17146ème jour

Mon rêve préféré

Souvent je rêve que je vole. Je tends juste les bras et je reste suspendu dans les airs. Je sais que je suis parfaitement heureux dans ses moments là, libéré de tout, planant dans un monde idéal. Curieusement, je ne me souviens jamais de ce rêve au réveil. C'est quelques jours plus tard qu'il revient à ma mémoire. Avec les terrifiants pépins de la réalité.

17145ème jour

Aller retour

Lever à 5h30. Roissy. Départ par le vol de 7h35. Arrivée à l'heure à Birmingham. Un chauffeur de taxi m'attend avec un panneau. Quarante cinq minutes d'autoroute. Je somnole à l'arrière. Quelques heures de réunion avec au milieu une pause lunch avec des fromages britanniques étranges, dont l'un est vert petit pois. On finit à l'avance. J'ai une chance d'attraper le vol de 17 heures. Je dors de nouveau à l'arrière du taxi qui me ramène à l'aéroport. Il faut se déchausser pour passer le contrôle des bagages cabine. L'agent de sécurité me félicite pour mes chaussures Paul Smith. Je dors de nouveau dans l'avion. Roissy. Je ne sais plus très bien combien j'ai d'heures de sommeil à rattraper de ces derniers jours.

17144ème jour

Jubilatoire? Vous avez dit jubilatoire?

D'après grey mondain, Shortbus est un film jouissif et jubilatoire. D'après Derrière le paravent suédois, Shortbus est un film jubilatoire. Neimad quant à lui l'a trouvé jubilatoire. Zvezdo le juge jouissif et tonique.
C'est toujours tentant, un film jubilatoire et je l'ai donc vu il y a quelques semaines. Il est plein de qualités (sa liberté de ton, sa vision débridée et sans complexe du sexe, un démarrage sur les chapeaux de roues) et plein de défauts (sa manière de tourner en rond assez rapidement, sa fin hyppie-utopiste) mais surtout, je l'ai trouvé tout ce qu'on voudra sauf jubilatoire. Les personnages ont tous en commun de baiser beaucoup, jusqu'à l'obsession, mais surtout sans jamais parvenir à être satisfait. Et loin de le trouver jubilatoire j'ai plutôt ressenti son pessimisme, d'autant plus qu'on ne peut croire en sa fin. Ce film m'a fait penser à cette phrase d'Edmund White de déjà citée ici : la quête amoureuse est fort mélancolique.

17143ème jour

Intégrales

En attendant 2010 et 2011 qui seront les années de tous les dangers, des intégrales Mahler sont régulièrement données de par le monde, quasiment chaque année. J'ai pour ma part participé à quatre d'entre elles. Celle donnée au Chatelet en 1986, à laquelle participaient de très nombreux orchestres du monde entier. La Mahlerfeest d'Amsterdam de 1995 avec la participation des Philharmoniker de Berlin et Vienne et bien sûr du Concertgebouw, une très belle intégrale à Berlin en 1999 au cours de laquelle a été enregistrée la sublime Neuvième d'Abbado et celle plus récente de Myung Whung Chung dont je n'ai entendu qu'une médiocre Deuxième. Le 1er avril prochain démarrera une nouvelle intégrale à la Philharmonie de Berlin, ma première mono-orchestre, puisque entièrement interprêtée par la Staatskapelle de Berlin. Pierre Boulez en dirigera les symphonies paires plus la Troisième, Daniel Barenboim les symphonies impaires, le Chant de la terre et les cycles de Lieder.
J'ai reçu samedi dans une enveloppe timbrée Unter den Linden un bel accordéon de deux fois 7 billets pour toutes les symphonies de la Deuxième à la Huitième incluses.

17142ème jour

Le vendredi 24

Un de mes collègues britanniques devant participer à cette réunion importante a été bloqué à Roissy hier suite à l'annulation de son vol. British Airways lui offre une nuit au Hilton. Je l'appelle depuis mon hôtel de Lancaster Gate et on travaille par téléphone. Tard dans la nuit, je découvre sur le site de la SNCF qu'il y a encore des places sur le premier Eurostar du lendemain et que cette solution est de loin préférable au vol vers Birmingham qu'il a initialement prévu. Il est deux heures en Angleterre, trois heures en France. J'hésite, puis je l'appelle. "I couldn't sleep! me dit-il. There is a girl in the neighbour room, she's been screamin like a porn star all the night". Je lui explique mon plan, il l'accepte. You can sleep for one hour and then, you must leave for Gare du Nord! lui ai-je dit hilare.
Et ce matin il était à huit heures à Waterloo. Je l'ai conduit jusqu'à Brighton, selon mon itinéraire maintenant bien connu.

