19216ème jour
Milan Paris
Une nouvelle journée de travail à Milan qui se termine un peu plus tard que prévu, mais mon collègue m’emmène à toute vitesse dans sa
Giuletta jusqu’à
Linate.
De retour à Paris, je discute sur
What’s App avec Luca qui n’est pas trop libre le week-end prochain, alors que j’étais prêt à retourner à Rome et aussi, sur une messagerie, avec Simon, un garçon franco-suisse au beau sourire avec qui je prends rendez-vous pour le lendemain.
19215ème jour
Rome Milan
Je profite de la proximité de mon hôtel avec
Termini pour aller en train à
Fiumicino et je prends le vol
Alitalia de Rome à Milan
Linate qui est une sorte de navette à 90 euros l’aller simple.
Journée de travail à Milan interrompue par un déjeuner dans une pizzeria assez moyenne. Le soir, je suis fatigué et je reste à mon hôtel sans même dîner.
19214ème jour
Luca
La dernière fois que j’ai pris l’avion dans l’unique but de rencontrer un garçon, c’était à Vienne et l’histoire s’était achevée par un
lapin pitoyable. Je dois avoir un goût particulier pour ce genre de risque puis que j’ai pris le vol
Alitalia de ce matin pour Rome afin de rencontrer Luca. Il fait très chaud, je passe une heure au bord de la très belle piscine sur le toit de mon hôtel, à côté de
Termini. Alors que je me promène dans le centre, Luca se fait attendre pour des prétextes variés et j’ai de plus en plus peur du syndrome de Vienne. Je rentre à l’hôtel et, finalement vers vingt et une heures, il part enfin de sa lointaine banlieue. Nous nous retrouvons au Métro
Vittorio Emanuele, juste à côté de mon hôtel, dans un quartier assez mal famé. Il est beau et souriant, il a l’air heureux de me voir et nous marchons ensemble jusqu’à la
Piazza Venezia. Il a envie d’aller dans un bar du
Trastevere et nous prenons un taxi pour rejoindre le quartier, bondé de jeunes et de touristes. Nous passons ensemble une longue soirée pleine d’alcool, en commençant par deux
margharita, puis deux
sambucco, un alcool de réglisse assez fort. Nous restons un moment sur le
Ponte Sisto à regarder les rives du Tibre, et un feu d’artifice qui illumine la ville au loin. Nous marchons ensuite sur l’autre rive du Tibre, jusqu’au
Campo dei fiori, où Luca m’apprend à boire aux fontaines publiques, en bouchant leur extrémité, de façon à créer un petit jet en direction de la bouche. L’eau y est étonnamment fraiche. Nous prenons un autre taxi pour une rue située entre le Colisée et
San Clemente et dont j’ignorais qu’elle était le nouveau repère des garçons sensibles le soir. Elle est même absolument bondée et en avançant dans la foule avec Luca, tous les regards se tournent vers lui. Dans un bar de la rue, je propose à Luca de prendre la boisson que j’affectionnais à Barcelone il y a quelques années et après avoir parlementé avec le barman, ce dernier nous prépare des verres moitié alcool de pomme verte, moitié vodka. C’est d’une jolie couleur vert fluo et cela saoule assez rapidement.
Malgré ma résistance légendaire à l’alcool, je suis un peu atteint et vers deux heures, nous partons nous asseoir sur un banc de marbre devant le colisée. Nous fumons des petites cigarettes que prépare Luca, et assez rapidement, on s’embrasse, on fait des projets de voyages et on se jure une amitié aussi éternelle que la ville qui nous entoure. Nous repartons et nous refaisons une halte que un autre banc de la
Via dei Fori Imperiali, entre la colonne Trajane et le monument à Victor Emmanuel II. On s’embrasse, on se touche on s’excite, il fait très chaud, des passants passent et nous regardent, c’est excitant et amusant.
Vers trois heures quinze, je me souviens soudain que je dois me réveiller dans moins de deux heures. J’offre à Luca son taxi pour rentrer chez lui et je rentre à mon hôtel pour une courte nuit.
19213ème jour
Retour à Paris
Comme j’ai peu dormi pendant le vol ultra court, les vents étant favorables, je dors une heure chez moi dans l’après midi et le soir, j’invite à dîner mon autre fille chez
Karl & Erik, après lui avoir offert un souvenir acheté à New London chez
Abercrombie.
