19369ème jour

Record battu

Après un déjeuner chez ma sœur, je tente de convaincre ma mère de lui faire un cadeau de Noël. Je l’emmène à la fnac et lui propose une barre de haut parleur censée améliorer la qualité du son de sa télévision. Elle cale devant l’obstacle et nous rentrons bredouilles.
Je me console en établissant la liste de mes vols de l’année :
Paris Milan Paris Istanbul Lisbonne Paris Francfort Paris Istanbul Paris Milan Vienne Istanbul Paris New York Paris Istanbul Zurich Paris Zurich Istanbul Vienne Istanbul Paris Istanbul Paris Istanbul Paris Istanbul Paris Amsterdam Paris Milan Paris Milan Paris Budapest Paris Barcelone Madrid Barcelone Paris Amsterdam Paris Venise Paris Amsterdam Berlin Amsterdam Paris Berlin Paris Bologne Venise Paris Amsterdam Paris Milan Athènes Paris Amsterdam Paris Barcelone Paris Munich Paris Vienne Paris Vienne Paris Prague Paris Rome Istanbul Paris Milan Paris New York Paris Rome Milan Paris Zurich Paris Tel Aviv Paris Amsterdam Paris Amsterdam Paris Milan Paris Zurich Paris Amsterdam Londres Paris Cluj Napoca Paris Montpellier Paris Milan Paris Dusseldorf Paris Milan Paris Rome Paris Rome Paris Milan Paris Milan Paris Milan Paris Strasbourg Paris
Soit 114 vols.

19368ème jour

Orcival

Journée de grisaille auvergnate. Dans l’après midi nous nous rendons à Orcival, sinistre sous le ciel gris. Je demande à ma sœur quel est l’hôtel du village où mon frère avait eu maille à partir avec la gendarmerie pour une histoire rocambolesque mais ma mère coupe court la conversation, décrétant qu’il s’agit d’un mauvais souvenir.

19367ème jour

Paris Clermont

Tôt le matin, je retourne en Auvergne pour passer le Nouvel An en famille. Dans le train, j’écoute des podcasts de France Musique et c’est merveilleux d’utiliser ainsi le temps d’un voyage. Dans une émission sur les Polonaises de Chopin, j’entends miraculeusement la Polonaise Héroïque de Chopin joué par Vladimir Horowitz le 26 octobre 1985 pendant son récital mythique au théâtre des Champs Elysées. Le journaliste, présent comme moi dans la salle ce jour là, a eu la bonne idée d’enregistrer ce moment extraordinaire sur son petit Nagra.
Ma sœur, qui vient me chercher à la gare, m’annonce que je ne verrai pas mon père, alors que je ne l’ai pas revu depuis quatre ans.
Déjeuner et dîner chez ma mère qui vieillit de jour en jour et qui a tendance à s’énerver pour des riens. Crise du jour parce que je remplace la pile de sa Bulle Clock, prenant donc nécessairement le risque de la casser, maladroit comme je suis.

19366ème jour

Piccole

Dîner avec Alban Berg et Monsieur au Piccolino. Franco toujours aussi charmant. J’envoie à Ambr*ise une photo de nous posant devant le Piccolino où est fixée une affichette « MOINS D’IMPOTS ET PLUS DE PATES. G. DEPARDIEU 2012 »
Dans cette nuit de pleine lune, échanges de nombreux SMS avec Ambr*ise qui lui aussi, a du mal à dormir.

19365ème jour

Trêve des confiseurs

Passé une partie de la journée à rédiger une cinquantaine de cartes de vœux.
Dîner avec E. & S. chez , un savoureux restaurant basque de la rue Desnouettes
Vu sur France 2 le reportage sur Laurent Rucquier dont l’aspect physique lorsqu’il avait vingt ans ne cesse de m’étonner.

19364ème jour

Rome Jérusalem

Reçu de Rome un énorme paquet de mon ami le juste Mario. A l’intérieur, des bouteilles du vin et de l’huile d’olive de sa propriété ainsi qu’un énorme livre sur les Castelli Romani.
Le soir, je regarde sur France 3 la très belle émission Pour l’amour de Jérusalem, qui me rappelle mon séjour du mois d’août. J’y découvre la possible localisation du tombeau du Christ dans un lieu de fouilles du dehors de la vieille ville et cette étrange cérémonie du Feu qui se tient chaque veille de Pâques dans le Saint Sépulcre.

