17084ème jour

Chère Lola,

Permettez moi tout d'abord de vous dire combien j'aime votre prénom, comme il fait s'envoler mon esprit vers les immenses yeux de Marlene Dietrich, comme il me donne une inextinguible envie d'être un jour un professeur Unrat ivre d'amour et de passion.
Je ne devrais probablement pas porter ma candidature pour devenir l'heureux bénéficiaire d'une place à l'opéra aux côtés de votre amie Kozlika. Je devrais sans doute seulement rêver de me rendre avec vous dans votre belle maison du Capitole et espérer ainsi devenir moi aussi votre ami. Je devrais délaisser ma chance au profit de Cédric l'informaticien afin de lui faire abandonner son écran quelques instants, ou bien à Fauvette qui semble si heureuse à la perspective de découvrir enfin l'art lyrique.
Et pourtant je vous adresse cette missive car pour moi aussi il s'agira de premières fois : ce sera ma première Lucia, ma première chance de connaitre en réel la délicate Kozlika qui me ravit déjà de ses écrits mais aussi et surtout la première perspective, certes encore lointaine de rencontrer die fesche Lola.
A bientôt donc, si votre décision, comme je l'espère, me permet d'être, pour un soir au moins, le plus heureux des hommes.
Que ne ferait-on pas pour aller à l'opéra?

17083ème jour

Le ramadan

La plupart des turcs respectent le ramadan et l'un de mes clients m'appelé lundi dernier pour transformer un déjeuner de travail en une réunion car il avait étrangement oublié son jeune lorsque nous étions convenus du rendez-vous...
Le ramadan étant calculé selon des mois lunaires, il est chaque année quelques jours plus tôt. Il aura lieu en plein été dans quelques années et les turcs un peu âgés se souviennent que déjà dans leur enfance, il est beaucoup plusdifficile de le respecter lorsqu'il fait chaud et que les jours sont longs.
Pendant le ramadan, non seulement il ne faut ni boire, ni manger, ni avoir de relations sexuelles entre le lever et le coucher du soleil, mais les fumeurs doivent également abandonner leur vice pendant quelques heures. Comme on l'imagine facilement, ce sont ces derniers qui ont le plus de mal à respecter la règle.
Un autre client, gros fumeur de cigares devant allah m'a avoué candidement qu'il n'arrivait pas à s'arrêter de fumer pendant le mois. Alors, tant qu'à ne pas respecter le ramadan complètement, autant le faire à fond, et il fume et boit normalement pendant toute cette période.

17082ème jour

La berceuse perdue

Peu après la naissance de ma fille ainée, j'avais acheté une veilleuse en forme d'ours qui donnait un éclairage très doux à sa chambre d'enfant. Lorsqu'on appuyait sur un gros bouton placé devant l'ours, retentissait une musique assez laide, genre sonnerie de téléphone d'il y a dix ans. Sous la veilleuse, un petit bouton permettait de choisir entre Schubert et Brahms. Je sais que je connaissais parfaitement la mélodie de Schubert tandis que celle de Brahms m'était à l'époque inconnue. Et c'est trois années plus tard, en achetant le disque du récital d'adieu de Christa Ludwig, que j'ai découvert qu'il s'agissait du Wiegenlied de Brahms, qu'elle avait offert en bis, une jolie berceuse assez connue en Allemagne. Le problème est que j'ai totalement oublié aujourd'hui quelle était la berceuse de Schubert. Et que je n'ai aucun moyen de me le remémorer.

17081ème jour

Je t'aime

Il est des moments où l'on aimerait plus que tout que quelqu'un vous regarde droit dans les yeux, vous prenne dans ses bras et vous dise je t'aime. Ces moments de désespoir où le vertige du bonheur est entrevu vous laissent brisé d'insatisfaction et d'abandon.

17080ème jour

Canyon

A la fin de mon rendez vous de travail, cet après-midi, je suis allé faire un tour à Kanyon, le centre commercial d'Istanbul qui a ouvert en juin dernier. On y entre avec des procédures de sécurité dignes d'un aéroport et la visite vaut vraiment le coup d'oeil. L'architecture est très impressionnante avec des formes galbées qui s'entremêlent. Les plus grandes marques sont présentes, il y a des bars élégants un superbe restaurant de sushis, un très beau wagamama et même un revendeur B&W. A ma grande surprise, il y a encore peu de visiteurs et certains se demandent si le succès sera au rendez vous en hiver alors que l'on passe de magasin en magasin par des passerelles extérieures (mais toujours à l'abri de la pluie).
N'ayant pas eu le temps de déjeuner, j'ai pris une petite baguette au Pain Quotidien, et je me suis souvenu de ces moments passés dans l'une des succursales de New York en septembre 2001.

