18819ème jour
La Dixième de Mahler d'Eliahu Inbal au Concertgebouw
Ayant pris des billets croisés dans le mauvais sens, je me vois obligé d’aller à Amsterdam en train. Je suis parti à l’heure de chez moi mais le parking de la gare du Nord était quasiment complet. Après avoir désespérément parcouru tous les étages, j’ai laissé ma voiture un peu n’importe où, à un endroit qui n’était définitivement pas une place, j’ai couru à la gare récupérer mon billet, couru encore au train et je suis entré dans le premier wagon qui se présentait, alors que les portes se fermaient. Je suis retourné comme d’habitude à l’hôtel
Jan Luyken et je me suis rendu au
Concertgebouw pour l’unique concert de la
Dixième qui clôturait le cycle. Comme je n’avais pas pu acheter de place, c’est par l’assistante de Mariss Jansons que j’en avais obtenue une et il était un peu agaçant de constater que j’avais une place gratuite excellente alors que je suis souvent mal placé au
Concertgebouw lorsque je paye. Est ce la fatigue ou un sentiment réel ? J’ai été un peu déçu par cette
Dixième que j’ai trouvée routinière, très en deça en tout cas de la même
Dixième dirigée par le même Inbal à
Pleyel à la tête de la Philharmonie tchèque. Comme c’est le dernier concert du cycle, tous les spectateurs reçoivent un petit Pins frappé d’un M et du logo du
Concertgebouw. J’en prends un autre à l’attention de HL. J’achète également une grande affiche du cycle Mahler.
Antoine m’envoie un message pour savoir s’il peut dormir chez moi. J’accepte bien évidemment et cela me fait plaisir de le savoir chez moi.
18818ème jour
Guinness
Je sors très tard du bureau, juste pour retrouver Antoine qui rentre de Dublin. Il m’offre une affreuse casquette marron avec le logo
Guinness, mais cela me fait plaisir quand même. On passe chez lui, on mange une crèpe près du Panthéon et on dort chez moi.
18817ème jour
Jour banal
Je laisse Antoine rue Caumartin, je travaille comme un imbécile toute la journée et je rentre tard chez moi.
Je dors seul, ce qui me devient de plus en plus pénible.
18816ème jour
Le récital de Cecilia Bartoli à la Galerie des glaces
Nous sommes rentrés de Hambourg à 4h30 et je me suis réveilleé trois heures plus tard pour attraper le vol de Stuttgart. Retour dans l’après-midi, je récupère Antoine porte d’Auteuil car j’ai deux places pour le récital Vivaldi de Cecilia Bartoli dans la
Galerie des glaces. Une véritable escroquerie ce récital. Les billets (hors de prix) ont presque tous été vendus en première catégorie et donc les nôtres sont dans le troisième tiers de la galerie, à un emplacement où l’on ne voit rien et où l’on n’entend pas grand-chose non plus. L’assistance est épouvantable, avec beaucoup de clients invités par le
Crédit Agricole, mon voisin passe le concert à répondre à des mails sur son
iPhone. Si l’on ajoute à mon récit que c’est une journée caniculaire et qu’il fait environ 35°C dans la galerie, on comprend facilement que cette soirée fut un véritable enfer. A l’entracte, je croise Benoit, ce type qui
imitait Celibidache de façon amusante. Pour le fun, je présente Antoine comme étant mon fils et alors que je le recroise il me dit : "
Ma mère est amoureuse de ton fils. Elle m’a dit que c’était une véritable gravure de mode!"