19363ème jour

Rien

Ambr*ise me manque. Je passe la journée de Noël chez moi à ne rien faire d’autre que de regarder des films un peu par hasard sur CanalSat. En vrac, il y a Deep impact (le film avec Morgan Freeman comme président américain), Autant en emporte le vent, que je n’avais pas revu depuis des années, Kick ass (j’ai honte) et La vengeance de Monte Cristo, une adaptation américaine de 2002 pas trop mal faite du roman de Dumas.

19362ème jour

Stille Nacht

Journée de courses intenses pour préparer le dîner de Noël, du marché de la rue de Lévis à la boutique Pierre Hermé. Le soir, j’ai le bonheur de dîner avec mes filles dans une chaude lumière de bougies et nous regardons Moi, moche et méchant en bluray. Mes filles trouvent que le matelas installé quelques semaines plus tôt avec Ambr*ise devant la télévision est une idée géniale.

19361ème jour

La Septième de Bruckner par Mariss Jansons au Concertgebouw et Retour à Paris

Une nouvelle fois, Ambr*ise a besoin de dormir tard (contrairement à moi il a une légère tendance marmotte), et en fin de matinée, nous partons au café De Jaaren pour un déjeuner léger.
A 14h15, nous sommes de retour au Concertgebouw pour le concert du dimanche et, cette fois-ci c’est Mariss Jansons qui est aux commandes de sa phalange de luxe. En première partie, Lisa Batiashvili interprète le Premier Concerto pour violon Prokofiev que j’ai toujours un peu moins aimé que le second mais qui pour la première fois, me touche beaucoup. Seconde partie avec la Septième Symphonie de Bruckner que Jansons a également prévu de diriger pour le concert de Noël dans deux jours. L’interprétation, plus classique et moins monumentale que ce que peut faire un Barenboim, est toutefois magnifiquement soignée, captivante de bout en bout et très expressive.
On récupère le tableau de La belle endormie sur la Nieuwe Spiegelstraat et on rentre à Paris. Courte halte à Bruxelles pour montrer la grand place à Ambr*ise et dîner aux Armes de Bruxelles. On arrive à Paris vers minuit. Devant ma porte, est déposé un paquet. Ambr*ise a tellement envie de l’ouvrir que je laisse faire, bien que j’aie reconnu sur la lettre d’accompagnement l’écriture d’Alice et que je soupçonne donc un risque avec le contenu du paquet. Le risque est léger mais il existe puisqu’il s’agit d’un cadeau d’anniversaire clin d’œil, une Apologie de David, d’Ambr*ise de Milan. C’est une œuvre au premier abord totalement soporifique où l’évêque de Milan tente, au quatrième siècle, d'apaiser le scandale provoqué par l'adultère de David et Bethsabée (!). Ambr*ise est évidemment surpris de la coïncidence que je m’abstiens de commenter.
On installe le tableau provisoirement sur une chaise. Je raccompagne Ambr*ise en bas de son immeuble. Je rentre chez moi tout triste car ne le verrai pas de deux semaines.

19360ème jour

Ambr*ise XXX ou La belle endormie

Ambr*ise a sommeil et je le laisse dormir. En fin de matinée, nous repartons explorer la ville et surtout, encore et toujours les coffee shops. En passant dans la rue des antiquaires, Ambr*ise aperçoit dans la vitrine d’une galerie le portrait d’une jeune femme blonde qui dort dans une chaude lumière, un tableau dans le style de Picasso. La fille de la galerie est adorable et en plus fort bonne vendeuse. On se donne le temps de réfléchir mais je sais que Ambr*ise en a tellement envie de La Belle endormieque je l’achèterai pour chez nous. On part pour Jordaan et ses coffee shops, et evidemment, on passe acheter le tableau. La fille nous offre un prosecco pour fêter notre acquisition. On dîne à la brasserie et on boit un verre au bar du Konservatorium, on retourne sous la pluie faire la fermeture du Bulldog et on rentre à l’hôtel.