17079ème jour

Le premier jour du ramadan

Pas de spectacle vraiment notable à Istanbul ce week end. A une semaine près, j'aurais pu me rendre aux trois concerts Bach qu'a donnés Benjamin Alard à l'église Saint Antouan. Je profite néammoins de ce week end pour visiter des endroits où je ne suis pas encore allé malgré ma cinquantaine de séjours ici. Je suis allé au musée archéologique où l'on peut voir des merveilles issues de toutes les régions de l'empire ottoman. Je suis resté particulièrement logntemps devant plusieurs statues d'Alexandre le Grand, présent dans cette ville qu'il n'a pourtant jamais ni visitée ni conquise. Je suis très étonné que l'on puisse reconnaitre Alexandre au premier coup d'oeil, alors que les portraits de Mozart, par exemple, se ressemblent si peu les uns les autres. Au musée archéologique, on trouve également les rares morceaux du mausolée d'Halicarnasse qui ont échappé au British Museum et d'etranges reconstitutions de monuments antiques qui permettent d'imaginer les couleurs criardes qui les paraient jadis.
J'ai également visité les extraordinaires citernes souterraines de Byzance qui permettaient à la ville de résister à n'importe quel siège et je me suis promené sur la place qui se tient là où était l'hippodrome antique. Des petits restaurants se tenaient de part et d'autre, attendant les clients qui ne manqueraient pas de les envahir en ce premier soir de Ramadan.

17078ème jour

Sadik

Il était d'Azerbaidjan, il était né à Bakou, et son passeport était russe.
Il parlait parfaitement le turc, mais il disait da! en répondant au téléphone.
On a fumé ensemble dans un bar à chicha de la rive européenne et on a bu du thé turc.
Il s'appelait Sadik.

17077ème jour

Mon chemin de Damas I

Comme le week end a Istanbul avec Adrian n'était plus possible, j'avais choisi d'aller passer ces deux jours à Damas qui est une ville qui me fascine depuis longtemps, peut-être en raison des scènes de Lawrence d'Arabie qui se déroulent la bas. Mom compte Turkish Airlines m'avait permis de prendre un billet d'avion pour pas grand chose et j'avais réservé trois nuits au Méridien. Hier soir, de retour d'Ankara, j'ai du passer au bureau travailler deux heures et je m'apprétais à repartir à l'aéroport pour prendre le vol de 23h35, lorsque je me suis soudain rappelé qu'il serait prudent de vérifier s'il ne faut pas un visa pour se rendre en Syrie. Il faut effectivement un visa et le site de l'ambassade de France à Damas indique qu'un délai de sept jours est raisonnable pour l'obtenir.
Je me suis quand même rendu à l'aéroport Ataturk pour la troisième fois de la journée. La fille du guichet Turkish Airlines était adorable, elle m'a indiqué que, même payé avec des miles, mon billet etait échangeable et utilisable pendant un an. Elle souriait en vérifiant, à ma demande, s'il restait des places pour passer le week end à Aman, à Tel Aviv, à Odessa, au Caire ou à Doha. Aucun des vols n'étant disponible en billet miles j'ai du me rendre à l'évidence : pour quelque temps, Damas va remplacer Symi dans mon panthéon des destinations inaccessibles...

17076ème jour

Ankara

Lever à cinq heures afin d'être à six heures à l'aéroport Ataturk pour attraper le vol d'Ankara de sept heures. Les vols matinaux pour Ankara sont toujours bondés, remplis d'hommes d'affaire qui se rendent là bas pour la journée. On arrive à Ankara où il fait très frais. Je n'y étais pas retourné depuis cette première fois. Nous allons chez notre client à vive allure sur de larges avenues. La réunion durera toute la journée avec un membre du board pour la matinée et le lunch, signe de grand intérêt pour notre projet.
Le lunch est amusant, servi par des employés en blouse blanche dans une salle de réunion sans fenêtre. La nourriture est délicieuse : une soupe de tomate avec des boulettes de viande, une petite assiette d'épautre tiède, une salade fraiche, quelque tranches de melon vert et des gateaux orientaux. L'après-midi est passée à une longue négociation à la turca dont nous sortons rétamés financièrement mais persuadés que nous allons faire ce projet. Pour détendre l'atmosphère je sors ma blague de la Kangoo et de la BMW, et un proverbe chinois qui dit que lorsque les gros commencent à maigrir, les maigres sont déjà morts....
Quelques heures plus tard, notre Airbus A340 tourne longuement au dessus de la mer de Marmara avant d'atterrir à l'aéroport Ataturk.