17141ème jour

Les taxis londoniens

J'ai une grande admiration pour l'organisation des taxis londoniens, leur capacité à faire demi tour en une rue étroite, la séparation d'avec le conducteur, la possibilité d'y entrer à cinq passagers et surtout la facilité de prendre en charge les voyageurs dans les gares et aéroports, sans que le chauffeur ne doive sortir pour ouvrir le coffre. Je suis surpris qu'aucun pays n'ait copié les anglais pour ce qui est à mes yeux une magnifique invention.

17140ème jour

Manque

Trop de journées passées à travailler de 9h00 le matin jusqu'à tard dans la nuit... dix heures, minuit, parfois deux heures... Le sentiment que la vie ne se ponctue que par le travail et un peu de sommeil... L'envie que ce vendredi 24 marqué depuis longtemps dans l'agenda soit enfin passé.

17137ème jour

Coq en stock

Après une intense journée de travail, j'invite ce soir deux collègues britanniques à dîner dans mon ancienne cantine, le bistro d'à côté. L'un deux choisit un coq au vin. Le serveur, fier de son anglais, imperturbable, lui demande: "What do you want with your coq?" Ils ont eu du mal à s'en remettre.

17136ème jour

Le miasme et la jonquille

Ce matin, comme souvent en ce moment, je gare la lada vers 7h00 du matin au parking de la gare du Nord avant de prendre l'Eurostar. Je me gare au 7eme sous-sol, au même endroit qu'à l'habitude, pour ne pas avoir à chercher ma voiture partout au retour. Comme d'habitude, je pousse la lourde porte jaune ouvrant sur le couloir menant aux ascenseurs. Il y a une odeur terrible, intenable. Au pied de l'un des murs du couloir, une merde noire. Elle est là depuis plusieurs jours, au vu de sa couleur. Elle est énorme, mais on ne saurait dire si elle est d'origine animale ou humaine. Je passe en apnée pour atteindre les ascenseurs. Les hauts-parleurs diffusent très fort un menuet, une musique du 18eme siècle, joyeuse et incongrue, qui apporte toute son absurdité à ce moment matinal.

17135ème jour

Une autre Gran Partita

Cette année m'aura vu accumuler les versions de la Gran Partita. A celle de l'Academy of Saint Martin in the Fields, que j'avais depuis fort longtemps, sont venus s'ajouter la version historique de Fürtwangler avec quelques Philharmoniker, celle sur instruments anciens de l'ensemble Philidor, les deux versions par des membres de la Philharmonie de Berlin, celle sans chef et celle avec Zubin Mehta, celle de l'ensemble Orpheus, celle de l'ensemble Fidelio avec Armin Jordan et surtout, la version qui les surpasse toutes, celle du Nederlands Blazer Ensemble.
J'ai rajouté une version à cette liste déjà longue, une nouvelle interprétation par les London Winds qui a la particularité d'avoir pour treizième instrument non pas une contrebasse, mais un contrebasson. Mais je dois avouer que la raison de cet achat est essentiellement la couverture du CD, photographie qui figurait sur les programmes de la saison 2006-2007 du Rotterdams Philharmonish Orkest et qui représente la bouche de Joost Bosdijk, qui pourtant ne participe pas à cet enregistrement, et avec qui j'ai eu le plaisir d'échanger quelques mots sur la scène du Concertgebouw.

17134ème jour

Un jour à Colombo

Il y a quelques années, j'étais au Sri Lanka et j'ai visité la capitale Colombo pendant une journée. Il y a peu de choses à voir à Colombo et je me souviens surtout des temples hindous, sorte de grands gateaux multicolores et joyeux. Alors que je les observais, un mendiant s'est approché de moi et pour toute demande, il a placé à quelques centimètres de mes yeux les deux moignons qui terminaient ses bras. N'aimant guère ce genre de pression, j'ai réussi à m'en débarrasser sans rien donner. De retour à ma voiture, probablement par hasard, il était installé devant la porte. Il se lève, me laisse passer, je m'installe et, la fenêtre étant ouverte, il y passe ses deux bras sans main afin de les mettre de nouveau devant mon visage. J'ai remonté la vitre. Les deux bras montaient avec elle et ils les a retirés lorsqu'il n'y avait plus de place pour eux. Je garderai longtemps marqué dans mon souvenir cette terrible vision.