19359ème jour

Ambr*ise XXIX

On se réveille tard, juste à temps pour prendre notre petit déjeuner ensemble. On part explorer la ville, la découvrir pour Ambr*ise dont c’est le premier séjour ici. La journée sera en fait une longue suite de coffee shops, à commencer bien sûr par le Bulldog de Leidseplein. Ambr*ise s’extasie de la facilité à commander de la drogue et de la variété d’herbe que l’on peut essayer. Entre le Beguinage et une nouvelle série de coffee shops, nous faisons un late lunch au Burger King de Leidseplein et le soir, nous allons au Concert de Noel, donné par l’orchestre de la Radio néerlandaise placé sous la direction du précieux Antony Hermus. C’est une suite de tubes devant un public ravi et bruyant. Sauf erreur de ma part, je n’avais entendu aucune de ces œuvres archi-connues en concert : L’ouverture de la Chauve souris et l’une des suites de valses du Rosenkavalier, la Rhapsodie in blue, quelques Noëls traditionnels américains joués au cuivre, l’ouverture Cavalerie légère de Suppé, Unter Donner und Blitz, très efficace depuis le Podium, deux extraits de Casse-Noisette, Tritsch-Tratsch Polka, la Valse de l’Empereur et Stille Nacht, magnifiquement chantée bouche fermée par l’assistance avant d’être reprise par l’orchestre. Le concert s’achève par la Marche de Radetzky. Nous allons dîner chez Bark, mais Amrb*ise veut faire un dernier coffee shop avant la nuit. Nous allons à l’Easy Times, sur Prinsengracht et nous y faisons la fermeture, avant de retourner fumer à l’hôtel et de dormir l’un contre l’autre.

19358ème jour

Paris Strasbourg Paris Amsterdam

Les TGV de retour sur Paris étant complets, je fais l’aller retour Paris Strasbourg en avion. Délicieux déjeuner avec des clients dans une petite auberge alsacienne de Pfulgrieshein : Le Bürestubel.
Retour sur Paris en fin de journée et je me précipite d’Orly à chez moi où Ambr*ise et nos deux valises m’attendent. Le temps de les charger dans le coffre de la voiture et nous partons vers le nord en direction d’Amsterdam pour la nuit la plus longue de l’année, celle du solstice d’hiver, celle aussi de mon anniversaire. La route est bonne, claire et sèche, à l’écoute de Q-Music. Fatigué de la journée, j’avais hésité à parcourir la route d’une traite mais finalement, nous arrivons à Amsterdam vers une heure du matin. Ambr*ise est un peu déçu car les coffee shops sont déjà fermés. On se réconforte en baisant un bon coup avant de s’endormir l’un contre l’autre.

19357ème jour

Où je commence à comprendre ce que signifie l'ambr*icisation

Peu après six heures, je prends le train interminable entre Centrale Stazione et Malpensa, puis le vol de Paris. Après une journée de travail au bureau, je rentre enfin chez moi et découvre l’ambr*icisation partielle qui a atteint mon appartement. Le plus flagrant est la disparition totale des livres d’art qui se trouvaient sur la table basse. C’est plutôt une bonne chose car ils formaient de telles piles que l’on commençait à ne plus voir le feu de bois dans la cheminée depuis le canapé. En revanche, ils sont tous entassés dans un coin, et je vais devoir leur trouver un emplacement définitif. Le canapé a lui aussi été débarrassé de tout un capharnaüm disgracieux qui trône maintenant sur mon bureau. Le diable rouge et grimaçant est passé de la cheminée au parquet ce qui est plus discutable. L’une des trois piles de blurays s’est effondrée en un onze septembre qui a du être fort sonore. Les piles de la télécommande de la télévision ont mystérieusement disparu et à l’heure où j’écris ces lignes, je ne sais où elles se trouvent. Les deux amplis et le préampli sont restés allumés toute la journée. La baignoire est pleine d’une eau encore tiède. C’est un peu de ma faute, le siphon est cassé et je n’avais pas prévenu Ambr*ise qu’une fois la baignoire remplie, c’est un cauchemar de la vider. Comme le maudit siphon est quasiment invisible dans l’eau savonneuse, je dois donc vider la baignoire avec une casserole avant de procéder au siphonage (tiens bizarrement il y a un seul N à siphonage, ou alors le dictionnaire Microsoft est totalement siphonné). Le plus désagréable de cette ambr*icisation est une odeur tenace de tabac froid qui a envahi tout l’appartement mais je ne m’en soucie guère. L’ambr*isie qui m’envahit doucement me rend l’âme la plus légère au monde.