18815ème jour
Purgatorio par le ballet de Hambourg
Le matin, nous sommes allés en voiture au
Fischmarkt où nous avons pris un brunch sous une halle aux poissons. Il y avait une atmosphère terriblement germanique avec un orchestre pourri et des chanteurs pop et Antoine était fasciné. Nous sommes allés observer les travaux de l’
Elbphilharmonie dont le bâtiment est déjà très impressionnant. Je ne sais trop pourquoi, nous sommes allés de l’autre côté du port voir la salle où l’on donnait
Le roi Lion et dont l’immense logo illuminé se voyait très clairement depuis l’autre rive puis, le soir, nous sommes allés à l’Opéra pour y voir le ballet objet de notre voyage. Ce ballet, qui était le dernier volet d’un cycle Mahler au cours duquel l’ensemble de l’œuvre de Mahler a été jouée, regroupait bizarrement des
Lieder d’Alma Mahler, plutôt maladroitement orchestrés, et la
Dixième Symphonie de Mahler, dans la version de Derick Cooke. L’action s’inspirait de la relation triangulaire entre Mahler, Alma et Walter Gropius. C’est un peu léger pour en faire un ballet de presque deux heures et j’ai un peu de mal à voir Mahler représenté par un danseur, même si celui-ci n’est plus tout jeune et qu’il a des lunettes. On m’avait dit le plus grand bien du ballet de John Neumeier sur la
Troisième Symphonie mais ce nouvel opus intitulé
Purgatorio fut un vrai supplice. Les
Lieder étaient fort bien interprétés par Charlotte Margiono. L’orchestre de Hambourg, en petite forme était mollement dirigé par Simone Young.
Vers vingt heures, nous prenions la route pour les neuf cents kilomètres qui nous séparaient de Paris.
18814ème jour
Hambourg
Nous sommes partis vers dix heures pour faire d’une traite la route d’Aix la Chapelle à Hambourg. On s’est promenés en ville tout l’après midi sous un beau soleil. La ville m’a semblé plus austère et moins attirante que lors de
mon précédent séjour.
Le soir, nous avons dîne au
Fischküche, un joli restaurant près du port. Nous étions installés dans une petite salle à manger privée qui domine le restaurant et c’était amusant d’être là tous les deux, le serveur empruntant un petit escalier pour nous servir les plats, à commencer par de délicieux jeunes harengs qui fondaient dans la bouche. La patronne Karin Brahm, au look délicieusement suranné est venue nous saluer.
Après le dîner, comme Antoine voulait marcher, après avoir pissé dans le port depuis une passerelle, on est partis droit devant nous à travers des quartiers résidentiels. Antoine ne voulait absolument pas que je regarde le plan de la ville sur mon
iPhone et il avait bien raison. Lorsque je regarde aujourd’hui une carte, nous avons fait un parcours étrange qui nous a mené par le plus grand des hasards depuis le
Kajen jusqu’à
Sankt Pauli, le quartier chaud de la ville, juste au dessus des docks, bondé de bars et de prostituées. Il y avait aussi un rassemblement de motards en
Harley Dadidson. Nous avons continué notre route jusqu’à l’hôteL en passant, à nouveau par hasard, devant la
Laeiszhalle, qui est la grande salle de concert de Hambourg.
18813ème jour
Paris Aachen
En fin de journée, je récupère Antoine porte Maillot et nous luttons contre les embouteillages pour partir sur l’autoroute du Nord en direction de la Belgique. Nous nous arrêtons à Aix la Chapelle, faisons un tour en ville dans la nuit et trouvons avec grand peine un restaurant (médiocre) à saucisses. Mais Antoine est ravi. Cette escapade allemande semble le dépayser totalement et nous dormons l’un contre l’autre à l’hôtel.
18812ème jour
Fragment du discours amoureux
A: Pas de nouvelles pendant plus de huit heures tu ne penses pas vraiment à moi j’ai l’impression j en suis même presque sûr
V: Sisi. Je pense souvent a toi. Mais je voulais etre rassuré sur le fait que toi aussi
Le soir il me rejoint de nouveau tard chez moi après un spectacle et un dîner.
18811ème jour
Paris Bruxelles Somewhere
Nouvel aller retour à Bruxelles. Réunion de travail très tardive. Je dîne avec un collègue à la
brasserie de la Grande Armée. Je rentre chez moi regarder la fin de
Somewhere et Antoine me rejoint chez moi juste alors que le film s’achève.
