Les cloches sonnent pile à l'heure. Tout le monde s'en va en se bouchant les oreilles et en gémissant de douleur.
Avec mes filles, nous regardons quelques dalles. Certaines sont assez drôles : "J'ai la dalle", "Faites l'agraire, pas Labour"... Mes filles ramassent quelques craies qui traînent et refont quelques dessins. Deux flics totalement dépassés me demandent sur un ton sévère qu'elles cessent immédiatement. Sourire.
A bientôt Monsieur Parismobs.

15979ème jour

Accessoires et apparences

L'autre jour en attendant m@nu qui faisait sa déclaration au commissariat, on s'est baladés avec mennuie près du parvis du Centre Pompidou. Il y avait une boutique d'accessoires débiles encore ouverte et nous sommes entrés car je cherche un balai de chiottes. Je n'en ai pas trouvé un qui me plaise, si tant est que ce type d'objet puisse plaire. En revanche il y avait une jolie bouteille à savon liquide avec un petit robinet poussoir. Je cherchais ça depuis longtemps parce que, il y a plus d'un an à Manosque, dans un restaurant, j'avais utilisé du savon de Marseille liquide parfumé à l'huile d'olive et à la lavande et j'avais trouvé ça vraiment formidable. J'en avais cherché à Paris pendant des mois avant de trouver ça par hasard dans une boutique... d'ammeublement. Il me restait à trouver le flacon et celui de la boutique de Beaubourg est parfait puisqu'il est composé de deux compartiments, un pour le savon proprement dit, et un autre rempli d'un liquide fushia. Oui fushia. Et dedans nagent deux petits cochons. Hmmm... Bref, c'était l'objet incontournable dans ma salle de bains.
Il a aussi un effet amusant. Lorsque le flacon est vide, le compartiment fuschia est parfaitement visible, bien délimité. Dès que l'on remplit l'autre compartiment de savon, on a l'impression que tout le flacon contient un liquide fushia.
C'est un peu ma vie tout celà... Elle est compartimentée de sections relativement étanches. Et pourtant chaque domaine donne une couleur différente aux autres. Rares sont mes amis qui ont accès à plusieurs d'entre eux. Et puis il y a le compartiment blog. En le remplissant, j'ai l'impression de donner une vision plus globale de ma vie, mais celle-ci n'est sans doute qu'une autre apparence.

15975ème jour

Promenade près d'Ivry

Ce soir je me baladais avec m@nu et mennuie dans une rue très étroite de la rive gauche, lorsqu'une petite voiture décapotable s'est approché de nous en faisant des appels de phare. Le conducteur, pas tout jeune, s'arrête à notre hauteur et nous dit : "Il ne faut pas vous promener comme celà au milieu de la rue, il y a des policiers partout dans ce quartier." Je lui ai répondu : "Mais Monsieur Gitlis, celà serait un vrai bonheur que de se faire écraser par vous!"
Le conducteur m'a regardé en souriant et il s'est éloigné.

15973ème jour

Point J

Nous sommes partis très vite, nous avions tout juste le temps de parcourir en voiture la longue rue Lafayette pour atteindre la gare de l'Est. Aussi c'est en courant que nous avons descendu la rue de Rome. En arrivant devant la gare Saint Lazare, nous avons vu cette affreuse publicité pour les pages jaunes qui illumine le haut d'un immeuble près de la rue du Havre : Pages jaunes écrit en lettres jaunes immenses avec un grand J jaune surmonté d'un gros point jaune.
Mais ce soir, la lune était là. Et son disque plein, que j'étais allé admirer au dessus des voies de Saint Lazare il y a vingt-neuf jours, a été tout juste recouvert par le gros point jaune en néon. Et timidement éclipsée par ce disque artificiel, la lune nous a guidé tout au long d'une jolie soirée pleine de rencontres inattendues, de chansons arrosées et de verres musicaux.

