17633ème jour

31

17632ème jour

30

17631ème jour

Paris

17630ème jour

Kiev Munich Paris

Nous allons à pied chez le client et c'est une promenade matinale particulièrement agréable dans le centre historique de Kiev. Nous nous arrêtons pour prendre un petit déjeuner. Il y a foule. En Ukraine, le petit déjeuner est un repas comme un autre. Tous les clients ont leur plateau chargé de viande en sauce et de légumes, la bière coule à flot. Il est huit heures du matin et il faut avoir l'estomac bien accroché pour survivre.
Nous arrivons chez le client. La réunion a lieu dans un amphithéâtre luxueux aux fauteuils de cuir blanc. Dans le fond, une carte d'Ukraine où toutes les agences commerciales du client sont représentées par une petite diode verte.
L'après midi, je vais visiter des locaux, encore occupés par un fleuriste. Le batiment est assez cher comme partout à Kiev, avec une vue imprenable sur un cimetière orthodoxe. Alors que j'en fais le tour, je me demande vraiment ce que je fais là. Je retourne à l'aéroport de Borispol et je rentre à Paris après un arrêt bien inutile à Munich.

17629ème jour

Vienne Kiev

A peine arrivé à Kiev, je vais en taxi à une réunion client dans le centre ville. Puis nous partons en métro visiter un site client. Je trimballe ma valise en maugréant dans les escalators abyssaux du métro. Je ne sais pourquoi, malgré leur ressemblance, j'adore le métro de Moscou et je déteste celui de Kiev. Nous rentrons de nouveau en métro, moi toujours maugréant avec ma valise. Cette fois encore, nous logeons dans un appartement ridicule.

17628ème jour

Un soir à Vienne

Le vol Air France de 16h15 de Paris à Vienne. L'hôtel NH qui se trouve juste en face du Terminal. Une réunion de travail avec mes clients grecs de 19h00 a 22h00. Un dîner médiocre dans l'hôtel. Vers 23h00, je vais me coucher en songeant que je prends le premier vol pour Kiev le lendemain, mais surtout, que j'ai raté Parsifal au Staatsoper.

17627ème jour

Te revoir II

Je suis venu te chercher en voiture. Nous avons dîné dans un restaurant de la rue de Turenne. Tu avais un cadeau pour moi, une belle photo du Palais d'Hiver prise depuis les rives grises de la Néva. La photo est d'un camaieu très gris, elle est belle, mais c'est surtout sa petite dédicace inscrite au bas qui me touche.

17626ème jour

Saint Petersbourg Moscou Paris

Sergei est revenu nous chercher dans sa Hundai rouge. Tu as glissé ta main dans la mienne pendant tout le trajet jusqu'à l'aéroport international. Nous nous sommes donné une accolade et tu es parti dans l'aéroport sans te retourner. J'ai poursuivi avec Sergei jusqu'au terminal domestique. Il y avait beaucoup de monde pour embarquer dans le vieux Tupolev d'Aeroflot. A bord, les annonces étaient faites uniquement en russe. L'avion a survolé des zones de forêts noires et des lacs gelés blancs et en moins d'une heure nous avons atterri à Sheremetyevo. La récupération des bagages a été folklorique. Il n'y avait aucune indication sur les écrans et la foule des passagers allait d'un tapis à l'autre, chaque fois que l'un d'entre eux se mettait en branle. Après avoir récupéré ma valise, j'ai cherché comment me rendre au terminal 2 de Sheremetyevo, celui des vols internationaux. De nombreux taxis m'ont offert de m'y conduire pour la somme folle de 1000 roubles, mais en cherchant bien, j'ai déniché une petite navette qui faisait le trajet pour 80 roubles. J'ai attendu deux heures dans le salon de l'aéroport, très laid et à la décoration de pub anglais. L'avion était très peu rempli et en arrivant à Roissy, j'ai lu avec plaisir le message que tu m'avais envoyé deux heures plus tôt.

