18211ème jour
Londres
Je me rends à Londres par le vol d’Orly à la
City où je croise presque par hasard un collègue qui est là pour une autre réunion. En l’attendant j’achète le petit coquelicot du souvenir qui est déjà en vente en Angleterre et que j’aime bien arborer lorsque je travaille avec des anglais. Suit une importante réunion de travail avec de très nombreux écossais que je l’ai le plus grand mal à comprendre, malgré ma récente semaine de vacances en Ecosse.
Le soir retour à
City Airport sans avoir eu une minute pour me balader dans Londres.
Je retrouve l’une de mes filles qui m’attend chez moi. Nous regardons ensemble
Shining que je n’avais pas revu depuis sa sortie en 1980 et dont je continue de penser qu’il est l’un des films les plus décevants de Stanley Kubrick.
18210ème jour
Les pères siffleurs
Je retrouve Stefano près de la Madeleine et après s’être fait jeter de plusieurs restaurants (Paris deviendrait –elle encore plus étriquée qu’Amsterdam ?) nous nous rendons au
Persil-Fleur pour un dîner rapide. A lui aussi, je parle beaucoup de G. et des circonstances de notre rapide rupture, tout en ayant conscience d’être sans doute un peu fatigant ou obsessionnel avec cette histoire. Il me répond honnêtement, un peu brutalement aussi, comme le font
certains commentateurs qui croient tout savoir ou tout comprendre, en ne sachant pourtant que ce que je veux bien leur dire d’une relation complexe. Je préfère changer de sujet.
Je rentre chez moi en velib dans la nuit, ce qui est un bon moyen de se vider l’esprit.
18209ème jour
Ras la pomme I
Comme le premier, mon second iPhone de remplacement fonctionne mal. Il passe de façon aléatoire en mode casque, et lorsque cela se produit en conversation, je n’entends plus mon interlocuteur. C’est un problème semble-t-il récurrent sur les iPhone et je teste sans succès différentes solutions proposées, de l’air comprimé dans l’orifice du casque et dans le logement de la carte SIM. En désespoir je rappelle le support Apple. Mon téléphone est sorti de garantie trois jours plus tôt mais tenant compte de mes ennuis récurrents, ils acceptent de me le remplacer une troisième fois.
18208ème jour
Die Tote Stadt à l'Opéra Bastille
Ce soir avait lieu la dernière de la production parisienne de
La ville morte, le bel opéra onirique que j’avais vu
en janvier à Venise avec SH. Une nouvelle fois j’ai été fasciné par la beauté de l’orchestration, d’autant plus extraordinaire qu’elle résulte des choix d’un compositeur de 24 ans. L’orchestre de Paris était d’ailleurs particulièrement en forme, sous la baguette précise et inspirée du chef américain Pinchas Steinberg qui tout au long de sa carrière, s’est fait fort rare à Paris. Une partie des voix n’étaient hélas pas à la hauteur de l’œuvre, en particulier, le rôle de Paul qui a totalement écrasé le malheureux Robert Dean Smith dont j’ai eu du mal imaginer qu’il puisse tenir le choc d’un marathon de
Heldentenor wagnérien. La réalisation était moderne et d’une réelle beauté prouvant s’il le fallait que l’on peut mettre en scène un opéra intelligemment sans nécessairement aligner des soldats nazis nus en train de se shooter dans une salle de bain des années trente. J’ai cependant une préférence pour la mise en scène de vénitienne de Pizzi peut-être encore plus belle et originale.
18207ème jour
La fée et les faits
Hier j’ai de nouveau une longue discussion avec ma bonne fée. Nous parlons bien sûr de G. dont je n’arrive toujours pas à me remettre de l’absence. Cela me console un peu de parler avec elle, mais d’un autre côté, cela entretient en moi mes sentiments et mes espoirs, là où ma raison me devrait faire tourner la page.
Dis quand reviendras-tu ?