17133ème jour

Mon voisin du concert Jarrett

Il y a longtemps que je le connais de vue. Il était jadis vendeur à la fnac Montparnasse. Au rayon classique bien sûr. Avec le temps, ses abondants cheveux frisés se sont mis à grisonner. Il a souvent une écharpe en laine autour du cou du genre "tricotée par maman". Il vient toujours seul aux concerts, mais y bavarde avec de nombreuses connaissances. Je le vois à tous les concerts parisiens auxquels je me rends. Et je me demande donc s'il choisit uniquement les mêmes concerts que moi, ou si lui, y va tous les jours. Cette deuxième hypothèse est sans doute la bonne.
Et alors que j'étais sagement assis au deuxième rang du premier balcon de Pleyel pour le récital de Keith Jarrett, il est arrivé et s'est asssis à côté de moi. Je n'ai rien dit. Et à la fin de l'entracte, alors que nous retrouvions nos places respectives, j'ai osé le premier mot qui a entraîné cet échange surréaliste:
Moi (timide): Je peux vous poser une question?
Lui (très étonné) : Euuuuh Oui?
Moi (toujours timide) : Vous étiez vendeur à la fnac Montparnasse n'est ce pas?
Lui (interloqué) : Ah non! Pas du tout!
Moi (muet) : ...
Lui (méprisant) : D'ailleurs je crois ne jamais avoir mis les pieds à la fnac de ma vie...
Moi (avec l'impression d'être très bête, voire collant): Oh je suis vraiment désolé je dois confondre... En revanche, je suis vraiment sûr que vous allez très souvent au concert à Paris...
Lui (gêné de devoir le reconnaitre) : Oui en effet...
Moi (soulagé) : Et vous devez aimer profondément Mahler, car je vous vois souvent à des concerts Mahler...
Lui (dubitatif) : Oui c'est possible... D'ailleurs, j'étais aux trois concerts Mahler de Barenboim au Chatelet il y a quelques semaines.
Je lui ai confessé que je n'y étais pas allé car après deux tentatives (une Cinquième et une Neuvième avec l'orchestre de Chicago) j'en ai déduit que Barenboim, même s'il est un très grand chef, ne comprend rien à l'esprit de Mahler. On en est resté là. Il m'a expliqué que s'il n'était jamais allé à la fnac, c'est parce qu'il déteste le disque et les enregistrements en général. Il m'a paru souffrir également en concert et notamment des applaudissements, auxquels il ne participait jamais et pendant lesquels il se bouchait les oreilles, semblant ressentir une réelle souffrance. On s'est quittés poliment à l'issue du concert et on se saluera sans doute de loin de temps à autres...

17132ème jour

Mes petites contrariétés III

Paris-Heathrow-Tewkesbury-Londres-Gatwick-Brighton-Heathrow-Linate-Milan-Linate-Paris.
Arrivée à Brighton à deux heures du matin dans la nuit de mardi à mercredi.
Arrivée à Milan à minuit mercredi soir.
Arrivée à Roissy à 23 heures jeudi soir.
Autoroute A1 fermée
Porte de Bagnolet.
Péripérique nord fermé.
Chez moi à une heure du matin.

17131ème jour

La baise absolue

Pendant mon week end à Barcelone, on reparlait d'oreille absolue avec Alban Berg, et je lui confessais que j'abandonnerais volontiers le sexe pour le restant de mes jours en échange de l'oreille absolue. Il en parlé avec ses collègues de l'orchestre qui ont été surpris d'un tel choix et n'y souscrivaient semble-t-il en aucun cas. De fait, je ne sais plus trop s'ils s'agissait de collègues n'ayant pas l'oreille absolue et qui refuseraient d'obtenir ce don en échange d'une abstinence définitive ou si, au contraire, des musiciens à l'oreille absolue l'auraient volontiers abandonnée pour (re?)commencer à baiser à satiété.

17130ème jour

Mes petites contrariétés II

Après m'être levé à 6h00 pour attraper le vol Paris Londres de 8h00, après avoir roulé pendant deux heures vers l'ouest, après une journée de travail dans les Cotswolds, je devais me trouver le lendemain à Brighton. Mes collègues m'avaient proposé de faire la route ensemble le lendemain, mais moi, j'avais en tête de passer la soirée à Londres. Vers 19h30 je reprends le volant de mon horrible Ford Fiesta (j'ai bien évidemment ouvert en premier la porte passager), et je suis parti sur l'autoroute. Il n'y avait rien de plus simple, 5 miles en direction de la Cornouaille, sortie Cheltenham, direction Oxford jusqu'à Oxford, puis direction Londres jusqu'à Londres. Je suis arrivé à Londres vers 21h00. J'ai regardé avec mépris quelques hôtels de banlieue, puis, sans plan, je me suis un peu égaré vers Saint Paul et la City, puis j'ai rejoint le Novotel où j'ai déjà résidé près de Waterloo Station. L'hôtesse d'accueil m'a proposé une chambre à 155 Livres alors que je paye d'habitude 90 Livres, je l'ai regardé avec condescendance et je suis parti. J'ai tenté ma chance au Shaftesbury Hotel où je descendais parfois -complet- puis au Strand Palace, vieux machin poussiéreux et immense -complet-. Vers 23 heures, j'en ai eu assez et je suis parti en direction du sud avec l'idée de trouver un hôtel près de Gatwick. J'ai repris la route de la banlieue sud, celle qui me fait penser à Damien Rice et que je pourrais faire désormais les yeux fermés. A Gatwick, il y a une quinzaine d'hôtels du plus simple au plus luxueux, je les ai tous visités pour avoir la même réponse. "Sorry Sir we're fully booked". Je commençais à m'énerver, à beaucoup m'énerver même, et j'avais envie d'être agressif avec ces malheureux employés qui n'y étaient pour rien. J'ai repris la route. Je me suis arrêté une dernière fois sur la M23 entre Gatwick et Brighton, à une sortie où se tenait un panneau hotel. J'ai roulé dans la campagne anglaise dans la nuit, quelques lapins fuyaient devant les phares et puis j'ai renoncé. J'ai repris la M23 et je suis allé jusqu'à Brighton. Je suis allé directement à l'Old Ship, un vieux vaisseau victorien au charme désuet où j'avais déjà résidé la dernière fois. Il restait une chambre. Je l'ai investie et le suis écroulé sur mon lit. Il était deux heures du matin en Angleterre, trois heures en France.