17625ème jour

Lorsque nous avons quitté le Théâtre Mariinski, les rues de Saint Petersbourg étaient recouvertes de neige

C’est un peu un miracle que nous ayons réussi à passer ces trois jours ensemble à Saint Petersbourg. Qu’en quelques heures seulement nous ayons passé avec succès toutes les étapes de l’obtention de ton visa : la couverture santé pour la durée du séjour, le voucher d’hôtel envoyé par fax depuis la Russie, puis l’achat du billet d’avion la veille même de ton départ. Alors que je volais de Moscou à Saint Petersbourg dans un Airbus vert pomme de Siberian Airlines, tu venais depuis Paris dans l’Airbus blanc d’Air France. A l’arrivée au Terminal domestique, Sergei, le chauffeur de taxi, m’a emmené dans sa Hundai rouge jusqu’au Terminal international où tu m’attendais, agressé par des hordes de chauffeurs de taxis verreux, et nous sommes partis ensemble en direction du centre. Nous sommes passés devant la gare de Moscou que je rêvais de voir depuis la scène des Poupées russes.
Pendant ces trois jours, nous avons déambulé en tout sens dans la ville. Nous avons parcouru le Nevski Prospect, nous avons bu du vin blanc dans la salle de réception de l’hôtel Astoria où Hitler rêvait de fêter sa victoire, nous avons acheté des chocolats et des gâteaux dans cette épicerie où la serveuse mettait des heures à servir les clients, nous avons contemplé la ville depuis le dernier étage entièrement vide d’un hôtel à l’allure soviétique, nous avons découvert l’Hermitage et les quais de la Néva, nous avons acheté deux bonnets de laine noire à une petite vendeuse de rue, nous avons pris le métro dans les entrailles profondes du sol, nous avons admiré la statue de Pouchkine, visité le musée Youssoupov, pris un petit bus où l’on posait quelques roubles à même le sol, à côté d’un chauffeur qui maugréait. Nous avons été éblouis par les salles d’apparat du Palais d’hiver, nous avons vu les tombeaux des Romanov dans la cathédrale de la forteresse. Nous avons pris en photo la célèbre rue Zodtchévo Rossi Ulitsa, large et haute de 22 mètres et qui étire ses 220 mètres du Théâtre Alexandrini à la place Plochtchad Lomonossova
Et puis nous avons affronté toutes sortes de mégères au look soviétique : celles qui vendaient les billets de concert, qui ne parlaient pas un mot d’anglais et cherchaient à nous appliquer le tarif officiel pour non citoyen russe, celle de la cathédrale du sauveur sur le sang versé qui t’empêchait de prendre des photos, l’ouvreuse de la loge du Tsar au Théâtre Mariinski qui ne supportait pas que nous ayons occupé les places du premier rang pourtant restées vides.
Lorsque nous avons quitté le Théâtre Mariinski, les rues de Saint Petersbourg étaient recouvertes de cinq centimètres de neige. Nous avons marché dans la nuit blanche. La glace qui recouvrait les canaux gelés était elle aussi rendue immaculée par la neige. Nous sommes allés à l’angle de Galernaia ulitsa dans une petite épicerie où tu as trouvé les cigarettes américaines Fantasia que tu aimes tant.
Oui c’était un miracle, ces trois jours et ces trois nuits que nous avons passées sans nous quitter une seule seconde.

17624ème jour

Un soir au théâtre Mariinski

Nous avons longuement hésité entre une flûte enchantée donnée l’après midi à la salle de concert flambant neuve et cette soirée de ballet dans le Théâtre Mariinski, que les français continuent bizarrement à appeler Kirov. Les prix prohibitifs proposés par la cellérière agressive de la caisse pour des places de fond de scène face aux dos des chanteurs nous ont fait opter pour le ballet. Bien nous en a pris. Nous avons eu la chance d’occuper le premier rang de la loge du tsar magnifiquement placée pour admirer la superbe salle dorée.
Le spectacle commençait par l’orchestration par Rimski Korsakov du Carnaval de Schumann. Les danseurs étaient habillés façon opérette dans une mise en scène gentiment kitsch. Suivait l’orchestration de Mahler de l’andante du Quatuor La jeune fille et la mort. Cette fois-ci, la mise en scène était moderne, confiée à quatre jeunes hommes qui soulignaient magnifiquement le tragique de la musique et obtinrent un triomphe mérité. La soirée s’achèvait avec Le réveil de Flore, une œuvre peu connue d’un compositeur italien qui a fait toute sa carrière à Saint Petersbourg, Riccardo Drigo. La musique était un mélange léger d’Offenbach et de Tchaikovski et la mise en scène replongeait dans le kitsch avec force robes greco-romaines. Une chêvre fort poilue passait et repassait avec un cortège romain en fond de scène à la grande joie du public. Le public russe, aussi froid à Saint Petersbourg qu’il l’était à Moscou aurait attiré la fureur de Paris Broadway en s’éclipsant dès la dernière note de musique. Pourtant, un groupe de fanatiques restèrent longtemps dans la salle obligeant le couple vedette à venir saluer une dizaine de fois avec une grâce bonhomme. Lorsque nous avons quitté le Théâtre Mariinski...