17075ème jour

Un départ mouvementé

Après une nuit très courte et un séminaire plutôt ennuyeux qui démarrait à 7h45, je prends un taxi et je dors pendant tout le trajet jusqu'à Roissy. J'arrive au terminal 2B. J'attends un collègue turc pour enregistrer avec lui. Il a changé son horaire et doit repasser au guichet. Je l'attends. Il revient pour apprendre qu'il a un supplément bagage et qu'il doit repasser au guichet. Je l'attends de nouveau. Nous enregistrons enfin et allons enfin au salon Air France. Au bout de quelques minutes, il me regarde très ennuyé et me dit: "mon PC, où est mon PC?" On cherche un peu partout, pas de PC. Il va interroger les hôtesses d'accueil du salon, qui ne savent pas quoi lui répondre. Il se dit qu'il a peut-être oublié son PC au guichet Air France et part au pas de course vérifier, tandis que l'heure d'embarquement approche. Alors que je m'approche de la porte d'embarquement, on annonce dans les hauts parleurs qu'un sac noir a été trouvé en zone 8, que son propriétaire doit venir le récupérer de toute urgence. La zone 8 est précisément celle où nous avons enregistré. Je me présente. Le mec de la sécurité me montre le sac, une housse de PC en effet, mais il m'interdit de le toucher. Je lui dit que c'est sûrement celui de mon collègue, mais cela ne le rassure guère. Il me dit que si mon collègue n'est pas là dans deux minutes, le service de déminage le fait sauter. J'appelle mon collègue qui est sur messagerie. Il arrivera finalement tout essouflé alors que le service de déminage s'apprêtait à faire évacuer le hall 2B.
Nous nous envolons pour Istanbul. J'arrive vers une heure du matin à mon hôtel.

17074ème jour

Retour à Pleyel IV

Il était facile de constater ce soir que la Deuxième Symphonie de Beethoven est la moins pouplaire des neuf : lorsqu'hier, il était encore possible d'avoir une place de dernière minute, ce soir, soixante personnes attendaient désespérément le précieux sésame. Alors que je me trouvais dans le milieu de la file, une jeune femme est passée un billet à la main. J'ai été le premier à me précipiter, très ennuyé de ne pas m'acquitter de la mission que m'avait confiée un blog trotteur.
Il est toujours intéressant d'entendre un orchestre deux soirs de suite, en particulier dans les oeuvres d'un même compositeur. En passant de l'orchestre au deuxième balcon, le son est devenu plus mat et plus analytique encore. Mais surtout, d'en haut, on entend tout, du moindre crachotis à la désormais inévitable sonnerie de téléphone. Après une fort belle ouvertue de Fidelio, l'orchestre complète la première partie par une Huitième Symphonie peut être un peu moins réussie que le concert de la veille, un rien plus banale, plus consensuelle. Mais le clou de la soirée était une fabuleuse Cinquième, tendue, ramassée, noble, passionnante de bout en bout. En regardant juste face à moi les contrebasses et les violoncelles démarrer l'andante, je me disais combien le concours de dimanche allait être difficile et combien exceptionnel en était l'enjeu. Je souhaite bonne chance à ce ecteur très particulier.

17073ème jour

Retour à Pleyel III

Si je me rappelle chacun d'entre eux, j'assistais ce soir à mon cinquième concert du London Symphony Orchestra, après un concert Beethoven-Tchaikowski dirigé par Abbado du temps ou il le dirigeait, une Troisième de Mahler avec Jessye Norman et toujours Abbado, un très beau Harold en Italie dirrigé par Nagano, l'un des tous derniers concerts de Solti avec des extraits du Wunderhorn, et un tendre concerto de Sibelius avec Kremer.
Dès que le premier accord de ré ouvre la Seconde Symphonie de Beethoven, on sait déjà qu'il s'agit d'un orchestre de grande classe. Haitink, qui va vers ses 80 ans, dirige la Seconde et la Troisième Symphonie avec une énergie et une envie irrésistibles. L'orchestre suit en permanence avec un engagement total. Le LSO c'est un orchestre qui a une musculature impressionnante. Le son est riche mais ne présente jamais la moindre poche de graisse. La tension ne baisse jamais. Du grand art. Il est vraiment terrible de songer qu'aucun orchestre français ne peut rivaliser avec une telle phalange. J'ai fort envie de redoubler demain pour les Cinquième et Huitième Symphonies.

