Adriana Mater
Quatre jours après la ridicule grève surprise des techniciens nantis de l'emploi de l'Opéra Bastille, c'était donc enfin la première mondiale d'
Adriana Mater. Le rideau se lève sur un décor ressemblant fortement à la cité de la guerre des Etoiles que j'avais visité près de Tozeur voici quelques années. Au cours de la représentation, les maisons se colorent de l'intérieur dans des teintes orangées, rouges ou bleues. Joli mais déjà vu si souvent... Quatre personnages, Adriana, sa soeur, son violeur, puis au deuxième acte, son fils. Ils sont habillés n'importe comment, mais c'est la guerre, qui plus est dans un pays ressemblant à la Bosnie, on n'est pas là pour être glamour. Il reste la musique bien sûr, un orchestre chatoyant aux belles couleurs symphoniques, un choeur caché, aux voix retransmises sur haut parleurs, utilisé comme une matière orchestrale et dramatique. Et puis les solistes, et c'est de là que vient la plus grande déception. L'écriture de Kaija Saariaho pour les voix est étrange, elle semble indépendante de l'action théâtrale, dans des harmoniques souvent semblables et il ressort de l'oeuvre une grande monotonie.
Celui qui sort le mieux son épingle du jeu est le librettiste Amin Maalouf, avec un très beau texte parvenant à nous faire réfléchir sur un sujet aussi éculé que la guerre.
Les spectateurs applaudissent chaleureusement mais brièvement. Au rang juste devant nous, le mari et le fils de la compositrice ont l'air très fier de leur épouse et maman.
(Message personnel pour Ben : le fils de Kaija Saariaho ressemble comme deux gouttes d'eau à Hayden Christensen).
Une pensée amicale à mon
voisin de droite qui a fait la queue pour avoir des places.
Une pensée émue à mon voisin de gauche qui, toutes les deux minutes, avec une régularité d'horloge, a commis un rot silencieux mais aux odeurs épanouissantes d'ail et d'intestin dérangé.