19308ème jour
Paris Milan
Le matin vers huit heures, j’embrasse Ambr*ise qui dort encore dans le lit, je lui laisse un peu d’argent pour sa journée et son taxi et je pars travailler. Je rentre à Paris par le vol de onze heures, Ambr*ise, par celui de 16h55 car il n’y avait plus de place disponible dans le mien. J’ai à la fois hâte de le revoir et tellement peur de m’attacher.
19307ème jour
Ambr*ise II - Le retour de Claudio Abbado à la Scala
A 7h50, je récupère Ambr*ise place de l’Europe. Il est à l’heure. A l'aéroport, dans le salon
Air France, je lui donne un joint que j’ai fait passer dans mon bagage à main et ça le ravit. Il voyage en
business moi en
éco et pendant le vol, je jette un regard à travers le rideau de séparation sur sa tignasse foncée. Il est bien là et c’est mon tour d’être ravi par sa présence. On jette nos bagages à l’hôtel, et je lui montre la ville. Le
Duomo, bien sûr, la
Galerie Vittorio Emmanuele II, la
Scala où l’affiche du concert du soir se tient fièrement, la
via Monte Napoleone. Nous déjeunons chez
Peppino, visitons la boutique
Abercrombie et nous poursuivons notre visite de la ville, de
Brera au
Corso Como.
Après s’être reposés à l’hôtel, nous passons à la
Scala récupérer les billets. Il y a des centaines de personnes qui attendent, dans l’espoir d’un billet de dernière minute, bien que le responsable de la billetterie indique clairement qu’aucun billet ne sera vendu.
La salle est pleine à craquer. Le tout Milan est là. Au rang juste derrière nous, Riccardo Chailly, Stéphane Lissner, des politiciens, une vieille actrice de théâtre enturbannée que tout le monde vient saluer.
L’orchestre entre en scène puis Claudio Abbado et c’est une vraie chaleureuse standing ovation pour saluer l’enfant du pays qui revient au bercail. Le
Premier Concerto de Chopin, donc, avec cette affiche inédite : Barenboim / Abbado, les deux concurrents pour succéder à Karajan en 1989 à la tête de l’orchestre Philharmonique de Berlin. 150 ans à eux deux. Et il faut bien reconnaître que ce Chopin fut une catastrophe, tant Barenboim tapait et ferraillait dans un florilège de fausses notes, alors qu’Abbado tentait de lui offrir un accompagnement léger et subtil. Mais qu'y avait-il à accompagner? Rien de bien grave, nous n'étions pas là pour Barenboim, ni pour Chopin. Ambr*ise et moi allons boire une coupe de
prosecco à l’entracte.
De retour dans la salle, on constate qu’il y a beaucoup de monde sur scène : cent cinquante musiciens sans doute, l’orchestre Philharmonique de la Scala et l’Orchestra Mozart. Le premier mouvement commence et, même si le son n’est pas aussi beau qu’à Lucerne ou à Berlin, on sait d’emblée que l’on va assister à une grande
Sixième, une dont on se souvient. La direction d’orchestre est bien sûr d’une immense subtilité, l’équilibre est parfait entre les pupitres. Seul regret, Abbado cède à la mode stupide de jouer
II. Andante – III. Scherzo alors que la symphonie sonne tellement mieux dans ce qui était la volonté initiale de Mahler lors de la composition de l’œuvre. La fin est terrible, comme d’habitude, et bien qu’Abbado ait gardé la baguette levée, un
cretino s’est cru obligé de hurler "
Grazie maestro !" entrainant derrière lui vingt minutes de standing ovation et d’applaudissements. C’était une grande et belle soirée. Je suis allé avec Ambr*ise à l’
Hôtel Bulgari pour manger un morceau,
mozzarella pour moi, salade de fruits pour lui. En quittant les lieux, il m’a glissé à l’oreille : "
ce qui est bien c’est qu’il y a un joint qui nous attend à l’hôtel !"
Le joint nous attendait en effet et à peine l’avions nous fumé que Ambr*ise s’est littéralement jeté sur moi et a commencé à m’embrasser et me déshabiller. Alors qu’à sa demande j’éteignais la lumière, il m’a dit en souriant : "
Est-ce que tu crois qu’on peut mourir de plaisir ? Et les instants qui ont suivi auraient pu me convaincre que cela est possible, tant Ambr*ise aime le sexe qu’il pratique avec une énergie vitale de jeune animal. Il adore qu’on l’embrasse dans le cou, cela le fait vibrer de la tête aux pieds, et je me suis efforcé d’embrasser et de lécher toutes les parcelles de son corps, même les plus cachées. Alors que je commençais à le prendre, l’émotion m’a submergé, une sorte de peur étrange qui m’empêchait de bander. Qu’à cela ne tienne, cela n’a guère gêné Ambr*ise qui m’a très directement demandé s’il pouvait me prendre. Je n’aime pas vraiment ça mais je ne me voyais rien lui refuser et il s’est occupé de moi avec tendresse et violence, se remuant au dessus de moi comme un fou, quasiment en transe, jusqu’à ce qu’il jouisse dans un grand soupir.