17129ème jour

Francescobaldi

Le concert avait lieu à la Scène Bastille, un endroit un peu improbable, près de la rue de la roquette, où sont organisés des concerts pops, rocks, électro et des soirées... Trente minute avant le début du concert, il y a déjà une trentaine de personnes attendant devant la salle. Le public est assez étrange, inclassifiable, avec probablement une large proportion d'invités d'Abeille musique qui organise le concert. A 21h00 précises, Yves Riesel introduit le concert en rappelant plaisamment le Théâtrophone qui permettait de suivre la représentation de l'Opéra depuis chez soi et en direct, fort appréciée par Marcel et en quelque centre l'ancêtre de la diffusion par Internet du concert de ce jour. Francesco Tristano Schlimé entre en scène pour nous offrir les douze toccatos de Girolamo Frescobaldi extraites des Toccate d’intavolatura di cimbalo e organo, partite di diverse arie e corrente, balletti, ciaccone, passaghagli de 1615. Claveciniste et organiste, titulaire pendant plus de trente ans de l’orgue de Saint-Pierre de Rome, Frescobaldi est un être à part dans la musique. Dans son interview donnée à Abeille Musique, Francesco Tristano Schlimé souligne que dans la préface à son édition Al lettore, Frescobaldi donne à l’interprète une grande flexibilité rythmique, une liberté absolue d’ornementation et indique que les différentes sections des toccatas peuvent être jouées plusieurs fois, ou carrément éliminées.
Pendant l'heure du concert, Francesco Tristano Schlimé utilise totalement cette liberté puisqu'il insère entre chacune des toccatas ses propres improvisations. Au cours de la seconde partie, c'est le Schlimé DJ qui revint sur scène, derrière des platines où il mixe des musiques électroniques des vbruits de la nature et des extraits du concert qui précède. Tout de noir vêtu, ses longs cheveux bouclés rangés par un serre tête et colorés de mauve par les projecteurs, concentrés sur son travail, Francesco à l'air d'un extra terrestre aux comandes de son vaisseau musical.
Le concert de ce soir peut être écouté sur le site d'Abeille musique.

17128ème jour

Petites évolutions

Au cours de ces trois jours passés à Barcelone, j'aurai entendu trois fois le même concert Sor Beethoven Haydn Brahms. Il est toujours passionnant d'entendre les mêmes oeuvres depuis différentes places de la salle, mais aussi, de tenter de discerner les évolutions dans l'interprétation et le plus souvent, l'amélioration permamente au cours du temps. Il y a aussi les petits détails que l'on peut observer. Pour le concert du samedi soir, Paul Goodwin, qui avait probablement jugé suffisante sa taille naturelle, a fait supprimer l'estrade sur laquelle il officiait la veille. Et le soliste, Alexei Volodin, a quant à lui troqué son frac pour une redingote noire ras du cou similaire à celle des musiciens de l'orchestre.

17127ème jour

Le musée Picasso de Barcelone

Il y a fort longtemps que je souhaitais visiter le musée Picasso de Barcelone, hébergé dans une belle batisse du Barrio Gotico. Les oeuvres exposées sont pour la plupart de la jeunesse de Picasso dans ses périodes précubiques et elles permettent de mieux comprendre comment le peintre catalan en est venu à abandonner la technique traditionnelle pour devenir Picasso. J'ai été très étonné par ce long de processus de tatonnement de Picasso, à partir de son arrivée à Paris. Et on peut admirer dans le musée du Picasso ressemblant à s'y méprendre à du Toulouse Lautrec, mais aussi des tentatives pointillistes à la Seurat, et bien d'autres encore. Et puis il y a l'ensemble des ménines, particulièrement étonnant, qui m'a incité à relire cette page passionnante de la Boîte à images consacrée à l'original de Velazquez.