17072ème jour

Retour à Pleyel II

Retour à Pleyel ce soir pour le récital de Roberto Alagna accompagné par Jeff Cohen.
Gustav Mahler a souvent expliqué qu'il choisissait de mettre en musique des textes présentant des faiblesses ou de simples poèmes populaires. Il pensait en effet que la musique ne pouvait rien apporter ou presque à un poème parfait. David et Frederico Alagna aurait probablement du se rappeler ceci avant de songer à transformer en mélodies un groupe de poèmes français que l'on croirait tous tirés du Lagarde et Michard, entre autres Chanson d'Automne, Il pleure dans mon coeur, Demain dès l'aube ou l'Automne de Lamartine que je me souviens avoir commenté lors de mon bac blanc de français. Les mélodies ressemblent un peu à du Reynaldo Hahn, cent ans après Reynaldo Hahn qui était déjà lui même un rien anachronique. Il reste la voix sublime d'Alagna dont on se demande s'il peut vraiment aimer ce qu'il nous propose.
Fort heureusement, il y a une seconde partie ou Alagna, magnifiquement accompagné par un Jeff Cohen plein d'humour, nous emmène de Scarlatti à Tosti en passant par Stradella. Moments de bonheur offerts par un artiste à l'apogée de sa carrière et qui aime tellement être en scène qu'il communique sa joie au public, saluant avec extraversion, sans oublier les spectateurs placés derrière l'orchestre et qui l'entendront essentiellement de dos.
Le concert s'achève par une standing ovation largement méritée.

17071ème jour

Des pleurs II

Adrian et moi avions prévu de nous retrouver vendredi prochain à Istanbul pour un week end en commun.
Hier soir, il me dit ceci sur Yahoo messenger :
i have a big problem....:(
my grandmather died to day:((
i am very sad
:(
have accident by car:((
i cry all day
this grandmather love me very mach
now my family is here in bucharest
because my grandmather dead here in the hospital in my hends:((
and told me "I LOVE YOU ADY":(((
i cry again now
i am disperated now
pls andarstand me:((

17070ème jour

Des pleurs I

Ce midi, je déjeune avec deux collègues de mon ancien boulot avec lesquels on a gardé un contact régulier et agréable. A la fin du repas, j'interroge l'un deux sur ses enfants. Il fond aussitôt en larmes et m'annonce qu'il ne parle plus avec sa fille depuis dix huit mois. Il se lève pour partir. Je le retiens, il reste mais est visiblement bouleversé et souhaite changer de sujet. Je me sens tellement maladroit. Nous nous quittons sur le trottoir devant le restaurant.

17069ème jour

Retour à Pleyel I

Fraichement débarqué de ma province, je n'avais pas résisté à l'idée de prendre un billet pour un récital de Wilhelm Kempff à la salle Pleyel. Cette soirée, que je raconterai sans doute ici un jour, a été mon unique visite à la salle Pleyel dans son décor original, dont je me souviens qu'il était vieillot avec des baignoires de velours rouge. Quelques mois plus tard, les premiers coups de pelle démarraient, afin de donner à l'orchestre de Paris une salle digne de ce nom, et de lui permettre de quitter le palais des Congrès à la si médiocre acoustique. Je me souviens d'un reportage à la télévision où Daniel Barenboim, un casque de chantier sur la tête, montrait l'emplacement de ce qui allait être son estrade pendant de longues années. Je me souviens de fauteuils de velours bleu, je me souviens de l'acoustique imprécise et même effroyable sous le premier balcon, je me souviens de la fin des entractes annoncées par un extrait des Danseuses de Delphes, mais je me souviens surtout de moments d'exception sous la direction de Karajan, Solti, Giulini, Abbado, Rattle, Tennstedt et tant d'autres.
C'est donc avec un rien d'émotion que ce soir, j'ai retrouvé les habitudes d'il y a si longtemps. Dans le hall immaculé ou Laurent Bayle semblait fort inquiet, j'ai retrouvé HLG, ainsi que M. avec qui j'avais partagé le bonheur de la Huitième de Boulez à Berlin.
La décoration de la salle m'a déçu. Loin d'avoir la beauté des images de synthèse largement diffusées, l'ensemble à un air de salle de province, avec ses rangées de projecteurs hideux et ses deux balcons faits d'une matière vraiment laide. Fort heureusement, l'acoustique est excellente, claire, précise, presque analytique. On entend tout et bien, même du dernier rang du premier balcon. Alors que l'orchestre de Paris avait la facheuse habitude de s'installer au bon vouloir des musiciens pendant un bon quart d'heure où tout le monde répétait dans son coin, l'orchestre arrive maintenant ensemble et s'installe d'un seul coup, dans les nouveaux costumes de Scherrer que je trouve pour ma part bien laids et bien tristes, tant ils font ressembler les musiciens à des médecins de Molière. L'orchestre est bizarrement installé à la russe, violoncelles et contrebasses à gauche, comme dans le Deuxième de Klemperer au disque. Christoph Eschenbach, qui ressemble de plus en plus à Eric von Stroheim, entre en scène et lève sa baguette. Je reste sur un sentiment fort mitigé de l'interprétation de cette Seconde Symphonie. Il y a du bon, un orchestre de Paris très en forme et extrêmement investi dans l'exécution, des détails admirables, le contre-chant des violoncelles au deuxième mouvement, les fabuleuses interventions des harpes, certains détails magnifiquement mis en valeur, le bel Urlicht de Mihoko Fujimura, des fortissimi clairs et précis. Mais tout ceci est un peu gâché par la vision d'Eschenbach qui sacrifie la vision d'ensemble au profit des détails et effectue des choix parfois malheureux. Les silences, nombreux dans la Seconde Symphonie, et qui sont censés apporter un impact dramatique à l'oeuvre, sont tellement étirés qu'ils brisent le rythme et entrainent souvent l'effet inverse. Et puis, l'intervention des choeurs, belle et glacée, mais manquant tellement de ferveur qu'on a plus l'impression d'entendre une cantate profane que le chant de la Résurrection. Mais lorsque les dernières paroles de Klopstock "Was du geschlagen zu Gott wird es dich tragen" (Ce que tu as enduré te portera vers Dieu), comment ne pas avoir les larmes aux yeux?
Le public rejoint le grand hall où les abonnés de l'orchestre de Paris ont droit à une coupe de champagne. Les simples abonnés de Pleyel, dont je fait partie, ont quant à eux le droit de regarder les abonnés de l'orchestre de Paris boire leur coupe de Champagne.