19356ème jour

Lohengrin à La Scala

Le matin, Ambr*ise me demande s’il peut venir travailler au calme chez moi. Rien ne me fait plus plaisir et je l’installe à mon bureau pendant que je vais déposer ma voiture en révision. Quand je reviens, je découvre qu' il... dort dans mon lit. On fait une flambée dans la cheminée en fumant un joint, on regarde Sex intentions en bluray l’un contre l’autre et je dois le quitter car j’ai mon avion pour Milan. Avant de partir je lui laisse un double de mes clefs, tout en ayant bien conscience du risque d’ambr*icisation de ma tanière de célibataire.
Après un early dinner au café Trussardi, je traverse la rue pour assister au spectacle de rentrée de la Scala : Ce Lohengrin qui rassemble un plateau de rêve : René Pape, Jonas Kaufmann et bien sûr Daniel Barenboim à la baguette. Et puis, pour le rôle d'Elsa, il y a Anja Harteros qui est la nouvelle coqueluche des scènes lyriques et dont c'est le grand retour ce soir, après une indisposition qui l'a empêché d'assurer la première du 7 décembre. C’est une soirée vraiment exceptionnelle à laquelle nous assistons et je ne sais si j’entendrai encore une fois dans ma vie un aussi beau Lohengrin. Jonas Kaufmann était bien sûr admirable avec des passages mezza voce incroyables. Barenboim s’affirme encore une fois comme un immense wagnérien avec un orchestre au meilleur de sa forme. Mise en scène sobre et respectueuse qui me rend fort impatient du retour de Stéphane Lissner à Paris.
Alors que j’ai passé les deux premiers actes à un deuxième rang de loge de côté (place hors de prix et bien médiocre), je croise à l’entracte le Wanderer qui me propose d’occuper la place libre à côté de son fauteuil d’orchestre.
Le spectacle qui a commencé à 19h00 se termine à minuit pile et je rentre à pied à mon hôtel près de la stazione centrale.
Alors que je marche dans la nuit froide, Ambr*ise m’envoie une photo de mon appartement complètement rangé ou, ce qui est plus probable, avec tout mon bordel entassé dans un coin que je découvrirai demain.

19355ème jour

Paris Bruxelles et un zeste d'Italie

Aller retour à Bruxelles. Déjeuner avec une grosse cliente qui a le même nom de famille que le type au cigare que Gaston Lagaffe empêchait systématiquement de signer ses contrats avec le Journal Spirou.
Dîner au Piccolino avec l’homme aux lunettes Cartier, arrosé d’un Barbera d’Asti 2001 très étonnant.

19354ème jour

Le quatrième concert du cycle Brahms Szymanowski par le LSO et Valery Gergiev

Ce dernier concert du cycle est donc consacré aux Quatrièmes Symphonies des deux compositeurs mais cette fois ci, c’est la première partie qui est consacrée Szymanowski. Je sui seul aujourd’hui et j’occupe la même place que la veille avec Ambr*ise la veille. La Quatrième Symphonie de Szymanowski est plutôt un concerto pour piano qu’une symphonie et je lis dans le programme de Pleyel que Szymanowski la jouait lui-même et que pianiste moyen, il y parvenait car l’œuvre est facile. Ca n’est guère l’impression que j’ai eue avec un Denis Matsuev qui avait tendance à en rajouter un peu et qui a même plaqué le dernier accord debout. Matsuev nous offre un bis (et merde encore du Szymanowski. Mais qu’est ce que je fais là. Ah oui Brahms!). Après un changement de plateau pour évacuer le piano, c’est Leonidas Kavakos qui entre en scène, alors que je m’étais juré de ne plus l’entendre depuis un médiocre concerto de Bartok à Amsterdam. Kavakos a beaucoup changé et alors qu’il ressemblait à une sorte de prêtre protestant, il a maintenant les cheveux longs et ressemble à une sorte d’improbable Nana Mouskouri barbue (normal il est grec). Aucun souvenir du Concerto absolument mortel. Même le Caprice de Paganini offert en bis semble scolaire et appliqué. Ouf c’est l’entracte et ouf on passe à Brahms. J’ai la bonne idée de migrer en arrière scène et après avoir donc entendu le même orchestre depuis deux places différentes deux jours de suite je peux être formel : l’acoustique des places d’arrière est la meilleure de Pleyel, infiniment préférable à celle de des fauteuils d’orchestre où le son est imprécis et légèrement brouillé. Magnifique Quatrième donc, dans laquelle je me suis senti plongé dans la musique de la première à la dernière note, les pizzicati étaient joués comme par un seul homme, les cuivres profonds, un bonheur absolu. Ma position face au chef m’a permis de faire une découverte : contrairement à ce que je croyais, Gergiev ne dirige pas sans baguette. Il a dans la main droite une minuscule baguette de moins de dix centimètres probablement destinée à lui permettre de mieux différencier ses deux mains.
Diner avec mes filles au grand complet au Relais de l’entrecôte de la rue Marbeuf. Et c’est amusant, nous parlons d’un poème de Pierre de Marbeuf que l’une de mes filles a du présenter à son bac blanc la veille. Et c’est un poème que j’avais découvert il y a dix années dans mon agenda de la Pléiade. J’ai plaisir à le recopier ici:

Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage,
Et la mer est amère, et l'amour est amer,
L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer,
Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.
Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer,
Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.

La mère de l'amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau
Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.

Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.

19353ème jour

Le troisième concert du cycle Brahms Szymanowski par le LSO et Valery Gergiev ou Ambr*ise XXVIII

Comme tous les samedis où presque, on se retrouve à 8h50 place de l'Europe. Comme tous les samedis ou presque, je vais vendre des CD chez Gibert, cette fois ci, une grosse somme symphonique des Wiener Philharmoniker qui va bientôt être éditée en un gros coffret de la Deutsche Grammophon. Comme tous les samedis ou presque, je le récupère dans le Quinzième à 10h50 et nous allons fumer sur le Champ de Mars un joint qu’il roule dans la voiture. Mais cette fois ci, nous allons regarder les animaux sur le quai de la Mégisserie. Je dois être vigilant, Ambr*ise est tout à fait le genre de garçon capable d’acheter un boa constrictor ou un chinchilla (voire les deux pour assurer de la nourriture au premier) sur un coup de tête. On déjeune à la Cloche des halles (toujours aussi bien) et je le laisse chez lui pour une après-midi familiale.
Vers 18h00 et un joint plus tard (ma vie devient un peu n’importe quoi ces temps ci), nous partons à Pleyel pour le troisième concert du Cycle Brahms Szymanowski du London Symphony Orchestra avec, vous l’auriez deviné, les Troisième Symphonies de Brahms et Szymanowski.
En attendant le début du concert, je songeais que Valery Gergiev ne m’a jamais convaincu en dehors de la musique russe et, bizarrement, de la musique française. J’appréhendais donc un peu cette Troisième Symphonie de Brahms qui s’est finalement avérée être fort belle, très soignée, et menée de main de maître par un Gergiev inspiré et surtout impliqué, ce qui n’est pas toujours le cas. Magnifique deuxième mouvement avec un temps comme suspendu dans la salle. Détail amusant, un tiers environ des membres du London Symphony Chorus assiste à la symphonie de Brahms, sagement assis en arrière scène.
J’ai toujours eu un problème avec Szymanowski, sa musique ne me touchant jamais, tentant à mes yeux de trouver une voix improbable entre Stravinsky et Korngold. La Troisième Symphonie n’a pas fait exception avec cependant quelques très beaux moments comme la deuxième entrée du ténor ou les toutes dernières mesures.
Après le concert, Ambr*ise s’éclipse à une soirée chez Castel, conduit par le père d’une amie en Porsche. Il a l’air ravi.

19352ème jour

Les jours sans lui

Si Ambr*ise avait accepté de m’accompagner au Pays-Bas, j’y serais allé en voiture, mais voila, il m’avait dit qu’il ne le sentait pas mon "petit village sous la grisaille où les habitants refusent de vendre leur herbe délicieuse aux touristes".
Je me suis donc levé à 5h00 pour attraper le Thalys de 6h00. Un petit papy adorable qui m’attendait à l’improbable (mais belle) gare de Liège m’a emmené dans son vieux taxi Mercedes dans les environs de Maastricht et m’a remmené à Liège cinq heures plus tard.
Le Liège-Bruxelles était en retard de vingt minutes mais, par chance, le Thalys Bruxelles Paris également et j’ai pu rentrer relativement tôt à Paris. Pas pu voir Ambr*ise qui fait du baby-sitting dans le quartier.