17126ème jour

Sor, Beethoven, Haydn et Brahms par l'orchestre de Barcelone

Retour à l'Auditori pour un concert dirigé par Paul Goodwin et consacré à des oeuvres de la fin du XVIIIème siècle et aux variations sur un thème de Haydn de Brahms. Le concert démarre par une oeuvre de Fernando Sor, compositeur né à Barcelone dont je ne connaissais guère que le nom, qui était également chanteur et guitariste et qui est mort à Paris le 8 juillet 1839 et enterré au cimetière de Montmartre. La Troisième Symphonie interprétée ce soir est une oeuvre de neuf minutes, plutôt agréable à écouter, et dont l'inspiration se rapproche des oeuvres de jeunesse de Rossini ou des symphonies à cordes de Mendelssohn. Suivait le Deuxième Concerto pour piano de Beethoven, sans doute le moins aimé des cinq, dans une belle interprétation d'Alexei Volodin, en particulier dans la fin du mouvement lent, amené vers une perspective presque statique, dans un pianissimo d'une subtilité et d'une beauté magnifiques. Après l'entracte, Paul Goodwin dirige la 99ème symphonie de Haydn, univers dans lequel il semble particulièrement à l'aise. Cette symphonie pourrait elle aussi s'appeler La surprise tant Haydn se délecte à y insérer des passages inattendus, comme l'ouverture avec ses timbales tonitruantes, ou la fausse fin dans le finale. Le concert se terminait avec les fameuses variations sur un thème de que j'ai eu beaucoup de plaisir à entendre pour la première fois en concert. Paul Goodwin les a hélas entrainées plus près de Haydn que de Brahms, avec des cordes sans vibrato et un son un peu fragile, manquant du gras et de la profondeur qui sont habituellement la marque de Brahms.
Un des aspects amusants de ce concert était l'attitude du chef. Paul Goodwin, ancien hautboïste de l'Academy of Ancient Music, prend un plaisir manifeste à son nouveau métier de chef, et il le montre. Dirigeant sans baguette, il sourit en permanence, abuse de grands gestes théâtraux censés impressionner le public mais sans doute bien peu efficaces pour la plupart. Sa très haute taille (probablement deux mètres) et sa maigreur sont accentués par sa longue redingote noir ras du cou. Il sautille en dirigeant, tentant de dégager une energie pas toujours communicative. Il salue le public en mettant sa longue silhouette à angle droit, mais le plus amusant est sa façon de faire lever les musiciens pour les saluts. Il a un premier geste de préparation du genre "vous allez voir, je vais y arriver!" puis lance ses grands bras vers le haut, comme un prestidigateur qui va faire apparaitre des lapins dans quatre vingt chapeaux. Et il est si content d'y être parvenu que le public aurait mauvaise grâce de ne pas l'applaudir.

17125ème jour

Un récital à Radio France

Ma dernière visite au studio Sacha Guitry de la Maison de la Radio remonte sans doute à une quinzaine d'années pour une émission sur la dernière année de la vie de Mahler à laquelle participait HLG. Le décor très années 50 n'a guère changé avec les sièges qui grincent, les horloges Radio France au disque lumineux rouge et la grande vitre des techniciens qui dominent le studio. Ce soir c'est un jeune pianiste de 21 ans qui était l'invité de France Musique. Il entre en scène, souriant mais la démarche encore timide. Troisième lauréat du concours Beethoven l'an passé, il démarre naturellement par une sonate de Beethoven, la deuxième de l'opus 10. Il est fascinant de le regarder jouer. Sans partition, il est totalement immergé dans la musique qui, comme il le confirmera après le concert, représente pour lui une histoire. Et l'histoire se lit aisément sur les traits de l'interprète qui expriment parfois la joie, la douleur, l'étonnement mais toujours le bonheur de jouer. Son Beethoven, impeccable techniquement, m'a semblé tiré vers Haydn, ce qui est fort défendable musicalement pour une sonate de jeunesse, mais avec peut-être un peu trop de maniérisme. Suivaient les variations de Franz Liszt sur le thème de la cantate BWV 12 "Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen" (l'un des plus beaux titres de l'histoire de la musique de mon point de vue). Cette oeuvre sublime, composée par Liszt dans la douleur de la mort de sa fille Blandine etait ici magnifiquement rendue, comme une véritable cathédrale sonore aux impressionnantes colonnes.
Le récital d'une heure s'achevait avec la dernière des trois sonates de guerre de Prokofiev, celle en si bémol opus 84, une oeuvre dense et complexe. L'interprétation m'a semblée totalement hallucinante, d'une extraordinaire précision et l'interpète de ce soir ne semblait nullement impressionné par les effroyables complexités techniques de cette oeuvre. Le final, un véritable feu d'artifice percussif a enflammé la salle totalement conquise. Le récital s'achevaitpar un bis, l'un des préludes de l'opus 34 de Schostakovich. J'étais vraiment heureux d'assister à ces débuts parisiens de ce jeune interprète à l'impressionnante virtuosité. Son jeu m'a fait penser aux concerts l'orchestre de Chicago, à l'étonnante infaillibilité, mais dont on aimerait parfois qu'elle intègre un peu plus d'humanité. A n'en point douter, cette dernière qualité viendra avec le temps.