17068ème jour

Une séance de négociation en polonais

Une journée entière de négociation d'un contrat à Katowice. A ma droite mon collègue polonais. Face à nous, le responsable client, moustachu aux yeux bleus et aux airs de Supermario sans casquette, flanqué de trois jeunes femmes plutôt inutiles mais assez décoratives.
Le client parle assez bien l'anglais, il ne demande jamais à ce que mes propos soient traduits. Toutefois, il s'exprime presque toujours en polonais, obligeant mon collègue à traduire en permanence ce qu'il dit. J'observe régulièrement que le client dit pravda, toutes les deux minutes environ, parfois plus souvent. Mon collègue, quant à lui, dit encore plus souvent tak, parfois taktak, voire taktaktak. Au cours d'une pause pipi, je demande à mon collègue la signification de ces mots étranges.
C'est ainsi que j'ai appris que pravda, comme en russe, signifie vérité, mais que l'expression est très utilisée pour ponctuer la phrase, un peu comme notre n'est-ce-pas?, ou pas vrai?Quant à tak, cela veut dire oui. Tout simplement.
Et puis sur une version de notre projet de contrat, j'ai aperçu : "do predstawiena przez Vincenta" ce qui signifie "to be provided by Vincent"

17067ème jour

Où à défaut de la Philharmonie de Vienne je me retrouve dans un karaoké de Varsovie

Il y avait fort longtemps que je n'avais pas vécu de telle frustration que celle qui m'a atteint lorsque, à peine débarqué de Bucarest, alors que je profitais des rayons encore chauds de cette fin d'après midi en déambuant sur Maszalkowska, je suis tombé brusquement sur une affiche où était indiqué:
Wolfgang Amadeus Mozart Symfonia C-dur "Linzka" KV 425
Dymitr Szostakowicz V Symfonia d-moll
Orkiestra Wiener Philharmoniker
Valery Gergiev - dyrygent

Mais le plus ennuyeux c'est qu'il était aussi indiqué 12 września 2006 19:30, ce qui signifait que le concert allait bientôt commencer à l'autre bout de la ville. J'ai eu un moment de déprime, cette étonnante conjonction ne se transformant qu'en néant, et j'ai rejoint Michal pour le rendez vous dont nous avions convenu ensemble. Michal est éudiant en archéologie et il paye ses études en étant steward sur la LOT. Il m'a entrainé successivement dans un bar à chicha, puis dans un restaurant médiocre à pizza et m'a enfin laissé le choix entre une boîte de nuit chic pour garçons sensibles et une sorte de sous-sol industriel en friche, abritant une boîte karaoké pour garçons rustiques néo-punks, mais sensibles également. Comme j'ai choisi le premier, il m'a emmené dans le second. J'ai souvenir que nous avons beaucoup bu (de mémoire une vodka redbull, une téquila avec sel et citron, le tout cul sec et une grande bière), je me souviens que Michal prenait des roses dans un bouquet posé sur le bar et les mettait dans les poches de son jean, je me souviens que je n'ai pas osé chanter devant ce public étrange qui allait brailler des chansons sans doute écrites par un Patrick Sébastien local.
Vers deux heures, nous sommes partis à pied chez Michal où j'ai passé trois heures de sommeil dans un décor digne de Good Bye Lenin. A cinq heures, je suis parti et j'ai marché une heure à pied dans les rues de Varsovie à la fraicheur du petit matin, afin de prendre une douche à mon hôtel et d'attraper à Warszawa Centralna le train de sept heures pour Katowice.

17066ème jour

Cinq ans

A l'occasion de ce cinquième anniversaire, on nous propose plus de reportages qu'à l'habitude. Ma sensibilité à ces événements a tendance à augmenter avec le temps et il m'arrive d'être bouleversé lorsque j'entends des témoignages au sujet de personnes bloquées dans les étages supérieurs des tours jumelles. Chaque onze septembre de ma vie, très probablement, je me souviendrai de cette journée particulièrement ensoleillée et de ma relation désormais si particulière avec cette ville.