18206ème jour
Chez Haydn et chez Beethoven
Il a fait un temps magnifique à Vienne tout au long de cette journée. J'en ai profité pour rendre visite à deux amis musiciens. J'ai marché jusqu'à Gumpendorf qui, à la fin du XVIIIème siècle, était un faubourg de la ville aux accents de campagne et qui est maintenant un quartier d'habitations un peu triste du Sixième arrondissement. Joseph Haydn a acheté une petite maison à Gumpendorf en 1797, entre deux séjours à Londres. Il y a passé douze ans de sa vie, c'est là qu'il a composé
La Création et
Les Saisons et il y est mort le 31 mai 1809. La rue qui s'appelle maintenant la
Haydngasse garde des allures de XIXème siècle et la maison qui se tient au numéro 19 a été fort bien restaurée et j'étais heureux de la visiter.
Je suis revenu sur le ring pour prendre le tramway de Nußdorf et je suis descendu à Heilingenstadt sont le nom est célèbre pour tous les beethoveniens. Il y a en fait deux maisons peu distantes l'une de l'autre à Heiligenstadt où Beethoven a vécu. L'une sur la
Probusgasse où il a écrit son fameux testament en 1802, l'autre un peu plus bas, sur la
Pfarrplatz où il a habité en 1817. Le quartier a du charme et garde quelques aspects de campagne.
De là j'ai marché jusqu'à Grinzing, je me suis rendu au cimetière, très animé une semaine avant la Toussaint. La tombe de Mahler a été bien entretenue et le lierre qui l'envahissait a été taillé.
J'ai repris le tram jusqu'au Ring, j'ai pris un café et un
apfelstrudel au café
Landtman, je suis repassé à mon hôtel et j'ai repris le dernier vol pour Paris.
18205ème jour
Anatol, Fazil et Florestan
Vers 1h30, mon iPhone reçoit un SMS et cette étrange discussion a lieu :
I am here in Taksim and if it is not too late, we can drink a coffee.
Whoh! You're a little bit crazy! I like it! But I was sleeping...
Sorry for disturbing. Are you coming or I should better go home?
Well I dont know. U just want to drink a coffee? Everything is closed no?
Here in Taksim, still many coffees are open. So make your decision fast
Je me déciderai donc à me lever me doucher et me rhabiller pour rejoindre Anatol devant le
McDonald's de Taksim. Il est immense, très maigre, avec les cheveux un peu longs. On descend ensemble Istikial Caddesi en mangeant des marrons chauds, on trouve un bar en terrasse encore ouvert, on boit un café turc et on fume un narghileh à la menthe. Vers trois heures on remonte à
Taksim et il accepte de passer la nuit avec moi. On boit ensemble le
Kavakliedere assez médiocre du minibar, on parle assez longtemps, on s’embrasse et cela n’ira pas plus loin, syndrome G. oblige. A 5h20, la télévision se met en route toute seule, pour me rappeler qu’il faut que j’aille à l’aéroport. Un taxi stupide nous emmène tous les deux à une vitesse folle sur
Cevreyolu, le boulevard en arc de cercle qui contourne Istanbul au Nord, alors que je lui avais clairement indiqué de longer la mer de Marmara.
Si Anatol avait eu un visa Schengen, je l’aurais invité à m’accompagner à Vienne tant je n’avais pas envie de passer ce week-end seul. Il m’accompagne gentiment jusqu’au contrôle des passeports. Dans la salle d’attente du vol de Vienne, je reconnais Fazil Say qui est assis dans des poses aussi étranges que celle dans laquelle il attendait l’entrée du piano dans son
concerto pour piano de Mozart à Pleyel quelques mois plus tôt. Alors que je lui demande s’il joue à Vienne, il me répond qu’il a deux concerts à
Saint Pölten. Je n’irai donc pas l’écouter.
J'arrive à Vienne, je dépose ma valise au
Sofitel Konzerthaus qui a été dégradé en
Mercure, je dors une heure et je pars me balader. Je récupère mon pantalon qui m'attend chez
Tostmann depuis trois semaines, je prends un verre de Riesling et deux saucisses au café
Griensteidl, je redépose le pantalon à l'hôtel et j'ai juste le temps de marcher jusqu'au
Staatsoper pour
Fidelio.
J'ai été très inquiet pendant tout le premier acte : décor vieillot, mise en scène poussive, orchestre routinier, distribution inégale. La Marzelinne de Simina Ivan a bien la cinquantaine et la salle ne peut s'empêher de sourire lorsqu'elle joue la jouvencelle qui minaude. Walter Fink qui fait partie de la troupe de l'opéra depuis plus de trente ans a de fort beaux restes et une vraie présence scénique. Le Florestan de Peter Seiffert et la Leonore de Petra Maria Schnitzer sont corrects sans rien d'exceptionnel. On m'a dit qu'il y avait quatre orchestres à l'opéra de Vienne et celui qui joue ce soir sous la baguette routinière de Peter Schneider est probablement composé de bien peu de Wiener Philharmoniker.