19212ème jour
New York VI
C’est notre dernier jour à New York et ce matin nous sommes allés au Mémorial du onze septembre que je souhaitais que ma fille visite. Il faut beaucoup de patience pour y arriver. Faire la queue sur
Vesey Street pour avoir un billet puis refaire une longue queue en colimaçon pour entrer sur le site et attendre de nouveau pour les portiques de sécurité. L’endroit prend peu à peu sa configuration définitive avec les deux bassins, le futur musée du Mémorial et l’ombre désormais gigantesque de
Liberty Tower. Nous sommes repassés à l’hôtel pour boucler nos bagages et les déposer jusqu’au soir. Nous sommes passés chez
Sushi Ann, un japonais de la 51ème rue que mon ami Paul m’avait fait découvrir il y a fort longtemps et qui est devenu un peu décevant, avec une clientèle assez peu sympathique provenant des bureaux environnants. En revanche, j’ai été sidéré par la file d’attente quotidienne à l’angle de la 51ème et de
Park Avenue, devant une petite camionnette qui prépare des sandwichs grecs et des salades. Sans doute un essai à venir lors de mon prochain passage.
Nous avons rendu les rollers sur la 72eme avenue et nous sommes redescendus à
Greenwich Village pour y passer notre soirée. J’ai laissé ma fille une heure pour aller me faire coiffer cher
Robert G. un salon de
Commerce Street. C’est le patron qui m’a coiffé, très sympa et très bavard, il semble avoir passé sa vie entière dans le
Village et il avait plein d’anecdotes à raconter. Nous avons dîné chez
Bobo, un excellent restaurant tout proche, installé dans une belle maison joliment décorée. C’est notre dernier soir à New York avec forcément un peu d’émotion et, à minuit, nous prenions le dernier vol pour Paris.
19211ème jour
New York V
Il a plu à verse ce matin et, après notre petit déjeuner quotidien chez
Starbucks, nous nous sommes réfugiés de la pluie en allant de boutique en boutique chez
Bloomingdale’s puis chez
FAO Schwarz et chez
Tiffany’s que ma fille était heureuse de visiter. En fin de matinée, nous sommes descendus dans le quartier du
Flatiron et j’ai emmené ma fille déjeuner à
Gramercy Tavern qui reste sans doute mon restaurant fétiche de New York. Ma fille a commandé du
sweet bread en le prononçant
sweat bread, je l’ai corrigée, mais le serveur a gentiment indiqué qu’il avait fort bien compris. En revanche, elle et moi avons été surpris de découvrir qu’il s’agissait de ris de veau et non de pain doux.
En début d’après midi, le temps étant revenu au beau, nous sommes remontés vers
Central Park et j’ai loué des rollers pour ma fille qui a patiné pendant une bonne heure pendant que je prenais le soleil dans l’herbe du parc.
Ma fille était fatiguée et je suis allé seul dans le quartier d’
Union Square pour récupérer un disque que j’avais commandé chez
Barnes & Noble. Dîner simple au
Pershing square.
19210ème jour
New York IV
La journée d’aujourd’hui a été consacrée à une longue promenade en vélo, selon un parcours très similaire à
celui que j’avais effectué l’an passé. Mais, l’expérience aidant, au lieu de louer des vélos hors de prix aux loueurs de
Central Park, nous sommes allés chez
Masterbike sur la 72ème rue, où l’on peut louer un vélo quatre heures, pour le même prix que l’heure de location des escrocs de
Central Park. J’ai été heureux de voir que ma fille accepte ces trois heures sur une selle inconfortable pour le plaisir de contempler New York, en traversant le
Village,
NoLiTa,
Chinatown,
Tribeca et enfin le quartier de
City Hall, avant de pédaler dur jusqu’au sommet de
Brooklyn Bridge. Nous avons pris des photos souvenirs de cet endroit, avec la
Liberty Tower en arrière plan, comme je l’avais fait un certain 10 septembre 2001, avec le
World Trade Center derrière nous, l'avant-dernier jour de son existence.
Nous sommes repartis vers le nord, avons fait une nouvelle halte chez
Schnippers et nous avons rendu les vélos à
Masterbike. Comme on était sur la 72ème rue, j’en ai profité pour visiter
Westsider Records, un endroit incongru et poussiéreux où, dans un appartement décoré de vieux tapis, on trouve des livres de des disques classiques d’occasion. J’ai dégotté une version hors commerce de la
Septième de Mahler par Gianandrea Noseda et le BBC Philharmonic Orchestra. J’ai bien senti que le patron, un type adorable aux cheveux longs et blancs était un peu triste de me le vendre. Il m’a expliqué que la Septième était la première symphonie de Mahler qu’il ait entendu de sa vie, au début des années 70, par Bernstein et le
New York Philharmonic.
Je me suis pris une glace chez GROM à
Colombus Circle et nous sommes rentrés à l’hôtel.