Entendu Oxford Street

La semaine passée, alors que j'étais dans un Easy Internet sur Oxford Street, j'entends cette discussion entre deux français installés à quelques mètres.
- Ouah! T'as vu? Saddam Hussein a été condamné à mort.
- Ah ouais?
- C'est dingue? Mais ils l'avaient arrêté alors?
- Ben oui...
- Ah merde, je confonds avec Ben Laden...

17124ème jour

Le concert Jubilé de Bernard Haitink au Concertgebouw

Le 23 octobre 1904 à Amsterdam, Gustav Mahler dirigeait l'orchestre du Concertgebouw. Au programme figurait deux fois de suite sa Quatrième Symphonie. Cinquante deux ans plus tard, le 7 novembre 1956, dans cette même salle, Carlo Maria Giulini, souffrant, ne pouvait diriger le requiem de Cherubini. On chercha désespérément un remplaçant. Et ce fut finalement un jeune assistant de l'orchestre de la radio néerlandaise, Bernard Haitink, âgé de 27 ans, qui conduisit le concert et obtint un triomphe. Il devint le chef permanent de l'orchestre en 1961 et resta à sa tête jusqu'en 1988.
Cinquante ans plus tard, jour pour jour, Bernard Haitink revient pour fêter son jubilé. Au programme, le Chant de la terre et la Quatrième Symphonie.
J'avais essayé voici neuf mois d'obtenir des places pour ce concert exceptionnel. "Tous est complet!", m'avait répondu le Concertgebouw par courrier. De passage à Amsterdam, il y a un mois, il restait pourtant une seule place, une des plus mauvaises, près de l'orgue, et j'avais saisi l'occasion. C'est un concert exceptionnel auquel j'ai assisté tout à l'heure, un Chant de la terre d'anthologie, précis, poétique, d'une clarté exceptionnelle. Les deux solistes, Robert Dean Smith et Anna Larsson sont ce que l'on peut trouver de mieux aujourd'hui pour un Chant de la terre et, même tournés de dos pour les spectateurs du podium dont j'étais, le résultat était exceptionnel.
La deuxième partie, la plus belle Quatrième qu'il m'ait été jamais donné d'entendre avait les mêmes qualités de clarté dégahées par cet orchestre stupéfiant. Pendant le deuxième mouvement, j'ai pensé à Alban Berg qui m'avait offert l'an passé ces pizzicati en live.
Le concert, diffusé en léger différé par la télévision néerlandaise se termine par une incroyable ovation à son chef. Le lendemain, la photo du concert fait la une de certains journaux. Et dans un petit coin, près de l'orgue, en regardant bien, on aperçoit un bout de mon visage...

17123ème jour

Londres, Brighton, la lune et Damien Rice

J'ai quitté mon hôtel à l'aube et je suis allé à Waterloo Station. Avant d'y récupérer ma voiture de location, je suis vite allé dans la galerie marchande de la gare me procurer le nouveau disque de Damien Rice qui sortait justement ce lundi matin en Angleterre. Il s'intitule mystérieusement "9" et sa pochette cartonnée ressemble beaucoup à celle du premier opus. Je l'ai écouté quatre fois dans la journée, deux fois en allant à Brighton et deux fois au retour. Les chansons de Damien Rice ont quelque chose d'intemporel, d'universel. La fragilité de sa voix sert magnifiquement la fragilité des thèmes abordés, celle de la vie, celle de l'amour, celle des temps heureux. Et pendant le retour, alors que je roulais dans l'obscurité avec le grand disque de la pleine lune face à moi, la voix de Damien Rice me faisait monter les larmes aux yeux, les larmes du bonheur.