Au deuxième acte, la beauté des choeurs redonne une belle énergie à l'opéra et le décor du final compense un peu ce qui a été vu auparavant.
Je me console de cette soirée décevante avec une
Rindsuppe et des
Kaiserschmarren au café
Schwarzenberg.
18204ème jour
Istanbul
Une très longue réunion qui dure toute la journée, près de l’aéroport
Ataturk, suivi d’une longue conférence téléphonique qui se termine vers 22 heures. Je me couche aussitôt après, sans dîner, car je dois être à 6h30 le lendemain à l’aéroport pour attraper le vol de Vienne.
18203ème jour
Ma valise est encore morte
En fin d’après-midi, le vol d’Istanbul. A l’arrivée, je constate que l’une des roues de ma valise a disparu. Arrivé à mon hôtel, je découvre qu’elle se trouve à l’intérieur de la valise, mais sans l’axe permettant de la refixer. Mon
vieux sac restera sans doute pour toujours celui qui m’aura accompagné le plus longtemps.
18202ème jour
En juin, ce sera Abbado
Entre midi et deux heures je vais à Pleyel pour prendre une place pour le concert Mozart de juin 2010 de Claudio Abbado, que j’espère entendre également la semaine précédente pour son grand retour à la Scala pour la
Deuxième de Mahler, et non la Huitième, comme il est encore indiqué sur le
site de la Scala.
18201ème jour
Birmingham
Lever de nouveau de très bonne heure pour attraper le vol de Birmingham de 7h15.
Journée dans le trou du cul du monde en compagnie d’autrichiens.
Retour par le vol
Flybe de 17h55.
18200ème jour
Londres 5h25
Abominable lever à 4h30 pour attraper le premier
Eurostar, celui de 5h25. Je suis attendri par la présence dans mon wagon d’un jeune couple anglais, lui très beau et blond élancé avec une jolie veste bleue aux revers bordés de blanc, elle blonde aux yeux bleus. Ils se parlent en permanence à l’oreille et semblent rire de tout et sourire en permanence. Ils irradient un bonheur merveilleux qui fait plaisir à voir.
A l’issue d’une journée de travail assez courte, je rentre chez moi pour me reposer de mon manque de sommeil chronique.
18199ème jour
Dragos
Le matin, après quelques courses sur
Oxford Street, je rentre à l’hôtel pour retrouver un roumain qui répond au joli prénom de Dragos et qui m’avait posé un lapin deux week-ends plus tôt. J’ai acheté une bouteille de
Faustino V dans une épicerie du quartier et je l’attends à la sortie du métro
King's Cross. Il est en retard et je m’apprête à rentrer à l’hôtel avec ma bouteille lorsqu’il m’appelle enfin. Il est à une autre station de métro, on décide de se retrouver à
Euston Station et finalement après beaucoup de mal, nous nous retrouvons enfin à l’angle d’
Euston Road et de
North Gower Street.
Il a les cheveux longs et raides, une jolie bouche et il s’est bizarrement maquillé, ce qui se voit un peu trop. On va à ma chambre, on boit la bouteille de
Rioja et on parle de tout et de rien. Il a avec lui un volume des
Frères Karamazov en roumain. Ca me prendra beaucoup de temps d'arriver à l’embrasser et lorsque j’y parviens, je m’aperçois que je n’en ai pas vraiment envie. Je suis encore trop attaché à G. pour pouvoir serrer qui que ce soit dans mes bras et j’ai peur que cette situation ne dure encore assez longtemps. Il y aura juste un peu de tendresse entre nous puis Dragos repartira.
18198ème jour
Schubert Mahler au Barbican II
Après une très courte nuit chez moi, je prends l’Eurostar de 10h13 pour Londres. Dans l’après-midi, j’envoie un SMS pour souhaiter son anniversaire à P., tout en songeant que dix ans plus tôt exactement, je le lui souhaitais pour la première fois. Un peu plus tard, je prends un verre de vin dans un bar banal de
King's Cross en compagnie d’un turc très stupide, puis je me rends en taxi au
Barbican où j’ai mon second rendez-vous de la semaine avec Bernard Haitink et le London Symphony Orchestra. Cette fois ci, ma seconde place est réservée pour Sylvain, un français de Londres que je retrouve à la boutique de disques.