19209ème jour
New York III
Avec un peu de regret, nous avons rendu la Mustang au loueur sur la 33ème rue et nous sommes partis pour une longue promenade qui nous a menés à
Union Square, puis à
Meatpacking, en parcourant tout
Bleecker. Nous avons remonté toute la
Highline, envahie de promeneurs français et nous avons remonté la
Huitième avenue jusqu’à
Schnippers, une autre recommandation de
Paris Broadway. Amusante adresse, ce
Schnippers : après avoir commandé son hamburger ou sa salade, on récupère des gobelets pour une boisson à volonté et un petit drapeau numéroté que l’on pose sur sa table, en attendant que l’un des serveurs apporte le déjeuner. C’est amusant, terriblement new yorkais, et surtout très bon.
Comme il faisait une chaleur écrasante, on est allés à
Central Park pour prendre un bain de soleil, ce qui m’a rappelé mon programme habituel de l’après midi, lorsque j’étais à New York la semaine qui a suivi le onze septembre.
On est allé voir le bien médiocre quatrième volet de l’
Âge de glace à l’AMC de
Lincoln square mais le plus amusant de ce spectacle était la
bande annonce de Despicable Me II, avec ses quatre minions qui chantent une version irrésistible
Barbara-Ann. On a passé la soirée à l’hôtel en s’amusant à la chanter en
version karaoké.
19208ème jour
Newport
J’ai profité d’avoir la voiture une troisième journée pour passer un peu de temps en Nouvelle Angleterre et en particulier à Newport, petite ville charmante et ancienne, sur une île de l’état de Rhode Island à laquelle on accède par un grand pont suspendu. Nous visitons la ville alors que la pluie fait place peu à peu à un beau soleil et nous déjeunons dans un restaurant de crustacés (assez médiocre) sur le port.
Nous reprenons notre route vers le sud et jouons avec ma fille au
Ni Oui ni Non, jeu au cours duquel, après une demi heure de lutte acharnée à lui faire dire les mots interdits, elle me déclare : "
si tu crois que tu vas gagner facilement eh bien non !" Nous faisons une halte à Milford pour marcher un moment sur la plage de
Silver Sands, devant les maisons de vacances de new yorkais fortunés.
Nous arrivons à Manhattan par le pont de
Williamsburg en contemplant la vue magnifique sur la
skyline au soleil couchant.
J’emmène ma fille dîner chez
Public, un restaurant branché de
NoLiTa qui m’avait été recommandé par Zack, ce garçon qui m’avait fait rêver lors d’un
séjour d’il y a deux ou trois ans. La nourriture y est inventive et savoureuse, les convives branchés et surprenants, le cadre élégant mais l’atmosphère un peu bruyante.
19207ème jour
Mozart à Tanglewood
Nous sommes revenus à Lenox pour un déjeuner à notre cantine locale où les potato skin sont merveilleux et le cidre local
Woodchuck particulièrement savoureux. Puis nous retournons à
Tanglewood pour un concert qui devait normalement être entièrement dirigé par Kurt Masur mais, en raison de la chute du maestro en avril dernier au théâtre des Champs–Elysées, il n’assure que la symphonie
Linz, son fils Ken David Masur, dirigeant la première partie.
Petite musique de nuit, que ma fille est ravie d’entendre et concerto pour piano N°24, joué par Gerhard Oppitz, que j’entends pour la première fois en concert et qui joue bien banalement, comparé à un Barenboim ou un Perahia. L’assistance fait une standing ovation lorsque Kurt Masur entre en scène, guidé par son fils. C’est sa première apparition en public depuis sa chute et en cette année où il fête ses 85 ans, il semble bien fragilisé. Pourtant, dès qu’il dirige, le miracle se produit et l’orchestre de Boston joue étonnamment mieux devant le vieil homme aux gestes tremblants et imprécis, que devant son fils quelques minutes plus tôt.
Après un dîner à Lenox dans une lumière magnifique, nous rentrons dormir à Springfield.
Dans la nuit, j’annonce à Luca, un grindrien capté lors de mon dernier séjour, que je passerai le voir le dimanche suivant à Rome. Il en a l’air ravi et moi aussi.
19206ème jour
Wagner à Tanglewood
A neuf heures pétantes, nous sommes allés chercher notre
Mustang décapotable de location à une agence de la 33ème rue. Cette année, elle est n’est plus toute jeune, mais elle est d’un noir élégant. Après avoir récupéré nos bagages à l’hôtel, nous traversons le
Connecticut et arrivons à Springfield où j’ai choisi un motel assez médiocre pour nos deux jours dans le
Massashussets. Aller au festival de
Tanglewood est un rêve que j’avais depuis fort longtemps, probablement depuis la sortie en disque de la mythique
Huitième Symphonie de Mahler que Seiji Ozawa y a enregistré en 1980, mais sans doute aussi à l’issue de lectures sur l’ambiance musicale qui règne sur le campus avec le souvenir de Serkin, Casals, Koussevitzky et Bernstein.