17122ème jour

Problème mathématique

Sachant qu'un premier blogueur quitte la Gare du Nord par l'Eurostar de 13h04, heure de Paris.
Sachant qu'un autre blogueur quitte Waterloo pour Paris le même jour à 13h04, heure de Londres.
Sachant que l'Eurostar va un peu plus vite en France qu'en Grande Bretagne.
Sachant que l'Eurostar Paris Londres s'arrête brièvement à Calais et à Ashford.
Sachant que l'Eurostar Londres Paris est direct.
A quelle heure et où les deux blogueurs passeront ils à cinq mètres environ l'un de l'autre?

17121ème jour

Safir

Je n'avais pas de nouvelles et je ne m'attendais même plus à ce que l'on se rencontre... Et en effet il m'a dit qu'il était à Chelles, déjà couché et qu'il n'avait pas de moyen de transport. Je lui ai proposé de venir le chercher, il m'a répondu qu'il me rappellerait dix minutes plus tard, je n'y croyais guère, mais peu après, je recevais ce sobre SMS "C Ok". Je suis donc parti vers 23 heures dans les méandres de la Seine et Marne pour aboutir devant un pavillon de banlieue où il m'a accueilli pour boire un verre. Et de façon étrange, nous ne nous sommes presque pas quittés pendant les trente six heures qui ont suivi. On a passé un long moment à boire devant le feu de bois en écoutant de la musique, on a déjeuné à Saint Germain, on est allé chez le coiffeur chacun de notre côté, on a roulé décapoté dans Paris sous le soleil froid de l'automne, on est repartis à Chelles et revenus, on a dîné chez Galopin, on a regardé My own private Idaho en DVD, et le lendemain, je l'ai laissé dans un Paris dominical qui s'éveillait, alors qu'il était habillé comme pour aller en boîte et je suis parti pour Londres.

17120ème jour

Keith Jarrett à Pleyel

A peine revenu de Dijon, je file à la fnac Saint Lazare où Louis fait un petit show case. J'arrive très en retard. Il est là, dans un caban bleu avec dorures devant un parterre de jeunes filles en pamoisons. J'ai juste le temps d'entendre Mon bel assassin et une chanson assez drôle qu'il a écrite suite à la chute d'une de ses amies depuis un huitième étage. Il s'en va avec son beau sourire triste.
Je pars aussitôt à pied en direction de la salle Pleyel où a lieu un concert complet depuis des mois, le deuxième récital de Keith Jarrett. Des vendeurs à la sauvette proposent des billets à 150 euros devant les portes. Le premier récital a eu lieu trois jours plus tôt, il devait être enregistré mais il a été l'objet d'une lutte entre le pianiste et son auditoire toussotant et éructant, rendant impossible toute publication. On nous annonce donc que c'est cette deuxième soirée qui sera publiée et on nous demande expressément de veiller à ne pas faire de bruit. Et de fait il m'est rarement arrivé de me trouver au milieu d'une assistance aussi discrète et attentive. La salle est plongée dans l'obscurité, il y a juste un rond de lumiière autour du Steinway. Keith Jarrett entre en scène, habillé sobrement de gris avec ses petites lunettes de soleil. Je reste partagé par ce concert tant j'ai trouvé inégal ce que j'ai entendu. Mais le genre même de l'improvisation n'est-il pas fatalement inégal, tant il doit être impossible sur une telle durée que l'imagination soit toujours au rendez vous, même si celà arrive parfois, comme pour le Köln Concert et surtout le récital de la Scala. Il y a donc des passages qui ressemblent tout simplement à du piano bar de luxe, d'autres pièces denses et virtuoses où le public a parfois un peu de mal à suivre, et puis des improvisations de génie, mélange de rythme lancinant et de tendresse totale.
Et puis il y a le personnage Jarrett, attachant et irritant à la fois, un rien cabot, parfois à la limite de la grosse tête. Ainsi, entre deux des nombreux rappels, harangue-t-il le public en demandant à ce que tous ceux qui ont un appareil le prennent immédiatement en photo. On ne sait s'il s'agit d'une pure provovation pour énerver l'administration de la salle qui vient de demander l'inverse, où simplement s'il est agacé de ceux qui le mitraillent malgré la consigne.
Je quitte la salle en appelant Safir.

17119ème jour

Cambrez vous...