17065ème jour

Adrian

Après avoir observé un blogueur prendre en photo verticale une tasse de café accompagnée d'une fraise tagada, à une jolie terrasse ensoleillée à deux pas de la galerie Véro-Dodat, je cours vers la lada pour ne pas rater mon avion. Sur l'autoroute du nord je tombe par hasard sur la nouvelle émission de France Musique, Histoire de Musiques, où Dominique Jameux analyse avec bonheur la Quatrième de Mahler. Roissy Terminal 2B. Vol Air France. Aéroport de Bucarest. En attendant ma valise, j'appelle Adrian. On ne s'est jamais vus encore, mais je sens à son rire qu'on va se rencontrer le soir même. Je le rappelle du taxi pour lui indiquer que je serai à mon hôtel vers 23h15.
A l'heure dite, je l'appelle encore, il est dans son taxi et me dit qu'il sera là dans une minute. Je descend aussitôt. Il est là en effet, devant l'hôtel, silhouette mince la cigarette à la main. Je m'avance, on se serre la main. Je lui propose un verre dans le bar de l'hôtel. Il accepte en souriant. On rentre. Le bar est fermé. Le réceptionniste me dit que je peux commander à n'importe quelle heure de ma chambre. Adrian accepte encore en souriant.
Nous montons dans la chambre. On s'asseoit à la table. Je lui offre un petit cadeau que je lui ai apporté, souvenir d'un coffee shop d'Amsterdam. Il allume la télé. On boit tout ce que le frigo compte d'alcool. Whisky-Red Bull pour lui, Vodka pour moi, puis Cognac pour nous deux. On partage un pétard qu'on fume l'un contre l'autre, près de la fenêtre entrouverte, la chambre étant non fumeur. On regarde distraitement quelques clips roumains. De temps à autres, il m'indique un danseur qu'il connait, ou une chanteuse qu'il a embrassée lors du tournage d'une série télé. Je le détaille en lui parlant, ses beaux cheveux longs, sa dentition parfaite, sa boucle d'oreille. Il se lève pour me montrer son aisne, me demande s'il n'est pas un peu gros. Tu parles, il est construit comme un jeune dieu grec. Ma main commence à se promener. Visiblement c'est ce qu'il voulait. Ca tombe bien moi aussi. Il se retrouve vite torse nu. Moi à genoux devant lui, mes lèvres sur sa braguette. Je sais que ma chemise est vite tombée au sol. Je sais que ma langue à parcouru avec vertige les parties les plus intimes de son anatomie. Je sais qu'il a répondu oui à ma question. Je sais qu'il gémissait quand j'étais en lui. Je sais que je le trouvais incroyablement beau alors qu'au dessus de moi, je regardais ses yeux qui regardaient le ciel. Je sais que j'avais envie de pleurer quand il a joui et puis aussi quand j'ai joui. Je sais qu'on a pris une douche. Je sais qu'il a fumé une cigarette en regardant pensivement les lumières de Bucarest par la fenêtre ouverte et que je caressais son dos si doux et que nous ne disions rien. Je sais que j'étais triste quand il est parti. Je ne sais même pas si nous nous reverrons...

17064ème jour

Les derniers jours de l'été

J'ai déjà évoqué il y a quatre ans le spleen qui m'atteint à chaque retour de l'automne. Cette année, les arbres parisiens restent étonnamment verts sans doute en raison des fortes pluies du mois d'août. Le séjour de Varsovie m'a averti un peu à l'avance du retour des frimas, mais ce week end à Paris a été un vrai bonheur. J'ai passé plusieurs heures aujourd'hui au Parc Monceau à lire au soleil le bouquin du moment (la petite histoire de la Philosophie de Luc Ferry, à destination des nuls comme moi). C'était tellement bon d'être là au soleil de tenter de se concentrer sur ces lignes probablement triviales pour beaucoup mais parfois ardues pour moi. Un peu plus loin, un groupe de jeunes jouaient de quatre instruments étranges, ressemblant à de longues trompes en bois, et qui donnaient un bruit à la fois rythmé et lancinant. Par moment je levais le nez de mon livre, et j'observais un avion de ligne blanc qui passait au nord, très régulièrement, avec un air de publicité Air France et je tentais de profiter au maximum de ces derniers jours d'été.

17063ème jour

Progrès

Au bureau, depuis un an environ, nous recevons du spam. C'est la première fois que celà m'arrive sur une adresse professionnelle. Le service informatique a mis en place un antispam. Et maintenant, au lieu de recevoir un spam, on reçoit un mail automatique qui nous indique que l'on a reçu un spam.