17623ème jour

Un concert de l'orchestre Philharmonique de Saint Petersbourg

A peine Sergei et son taxi rouge nous avaient-ils déposés devant l’hôtel que nous repartions dans les rues de la ville. Je savais où j’allais : en direction de la salle où joue l’orchestre Philharmonique de Saint Petersbourg et qui porte désormais le nom de salle Dmitri Schostakovich. Nous sommes allés boire un thé à l’hôtel Europa voisin en attendant l’heure du concert. Comme à Moscou, le spectacle était autant dans la salle que sur scène. Des spectateurs plutôt âgés, des petites vieilles aux chapeaux hallucinants, quelques militaires en uniforme et les ouvreuses hargneuses que l’on trouve partout en Russie. "Cllock Rrroom!!!" nous crie la coupeuse de billets en nous barrant le passage pour nous faire comprendre qu’on n’entre pas dans la salle en manteau. La salle est d’un blanc immaculé, organisée à l’italienne avec un grand balcon rectangulaire.
Le concert comprend trois œuvres, l’ouverture d’Euryanthe de Weber, le concerto pour piano de Schumann, la sixième symphonie de Schubert. Il est frappant de constater que l’orchestre de Saint Petersbourg n’est plus que l’ombre de ce qu’était la Philharmonie de Leningrad. L’émigration des musiciens russes attirés par les salaires américains est sans doute passée par là. A ma grande déception, je n’entend rien d’exceptionnel ce soir. Un son banal, un concerto juste correct et une symphonie de Schubert navrante de sentimentalisme, dirigée par un Youri Simonov qui se regarde diriger sans s’émouvoir de la guimauve qu’il nous offre.

17622ème jour

Un concert au Conservatoire Tchaikovski

Il y a longtemps que je voulais assister à un concert dans cette salle mythique, sans doute depuis le retour que Vladimir Horowitz y fit en 1986, retour que je suivis passionnément, sans doute aussi depuis cette promenade où je n’avais pu qu’admirer le bâtiment de l’extérieur. Mon ami Andrey qui m’avait pris les places m’avait pourtant bien spécifié que le concert n’avait pas lieu là, mais dans une salle moderne, s’appelant elle aussi Tchaikovski et située au métro Mayakovskaya. "C’est là que j’ai acheté les billets" m’a-t-il dit pour achever de me convaincre. C’est donc devant la statue de Mayakovski que nous nous sommes retrouvés avec ma collègue à 18h45. Alors que nous pénétrons dans la salle, l’ouvreuse nous fait comprendre que c’est un autre concert qui a lieu ici. Je comprends évidemment aussitôt et nous ressortons, marchons sur le grand Boulevard Sadoyava, trouvons miraculeusement un taxi qui, pour un prix étonnamment modique, nous dépose devant le Conservatoire Tchaikovski à dix neuf heures pile. Il y a foule, tous les spectateurs sont massés dans le couloir qui entoure la salle à l’intérieur de laquelle l’orchestre répète encore ce qui sera le bis du concert.
Le concert commence finalement avec une demi-heure de retard. Je suis heureux et ému de me trouver dans cette salle blanche au célèbre arc de scène et dont les portraits des grands compositeurs ornent les murs.
L’orchestre Symphonique de la Nouvelle Russie, dirigé par Youri Bashmet joue une magnifique Inachevée de Schubert, incomparablement plus belle que celle entendue récemment à Amsterdam. Youri Bashmet cisèle le son de ses musiciens comme un orfèvre, obtient des contrastes sublimes sans en faire trop. Je suis juste surpris par la sècheresse de l'acoustique.
Après avoir entendu il y a un mois le second concerto pour violon de Sofia Gubaidulina, j’écoute maintenant le premier, Offertorium, interprété par Viviane Hagner. C’est un bavardage inutile sur des thèmes de l’Art de la fugue dont je me demande toujours ce qu’il peut bien avoir d’un Offertoire.
Ma collègue et moi passons l’entracte à admirer les spectateurs au look souvent hallucinant, qu’il soit rustique -de la campagne-, ou sophistiqué - de la campagne également-. Il y a en particulier une dame à la coiffure invraisemblable, une raie horizontale sur le devant de la tête et qui lui donne l’impression d’avoir le front poilu.
La deuxième partie du concert est dédiée à l’une de mes œuvres fétiches, Harold en Italie, dirigée de l’alto par Youri Bashmet dont c’est une des spécialités. Dès l’entrée de l’alto, la salle sait qu’elle va vivre un moment de générosité exceptionnelle, offert par la chaleur incroyable du magnifique instrument de Bashmet.
En bis, l’orchestre nous offre une musique de film en cours d’enregistrement et aux allures de Donauwellen. Je suis surpris par la froideur des moscovites qui applaudissent peu longtemps et du bout des doigts. Pourtant de nombreux spectateurs portent au chef un bouquet de fleurs acheté sans doute dans la journée et que Youri Bashmet, dont les bras sont vite plein à ras bord, accepte avec le sourire.
Ma collègue et moi allons dîner à la petite brasserie qui fait l’angle devant le conservatoire et où je me régale d’un bortsch et d’un petit gâteau de crabe.