La première partie du concert est consacrée à la
Cinquième Symphonie de Schubert que je ne pensais pas connaître et dont il s’avère que chacune de ses mélodies m’est bien connue. A la manière de l’
Inachevée le mardi précédent, le LSO et Haitink nous offrent une interprétation soignée et raffinée qui est un enchantement d’un bout à l’autre. A l’entracte nous retrouvons
Paris Broadway dont je m’amuse à penser qu’il ne doit pas imaginer une seconde que j’ai rencontré Sylvain moins d’une heure auparavant.
La
Quatrième de Mahler qui suit est fort belle, d’un classicisme à la Haitink. On est loin des modes habituelles visant à mettre en valeur les détails au détriment de la ligne principale. Du quatrième rang droit où nous sommes placés, il est facile de voir et d’entendre combien les parties des premiers et seconds violoncelles diffèrent, ce que je n’avais jamais observé auparavant. Le troisième mouvement est particulièrement réussi, comme suspendu, et je me souviens du jour où Alban Berg m’en avais joué les pizzicati chez moi. Le dernier mouvement est handicapé par la voix d’opéra de Klara Ek, qui remplace Christine Schäfer que j'ai déjà entendue trois fois dans cette symphonie (
Boulez,
Haitink et
Eschenbach). et dont le timbre enfantin convient beaucoup mieux à ce
Wunderhorn Lied. La chute d’un objet dans les dernières mesures perturbe la soliste au point de lui faire rater ses deux derniers
ewig.
Après le concert, je dîne avec Sylvain au
Caprice, avant d’aller prendre avec lui un dernier verre à mon hôtel.
18197ème jour
Suite et fin
Il y avait eu la
première fois, il y a quatre ans.
Il y avait eu la
deuxième fois, il y a deux ans.
Aujourd'hui c'était la troisième fois, avec un aller retour Paris Dijon sans aucun respect des limitations de vitesse
C'était aussi la dernière fois.
Et c'est tant mieux.
18196ème jour
Où il se confirme que je commets des actes "inappropriés"
Alors que pour la première fois depuis fort longtemps, je me connecte à ces pages depuis le bureau, je tombe sur ceci:
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18195ème jour
Deux Chant de la terre en deux jours
Le matin, Londres Bruxelles en
Eurostar. Mon voisin tape sur son ordinateur et dessine des spermatozoïdes dans une présentation
Powerpoint.
Le midi déjeuner dans un très bon restaurant italien de Bruxelles,
La Luna.
En fin d’après midi, Bruxelles Paris en
EurostarThalys plein à craquer.
Dès que j’arrive gare du Nord, je fonce en voiture à la salle Pleyel. Je n’ai pas pu avoir de billet pour le concert de ce soir, mais je tente ma chance. Quand j’arrive, il y a déjà une trentaine de personnes qui attendent devant la caisse. Alors que la personne de la billetterie m’indique qu’il n’y aura aucune place de dernière minute, une personne arrive et lui demande s’il peut revendre son billet. Je saute sur l’occasion et pour la modique somme de 48 euros, j’achète mon précieux sésame, sous les regards haineux des personnes qui font la queue. Je réaliserai peu après que j’aurais pu avoir une place gratuite, car la petite fille de l’un des compositeurs du concert de ce soir était présente et avait une invitation de trop et me l’a gentiment proposée.
Le concert démarre avec Lang Lang, que je retrouve, huit jours après
son concert de Vienne. L’interprétation est, comme on peut s’y attendre, un peu maniérée, dans un style galant assez peu beethovénien, mais le pianiste chinois a beaucoup d’idées, parfois bonnes, pour que son interprétation soit passionnante. En bis, exactement comme à Vienne la semaine passée, il nous offre la première étude de l’opus 25 de Chopin, un rien moins lente.