18810ème jour
Somewhere
Je regarde
Somewhere de Sofia Coppola que je n’avais pas pu voir lors de sa sortie. J’aime beaucoup l’atmosphère de ce film où il ne se passe rien. Antoine me dit avoir une connexion particulière avec le rôle de ce jeune acteur qui s’inquiète d’une légère calvitie naissante et qui prend des médicaments dans l’espoir de stopper la chute de ses cheveux. Comme je dois aller de nouveau chercher Antoine, j’interromps le film avant la fin, je vais le chercher à Saint Cloud, on passe chez lui et on revient dormir chez moi.
18809ème jour
Des nouvelles de la folle
Ce soir, alors que je viens de rentrer chez moi et que je suis en chaussettes pour que la voisine du dessous n’entende pas mes bruits de pas, celle-ci passe et me dit de façon très désagréable que mes efforts sont insuffisants. Je l’éconduis sans ménagement. Plus tard, je pars chercher Antoine à Saint Cloud et je le ramène chez moi. Pour la première fois, je lui fais la cuisine, mais de façon totalement improvisée : une salade et des
pasta alla romana. Il a l’air content. On dort l’un contre l’autre.
18808ème jour
L'opéra de Quat'sous
Nous sommes rentrés de Clermont de bonne heure de façon à être à l’heure à la Comédie Française pour la matinée de l’Opéra de Quat’sous que je voyais pour la première fois de ma vie. L’œuvre, étonnamment novatrice, est un peu longue. La mise en scène n’aide pas vraiment à supporter le choc. Sans aller jusqu’à la formule du
Monde qui disait que Laurent Pelly ajoutait du nutella sur une couche de chocolat, c’est lourd et fastidieux. J’ai aussi beaucoup de mal à entendre des acteurs chanter tant ils sont toujours à la limite de la justesse.
Le soir, je retrouve Antoine qui me rejoint chez moi après un dîner de famille.
18807ème jour
Un samedi en Auvergne
Journée auvergnate. Nous allons dans un petit village complètement perdu en montagne où un guérisseur a un certain talent pour supprimer les verrues et nous retentons l’expérience pour l’une de mes filles. Nous passons brièvement au Mont Dore, ville d’eau déserte et sinistre sous le ciel gris. J'y fais une provision de saucissons variés et le soir, nous dînons à l’Ours des Roches, un restaurant où mes parents avaient jadis leurs habitudes.
18806ème jour
Paris Clermont
En fin de journée, mes filles me rejoignent chez moi, nous dînons rapidement au japonais d’à côté de chez moi et alors que le trafic est devenu calme, nous allons à Clermont-Ferrand en voiture.
18805ème jour
Les journées Antoine
Ce matin, j'ai retrouvé dans un vieil agenda noir barré du nombre de l'année en lettres rouges, ce que j'avais fait le jour de la naissance d'Antoine. Le résultat était amusant.
A midi, je suis revenu de de mon travail jusqu’à Paris pour déjeuner avec Antoine à la
Brasserie de la Grande Armée. Je lui ai fait part de ma recherche du matin et cela l'a fait sourire. Nous avons aussi retrouvé ce jour commun du 11 septembre 2001 où, en visite avec son école, il avait passé une nuit dans le
Guggenheim Museum, tandis que je dormais quelques rues plus bas au
Warwick.
Ce soir, je sors tard du travail pour récupérer Antoine après un spectacle auquel il a assisté au
Théâtre du Palais Royal.
Je passe la nuit avec Antoine.
Il y a quelques jours, il m’a donné le double de la clef de chez lui et j’ai fait de même.
18804ème jour
Paris Bruxelles
Aller retour à Bruxelles pour une réunion de travail.
Antoine a reçu ma mini carte postale de
chez Janou et me dit d'un ton moqueur qu’il va pouvoir ouvrir un magasin de cartes postales, tant il en a déjà reçu de moi. Le soir, je le récupère à la sortie d’une soirée à l’Etoile et nous passons la nuit chez moi.