17621ème jour

La Gran Partita de Pierre Boulez

A peine descendu de l’Eurostar, je suis vite allé à la salle Pleyel pour un merveilleux concert, une magnifique Gran Partita dirigée par Pierre Boulez avec une fantaisie dont je ne l’aurais jamais cru capable. C’est indéniablement la meilleure des quatre versions qu’il m’ait été donné d’entendre en concert ces deux dernières années. J’émettrai juste le regret du choix du contrebasson, et non de la contrebasse qui, de mon point de vue apporte un charme et un côté dansant irrésistible aux Ländler des menuets. En deuxième partie, un concerto de chambre d’une clarté incroyable, même s’il est des passages de l’œuvre dans lesquels, à ma grande honte, j’ai un peu de mal à entrer.
Après le concert, nous sommes allés dîner chez Finzi, puis tu m’as emmené sur ton scooter jusqu’à chez moi en fonçant à toute allure sur le boulevard Hausmann. Je me serrais fort contre toi, pour me protéger du froid. On a longtemps parlé ensemble, on a fumé un joint un peu trop fort et pour la première fois tu as dormi contre moi. Au petit matin, je t’ai laissé avec les clés de chez moi à côté l’oreiller, j’ai vite préparé ma valise et je suis allé prendre le premier vol de Moscou.

17620ème jour

Sixième et dernier acte

Je savais depuis longtemps que cette soirée ne m’apporterait rien. C’est un sursaut de fierté bien inutile qui me conduisait à vouloir cette rencontre dont je savais qu’elle serait sans lendemain. J’ai eu un certain plaisir à voir D. s’excuser de son silence alors que de mon côté j’avais continué à rester sur le ton de la courtoisie la plus totale, sans aucune agressivité. Je suis allé le chercher à l’arrivée de son vol de Naples. Je l’ai raccompagné dans le centre de Londres. Nous nous sommes un peu perdus en voiture. La magie de la première soirée n’était plus là. Je l’ai raccompagné chez lui.
Alors que je ramenais la voiture de location à l’agence située pile entre Saint Pancrace et le Russel Hotel, je tourne à gauche devant Euston Road alors que je sais fort bien que c’est interdit. Aussitôt après une voiture de police de Sa Majesté me fait signe de m’arrêter. Je n’ai pas mon permis de conduire sur moi, juste mon passeport. Je me fais morigéner comme en enfant par les deux flics et je me confonds en excuses, invoquant ma méconnaissance des rues londoniennes. On me fait souffler dans le ballon. Je ne sais pourquoi, j’ai envie de rigoler en pensant à ce blow job. Le test est évidemment négatif, je n’ai rien bu de la journée. J’ai droit à une nouvelle leçon de morale, j’apprends que la règle voudrait que je sois placé en arrestation et convoqué devant le juge le lendemain. Je me confonds de nouveau en excuses, puis remercie fort hypocritement. Je dépose la voiture chez Avis et je rentre au Russel à pied dans le froid londonien.