19351ème jour

Ambr*ise XXVII

Tôt le matin, il me demande si je peux l’emmener dans le Quinzième et, bien sûr, j’accepte avec joie, le bonheur d’une demi-heure avec lui valant bien un grand détour.
Le soir je tente de comprendre pourquoi il n’est pas parvenu la veille à regarder Sex Intentions en bluray et, après avoir cru que le disque était bloqué dans le lecteur, je comprends qu’il l’a en fait glissé dans mon vieux lecteur Samsung et utilisé la télécommande free. Je me fous de sa gueule par SMS et nous rions tous les deux de sa distraction.
Revu le Cercle rouge en bluray. Ebahi par l’interview de José Giovanni qui présente Jean-Pierre Melville comme un fou furieux sans talent.

19350ème jour

Ambr*ise XXVI

Il dort encore alors que je dois aller au travail. Je l’embrasse avant de partir et je lui murmure dans l’oreille que je l’adore. Ce moment me rappelle notre première séparation après notre première nuit à Milan.
Le soir je suis tellement épuisé après cette nuit en pointillés que je rentre tôt et me couche tôt en ce soir du 12-12-12.

19349ème jour

Ambr*ise XXV

Le matin, Ambr*ise aurait voulu que je l’emmène mais je ne peux pas, j’ai une journée de travail qui s’enchaine entre Evry et les Champs Elysées.
Le soir, je regarde Another earth en bluray, film que j’avais raté lors de sa sortie, dont l’idée de base est si bonne et la fin si décevante. Vers 23h30, Ambr*ise débarque et on regarde Sunshine ensemble. Pour être plus confortable, j’ai installé un matelas devant la télévision et c’est agréable de regarder le film l’un contre l’autre en fumant un joint. Pendant le film, il me demande s’il peut rester et j’accepte évidemment, le cœur battant. On se couche l’un contre l’autre. Le jeune chiot a l’air très excité. Il frotte ses fesses contre mon bas ventre et je ne tarde pas à ressentir moi aussi de l'excitation. Contrairement à la fois précédente, j’ai tout ce qu’il faut sous la main, des capotes, du gel et même du poppers. Je le prends, il me prend. Il doit être trois heures du matin mais je me sens tellement heureux. Il fume une cigarette, c’est bizarre, on se croirait dans un film et on s’endort l’un contre l’autre, d’un coup. Vers cinq heures, on se réveille, on est encore excités l’un et l’autre, il me prend une nouvelle fois. Il fume une nouvelle cigarette, on redort.

19348ème jour

L'année Wagner

Journée de travail entre Levallois et La Défense. Un client m’offre en cadeau de fin d’année l’Agenda Wagner dont je me dis qu’il doit raser la plupart de ses connaissances professionnelles. Comme je n’utilise plus qu’un agenda électronique, je décide de l’offrir à Philippe(s) dès que j’aurai l’occasion de le croiser.

19347ème jour

Alexis II ou Ambr*ise XXIV

C’est ma journée Alexis-Louis dont j’essaye de m’occuper tant bien que mal. On fait une très longue promenade à pied de chez moi jusqu’à Saint-Paul avec de nombreuses haltes dans des boutiques de fringues et un déjeuner au Café Beaubourg. A un moment, on rentre dans une librairie rue Etienne Marcel et alors que je commence à regarder les livres, je le vois rester là droit comme un I à attendre que j’aie fini. On passe chez moi récupérer ses affaires et je m’en débarrasse gare Montparnasse.
Le soir, Ambr*ise vient diner chez moi et dès qu’il est là, je me sens merveilleusement bien. Je lui prépare une tomate mozzarella et mes pâtes Alfredo, le tout arrosé de champagne. On regarde Time Out ensemble on fumant un joint, moi comme d’habitude assis sur un coussin à ses pieds. J’adore le frôlement de sa main sur ma nuque pour me signifier qu’il me passe le joint.
Tard dans la nuit, alors qu'Ambr*ise est reparti chez lui, je discute sur facebook avec Cédric, un garçon de Chambéry que je n’ai jamais rencontré mais qui m’avait fait rêver il y a quelques années. Je me souviens qu'une nuit d'été, dans la première année de ces pages, j'avais regardé la lune à 1h56 alors qu'il faisait de même à Milan. Et puis il avait disparu sans donner de nouvelle. Il travaille maintenant à Rome pour une marque de luxe et nous convenons de nous y rencontrer un jour.