Départ hier soir pour Dijon avec deux clients australiens et un anglais. Je les emmene diner au Pré aux Clercs, l'une des meilleures tables de la ville. Ils sont vraiment épatés par le cadre et par le contenu des assiettes. Ce matin, nous partons ensemble visiter une usine que je connais bien pour y avoir emmené des clients une dizaine de fois. Pendant la présentation qui précède la visite, j'observe l'australienne qui est vraiment obèse, dans les cent à cent vingt kilos environ. Je me penche vers le patron de l'usine qui se trouve à côté de moi et je lui demande s'il pense qu'elle passera dans la quinzaine de sas de sécurité unipersonnels que nous allons devoir franchir. Il la jauge discrètement et me dit qu'à priori non, ça ne passera pas. On décide de tenter le coup une première fois et que, si ça ne passe pas, on ouvrira les portes pour le groupe de visiteurs, ce que le règlement de sécurité intérieur permet exceptionnellement.
On va au premier sas. "Do you think it will be OK?" lui demandè-je au moment d'affronter le premier obstacle. Elle hésite et me dit "I'm going to try!" Elle est rentrée dans le truc en se contorsionnant terriblememt et en passant un peu en force. Elle a eu du mal mais y est parvenue. Ses deux collègues l'ont applaudie en rigolant, nous, on faisait profil bas et on se pinçait les lèvres pour ne pas rire. Elle a affronté les sas avec courage, riant d'elle même et en les passant de plus en plus vite. J'ai beaucoup admiré son self control, son sens de l'humour et de l'autodérision dans une situation qui aurait pu être difficile pour tout le monde.

17118ème jour

Pas fier

J'ai toujours orienté mon travail vers le domaine de la vente de plus en plus complexe en évitant soigneusement les bifurcations vers du travail d'encadrement que l'on se voit souvent proposer quand on prend un peu de bouteille dans l'entreprise. Ce refus, qui m'a souvent été reproché, est motivé à la fois par un desir d'indépendance dans mes activités, par la certitude que l'on fait mal ce que l'on n'a pas envie de faire et parce le management entraîne toujours des décisions dont on n'est pas très fier, avec ses conséquences de stress et de nuits blanches que j'aurais probablement du mal à gérer. Il y a eu quelques exceptions à ce refus au cours de ma vie professionnelle et notamment ces trois derniers mois avec un collaborateur qui a à peu près mon age. Je dois mettre fin à sa période d'essai et le lui annoncer mardi matin. Autrement dit le virer. To fire, disent les anglais qui prennent moins de pincettes que nous. Je sais cela depuis ce matin. Il ne le sait pas encore, même s'il le sent probablement. Et je ne me sens vraiment pas à l'aise à cette perspective.

17117ème jour

Alan

Il est mexicain, il habite à Mexico, dans le centre historique. On a beaucoup parlé ensemble en septembre. Il m'a même appelé à plusieurs reprises au téléphone. Sa voix m'amusait. On avait prévu de se voir à Paris. Il devait arriver à Roissy le 18 octobre. Je devais aller le chercher à l'aéroport. Et puis un jour de ce début d'octobre, il m'a dit qu'il avait rencontré quelqu'un. Et soudain je ne l'intéressais plus. Et je n'avais plus de nouvelles. Et je pensais que je n'en aurais plus jamais.
Il m'a appelé hier, alors que je déjeunais avec Gaëtan. J'étais intrigué par ces appels de numéro parisiens fixes mais inconnus de mon répertoire. Il m'appelait depuis différentes cabines. "C'est Alan!" m'a-t-il dit avec son accent amusant "J'ai envie de te voir!" a-t-il ajouté. J'ai accepté en partie par faiblesse, en partie par curiosité. On s'est donné rendez vous tout à l'heure à vingt et une heures devant la boutique Vuitton des Champs Elysées. A l'heure dite, il était là. On a roulé ensemble vers la place de la Bastille. On s'est installé dans ce bar branché à l'angle du boulevard Philippe Auguste. Il faisait froid. On a commandé deux B52. Ils sont très bien dans ce bar, servis dans de très grands verres, avec un verre d'eau pour éteindre la paille lorsqu'elle s'enflamme. Il m'a parlé de sa vie. Et j'ai compris qu'il était dans la merde jusqu'au cou. Il habite chez ce type qu'il a rencontré à l'Alliance française de Mexico, un français d'origine marocaine. Le type se fait quasiment entretenir en échange de l'hébergement. Mais Alan, il n'a plus un sou. Et il doit tenir pendant deux semaines encore. Il ne peut plus modifier son billet de retour au Mexique. Et l'autre pour tout arranger, il piccole, quinze bières de suite, parfois. Et il devient agressif. "Il ne te bat pas, au moins?" ai-je demandé à Alan. Pour toute réponse, ses yeux se sont embués de larmes. Il est dans la merde, Alan. Il est dans la merde jusqu'au cou. J'ai été égoïste. Je n'ai pas voulu imaginer que je puisse l'aider. Je l'ai raccompagné en bas de chez lui. Ou plutôt en bas de chez l'autre. Et il est parti. Et je suis renré chez moi.

17116ème jour

Humeur

En liaison probable avec les frimas, j'ai conscience d'avoir fort mauvais caractère en ce moment, je me sens irascible et susceptible à la fois, deux sentiments qui d'habitude, cohabitent difficilement. Il y a quelques dommages collatéraux que je ne parviens même pas à regretter.
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