17619ème jour

Indiennerie

Paris, puis Saint Pancrace où je récupère ma voiture de location. Je tente de trouver la M5 qui part vers l’ouest en évitant d’entrer dans la zone où s’applique la congestion charge. Puis, je retrouve la route habituelle de deux heures jusqu’aux Costwolds. Devant le site industriel où je retrouve un client ukrainien, je constate que comme à l’habitude, est stationnée la petite camionnette blanche de poppodoms, un livreur de plats indiens. Et comme à l’habitude, je souris en lisant le petit panneau appliqué à l’arrière : "No curries kept in this vehicle overnight"

17618ème jour

Mon nouveau tamagochi est noir

A Dubai, il y a dix jours j’ai remplacé mon Ipod qui commençait à donner de vrais signes de faiblesse. Et depuis je passe une bonne partie de mon temps à l’alimenter des pochettes d’album des musiques qu’il contient. Peut-être cinq ou six cent pochettes à retrouver sur Internet et à ranger. Ca ne sert à rien mais c’est irrésistible. En même temps, j’écoute le disque de Thomas Dutronc et j’aime beaucoup.

17617ème jour

Te revoir I

J’ai eu plaisir à te retrouver à l’angle de ta rue. On est allés dîner juste à côté de chez toi, dans un petit bistro si parisien. Pendant le dîner, tu riais en manipulant mon téléphone. Et j’ai su peu après que tu avais ajouté sur ma propre page Facebook "dîner en charmante compagnie". Et tu avais raison…
On est allé chez toi. J’ai vu les yeux exorbités d’Orson Welles que je t’avais postés d’Amsterdam cinq jours plus tôt. Et puis on s’est posés l’un contre l’autre sur ton petit canapé de cuir clair. On est restés là, juste blottis en se serrant fort. C’était tendre et doux. A trois heures du matin, je suis rentré chez moi et sur le chemin du retour, tu me manquais déjà.

17616ème jour

Acte V

05h06: de D. à V. I’ll be back in London on Monday night around 23. Give me a ring if u around on Tuesday too.
C’est étrange cela devrait me faire plaisir de recevoir enfin une réponse mais je me rends compte que je ne suis plus intéressé par D. depuis longtemps. J’ai insisté –indéniablement beaucoup trop- uniquement parce que j’étais énervé et sans doute un peu vexé de sa disparition sans réelle raison. L’absence de réaction à autant de messages était le signe évident d’un désintérêt profond. Mais je voulais savoir ; et je voulais comprendre. Et je saurai ; et je comprendrai.

17615ème jour

Impressions de Borispol

Lever à quatre heures à Kiev. Il est trois heures à Paris. Le taxi nous attend comme prévu devant la porte de l’appartement. A l’aéroport je poste mes trois cartes postales hallucinantes de laideur achetées la veille au soir. Nous buvons un jus de fruit au pub irlandais de l’aéroport. A côté de nous, malgré l’heure matinale, une femme mange des cornichons dans un grand bocal, puis boit avec un plaisir certain tout le liquide acide dans lequel ils baignaient. Dans l’avion je récupère avec bonheur un sac à vomi de la compagnie ukrainienne et je termine le troisième tome de Millenium.
Arrivée à l’heure à Paris. Journée de travail presque normale. Dîner avec des clients grecs. Alors que je les laisse à la borne de taxi du Métro Villiers il est minuit et je suis heureux de retrouver mon lit.