Lorque l’on quitte l’autoroute qui va de Boston à Albany, la campagne est absolument superbe avec des petites maisons élégantes en bois, des jardins non clôturés, des golfs et des petits lacs. Le festival de Tanglewood se tient à Lenox, une jolie petite ville qui tient de l’Amérique WASP de carte postale. Même si le festival d’été de l’Orchestre Symphonique de Boston a commencé dès 1935 dans les
Berkshires, c’est à partir de 1937 qu’il s'est tenu à
Tanglewood, propriété offerte à l’orchestre par une riche famille. C’est donc cette année le 75ème anniversaire du Festival et le concert du jour est la reconstitution d’un programme Wagner dirigé par Koussevitsky le 12 août 1937. Il comprend l’ouverture de Rienzi, la
Siegfried Idyll, le Prélude et la mort d Isolde, puis après l’entracte, la chevauchée des
Valkyries, les murmures de la forêt du
Crépuscule des Dieux et pour finir, le
Prélude de
Parsifal et celui de
Tannhäuser.
En 1937, un orage terrible avait empêché l’exécution de la
Siegried Idyll et la tente n’avait pas supporté les déluges de pluie qui avait trempé les malheureux spectateurs. C’est donc dès l’année suivante que le toit solide sur pilier a été construit. C’est un bâtiment assez laid, sans mur, de façon à ce que les spectateurs assis dans l’herbe aux alentours puissent entendre la musique et son acoustique est donc un peu fragile. La plupart des festivaliers viennent en début d’après midi avec un impressionnant matériel leur permettant de pique-niquer dans l’herbe. J’ai été frappé par l’âge très élevé de l’assistance et par le nombre incroyable de déambulateurs. Musicalement, le concert était bien sans plus, le chef, Asher Fisch m’a fait bonne impression, mais même les fortissimos wagneriens avaient tendance à se perdre un peu dans le vide.
19205ème jour
New York II
Il a plu presque toute la journée et le grand parapluie mis à disposition par l’hôtel nous a été fort utile. La journée a été consacrée à une longue balade sur
Bleeker et j’ai eu une pensée pour toi,
Paris Broadway, en dégustant de nouveau un merveilleux
Lobster roll au
Pearl Oyster bar. Nous avons évité la pluie en explorant le
Chelsea Market de fond en comble. Sur la recommandation de
Paris Broadway, dîner au
Shake Shack près de
Central Park. Les hamburgers y sont particulièrement savoureux et prétendument bio, mais le plus amusant est le système de commande où, après avoir choisi son menu, on attend avec un boîtier qui s’allume soudain lorsque la commande est prête.
19204ème jour
New York I
Il fait assez chaud à New York mais ca n’est plus la canicule des semaines précédentes qui a cependant laissé sa marque dans le métro où il fait une chaleur accablante. Nous marchons bien sûr beaucoup pendant ce premier jour à New York et ma fille est heureuse de redécouvrir dans leur cadre estival les lieux qu’elle avait aimés lors de mon anniversaire d’il y a deux ans. Nous marchons de
West Side jusqu’à
Times square, prenons le métro jusqu’à
SoHo où les boutiques sont encore fermées, descendons jusqu’au sud de Manhattan où je remplace chez JR mon casque
Bose oublié dans l’avion la semaine passée. En arrivant à midi pile, nous pouvons trouver une table à
Balthazar et faisons un peu de shopping dans
SoHo. Nous revenons à l’hôtel pour une sieste d’une heure et dînons au
Pershing square où les
crab cakes sont toujours aussi bons.
19203ème jour
Paris New York
En fin d'après-midi, ma plus jeune fille me rejoint chez moi avec une énorme valise et nous prenons ensemble un taxi pour Roissy. Elle avait adoré New York pendant les deux semaines passées là bas à l'occasion de mon anniversaire et cela me fait plaisir de constater son excitation à y retourner.
Nous partons par la compagnie
XL Airways qui a un Airbus A340 entièrement en classe économique. Nous partons avec un léger retard et pendant le vol, je lis l'étonnant
Au delà de cette limite votre ticket n'est pluis valable de Romain Gary, livre sur le naufrage de la vieillesse.
Longue file d'attente pour le contrôle des passeports à JFK, puis de nouveau aux taxis. Nous filons vers Manhattan et rejoignons notre hôtel de
West side vers minuit. Alors que ma fille m'avait dit qu'elle avait envie d'aller à
Times square dès notre arrivée, elle me confie qu'elle préfère aller dormir.
Je reçois un SMS de Benjamin qui me remercie pour le week end à Barcelone.