Le morceau de bravoure de la soirée était bien sûr
das lied von der Erde, que j’entendais pour la deuxième fois en deux jours. Les deux solistes de ce soir étaient à l’opposé de la veille. Nikolaï Schukoff, qui est autrichien comme son nom ne le laisse pas supposer, est à l’opposé du
Heldentenor. Il a une voix expressive, mais un peu blanche, manquant clairement de coffre. Yvonne Naef est un rien opératique, de mon point de vue pas du tout dans le caractère sublime que lui offre
das Lied. Deux solistes imparfaits font rarement un bon
Chant de la terre mais il restait l’orchestre, miraculeux d’équilibre et de justesse, délicat dans l’accompagnement, l’interlude orchestral entre les deux parties de
der Abschied tenant du miracle.
Après le concert, j’accompagne HLG pour saluer Christoph Eschenbach. Mais les loges sont maintenant au quatrième étage de Pleyel et il faut faire la queue dans un ridicule petit ascenseur à la lenteur solennelle. Lorsque j’arrive la porte de la loge est fermée et osant l’ouvrir, j’aperçois une scène amusante que je ne peux raconter ici. Je referme la porte je m’en vais discrètement.
Après le concert, je raccompagne la
sœur du maestro, toujours aussi jeune qu’à Berlin. Je la dépose comme d’habitude rue Saint Paul, exactement là où je déposais G. pendant de nombreuses nuits de l’été dernier. Et soudain, une bouffée de nostalgie m’envahit. Je rentre vite dormir après cette longue journée.
18194ème jour
Schubert et Mahler au Barbican
J’ai bien failli être en retard à ce concert car, en arrivant à la station de
Gloucester Road, j’ai constaté que le trafic était annulé sur la
Circle Line. Je suis ressorti du métro et j’ai trouvé un taxi qui m’a emmené
along the river et j’étais finalement suffisamment à l’avance pour revendre mon ticket supplémentaire à un acheteur de dernière minute. La salle était loin d’être pleine pour ce concert qui me faisait envie depuis que
Paris Broadway m’en avait parlé en début d’année.
Bernard Haitink et le London Symphony Orchestra étaient particulièrement inspirés dans la
Symphonie inachevée, interprétée avec une grâce et une sensibilité exceptionnelles. Chaque phrase était jouée comme si la vie des instrumentistes en dépendait et c’était absolument merveilleux.
La deuxième partie mettait en scène un couple improbable : Anthony Dean Griffey, qui remplaçait Robert Gambill souffrant, à le style Siegfried benêt : grosse bedaine et silhouette de bûcheron canadien, un sourire stupide éclairant en permanence son visage et sa tignasse jaune. Christianne Stotijn a quand à elle quelque chose de Nicole Kidman et sa robe austère lui donnait l’air d’une nonne du XVIIIème siècle. Lorsque l’on fermait les yeux, cela fonctionnait cependant, même si aucun des deux interprètes n’a une voix particulièrement puissante. Du centre du quatrième rang, on les entendait bien. Du deuxième balcon, il devait en être autrement. L’orchestre était souvent brillant, peut être un peu trop, avec une importance trop grande donnée aux percussions métalliques et au celesta absolument hors de propos dans le premier Lied. Mais s'il y avait des moments d’une beauté absolue, cette interprétation était très en deça de mes deux versions du Concertgebouw, celle de
Bernard Haitink, déjà, et celle de
Daniel Harding. Der Abschied était, comme souvent d’ailleurs, le plus réussi, avec une Christianne Stotijn complètement investie dans son personnage et un orchestre en apesanteur.
18193ème jour
Long
Une abominable journée de travail qui me voit rester au bureau jusqu’à une heure du matin, avec comme à chaque fois lorsque je sors à cette heure, le tunnel sous la Défense fermé et un gros bouchon dans Neuilly.
18192ème jour
Filip
Alors que j’étais à Noida, il y a trois semaines, je reçois un SMS de ce qui semble être un nouveau service de SFR balançant à ses clients des bribes d’actualité plus ou moins importantes. Ce SMS, premier d’une longue série (je songe sérieusement à y mettre fin, n’ayant pas forcément envie d’être dérangé pendant un déjeuner pour apprendre que Barak Obama a reçu le prix Nobel de la Paix) m’annonçait la mort de Filip Nikolic, le chanteur des 2be3. Cette nouvelle m’aurait peu concerné si le malheureux n’avait
occupé mon appartement juste avant moi. Et quand je prenais un bain, il m’arrivait de penser à lui qui avait occupé la même place. J’y penserai désormais de façon différente.