19346ème jour

Ambr*ise XXIII

On se voit quasiment tous les jours. Ce samedi encore, je me lève de bonne heure, juste pour le plaisir de l’emmener en voiture dans le Quinzième. Une visite chez Gibert plus tard (j’ai vendu mes concertos de Pollini qui vont prochainement être édités en coffret), et je retrouve Ambr*ise dans le Quinzième. Comme le week-end précédent, il a envie de fumer un joint, mais cette fois-ci, on va sur le Champ de Mars pour le fumer mélancoliquement. On se promène près d’un hôtel particulier avec deux magnifiques baies qui donnent sur la verdure et on décrète que c’est notre maison, que l’on s’y installera un jour.
On passe à la fnac des Champs-Elysées pour acheter une lampe rouge en forme de diable hilare que j’aime beaucoup et je dépose Ambr*ise chez lui.
Le soir je retrouve Alexis-Louis, le garçon du Mans à la gare Montparnasse et on va dîner chez moi. Dès que je le vois, je me demande pourquoi j’ai accepté de l’inviter alors que je me sens si bien avec Ambr*ise. Je le trouve efféminé et sans grand intérêt mais j’assume mon invitation et on s’endort sagement l’un à côté de l’autre.

19345ème jour

La Saint Ambr*ise ou Ambr*ise XXII

En sortant du travail, je passe à la fnac acheter le nouveau coffret bluray de l’intégrale Mahler donnée au Concertgebouw en 2010/2011 et puis aussi un cadeau pour Franco dont c’est l’anniversaire aujourd’hui et deux bouquins pour Ambr*ise dont s’est évidemment la fête. Et puisque l’on est le jour de la San Ambrogio, alors que je roule en direction du Piccolino, j’écoute Lohengrin en direct de la Scala.
Ambr*ise est là devant le restaurant, on donne à Franco son petit cadeau et il a l’air ravi de l’attention. Il nous offre à son tour nos pasta aglio a olio. Ambr*ise s’eclipse un moment pour acheter un peu d’herbe. Il a donné rendez vous au livreur devant chez moi, mais le type veut connaître le code de l’immeuble avant la livraison. Or mon immeuble n’a de code que pour l’escalier de service et je ne le connais pas par cœur. Ambr*ise change l’adresse de livraison pour chez lui et finalement, revient ravi avec un pochon très odorant. On passe chez moi pour le tester.

19344ème jour

Ambr*ise XXI

Je retrouve Ambr*ise dès 7h30 car, une nouvelle fois je l’emmène dans le Quinzième. Je me suis imprudemment garé la veille au soir presque devant chez lui et, à peine s’est-il installé dans la voiture que sa petite sœur qui se rend à l’école sort de chez lui et l’aperçoit. "Merde ! Elle m’a cramé !" rigole Ambr*ise.
En sortant du bureau, je passe à la boutique Guerlain des Champs-Elysées où, pour cette soirée seulement, on peut faire graver les flacons de parfum avec un message. Je prends un grand flacon de La petite robe noire à l'attention de ma fille ainée. C'est son parfum préféré.
Le soir Alexis-Louis, le garçon du Mans avec lequel je suis en contact me confirme qu’il passera le week-end à Paris. Je suis partagé, ne sachant pas trop quoi faire mais finalement, je choisis de tenir ma promesse et j’accepte de l’accueillir chez moi.

19343ème jour

Ambr*ise XX

A midi, je rejoins ma fille aînée à Versailles et nous déjeunons ensemble à La Tour, anciennement La Tour d’Auvergne, restaurant où la viande est toujours aussi succulente malgré un récent changement de propriétaire.
Le soir,je récupère Ambr*ise Place Saint-Georges et nous allons ensemble chez Bouygtel car je lui ai donné mon ancien iPhone. On va chez moi mettre en route l’engin, je lui donne des conseils de paramétrage, je lui recommande quelques jeux et des applications et je suis heureux de le voir passionné par son nouveau jouet. On regarde Misery en bluray et il rentre chez lui.

19342ème jour

Cinq

Dans la matinée, je recupere mon nouveau jouet, un iPhone 5 noir. Je passe chez SFR pour obtenir une nanoSIM. Pendant quelques minutes, j’ai l’inquiétude de constater que l’ancien téléphone ne marche plus et que le nouveau ne fonctionne pas encore. Puis tout se met en place. Je transfère ma vie, musique, photos, messages, comptes d’un téléphone à l’autre.