17614ème jour

Kiev

Une promenade amusante dans Kiev pour nous rendre de notre appartement jusqu’aux locaux d’un client. Nous prenons un petit déjeuner près de la place où a eu lieu la révolution orange. Le service est exécrable comme à l’habitude. Nous reprenons notre route qui passe près de la porte d’or où jadis, on payait un impôt avant de pénétrer dans Kiev. Nous croisons des passants de toutes sortes, des petites vieilles au visage buriné qui vendent des grosses pommes de terres et des légumes mal fichus à même le sol, quelques jeunes femmes à la jupe outrageusement courte en cette fin d’hiver, des sbires affectés à la sécurité de quelque homme d’affaire et qui semblent recyclés des services secrets. Je n’aime pas cette ville et pourtant je lui trouve un charme fascinant.

17613ème jour

Amsterdam Kiev

Vol presque vide de la KLM entre Amsterdam et Kiev. A l’arrivée pas grand monde non plus et à ma grande surprise je me retrouve dans le hall de Borispol en lisant Millenium III et en attendant un collègue qui arrive de Paris trente minutes après moi. Nous échappons aux taxis véreux et nous arrivons comme d’habitude à toute allure dans le centre de Kiev. Pour éviter les prix faramineux des hôtels ukrainiens, nous allons cette fois ci dans un appartement. C’est amusant d’avoir l’impression d’habiter là, d’investir un vieil immeuble à l’allure soviétique réaménagé de façon moderne et impersonnelle. Le soir, comme à l’habitude, une vodka au poivre, un bortsch, des galettes de pomme de terre et un très bon vin de Crimée.

17612ème jour

Le voyage le plus court fut aussi le plus long

A peine étions nous entrés dans l’avion que le pilote nous a annoncé qu’en raison du vent violent, nous ne pourrions partir dans l’immédiat. Deux heures plus tard, le vent n’avait toujours pas faibli et l’avion nous ramenait à l’aérogare. Comme de nombreux avions parcouraient le même chemin, c’est en bus que nous sommes finalement revenus au satellite.
J’ai changé mon billet pour un vol dans l’après midi. Au guichet Air France, on m’a expliqué que ma valise serait automatiquement transférée, mais échaudé par mon aventure dublinoise, j’ai préféré aller la chercher moi-même sur le tapis de livraison. Cette insubordination et ce manque de confiance envers la compagnie nationale m’ont valu un commentaire acide. A ma grande surprise, j’ai pénétré dans la salle de livraison des bagages en sens interdit sans que quiconque ne me demande ce que je faisais là.
Quelques heures plus tard, j’ai retrouvé Amsterdam pour quelques instants devenus inutiles, j’ai dîné d’une agréable raie préparée à l’asiatique et je me suis endormi pour une courte nuit.

17611ème jour

Clermont, Paris, la Septième et Orson

Mes filles et moi, rentrons par le premier train du matin. Dans le wagon, un groupe de supporters de rugby montent de Clermont à Paris pour assister à un match. Dès huit heures d’abominables odeurs de nourriture décadente et réchauffée nous envahissent. Des saucisses au fumet acide accompagnées de je ne sais quoi, plus des volutes de gros rouge.
Est-ce en raison de ce réveil olfactif que l’après-midi j’ai eu beaucoup de mal à entrer dans la Septième que donnait le LSO à Pleyel. Je me faisais une fête de retrouver Valery Gergiev et ses musiciens un an après ce mémorable concert Debussy Stravinski. Un premier mouvement meublé de nombreuses imperfections, deux Nachtmusik un peu banales, un finale à un train d’enfer, il restait néanmoins un scherzo fantomatique et parfait.
Mais le moment le plus agréable de cette journée consistait en tes deux grands yeux noirs qui me regardaient dans la jolie lumière rouge de la salle de chez Barlotti. Et cette coupe de champagne partagée chez moi en écoutant Heldenleben.

17610ème jour

Clermont

Dîner chez ma sœur. Je suis le seul mâle à une tablée de sept personnes. Ma sœur me remet discrètement une lettre qu’elle a reçu de mon père quelques jours plus tôt, sorte de réponse désabusée et triste à une autre lettre que j’avais adressée il y a huit ans à mes parents.
Je lis les caractères soignés de mon père dont la main ne tremble pas et j’ai vite envie de penser à autre chose, d’oublier ce gâchis de la haine et de la bêtise, des remords et des regrets. Peut-il être possible qu’il soit déjà tard pour dire "je t’aime ?"