19202ème jour
Préparation
Journée sans grand souvenir. J'ai passé un peu de temps dans la soirée à préparer ma valise pour New York, en pensant à prendre quelques livres pour les vols transatlatiques.
19201ème jour
Du grand n'importe quoi
Après trois nuits au sommeil particulièrement rare, j’aurais mieux fait de rester tranquillement chez moi à écouter du Mozart mais j’avais promis à
Jean-Sébastien que nous dînerions ensemble. Comme la fois précédente, il m’a dit qu’il préférait que nous préparions le repas chez moi et nous avons donc fait les courses et préparé les plats tous les deux. Et comme la dernière fois, la soirée s’est achevée sur mon lit.
Alors que je m’apprêtais à aller dormir, vers vingt trois heures,
Jérémie me contacte sur grindr. Il est chez une amie juste à côté de chez moi, et il a envie de passer.
The only way to get rid of a temptation being to yield to it, je prends rapidement une douche et je l’accueille chez moi. Il a changé, il a les cheveux très longs, il est encore plus maigre que lors de nos premières rencontres, mais il est toujours aussi sympa, timide et maladroit. Comme d’habitude, Jérémie prépare un joint et on le fume ensemble devant un feu de bois ce qui, en plein juillet, est amusant. Jérémie me fait découvrir qu'il y a un petit nécessaire à filtre caché dans les papiers à cigarette OCB. Comme il insiste, je lui refais mon imitation de Karl Lagerferld, il rigole, on s’embrasse, il me suce, il aime toujours autant ça et moi aussi. Alors que j’étais debout devant lui et que je voyais sa tête et ses longs cheveux bruns qui s’agitaient, je pensais à la scène comparable qui était arrivée deux heures plus tôt et autant Jérémie est maigre, autant Jean-Sébastien est grassouillet et je ne savais plus très bien où j’en étais. Je savais juste que j’étais bien. On a refumé un joint en écoutant la
Romance du
Concerto en ré mineur de Mozart. Puis il est reparti. Je me suis effondré dans mon lit vers deux heures du matin.
19200ème jour
Barcelone Paris
Nous nous sommes réveillés vers midi, avons déjeuné à
El Glop sur la
Rambla avant de passer deux heures au soleil sur la plage. Comme Benjamin retravaillait le lendemain à six heures, on a décidé de repartir un peu plus tôt que prévu. Benjamin a conduit jusqu’à un petit village du nord de Millau où nous avons fort bien dîné et j’ai conduit les six cent quarante kilomètres restant. Benjamin dormait dans le fauteuil passager et de temps en temps, je cessais de regarder la route pour admirer son beau visage.
Je l’ai déposé en bas de chez lui à trois heures et je suis rentré dormir chez moi pour une courte nuit.
19199ème jour
Paris Barcelone
Comme prévu la nuit a été longue, et la route difficile avec encore quelques embouteillages jusqu’au péage de Dourdan et très souvent de la pluie jusqu’au sud de l’Auvergne. Le jour s’est levé alors que nous étions dans la région de Narbonne. Lorsque nous avions quitté Paris, le GPS nous indiquait 7h30 comme heure d’arrivée et, le temps de s’arrêter pour faire deux pauses, c’est vers huit heures que nous sommes arrivés à Barcelone. Petit déjeuner près du
Passeig de Gràcia, une douche chez Alban Berg, une promenade en ville, un déjeuner à
4 Gats, une sieste à l’hôtel. J’ai choisi la suite
Orbital à l’hôtel
Barcelo de la gare de
Sants et Benjamin était très impressionné par l’équipement de la salle de bains futuriste. Comme on a fumé l’un des joints que j’avais apporté de Paris, c’est en taxi que nous allons dîner au
Trobador de
Ferran puis nous passons une soirée digne de celles passées avec Michael il y a une dizaine d’années. Une manzana vodka au
Dietrich, une autre au bar voisin, un joint sur la route et de nombreux verres à l’
Arena. On rentre en taxi pour terminer cette journée étonnamment longue et remplie.
De retour à l’hôtel, je découvre que Benjamin drague dans mon dos les garçons locaux sur
grindr et je ne sais pas trop quoi en penser. J’aime beaucoup être avec lui, il est attentionné, intelligent et vraiment très beau, c’est décidément le genre de garçon dont je peux tomber facilement amoureux mais j’ai la conviction de ne pas représenter du tout ce qu’il recherche. Je décide de ne pas faire d’esclandre et de laisser passer un peu de temps, afin de mieux évaluer la situation et de savoir si c’est une bonne idée ou non d’aller à New York ensemble en août.
Nous dormons très sagement l’un à côté de l’autre.