18191ème jour
Un roman français
C'est à Vienne que j'avais lu
Un roman russe d'Emmanuel Carrère. C'est aussi à Vienne que j'ai dévoré le nouveau livre de Frédéric Beigbeder,
Un roman français, un ouvrage très générationnel. Frédéric Begbeider a juste six ans de moins que moi et il serait étonnant que nous ne nous soyons jamais croisés pendant son adolescence, alors qu'il était collégien à Bossuet, tandis que j'étais étudiant au foyer de la rue Madame, quelques numéros plus haut. Ce livre est rempli de madeleines de notre génération : la Piste aux étoiles, le papier japonais
Nobilis, le premier
Mc Donald devenu
O'Kitch, à l'angle du boulevard Saint Michel et de la rue Monsieur Le Prince, la plage de Kuta, les cassettes
Maxell Chrome, vous vous changez, changez de
Kelton, le
Petit Prince lu par Gérard Philipe, les parties de
Mille bornes,
Lido-Musique, Raoul Vidal, le
Tower Records de Broadway...
La première moitié de l'ouvrage consacrée aux origines de sa famille montre clairement que Frédéric Begbeider est devenu un vrai écrivain. Il reste néammoins des tics du passé qui ressurgissent, comme ce chapitre sur le Dépot légal de Paris, dont le message est justifié mais dont le style est en deça du reste de l'ouvrage.
18190ème jour
Athènes Paris
Alors que je suis debout dans le couloir, prêt à progresser vers l'avant de l'avion pour le quitter, ma voisine grecque me signale que j'ai laissé mon ordinateur dans le vide poche devant mon siège. Je l'ai remerciée avec beaucoup de ferveur.
18189ème jour
Vienne Athènes
Une journée un peu inutile. J’en garde le souvenir d’un vol bien court entre Vienne et Athènes, d’un dîner en solitaire à la terrasse du
Hilton avec une vue extraordinaire sur l’Acropole et le
Mont Lycabette. J’ai repensé à toi qui m’a brisé le cœur et que je n’arrive pas à oublier.
18188ème jour
Après les Philharmoniker, les Symphoniker (toujours au Musikverein)
Après un rapide déjeuner au café
Griensteidl où Mahler avait ses habitudes, je tente de réaliser un vieux désir. Acheter un
Tracht autrichien. J’en avais vu un magnifique il y a des années à Salzbourg et j’avais eu la bêtise de ne pas l’acheter. Depuis, j’ai souvenir d’en avoir cherché un peu partout en Bavière et en Autriche sans jamais trouver ce que je cherche: un sakko tout noir et élégant, et surtout, sans bouton en corne. Je suis allé chez
Loden Plankl, une boutique de la
Michaeler Platz, celle qui se trouve juste en face de la belle Agence
Raiffeisen de Loos, de l’autre côté du
Kohlmarkt. L’accueil est digne des années cinquante, avec des vieilles filles, toutes de
Trachten vêtues. La souriante rombière en chef me dit que de son vivant (et ça doit remonter à loin) elle n’a jamais vu de
Sakko noir, surtout en cette saison. Elle a des modèles en
schwarzen Linen, mais avec des petits motifs en velours vert au col et au poches, qui tirent le tout en direction de la tenue de campagne, ce que je ne veux pas.
Je tente ma chance chez
Tostman, à deux pas du
Freyung. L’accueil est similaire, vielles dames souriantes en robe autrichienne. L’un des modèles est presque ce que je veux, dans un drap gris très foncé. Je pars avec le sakko et je laisse le pantalon en retouche (bizarrement pour ajouter un centimètre en bas des jambes). Je le récupèrerai lors de mon prochain séjour fin octobre.
Le soir je retourne au
Musikverein et je sens que j’y prendrais bien un abonnement quotidien à vie. Ce soir, ce sont les
Wiener Symphoniker qui officient sous la direction de Leonard Slatkin. Le concert démarre par
The unanswered question, l’une de mes œuvres fétiches que j’avais découvert il y une quinzaine d’années, alors que je me rendais au mariage d’une de mes cousines en Auvergne. Le ciel était très gris, couvert de gros nuages avec une belle lumière électrique et l’œuvre qui passait à la radio convenait de façon magique au paysage. Leonard Slatkin a décidé de mettre en scène la trompette et les trois flûtes au balcon de la
Goldensaal. A cet artifice inutile près, l’interprétation était absolument magique sans toutefois convaincre le public viennois sans doute peu encore habitué au modernisme de cette œuvre qui a pourtant plus de cent ans.