15971ème jour

Puzzle

Cet après-midi, j'ai eu nin au téléphone. On avait prévu de se voir ce soir pour un verre au café rouge. C'est d'ailleurs du café rouge que tout est parti. Ce café rouge dont elle parle si souvent dans son blog et qui est apparemment près de chez moi. Elle m'a vite avoué que c'est elle qui l'avait baptisé le café rouge. Et puis elle m'a envoyé un SMS cet après-midi pour me dire qu'elle préférait reporter notre rencontre à la semaine prochaine.
Je l'ai rappelée. J'avais envie d'entendre le son de sa voix. Nous avons parlé de nos blogs bien sûr. Je me souviens avoir comparé les blogs des inconnus à des puzzles dont le nombre de pièces est immense mais dont nous ne possèderions qu'une faible partie. Certaines zones nous seraient connues de façon détaillée, quelques autres fragmentairement et la plupart resteraient vides et mystérieuses.
C'est d'ailleurs de ce mystère que nait ma fascination pour les blogs.
Aussi, même si dans le blog de nin, je suis attiré par nos points communs, la fascination pour la mort, Marlene Dietrich, Barcelone... ce sont toutes les questions sans réponse qui m'attirent d'avantage.
C'est donc presque avec soulagement que j'ai appris le report de sa visite, finalement content de laisser durer le mystère. Et puis nin vient de me rappeler. ELle a changé d'avis. Elle arrive. Je l'attends.
Tant mieux.
Si j'aime le mystère, j'aime encore plus l'imprévu.
Elle a la nostalgie des futurs non composés. J'ai l'impatience des futurs inattendus.

15970ème jour

Il y a deux ans

J'ai reçu ce matin une lettre de ma mère qui commence en disant : "Le 11 septembre approche. Il y a deux ans déjà! Nous vivions à New York ces heures historiques. Je voulais par ces quelques lignes te dire que je n'ai pas oublié ces moments là. Ils resteront garvés dans ma mémoire pour toujours." Ce qui m'a vraiment fait plaisir c'est que maman, pour une fois, reconnaisse simplement un peu de bonheur sans jouer avec ses sentiments.
Et puis c'est vrai, le 11 septembre a cette particularité que tout le monde sait exactement ce qu'il faisait à ce moment précis et qui lui a annoncé la nouvelle. Je tiendrai ma promesse de l'emmener de nouveau là bas dans deux ou trois ans pour l'inauguration du nouveau World Trade Center.

Au viol

En rentrant du bureau ce soir, je me suis arrêté devant un kiosque de l'avenue de la Grande-Armée pour acheter le VSD de la semaine dernière et Courrier International également de la semaine dernière. Ne me demandez pas pourquoi, c'est comme ça.
En revenant à la voiture, une assez vieille dame (entre 80 et 90 je dirais) vêtue d'un ensemble chanellisant rose pâle m'aborde et me demande carrément si, par hasard, je ne me rendrais pas place des Ternes. Je n'y allais pas vraiment mais par amusement j'ai dit oui. Et puis aussi dans l'espoir de vous rapporter un moment étonnant. Au final pas grand chose, plutôt moins que lors de cette soirée à l'opéra. Au volant, j'imaginais des dents avariées sur mon sexe dressé, une culotte fraîche recouvrant des fesses flasques, mais non rien de tout celà ne s'est produit. Juste un banal compliment sur le tableau sobre de la lada. Et en quelques minutes j'ai déposé mamie rose là où elle l'avait souhaité.

15969ème jour

A Rotterdam ou à Rio

Je ne réponds jamais aux appels dont je ne reconnais pas le numéro. J'ai pourtant fait une exception la semaine dernière car une longue suite de chiffres s'est affichée sur l'écran de mon Nokia. J'ai été très intrigué par le fait qu'elle commençait par +63. Et j'ai craqué. Et j'ai répondu. Je ne l'ai pas regretté.
Un ancien collègue dont je n'avais pas eu de nouvelles depuis au moins 7 ans m'appelait depuis Manille où il travaille maintenant. Il me proposait tout simplement de rentrer dans sa nouvelle boîte pour un poste basé à Paris mais demandant de passer l'essentiel de son temps dans des avions entre l'Europe du sud, le Maghreb, le Moyen-Orient et l'Amérique du Sud. Je ne sais pas si j'aurai les couilles, mais je suis très tenté.
A part ça, un message personnel pour mennuie : nous n'avons pas rangé mon appartement en vain hier soir.