19198ème jour
Paris Milan Paris Barcelone
Après une très courte nuit, je me lève à cinq heures pour aller attraper le premier vol pour Milan. Après notre réunion client, mon collègue me dépose dans le centre, devant une boutique
Zara où se trouve un exemplaire unique de la
veste militaire à brandebourgs aperçue la semaine passée à Rome. C’est une taille L, trop petite pour moi et apparemment il n’y a plus de XL dans toute l’Italie. J’aime tellement cette veste que je la prends en L, me condamnant soit à perdre dix kilos, soit à ne jamais la porter.
Je retourne à Malpensa en taxi avec la précieuse veste et je discute avec Benjamin qui a enfin reçu son passeport et avec qui j’ai prévu de passer le week-end. On hésite entre Venise, destination pour laquelle j’ai trouvé des billets et Barcelone, où tous les vols sont pleins ou absolument hors de prix. Benjamin choisit Barcelone et nous prenons la décision folle d'y aller en voiture.
De retour à Paris, je rentre dormir une heure chez moi en prévision de la longue nuit qui s’annonce puis je bois un verre avec Pierre au
Paris London. De retour chez moi, alors que je prépare ma valise, je me rends compte que j'ai oublié mon casque
Bose dans l'avion de Milan. Je dois néanmoins partir, je passe chercher Benjamin en bas de chez lui un peu après 22h00 et nous prenons la direction du sud sous une pluie battante.
19197ème jour
Malade
Je ne me sens pas bien, avec une fragilité des fondements et je comprends que je suis envahi par un parasite assez désagréable dont la version femelle a la mauvaise idée d’être capable de pondre jusqu’à 10.000 œufs dans sa courte vie. Je passe à la pharmacie pour traiter la chose. J’hésite à aller au dîner chez H., puis me décide au dernier moment en le prévenant que je risque de rentrer chez moi plus tôt que prévu. H. a un lecteur de mp3 qui permet de diffuser des fichiers audio ou video de
Youtube et le dîner sera entièrement accompagné par les insupportables martèlements de Glenn Gould dans la quasi intégrale des sonates de Mozart. L’atmosphère est agréable, je picore juste un peu de vion et de fromage et je rentre chez moi à une heure du matin.
19196ème jour
Istanbul Paris
Le premier pont sur le Bosphore est en travaux, ce qui entraine la création d’embouteillages gigantesques dans la ville. J’ai donc choisi de prendre un premier taxi de mon hôtel jusqu’à
Besikstas, puis le ferry jusqu’à
Üsküdar et un second taxi jusqu’à
Umranyie où se trouve le magnifique siège turc de la banque française que je visite aujourd’hui.
Je rentre par le même circuit, profitant pleinement du magnifique panorama.
A l’aéroport
Ataturk, j’achète trois cartouches de
Marlboro light pour
Benjamin et je rentre à Paris par un vol presque vide.
19195ème jour
Rome Istanbul
C’est mon tour d’aller à
Fiumicino où j’achète un
Limoncello à l’attention de Pierre qui semble en avoir tellement envie. Avant d’embarquer, je croise Sir John Eliot sans doute en partance pour l’Angleterre.
Après avoir traversé l’Adriatique, notre
Airbus aborde la Croatie en survolant les magnifiques îles au large de Split.
A Istanbul, je retrouve mon ami Ali, que je n’ai pas vu depuis plus de trois mois et qui m’emmène dîner à
Suada, une petite île semi-artificielle du Bosphore où se tient un complexe de restaurants à la mode et une piscine.
19194ème jour
Une journée de travail près de Rome
Un collègue passe me chercher à mon hôtel, nous allons en récupérer un autre à
Fiumicino en provenance de Milan et nous partons tous trois en direction du sud, en faisant une halte pour un
ristretto sur la plage d’Ostia. Nous longeons la côte et je reconnais avec amusement
Il Buco, la plage de drague pour garçons sensibles où P. avait absolument voulu aller lors de notre séjour romain d’il y a douze ans. Nous arrivons à Pomezia pour un rendez-vous chez un client. C’est une entreprise familiale et le patriarche qui l’a fondée participe aux discussions, l’air pimpant malgré ses 96 ans. Nous repartons tous ensemble à trois voitures en direction de la maison de famille pour un déjeuner d’anthologie : des
mezze maniche alla carbonara, sortes de
rigatoni courts absolument succulents, et un plat de viande comprenant du poulet au citron et des
abbacchia alla romana, et pour finir une salade de pêches blanches et jaunes à la saveur absolument incroyable.