17609ème jour

La Place de Regensburg

Je me rends en Auvergne par le train. La sœur et l’une de mes filles viennent me chercher à la gare. Nous parcourons les rues laides de la ville. Je les connais par cœur et pourtant avec le temps qui passe, des repères s’éloignent, des noms s’oublient. Lorsque j’étais enfant, pendant des années, mon père et ma mère m’a déposé devant l’école sur une place où se trouve un monument assez laid représentant un soldat de pierre blanche. J’ai eu beau chercher, il m’a fallu l’aide de ma sœur pour retrouver le nom de la place de Regensburg.

17608ème jour

En toute logique...

Mes filles participent à l’opération de récupération des bouchons de bouteilles d’eau permettant d’offrir des fauteuils roulants aux personnes en ayant besoin. De temps à autre, l’une d’elles emporte à l’école un grand sac de bouchons multicolores. Alors qu’elle contemplait le sac, l’une d’elle me demande soucieuse : "Mais papa, comment font-ils, ils trient les bouchons par couleur afin de faire des fauteuils de différentes couleurs ?"

17607ème jour

Thomas

Dîner avec Thomas au Louis 2. Alors que je le regarde dans sa chemise élégante, je me demande soudain ce que je fais là avec lui. Tout ce temps perdu à la recherche de je ne sais quoi. Il me raconte sa soirée de la veille, il me raconte des gens, il me raconte son île, il me raconte son ennui. Je le ramène en bas de chez lui avenue Duquesne. La Tour Eiffel scintille alors que je rentre chez moi.

17606ème jour

4

21h53 : de V. à D. Very often I wonder if I did something wrong with u. If it is the case or if you don’t want to see me again, you should let me know. I don’t forget you.
Je n’ai pas reçu de réponse à ce message.

17605ème jour

Dubai Paris

L'avantage du vol Emirates Dubai Paris sur celui d'Air France est qu'il part plus tôt et arrive donc aux aurores. J'ai donc juste le temps de rejoindre Paris avant les bouchons, de prendre une douche chez moi et d'arriver à une heure très normale au bureau.

... et des conséquences

En une nuit, j’ai perdu vingt degrés centigrades. En une nuit, j’ai perdu le soleil. En une nuit j’ai gagné un corps qui pèle de la tête au pied.

17604ème jour

Des causes...

Journée identique à la précédente. Je suis retourné à la Librairie Française près de l’hôtel Fairmont. Elle était ouverte et sur l’une des tables se tenaient bien en vue les trois tomes rouges et noirs. Je suis revenu en taxi en commençant à lire les nouvelles aventures de Blomkvist et Santander.
Et puis je suis resté trop longtemps à la piscine. En pénétrant dans l’avion Air France, un steward m’a regardé goguenard et m’a dit : "Vous vous êtes endormi au soleil ?"

17603ème jour

Al Manzil

Pour ce séjour, on m’a installé dans un nouvel hôtel de Dubai. La décoration est curieusement d’assez bon goût, les chambres sont spacieuses et bien aménagées. La baignoire se trouve dans la chambre et le meuble ovale de bois sombre sur lequel repose une grande télévision peut être tourné soit vers le lit soit vers la baignoire. Seule faute de goût, ma chambre a une vue déjà imprenable sur le Burj Dubai.
Ce vendredi étant ici le repos hebdomadaire, j’ai passé une partie de la journée au bord de la piscine et j’ai visité le Souk, nouveau centre commercial qui fait face au Burj Dubai. J’ai tenté ma chance à la librairie française de Dubai pour acheter l’opus II de Millenium mais la porte en était désespérément fermée.

17602ème jour

Les 29 février

Il y a quatre ans, je n'ai même pas prêté attention au fait qu'il s'agissait d'un jour spécial. C'était mon dernier jour à Bali, une journée particulière, une nuit presque blanche, il y a quatre ans déjà.
Aujourd'hui j'ai travaillé dans ma chambre d'hôtel à part deux heures en début d'après-midi que j'ai passées sur un transat à la piscine à lire Gulf News.
Hier soir à l'invitation d'un client j'ai fait un tour au Dubai Jazz Festival. Un grand amphithéâtre quasiment vide au milieu d'immenses buildings. Buffet moyen, musique navrante, ambiance et température plutôt froides.
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