18803ème jour
Et encore Madame Sans-Gêne
J’ai revu un peu distraitement
Madame Sans Gêne à la télévision, diffusé cette fois ci en direct du
théâtre Antoine. Alors que les décors font très carton pâte en vrai, ils passent plutôt bien en video. Le spectacle est un peu plus léché que la veille, Dominique Pinon n’a pas le terrible trou de mémoire qu’il a eu la veille. En revanche la caméra grossit le trait et le jeu des comédiens destiné à la salle parait plus caricatural, en particulier le
Napoléon de Philippe Uchan. En fin de soirée, Antoine, qui a revu lui aussi la captation à la télévision, me rejoint chez moi.
18802ème jour
Madame Sans-Gêne
En ce lundi de Pentecôte, je laisse Antoine pour aller déjeuner avec mon frère qui a des soucis. Je l’invite à la
Fontaine de Mars, rue Saint Dominique. Il est déprimé et comme d’habitude avec lui, il faut toujours trouver de nouveaux sujets de conversation sinon la discussion s’enlise en un silence pesant.
Je suis content de retrouver Antoine qui a la mauvaise idée de m’emmener à l'Odéon voir
X-Men, qui, à part le beau sourire de
Nicholas Hoult (avant qu’il ne se transforme en monstre bleu et poilu) n’a vraiment aucun intérêt.
Le soir, nous allons au
théâtre Antoine pour une représentation exceptionnelle de
Madame Sans-Gêne, juste avant la captation télévisée du lendemain. C’est un spectacle plaisant, amusant, populaire et respectueux du public. Clémentine Célarié reprend le rôle qui l’avait rendue célèbre voila onze ans et la distribution est presque la même, à part Dominique Pinon qui reprend le rôle de Fouché. Il aura d’ailleurs un terrible trou de mémoire que Clémentine Célarié meublera avec une grande présence d’esprit.
Antoine et moi dînons près de l’
Olympia avant de passer la nuit chez moi.
18801ème jour
Week-end amoureux II
La sonnerie de la porte d’entrée me réveille. Je n’ai aucune idée de qui cela peut être et je n’ai nulle envie de répondre. Mais le visiteur se fait insistant et sonne même en quasi continu pendant une dizaine de minutes, si bien que je devine qu’il s’agit de ma voisine du dessous sans doute agacée car nous avons marché dans l’appartement hier soir tard. Elle a ensuite tenté de me joindre par téléphone sans plus de succès. Journée douce avec Antoine et composée d’un déjeuner
chez Janou et du DVD d’
Un conte de Noel d’Arnaud Despléchin qui est l'un de ses films fétiches.
En sortant de
chez Janou, Antoine me remet l’une des mini cartes postales du restaurant sur laquelle il a inscrit un bisou éphémère.
18800ème jour
Week-end amoureux I
Peu après l’atterrissage, j’étais heureux d’utiliser pour la première fois le système de vérification des passeports par empreinte digitale. Je rentre dans le long sas et je m’apprête à glisser mon passeport dans le lecteur lorsque je réalise qu’une femme est entrée avec moi. Je me retourne et lui dis : "
Mais Madame, vous ne pouvez pas entrer avec moi!" Elle me regarde d’un air ahuri et la porte se referme derrière elle. Bien évidemment, comme nous sommes deux dans le sas, je ne peux plus me faire reconnaître et il ne reste plus qu’à demander de l’aide. Un douanier arrive, et naturellement, imagine que nous voyageons ensemble. Je lui explique que non que la dame est entrée derrière moi sans comprendre ce qu’elle faisait vraiment. Il me dit : "
Ah bon ? Vous n’êtes pas ensemble? – Heureusement non!" Ai-je répondu, devant la vieille ahurie.
Malgré mon heure d’arrivée matinale, Antoine m’attendait à la sortie des passagers. J’étais heureux de le retrouver, et on est rentrés chez moi pour dormir un moment. On a déjeuné ensemble à
La Poste du boulevard Malesherbes, et on s’est baladés en
velib dans Paris.
Le soir, j’ai dîné à la
Sardegna avec mes filles à qui j’ai remis leur cadeau
Abercrombie puis tard dans la nuit, Antoine m’a rejoint chez moi pour dormir.