15967ème jour

Un avant-goût

Ce soir les Bowie's fans de toute l'Europe étaient invités dans leur cinéma de quartier pour suivre en live le concert londonien de leur idole qui présentait en exclusivité son futur disque Reality. La salle parisienne était le MK2 bibliothèque. Tous les billets ayant été vendus dès la première matinée, le MK2 avait décidé d'ouvrir toutes les autres salles du complexe à l'événement.
A l'heure dite, la foule des grands jours s'agglutine dans le hall d'entrée. Grâce à M@nu, je suis dans la salle A, la plus prisée car elle a été prise d'assaut par les vrais fans. A 21 heures Bowie apparait, pantalon gris, mèche rebelle, blouson kitsch qu'il ôtera pour laisser voir un tee-shirt sobre à rayure tennis et simplement marqué Reality. Les deux premières chansons sont couvertes par les huées de la salle. Le son est indigent, le format 16/9 est visiblement aplati en 4/3. Il faudra dix bonnes minutes pour que tout redevienne normal, l'immense écran de la salle se recouvrant même à un moment du panneau de télécommande du projecteur. Cocher la bonne case : A : 4/3 - B : 16/9.
Heureusement tout redevient normal. Bowie accompagné par le band de rêve qui est le sien depuis l'an 2000 nous offre tout Reality. Le son est plus dur, plus rock que dans Heathen. Je sais déjà que j'aimerai cet album, qu'il m'accompagnera toute cette fin d'année.
Entracte
Des questions insipides sont posées à Bowie par un participant de chaque cinéma en Europe. Du genre : Quel est votre film de James Bond préféré? Qu'est devenu votre danois? (le chien). J'ai souvent du mal à comprendre ce qu'il répond tant il parle vite.
Quelques chansons en deuxième partie Hallo spaceboy, Modern Love, dans une version très speed par rapport à l'original d'il y a vingt ans, Cactus et de nouveau New Killer Star, la première chanson de Reality.
Voilà, c'est déjà fini. Par un petit caprice de la vie comme je les affectionne, c'est à Nice que je reverrai le dandy anglais le 10 novembre.

15966ème jour

Conjonction

Dans l'un des tous premiers posts de ce blog, j'avais fanfaronné autour d'une des questions d'Ardisson et sur le fait que je n'aie ni besoin d'aimer pour faire l'amour ni besoin de faire l'amour pour aimer.
L'un des avantages de la chronique quotidienne est de constater sa propre évolution.
Ce que je disais alors reste vrai.
Ce qui est nouveau, c'est que j'aimerais vraiment que survienne, pour la premiere fois depuis quatre ans, une vraie conjonction.

15964ème jour

Cumul

J'ai commencé ma vie professionnelle il y a fort longtemps chez un grand constructeur informatique américain. La première année était uniquement une formation à la vente et à l'informatique. Au cours de celle-ci, nous avions eu la visite d'une représentante de la DRH qui était venue nous faire l'article et nous décrire les avantages merveilleux dont nous allions désormais bénéficier dans la mesure où nous suions désormais pour le nirvana des employeurs.
Au cours de sa présentation, elle nous avait indiqué notamment les jours d'absence autorisés par la convention collective et les accords d'entreprise : mariage, déménagement, naissance d'un enfant, décès d'un ascendant ou d'un descendant.
J'avais levé le doigt et demandé : "pour un mort-né, est ce que l'on peut cumuler?"
Il y avait eu comme un froid.