La très belle
Sol Gabetta entre en scène. Elle est argentine, mais sa robe violette nous emmènerait plutôt en Andalousie. Et bizarrement, pendant toute son interprétation, j’ai été étonné du côté hispanisant de nombreux passages du
Deuxième Concerto pour violoncelle de Schostakovich. Les
Wiener Symphoniker étaient particulièrement engagés dans l’accompagnement de la soliste qui se déchainait avec une vigueur étonnante sur son bel instrument sombre.
Après l’entracte (
Sekt ET
Apfelstrudel ce soir) Leonard Slatkin et les
Symphoniker nous offrent une très belle
Symphonie du Nouveau Monde avec, là encore, un engagement si fort que la perruque de Florian Zwiauer, le premier violon était toute de travers en fin de concert.
Je suis rentré à pied le long du
Ring et jusqu’au
Stadtpark dans l’une des dernières chaudes soirées viennoises de cet été indien.
18187ème jour
Un concert de Zubin Mehta et des Wiener Philharmoniker auMusikverein
Départ pour Vienne où c’est encore l’été avec une température de près de trente degrés, étonnante pour ce début octobre. Le soir, après une très longue réunion client, je file au
Musikverein. Je n’avais pas entendu Zubin Mehta depuis une vingtaine d’années, depuis un magnifique
Sacre du Printemps avec l’orchestre de Paris. Même si la chevelure grisonne, Zubin Mehta garde une belle prestance malgré ses 73 ans. Sa complicité est évidente avec les Wiener Philharmoniker et dès que les pizzicati de la
Passacaille de Webern retentissent, on sait que l’on va assister à un concert d’exception. C’est la première fois que je suis assis au Musikverein dans les loges de côté, plutôt devant, et le son y est absolument merveilleux, rond et précis à la fois. J’ai pensé à toi
Paris-Broadway, mais non, à aucun moment je n’ai eu l’impression d’être dans une caverne. Courte pause le temps d’installer le
Steinway qui arrive sur scène sur le flanc et auquel il faut monter les trois pieds ainsi que la table des pédales. Lang Lang arrive sur scène en fanfaronnant comme à son habitude mais l’interprétation qu’il nous offre du Concerto de Haydn en ré majeur, le plus célèbre, est absolument merveilleuse d’originalité et de justesse. Les cadences semblent improvisées et conquièrent la salle. Il ya peu besoin d’insister pour que Lang Lang offre à son public un bis: la première étude de l'opus 25 de Chopin, d’une lenteur et d’un lyrisme étonnants.
Un entracte et un verre de
Sekt plus tard, Zubin Mehta et les Wiener Philharmoniker reviennent sur scène pour un
Concerto pour orchestre de Bartok absolument époustouflant. J’ai beau adorer les orchestres de Londres et de Chicago récemment entendus, seuls Vienne et Berlin peuvent offrir une musique de ce niveau, une communion sans faille de tous les pupitres. Heureux viennois !
A 21h30 je pars faire un tour sur la
Kärtner Straße, et à dix heures je rejoins David au bar de l’hôtel
Méridien sur l’
Opernring. L’endroit est bruyant et nous émigrons à la terrasse branchée d’un bar, sur le
Ring. Il est beau garçon mais il a une façon très efféminée de s’exprimer avec un rire très aigu insupportable.
Er lacht wie eine Jungfrau. Je comprends tout de suite que ça ne fonctionnera pas. Il me propose de venir à mon hôtel. J’ai la faiblesse d’accepter. Alors que je prends une douche, il m’attend dans mon lit. On s’embrasse, on se caresse, c’est juste tendre et c’est très bien comme ça.
18186ème jour
Photos
Le soir je vais à la fnac
Saint Lazare échanger enfin mon
Bluray, cette fois ci contre un autre film. J’en profite pour récupérer les agrandissements papiers de photos de mes filles prises à Barcelone début juillet, à Istanbul fin juillet et à Londres début août. Derrière elles, la même affiche de soldes
Zara avec le mot SOLDES écrit dans les trois langues : INDIRIM, REBAJAS et SALES.