18799ème jour
Atlanta Paris
J’étais heureux de quitter cette ville sans charme. Avant de partir, je suis passé dans un centre commercial assez laid pour faire des cadeaux
Abercrombie à mes filles. Je suis allé de mon hôtel à l’aéroport en métro. Les passagers étaient presque tous noirs. A un moment, devant moi, un énorme black avec une sorte de crête
auburn a sorti une chaussette de son sac puis, après l’avoir consciencieusement reniflée pour s’assurer qu’elle était propre, il l’a coincée entre le siège devant lui et son front, afin de pouvoir dormir plus confortablement.
Comme j’avais acheté une petite carte avec une citation de Shakespeare à l’attention d’Antoine, je devais la poster avant de partir et c’est la fille d’Air France qui, très gentiment, a accepté de me céder deux de ses timbres et de la poster pour moi.
18798ème jour
Red eyes
Le vol de nuit de Phoenix à Atlanta part à minuit, il dure trois heures et il y a également trois heures de décalage entre les deux villes. On arrive donc à Atlanta à six heures du matin après avoir péniblement dormi une heure. Les habitués appellent ce vol le
Red Eyes Flight.
J’ai quand même pris le temps de dormir une heure à l’hôtel avant ma réunion.
J’ai profité de l’après midi pour visiter Atlanta qui s’est avérée être une ville américaine typique, laide et sans intérêt. J’ai trouvé péniblement un restaurant d’hôtel dans
downtown et, alors que je remontais en métro vers mon hôtel, j’ai aperçu la station
Arts centre et je suis descendu rapidement imaginant que c’était le lieu de la salle de concert de l’
Atlanta Symphony Orchestra. C’était bien là et j’ai découvert qu’on y donnait
Madame Butterfly le soir même. Malgré la fatique, j’ai pris une place, je suis rentré dormir une heure à l’hôtel avant de me taper
Madame Butterfly. Cruelle désillusion. L’orchestre d’Atlanta n’est plus que l’ombre de lui-même. Les chanteurs, sans doute locaux, étaient tous médiocres à l’exception d’une basse dont j’ai lu dans la brochure qu’il chantait beaucoup de Wagner. C’est une semi-version de concert, les chanteurs, tous en smoking évoluant sur une scène blanche derrière laquelle sont projetées des diapositives médiocres.
Je fuis à l’entracte et suis ravi de retrouver mon lit.
18797ème jour
Phoenix
Journée de meetings dans une salle de réunion impersonnelle au milieu du désert. Au cours de la journée, alors que cela n’était nullement prévu, j’apprends que je dois aller demain à Atlanta et j’annule le week-end prévu à Los Angeles. J’en suis heureux car cela me permettra de passer plus de temps avec Antoine.
Aussi, le soir, après un dîner à l’amusant restaurant mexicain où j’étais déjà allé l’an passé, je suis reparti pour l’aéroport avec un collègue pour prendre le vol de minuit pour Atlanta.
18796ème jour
New York Phoenix
Je suis retourné à JFK pour prendre le vol très matinal qui va de New York à Phoenix.
Comme la fois précédente, il y avait le
wifi à bord de l’avion et c’était amusant de rester connecté dans les airs. J’ai retrouvé Phoenix sans grand plaisir. Comme la moindre course en taxi coute soixante dollars, j’ai cette fois ci loué une voiture et je suis allé à mon hôtel dans la banlieue nord de la ville.
Le soir dîner, avec un collègue au
Biltmore que je retrouve avec plaisir.
Comme il y a neuf heures de décalage horaire entre Phoenix et Paris, vers minuit j’appelle Antoine pour le réveiller et, huit heures plus tard, alors que sa soirée commence, c’est lui qui m’appelle pour me réveiller à mon tour.
18795ème jour
INAPAHOOO !!!