15963ème jour

Le coût de l'euro

On s'est bien marrés avec mennuie ce soir en regardant sur Téléachat un couple de vendeurs émérites qui nous proposaient d'acheter des euros. Trente euros la panoplie complète des euros finlandais, 28 euros la pièce de un euro monégasque (même prix pour celle de deux euros), etc etc... La vendeuse avait des gants doux et blancs pour nous montrer les fameuses pièces qui ne sont quand même que des euros.
Ceci m'a rappelé une article étonnant publié dans Accor Magazine, la revue du groupe Accor :
FLASH
Combien coûtent les euros?
Prix de revient (arrondi (sic!)) des pièces de monnaie européennes :
2€ : 1,10 €
1€ : 86,5c
50c : 44c
20c : 41c
10c : 31c
5c : 20c
2c : 17c
1c : 14c

J'ai immédiatement imaginé le gouverneur de la BCE commander 300 millions de pièces de un centime. Une bonne affaire.

Je suis le seul à trouver cet article débile?

15962ème jour

La troisième de Boulez

J'étais aujourd'hui à Marseille et avant de reprendre mon train, je suis passé au Virgin's de la rue Saint Ferreol. Et j'y ai trouvé le CD de la Troisième Symphonie de Mahler dirigée par Boulez en 2000 avec les Wiener Philharmoniker. J'attendais cette parution depuis longtemps, d'abord parce que Boulez est définitivement un grand mahlerien, mais aussi parce que je me trouvais à Vienne avec P. le jour de ce concert. J'avais désespérément essayé d'obtenir des places devant le Musiverein. L'idée d'aller à l'hôtel de Boulez quémander des places m'avait traversé l'esprit, mais je déteste effectuer ce genre de demande.
P. était sans doute plutôt content que je n'aie pas de place, un peu effrayé à l'idée d'affronter l'une des plus longues symphonies de tout le répertoire, mais moi j'en ai gardé une frustration durable que l'écoute de ce disque exceptionnel est en train de peu à peu effacer.

15961ème jour

Pot-Pidou

J'ai participé ce soir à mon deuxième flashmob. Il s'agissait ce soir d'un ballet de parapluies sur la piazza Beaubourg alors que la lumière du soleil était particulièrement belle. J'aimais bien l'idée de chanter une sorte de mélopée en tournant autour du pot. Pourtant je n'ai pas retrouvé la magie de la flashmob du Louvre, de ces 200 êtres debouts qui s'écroulent comme un seul homme sur le marbre lisse. Lassitude de ce qui n'est déjà plus une première? Manque d'enthousiasme des participants qui n'avaient pas tous réglé leur montre et qui visiblement n'aiment pas chanter? Trop grande sophistication d'un scénario? Je ne sais...
Pourtant, j'ai envie de recommencer, de retenter ma chance dans ces moments sans raison de folie légèrement surréaliste. Là où certains voient la critique, temps perdu, art de l'inutile, panurgisme, je vois pour ma part un moment rare de pouvoir exprimer un peu de la poésie de la vie.

15960ème jour

Le coût de la vie

Cet après-midi je ne sais très bien pourquoi je suis allé voir ce film. Ah si! parce qu'il passe juste à côté de chez moi. C'est typiquement le genre de film totalement inutile, la comédie française gentiment jouée et au scénario nettement faiblard. J'ai souvent regardé ma montre et rarement ri. Voir Fabrice Lucchini assis sur des chiottes et tenter de vider ses intestins malgré une constipation féroce ne suffit pas à me faire hurler de rire.
J'ai souri une fois : lorsque le grand patron lyonnais, joué par Claude Rich, rentre dans la pièce où son majordome est occupé à repasser ses slips. Ce dernier écoute le premier air de Leporello du Don Giovanni de Mozart et ce détail subtil m'a vraiment fait sourire.
Je doute qu'il ait été ne serait-ce que perçu par de nombreux spectateurs, mais il aurait presque suffit à me contenter.
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