19341ème jour

Ambr*ise XIX

J’essaye de ne pas sortir du bureau trop tard pour aller chercher Ambr*ise dans le Quinzième. On rentre chez nous, il passe chez lui prendre son Macbook et son sachet d’herbe pendant que je range un peu. Il revient et, pendant qu’il transfère une pile de CD dans son iTunes, je lui fais écouter la Troisième de Brahms à laquelle j’aimerais l’emmener à Pleyel la semaine prochaine et tout le finale de la Neuvième de Beethoven dans l’incroyable version de Simon Rattle avec l’orchestre Philharmonique de Vienne.
On passe la soirée à regarder Orange mécanique que je n’avais pas vu depuis des années et dont la force intacte m’a sidéré. J’ai été également étonné par l’argot utilisé dans tout le film et j’avais même totalement oublié cette étrangeté du livre original. J’apprends par wikipedia qu’il s’agit d’un méta-argot, le Nadsat, composé de russe, de manouche et d’anglais. Il y a même un lexique de ce langage annexé à la fin du livre. Je retrouve aussi l’événement dont je n’étais pas totalement sûr et qui a inspiré à Burgess la scène du viol : sa propre femme, enceinte, s’est faite battre et violer à Londres par plusieurs GI’s déserteurs, pendant le black-out.
Vers onze heures du soir je prépare de nouveau à Ambr*ise mes fameux bigoli aux anchois et on se sépare pour la nuit.

19340ème jour

Ambr*ise XVIII

Passé presqu'une journée à lire Corbeaux, le journal de Renaud Camus de l'année 2000, consultable en ligne et consacré essentiellement à ce qu'on avait appelé à l'époque l'affaire Camus. Personnage attirant et irritant à la fois, obsessionnel et égocentrique et qui, à la lecture de la description pointilleuse de ses journées, semble être un fêtu de paille vite emporté par des événements qui le dépassent.
En fin d’après midi, Ambr*ise passe chez moi accompagné de son chien que j'étais impatient de voir depuis longtemps. C’est un cocker noir et c’est aussi le plus gentil chien du monde. Redbull pour Ambr*ise, Lapsang souchong pour moi, joint pour nous deux et de l’eau fraiche pour le cocker. On écoute Lighthouse Family et je dépose l'étui du CD sur l’accoudoir du canapé, au sommet de la haute pile de musique que Ambr*ise a prévu de recopier dans son iTunes.
Ambr*ise et son chien repartent dans la nuit et je trouve qu’ils vont très bien ensemble.

19339ème jour

Ambr*ise XVII

J’avais prévu d’emmener Ambr*ise dans le Quinzième mais à huit heures et quart, il m’envoie un SMS m’indiquant que, préférant me laisser dormir, il est déjà dans le bus 80. Je commets l’erreur de profiter d’une heure de plus au lit, oubliant que j’ai garé ma voiture hier soir sur l’arrêt de bus de la rue de Rome. Lorsque je m’y rends, elle n’est plus là, emmenée à la presque élégante fourrière de l’avenue Foch. Je dois donc m’y rendre en taxi et je la récupère, devant attendre patiemment que trois véhicules de la fourrière déposent péniblement leur proie dans les stationnements en épi du parking.
Je récupère Ambr*ise rue de Vaugirard, il ne peut s’empêcher de préparer un joint dans la voiture et nous allons le fumer joyeusement dans le froid du square Boucicaut. On fait un tour au rayon Homme du Bon Marché et on va déjeuner d’un saut de bus chez Allard. Comme d'habitude, on a des milliers de choses à se dire et c’est ce qui est toujours merveilleux avec Ambr*ise. Le sujet du jour est l’un de nos points communs, cette sorte de caméléonisme que certains qualifieraient de capacité à manipuler notre entourage.
En sortant, je lui offre chez Next stop un sweat shirt avec une étrange tête de mort qu'il est déjà tout excité de porter à sa soirée du jour au showcase et on rentre à pied récupérer la voiture.
On repasse chez nous ou plutôt chez moi et on fume un dernier joint en écoutant Jimmy Sommerville et les Communards que je n’avais pas écouté depuis des années.
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