J’ai un peu honte de l’avouer mais ce matin, j’ai quitté mon hôtel pour aller au sud de Manhattan, devant le Palais de Justice pour tenter d’y apercevoir DSK. En arrivant, il y avait foule devant le bâtiment, des barrières protégeaient l’entrée et, de l’autre côté de la rue, une douzaine de caméras de télévision étaient alignées, toutes prêtes à saisir l’événement. J’ai rapidement compris que DSK était déjà entré et que tout le monde attendait sa sortie. L’essentiel de la foule était composé de femmes de ménage d’hôtel, la plupart en tenue et qui criaient une chose étrange qui ressemblait à "
INAPAHOOO!!! INAPAHOOO!!!" Déjà humilié par la pièce de la veille, je me disais que mon anglais laissait vraiment à désirer lorsque l’une des meneuses s’est retournée vers les hurleuses et leur a dit "
Your pronounciation is really not good! You have to say : Il n’a pas honte ! Il n’a pas honte !" Les
Inapahooo! Inapahooo! ont repris comme auparavant avec de temps en temps des "
Shame on you!" probablement destinés à la presse américaine et plus facilement identifiables. Au bout d’une vingtaine de minutes, DSK est ressorti au bras d’Anne Sinclair sans dire un mot et sans même un regard pour les meutes de femmes de ménages hurlantes, et encore moins vers les badauds comme moi.
Après quelques réunions à mon hôtel j’ai déménagé et me suis installé au
Marcel un hôtel de
Gramercy pour ma dernière nuit New Yorkaise. Comme j’étais dans le quartier, j’en ai profité pour un late lunch à la
Gramercy Tavern, pleine de souvenirs et toujours aussi merveilleuse, puis je suis remonté à
Times Square pour acheter à Antoine au
Drama Bookshop le texte de
The Holy Rosenbergs de Ryan Craig et je suis rentré au
Marcel.
A: Je t’aime
V: Moi aussi petit chaton J’ai l’impression que tu vas changer ma vie et j’aime cette idée.
A: Je ne veux pas que tu changes mais que tu sois le plus heureux possible
V: Mais on change tout au long de sa vie. Et on est influencé par les gens qu’on aime. Et tu as déjà commencé à me rendre heureux.
A: On ne change pas on évolue. Et je suis heureux avec toi.
V: Moi aussi. Je me sens bien, serein et en confiance.
A: Suis content
V: Tu ne dors pas ? il est 0:30
A: Je suis dans mon lit et je m’endors en pensant à toi.
V. J’aime bien m’endormir en cuiller contre toi avec les lèvres embrassant ton cou
A. J’aime simplement m’endormir près de toi
V. Et j’aime bien te retrouver le matin en me réveillant.
A. Moi aussi. Passe une bonne soirée mon amour.
V. Bonne nuit petit chéri. J’ai hâte de te retrouver pour passer beaucoup de temps avec toi.
18794ème jour
Born yesterday
Sur la recommandation d’Antoine, je suis allé louer un vélo à
Central Park, près de
Columbus Circle. L’endroit est un peu un piège à touristes mais cela m’a permis de me balader en vélo dans Manhattan pendant trois heures, de
Central Park jusqu’au sommet du pont de
Brooklyn et la balade sous un beau soleil était absolument merveilleuse.
Après avoir rendu mon vélo, je déjeune à
57th Rue, un peu décevant.
A: j’espere que nous allons vivre de beaux moments ensemble et j’espere aussi ne pas te decevoir. Tu me manques vraiment...
Le soir, toujours sur les conseils d’Antoine, je suis allé voir
Born Yesterday, une pièce de Garson Kanin de 1946, remontée en ce moment avec Jim Belushi et Robert Sean Leonard, l’acteur devenu célèbre à vingt ans pour son extraordinaire rôle dans
Le Cercle des poètes disparus. La pièce est drôle, le jeu des acteurs est un peu caricatural et une fois encore, elle me rend modeste par rapport à mon niveau d’anglais tant une partie importante des gags m’échappe. Jim Belushi en particulier qui joue le rôle d’un nouveau riche voyou, parle dans un anglais tellement spécial, que la plupart de ses bons mots me laissent indifférents.
18793ème jour
Paris New York
Je me suis levé alors qu’il faisait encore nuit, je lui ai murmuré à l’oreille que je l’aimais et je suis allé prendre mon vol pour New York. Je regrettais déjà ce voyage, je regrettais en tout cas de ne pas passer ce week-end à Paris avec lui mais je ne pouvais plus changer mes plans.