17062ème jour

Varsovie Paris

A l'instar des taxis du monde entier, celui de ce matin m'a volé en mettant le tarif jour (ou banlieue je ne sais pas). Et au lieu de payer 30 zlotys comme à l'aller, j'en ai eu pour 80. J'étais très juste côté timing (quarante minutes avant le décollage), et j'ai laissé tomber. Dans le hall de l'aéroport de Varsovie, il y a deux immenses queues pour l'enregistrement LOT. L'air de rien je me faufile et j'arrive près des comptoirs. Un militaire me demande où je vais. Je réponds Paris et il me montre aussitôt un comptoir vide. J'en profite. Deux heures et deux mauvaises saucisses plus tard, j'atterris au Terminal 1 de Roissy.

17061ème jour

Le train de Varsovie à Katowice

Warszawa Centralna est ce que l'on peut imaginer de pire pour une gare. Un cube de béton sale et de verre délabré, un hall bruyant où s'affairent des passants à l'air triste, des boutiques aux affiches bariolées, des escalators en panne menant à des quais souterrains glauques comme ceux d'un RER nord coréen. C'est de là que part le train de Katowice. Un petit train bleu aux allures de Corail délabré. Les secondes classes sont en mode couloir, les premières en compatiments de six passagers. La voie semble peu stable et il y a un mouvement latéral permanent pendant les deux heures cinquante que dure le voyage. Le paysage est plutôt plaisant, monotone toutefois, des forêts de résineux un peu rabougris, des petites maisons de campagne soignées. A un moment, une serveuse passe avec un chariot pour proposer un mauvais café et des petits pains au gingembre en forme de coeur.
Il y a aussi une voiture bar où on peut commander de la bière en douce, car le règlement l'interdit officiellement. Les serveurs la donnent au client sous forme de cannette enfouie dans un sac papier et lui même caché dans un sac plastique. Sur la paroi du bar, un panneau étrange représentant un micro-ordinateur barré d'une croix rouge. Bières et informatique sont bannies du paradis ferroviaire post-communiste.

17060ème jour

Varsovie

En sortant de l'avion de la LOT, j'ai été surpris par la température. Ici c'est déjà l'automne. Le taxi m'emmène au centre ville, tout proche de l'aéroport Frédéric Chopin. Mon hôtel se trouve près de l'angle de l'avenue Solidarnosc et de l'avenue Jean-Paul II. Je passe une après-midi de travail dans nos bureaux tristounets. En fin de journée, un collègue me dépose dans la vieille ville. Les bâtiments sont assez beaux, plutôt bien reconstruits après de désastre de la guerre, mais l'ensemble dégage une impression de tristesse, accentuée par les rares touristes qui se promènent deci delà. Je marche le long de grandes avenues jusqu'à l'immense Palais de la Culture, monument du communisme et frère jumeau de douze autres Palais installés dans chacune des douze anciennes républiques de l'URSS. Il fait si froid que je m'achète un pull over et je rentre à l'hôtel.

17059ème jour

Le lumbago permanent

Tout est parti d'un post de Zvezdo sur ses soixante ans de mariage, post dans lequel il faisait référence à un autre post d'Alice sur son émouvante relation avec une personne assez âgée. En le relisant, j'ai pensé qu'il pourrait être intéressant de répondre à cette question d'Alice : Qu'est-ce que ça fait de vieillir?
L'interrogation n'est pas si anodine. Lorsque j'étais enfant, j'avais un jour discuté avec mon grand-père de ces expériences étranges de personnes proches de la mort qui voient une grande lumière, qui éprouvent une sensation de chaleur, puis qui reviennent à la vie. Mon grand-père était passionné par ces histoires et il se demandait sérieusement ce qu'il y avait concrètement après la mort. Moi je m'étonnais et j'avais tendance à répondre que l'on ne sait pas et que par conséquent, celà n'a pas vraiment d'intérêt de tenter d'imaginer. Mon grand-père m'avait alors fait comprendre que les grains du sablier tombant, il devenait de plus en plus important de comprendre.
Qu'est-ce que ça fait de vieillir? Pendant longtemps, je n'ai absolument pas ressenti mon propre vieillissement, sinon dans le regard des autres, lorsque je me sentais le camarade de ceux qui me voyaient comme leur aîné. J'ai toujours aimé les contacts intergénérationnels, je déteste les tables de mariages par âge; celà m'insupporte de me retrouver à une table de quadras alors que le but de ces réunions est avant tout d'échanger et de communiquer. Mon ami le plus jeune a 19 ans, le plus âgé 82 et je n'ai jamais ressenti le moindre blocage dans l'amitié lié à la différence d'âge.
Qu'est ce que ça fait de vieillir? Le compteur qui s'incrémente est parfois douloureux mais je me suis longtemps dit que si je ne ressentais rien intérieurement, après tout, peu importe de vieillir. Mon premier choc lié au vieillisement a été mon lumbago de l'été 2004. Pendant ces deux semaines, je me suis senti affaibli comme je ne l'avais jamais été, humilié au delà du tolérable. Cette étape a été sans doute la preuve, s'il en fallait une que je vieillirai moi aussi, et que je mourrai. Je me suis souvent naïvement dit que si des personnes dont j'admire l'extraordinaire énergie (Karajan par exemple) vieillissent et meurent, alors ce triste avenir était donc aussi mon inéluctable destin. Ce lumbago a été une étape dans ma vie car depuis, je ressens des petites douleurs, des gênes qui sont probablement l'apanage de la vieillesse.
C'est exactement celà que vieillir doit entraîner. Le lumbago permanent.