Pendant le déjeuner, je me lie d’affection avec le patriarche qui m’avoue en toute simplicité qu’il est l’un des justes de l’Etat d’Israël. En effet, pendant la guerre, à la demande du gouvernement mussolinien, il a repris l’imprimerie de son concurrent juif mais, ce qui est moins banal, il a hébergé la famille de ce concurrent pendant toute la guerre et, en 1945, lui a rendu tous ses biens. Il m’emmène ensuite dans le jardin en me tenant par le bras, et me montre fièrement l’olivier que lui a offert l’Etat d’Israël. J’ai rencontré beaucoup de personnalité pendant mes années de travail, mais Mario, qui m’a invité à l’opéra de Rome en octobre prochain, est sans doute la personne qui m’aura le plus touché de toutes ces années.
Retour sur Rome où mon collègue me fait découvrir la jolie colline de
San Saba, qui fait face à l’Aventin, et où nous prenons un
Chin 8.
Le déjeuner fut tellement copieux que je m’endors sans dîner.
19193ème jour
Vacances romaines II
Au matin, nous prenons sans payer un bus jusqu’a
San Pietro. J’avais prévenu ma fille que les romains ne rigolent pas avec les tenues vestimentaires dans les églises mais nous nous sommes bien sûr fait jeter en raison de sa robe trop courte. Nous sommes repartis à pied vers le centre et j’ai découvert à ma grande satisfaction que les grillages du
Ponte Sant'Angelo et leurs bardées de cadenas d’amoureux ont été remplacés par d’épais barreaux, empêchant désormais toute velléité cadenassière des Romeo et Juliette du monde entier.
Nous prenons un taxi pour la
Via Veneto et dégustons le merveilleux
bellini du
Harry’s Bar. Je découvre à cette occasion que le bar de Rome n’a rien à voir avec son homonyme de Venise où le
bellini a été inventé par un barman inspiré, en hommage non pas au compositeur, mais au peintre vénitien Giovanni Bellini.
Nous prenons des photos devant la
porte en forme d’immense bouche du
Palazzetto Zuccari,
via Gregoriana, admirons la fantastique vue qui se dégage depuis la
Trinita dei Monti et descendons déjeuner dans un restaurant banal du quartier.
Nous prenons le temps d’une petite visite dans le
Trastevere, admirons les mosaïques de
Santa Maria et puis c’est fini. Je raccompagne ma fille à
Termini pour ce merveilleux week-end auquel il ne manquait que la location d’une
Vespa pour qu’il soit un moment de
Vacances romaines vraiment parfaites.
J’ai dîné seul sur une petite terrasse très théâtrale devant
Santa Maria della Consolazione d’une très bonne mozzarella et d’une pizza très recommandable.
19192ème jour
Vacances romaines I
Lever terriblement matinal, vers cinq heures. Le chauffeur de taxi est sympa et de plus, il écoute
Radio Classique. Il me raconte que les nuits du vendredi au samedi sont assez éprouvantes avec leurs hordes de jeunes avinés sortant de boite et sans le sou. Nous récupérons ma fille qui justement sort d’une petite boite improbable près de Saint Germain, un endroit minuscule et qui sent des pieds, mais très sympa. A entendre son récit, je vois le chauffeur qui se bidonne à l’avant.
Pour des raisons trop longues à expliquer, je suis sur le vol
Alitalia de sept heures ma fille sur le vol
Air France de sept heures et quart. Après quelques palabres avec Air France, je réussis à prendre sans aucun supplément le même vol qu’elle. Elle est devant en
Premium, ravie, tandis que je m’entasse en éco à l’arrière mais, au moins, on arrive ensemble. Nous fêtons ce week-end à deux en faisant une photo ensemble dans un photomaton de
Fiumicino.
Il fait une chaleur terrible à Rome, et après avoir déposé nos bagages à notre hôtel entre le
Circo Massimo et le
Capitole, nous partons explorer la ville. J’ai déjà fait visiter la ville à deux reprises à mes filles, dont une fois
racontée ici, mais c’était il y a longtemps et c’est avec bonheur qu’elle redécouvre la
piazza Venezia, le
Panthéon, la
piazza Navona, la
Carbonara pour un déjeuner à l’étage (ah la cervelle d’agneau et les
fragole del bosco !), la
Fontaine Trevi, la
piazza di Spagna et tout ce qu’un touriste normalement constitué doit voir lors de sa première journée à Rome.
J’ai aussi aperçu dans la nouvelle boutique
Zara qui occupe les anciens locaux de
Rinascente une jolie veste noire à brandebourgs à l’aspect très militaire d’opérette qui me rappelle
celle de Peter. Elle est malheureusement en rupture de stock.
Nous dînons bien sûr à
Il Buco et je découvre que mon vieux serveur à la moustache blanche travaille depuis vingt et un ans dans l’établissement alors que j’évalue ma première visite à il y a vingt cinq ans.