J’ai atterri à JFK très à l’heure en fin de matinée et je suis allé directement à mon hôtel, le
Paramount, près de
Times Square. La chambre est minuscule mais je m’en fiche, Antoine est descendu dans cet hôtel lors de son dernier séjour à New York et j’ai l’impression de rester connecté avec lui. En début de soirée vers 18h00, minuit pour lui, nous parlons en video sur FaceTime et, peu après, je reçois ce SMS de lui:
A: A tout à l’heure mon amour. Peux t’appeler mon amour ?
18792ème jour
Berlin Paris
A
Tegel le matin de bonne heure, j’apprends que mon vol Berlin Varsovie est annulé, rendant caduque mon déplacement en Pologne. J’ai fait mes réunions polonaises par téléphone depuis l’aéroport de Berlin, j’ai acheté un autre ours en peluche pour Antoine et je suis rentré à Paris. Le soir, Antoine m’a rejoint chez moi afin que nous passions ensemble cette unique soirée avant mon départ à New York. Il m’a apporté trois livres cadeaux, des pièces de théâtre. On est partis en voiture un peu au hasard et avons échoué au bar du
Lutetia. Il s’était mis dans la tête de jouer au gigolo, ce qu’il faisait très bien devant le serveur.
Nous avons dîné ensemble à la
Sardegna. Il m’a fait des confidences sur des relations sexuelles qu’il aurait eues avec deux acteurs assez célèbres, un anglais et un américain (séparément). On est rentrés chez moi, on a pris une douche et on a fait une séance de sexe un peu moyenne. Antoine suit depuis trois mois un traitement contre la chute des cheveux et cela impacte clairement sa libido et sa capacité à être un bon partenaire au lit. Je m’en fiche, je l’aime.
18791ème jour
Berlin
Je suis allé déjeuner dans le jardin du
café Einstein où les asperges sont toujours aussi délicieuses. Avant de repartir j’ai pris en photo la table que nous occupions, Antoine et moi, cinq jour plus tôt et je la lui ai envoyée par MMS. Je suis allé dans le
Tiergarten prendre un peu de soleil comme je le faisais quotidiennement pendant les
Berliner Festwochen de 1999. En fin d’après midi, j’ai tenté sans succès de visiter le cimetière juif de
Prenzlauer Berg qui était étrangement fermé.
Le soir j’ai tenté ma chance pour assister de nouveau à la
Sixième à la
Philharmonie mais il n’y avait que des vendeurs de places véreux et j’ai abandonné. Je me suis réconforté avec un dîner d’asperges (moins bonnes que celles du
café Einstein) chez
Lutter & Wegner.
18790ème jour
La Sixième Symphonie de Mahler par Simon Rattle et les Berliner Philharmoniker
Très tôt le matin, j’ai embrassé Antoine qui sommeillait encore dans mon lit. Je lui ai fait quelques recommandantions stupides pour les jours à venir. Il me regardait dans les yeux et faisait des grands
oui et
non de la tête. J’ai pris le premier vol de Francfort puis, après quelques réunions, j’ai pris un nouveau vol Francfort Berlin dans l’après midi et, après avoir déposé ma valise au NH de
Leipziger Straße, je me suis rendu à 19h00 à la
Philharmonie et, très rapidement, j’ai trouvé une très bonne place dans le bloc A. Pour une raison inexpliquée et de façon très inhabituelle à Berlin, le concert démarre très en retard, vers 20h30. La première courte partie comprend les pièces opus 6 d’Alban Berg dont l’orchestre Philharmonique de Berlin met évidemment en avant les extraordinaires subtilités d’orchestration. La
Sixième de Mahler est un peu décevante, en tout cas très en dessous des exceptionnelles
Deuxième,
Troisième et
Cinquième du cycle. Rattle, comme à son habitude, place l’
Andante en deuxième position ce que, encore une fois, je regrette. Je rentre à l’hôtel un peu déçu, me demandant si je vais tenter ma chance pour le même programme au concert du lendemain.