17058ème jour

Garbo

Retour à la Cinémathèque ce samedi pour un nouveau jalon du cycle Cukor dont je serai sûrement un spectateur assidu. C'était hier la rencontre Cukor-Garbo avec Le roman de Marguerite Gautier. J'ai eu une longue obsession pour Greta Garbo lorsque j'avais une vingtaine d'années. Dans ma chambre d'étudiant, j'avais affiché une jolie photo où elle posait sur un bateau, avec une grande casquette de marin. J'avais vu de nombreux films d'elle à l'Action Christine. J'ai été surpris dans le film d'hier par la médiocrité de son jeu, une sorte de distanciation "ce truc là, je n'y crois pas une seconde alors j'en rigole et tant pis pour vous".
La publicité du dernier film de Garbo, Ninotchka, encore avec Cukor, était "Garbo laughs". Il faut bien reconnaitre que dans ce premier opus avec Cukor, Garbo riait déjà, tout le temps même, un rire un peu distancié, un rire d'elle même. Et puis cet étrange accent suédois, à l'anglais guttural, avec lequel elle appelle son amant Armande.
Je dois avoir encore dans un coin un article de magazine où des journalistes l'avaient prise en photo en short à Long Island, peu avant sa mort. Et puis Garbo, ça me fait penser à ce télégramme d'un goût douteux que Charles Trenet avait envoyé à Marlene Dietrich au lendemain du dècès de sa rivale : "Greta Garbo est morte. Félicitations!"

17057ème jour

Débit de l'eau-Débit de lait

Dans ma ville natale, il y avait deux familles portant chacune le même nom de Faure. L'une tenait une papeterie et l'autre une boutique dont je me rappelle pas la spécialité exacte, sans doute une quincaillerie. Pour les différencier, mes grands parents, mes parents et, je pense, une bonne partie de la ville, appelaient l'une des familles Faure-papier et l'autre Faure-bouchon.
La papeterie Faure était un magasin à l'ancienne, avec un long comptoir devant lequel on demandait ce que l'on souhaitait à des vendeurs qui allaient retirer la marchandise dans de grands rayonnages placés dans l'arrière boutique, perpendiculairement au comptoir. On passait ensuite à la caisse tenue par Madame Faure-papier elle-même.

17056ème jour

Un soir à la Cinémathèque

Ce soir, je suis allé avec mes filles à la Cinémathèque voir David Copperfield, un film de 1935 extrait de l'intégrale Cukor actuellement programmée. Un film d'atmosphère aux personnages souvent excessifs.
Et puis la Cinémathèque, c'est toujours cette ambiance d'un autre temps, ces cohortes d'habitués souvent mâles et célibataires qui se connaissent et qui papotent avant la projection. Pour ne pas ternir l'intégrité de la pellicule, les sous-titres sont projetés en orange en dessous de l'écran. Et les sous-titres, c'est vraiment tout et n'importe quoi. Un tiers à peine des dialogues sont traduits, mal traduits d'ailleurs et en constant décalage par rapport au film.
Malgré ces conditions, j'ai été heureux que mes filles y trouvent au moins autant de plaisir que lors de l'insipide deuxième épisode de Pirates des Caraïbes. Le rôle de David Copperfield est tenu par un enfant, puis par un adulte assez crédible physiquement par rapport à l'enfant qu'il a censé été être. En sortant, ma plus jeune fille me demande très sérieusement : Mais papa, ils ont attendu que le petit garçon vieillisse pour terminer le film?"

17055ème jour

La blogosphère c'est de la balle (© Zvezdo)

En rentrant du bureau ce soir j'ai vu que ma concierge avait déposé sous ma porte le courrier des deux semaines passées. Parmi les brochures publicitaires et les factures, il y avait une jolie carte postale voutoyante d'Alice et une longue enveloppe de papier kraft avec au dos une adresse inconnue. Je l'ai ouverte. A l'intérieur trois sacs à vomi d'un beau bleu sombre. United, Lufthansa et Continental viennent donc compléter ma déjà mythique collection. Un chaleureux remerciement au blog trotteur expéditeur.
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