18185ème jour
Retour à Paris
Comme l’aéroport de la
City ne fonctionne pas le week-end, j’avais prévu de rentrer à Paris par le vol d’
Heathrow de 7h35 et j’avais choisi un hôtel près de la
Piccadilly Line. Vers 5h45, je me rends donc à la station toute proche de
Gloucester Road et je découvre que le
Tube n’ouvre qu’à huit heures le week end. Un chauffeur de taxi très sympa m’aborde et me propose de m’emmener à Heathrow dans l’un de ces nouveaux taxis
Mercedes transformés en cab six places que l’on voit apparaître à Londres.
Le soir, vers 22 heures, je me rends en velib à la fnac des Champs Elysées pour échanger un
Bluray qui ne fonctionne pas. Je m’approche du mec de l’accueil client :
- Bonjour, je voudrais échanger ce DVD qui ne fonctionne pas….
- C’est normal ça n’est pas un DVD, c’est un Bluray.
- Je recommence : Bonjour je voudrais échanger ce Bluray qui ne fonctionne pas.
- Vous avez bien un équipement Bluray chez vous ? parce que ça n’est compatible avec les lecteurs de DVD.
J’ai failli le lui foutre dans la gueule son
Bluray. Et j’aurais bien du. De toute façon, rentré chez moi, le
Bluray obtenu en échange ne fonctionnait pas non plus.
18184ème jour
Le BBC Symphony au Barbican
Vers 14h30, j’arrive enfin à m’extraire du bazar. Je reprends la petite voiture rouge et je fonce de toute la force de son moteur poussif en direction de Londres. Je dépose la voiture à Heathrow et je prends la
Piccadilly Line pour
Gloucester Road où j’ai mon hôtel.
A 18h30, d’un saut de la
Circle, je vais au
Barbican pour un concert du BBC Symphony Orchestra. Au programme, la symphonie N°29 de Mozart. J’ai une affection particulière pour cette symphonie, bien sûr parce qu’elle est particulièrement belle, mais aussi car elle est la première symphonie de Mozart que j’ai entendue en concert, dans une petite église romane d’Auvergne, il y a bien longtemps. Jiří Bĕlohlávek la dirige comme il dirige d’habitude, sans aucune imagination, se contentant le plus souvent de battre la mesure. Suivent quatre
Wunderhorn Lieder de Mahler magnifiquement chantés par Gerald Finley qui, tant par l’allure que par la voix fait penser à Dietrich Fischer Dieskau, et ça n’est pas un mince compliment. L’accompagnement du BBC Symphony est un peu banal et on y perd les nuances inouïes de l’orchestration mahlerienne, en particulier dans
Wo die schönen Trompeten blasen, mais la qualité de chant de Gerald Finley le compense largement. Après l’entracte, on retrouve Gerald Finley pour les terribles
Chants et Danses de la Mort de Moussorgsky orchestrés par Schostakovich, que j’entends pour la première fois en concert et dans lequel j’ai un peu de mal à entrer. Oserai-je avouer que la
Première Symphonie de Martinu m’a tellement ennuyé que j’ai quitté le
Barbican en plein milieu du deuxième mouvement?
18183ème jour
Cheltenham
Deuxième journée de séminaire, toujours aussi ennuyeuse. L’après midi, je m’échappe d’un atelier de peinture où une cinquantaine de cadres divisés en quatre groupes doivent représenter les valeurs de leur entreprise sur des toiles "
à la manière de". Le soir nous partons tous dans un bus rouge à impériale pour Cheltenham où nous dînons au
Daffodil. Une tournée des pubs est ensuite prévue mais je rentre par le premier bus à l’hôtel. Deviendrais-je associal?
18182ème jour
Retour dans les Costwolds
Une collègue passe me chercher à
Earls Court dans une petite voiture rouge. Un autre collègue arrive, un peu en retard, et nous partons en direction du trou du cul du monde. Nous avons deux jours de séminaire dans un
Hilton-Golf dans la campagne anglaise. Il fait beau et on peut tout à fait boire des bières au soleil devant l’hôtel. Ca parait agréable raconté comme cela, mais c’est mortellement ennuyeux.