Ah ! j’oubliais. Aujourd’hui, Gustav Mahler a eu cent cinquante deux ans.
19191ème jour
Le vendredi c’est bigoli
Journée de travail sans grand intérêt. Je récupère mon parapluie danois oublié la veille
chez Ly, j’appelle ma mère pour son anniversaire et je me prépare des
bigoli afin de finir mes anchois achetés à Barcelone.
19190ème jour
Et encore un zeste d'orgue
Malgré les abominables embouteillages qui encombrent Paris, j’arrive à l’heure pour le concert d’orgue donné par ce client devenu ami dans une église parisienne. Le programme, proche de
celui d’il y a deux ans commence par trois pièces de Bach : la
Fantaisie et fugue en sol mineur, le magnifique et délicat
Andante de la
Deuxième Sonate en trio, et la célébrissime
Toccata et fugue en ré mineur. Suivent le
Troisième Choral de César Franck et deux mouvements de deux symphonies de Vierne, genre auquel je suis beaucoup plus hermétique. Ma fille, qui a eu la gentillesse de m’accompagner, a le privilège d’assister au concert depuis la tribune et nous sommes aux premières loges pour assister au véritable cauchemar de synchronisation des mains et des pieds à laquelle doivent se livrer les organistes. "
Eh oui, on ne nait pas organiste!" me dit mon ami en souriant, entre deux œuvres.
Je complète cette longue journée par un dîner avec ma fille
chez Ly où les nems sont toujours aussi bons.
19189ème jour
Dix ans
19189 - 15536 = 3653
Lorsque j'ai commencé à écrire ce premier billet il y a 3653 jours, je ne pensais pas que je me laisserais entrainer jusqu'à aujourd'hui. Si cela vous amuse de commenter un billet datant de plus de dix ans, cela se passe
ici.
J'ai célébré cet anniversaire avec des collègues chez Karl & Erick qui est une adresse toujours aussi recommandable.
19188ème jour
Enghien II
Une journée au même endroit. Soirée amusante où nous préparons notre repas en suivant les conseils d'un chef, avant de le déguster. Quelques échanges avec Benjamin qui a la grippe et que j'ai tant envie de revoir.
19187ème jour
Enghien I
Une journée de séminaire à Enghien les Bains. Dîner dans l'horrible casino glauque. Alors que nous avons tous un petit pécule pour jouer, plutôt que de le perdre, nous décidons avec quelques collègues de le mutualiser et de s'offrir quelques bouteilles de champagne.
19186ème jour
Benjamin
J'avais prévu initialement d'assister une deuxième fois au concert de Hanovre mais finalement, je n'ai pas eu le courage de faire les huit cents kilomètres de retour à Paris dans la nuit de dimanche à lundi et j'ai fait la route tranquillement ce dimanche.
Avant de partir, j'assiste depuis la chambre de mon hôtel à un interminable défilé folklorique célébrant sans doute la fête de la ville ou quelque chose de similaire. Des voitures décorées, des groupes en costumes d'époque, des fanfares innombrables paradent joyeusement. L'ensemble laisse une impression mitigée: les allemands ont gardé un sens du
vivre ensemble que les français ont largement perdu, mais ils démontrent aussi un étonnant plaisir à marcher au pas.
La route est longue et je fais halte à Enschede, bourgade hollandaise près de la frontière allemande où je visite quelques
coffee shops et déjeune rapidement sur la place du marché où, là aussi, on célèbre quelque fête locale.
Alors que je passe la frontière française je reçois un message de Benjamin, un garçon à qui je fais la cour depuis au moins un an, tellement beau que j'ai eu la patience de garder le contact alors que, malgré tout ce temps, il n'a jamais accepté une rencontre.
Ce 1er juillet semble être enfin notre jour puisqu'il accepte une invitation à dîner. Tout en conduisant, j'organise la soirée et après de multiples essais infructueux, je fais une réservation au restaurant du
Bristol pour 21h00.
J'ai juste le temps de passer chez moi et d'enfiler mon
tracht (Benjamin est très élégant).
Nous nous retrouvons avenue Matignon. Il est vraiment magnifique dans son spencer gris et avec son nœud papillon, alors qu'il avance souriant en ma direction.
Ce fut une belle soirée et je ne regrette pas la somme astronomique qu'elle m'a coûté, tant j'ai eu du plaisir à admirer son beau visage tout en faisant connaissance avec lui.
On a pris notre café dans les jardins du
Bristol dans la nuit, interrompus par la clochette du chat blanc de l'hôtel qui parcourait majestueusement son domaine.
J'ai ramené Benjamin chez lui et je suis rentré me reposer, fou d'envie de le revoir.