Nuit.
19306ème jour
Ambr*ise I
J’ai proposé à Ambr*ise de passer le chercher à la sortie de la fac et le soir à 20h20, il est bien là. Il y a en fait deux garçons qui attendent et je ne sais pas trop bien lequel des deux est le bon mais Ambr*ise fait le tour de ma voiture vérifie que c’est bien moi et s’installe à côté de moi. Ambr*ise est d’un naturel déconcertant et il me parle comme si nous étions amis depuis longtemps. Comme nous sommes voisins, il me propose que nous allions "
chez nous" et de fait, nous allons chez moi. Je fais du feu, j’ouvre une bouteille de champagne. Ambr*ise est mort de rire en voyant sur ma table basse l’étui noir du papier à cigarette OCB
slim et on fume notre premier pétard en écoutant Shazz et Liza Eckdahl. Ambr*ise ne peut pas rester trop longtemps, il doit rentrer chez lui pour préparer des pâtes à son cousin qui l’attend mais on s’entend tellement bien, cette prise de contact est si naturelle que je craque. Je lui prends un billet pour le vol de Milan du lendemain. Douze heures à peine après s’être rencontrés nous prendrons ensemble l’avion pour Milan et la
Scala. Et se rendre à la
Scala avec un Ambr*ise est la chose la plus subtile et la plus merveilleuse que l’on puisse imaginer.
19305ème jour
Amour
Déjeuner à la
Brasserie de la poste avec Gaëtan et une de mes filles. L’après-midi, je retourne voir HLG qui commence à s’ennuyer dans sa clinique et doit normalement sortir le lendemain. Je lui annonce la mort d’Hans-Werner Henze, disparu la veille et qu’il a bien connu à Ischia dans les années 50.
Le soir, je vais voir
Amour, le Hanecke palme d'or à Cannes, avec ma plus jeune fille qui aurait probablement préféré aller voir le dernier James Bond. Elle se laisse finalement prendre par ce film tendre et dur et elle trouve qu’Alexandre Tharaud joue horriblement mal la comédie alors que, pour ma part, je trouve qu’il se tire plutôt bien de cette aventure..
Après le film, je discute beaucoup avec deux garçons : Ambr*ise qui habite juste à côté de chez moi et que j’aimerais inviter à Milan pour le concert Abbado, HLG ne pouvant s'y rendre et Alexis-Louis, un garçon du Mans qui doit venir prochainement à Paris et rêve d’y étudier.
19304ème jour
Visite
Le matin, je me fais refuser l’accès à la chambre d’HLG var les visites ne commencent qu’à treize heures. Je déjeune chez
Allard avec ma plus jeune fille et je retourne voir HLG qui semble en forme au lendemain de son opération. Il reçoit la visite d’une violoniste du
Mahler Chamber Orchestra qui a eu l’honneur de jouer toutes les symphonies de Mahler (sauf la
Huitième bien sûr) à Lucerne sous la direction de Claudio Abbado. J’ai quant à moi l’honneur de la raccompagner à son hôtel.
19303ème jour
Dijon
Alors que je devais attraper le train de 7h23 pour Dijon, j’ai constaté avec effarement qu’il était 6h56 lorsque je me suis réveillé. Deux possibilités s’offraient à moi : prendre une douche et rater le train ou partir comme cela avec toutes les chances de le rater quand même. J’ai pris une douche très rapide et j’ai couru, vraiment couru, grillé au moins un feu rouge, couru encore et suis arrivé devant le TGV alors que les portes se fermaient. Un contrôleur compatissant a du juger que mes efforts valaient d'être récompensés et il a laissé la porte ouverte pour que je puisse m’y glisser.
Le soir, quelques bonnes nouvelles d’HLG et de son opération du jour et dîner à
Il Piccolino avec un client franco-italien absolument ravi de découvrir cette adresse.
19302ème jour
Le cycle Brahms de Kurt Masur au Théâtre des Champs Elysées (Premier Concerto et Deuxième Symphonie)
Ce soir, je retrouve Mark et Gaëtan devant le
théâtre des Champs Elysées pour un bien médiocre concert Brahms qui réunissait pourtant le
Premier Concerto et la
Deuxième Symphonie. Je préfère ne rien dire ce de concert plutôt que de m’appesantir sur un vieux chef malade et un orchestre qui n’arrive pas à se sortir de la torpeur dans laquelle l’a laissée Charles Dutoit. Je regrette juste d’avoir pris des places pour tout le cycle alors que tout porte à croire que le niveau restera aussi bas tout au long de la saison.
19301ème jour
Tchaikowski et Schostakovich par l’orchestre de Paris et Guennadi Rozhdestvensky
Rome Paris au petit matin. C’est la quatrième fois en cinq jours que j’occupe le siège 1C d’un avion
easyJet. Dans la voiture, alors que je me rends au bureau, j’apprends que HLG va subir dans deux jours une opération chirurgicale et qu’il n’est donc bien sûr plus question qu’il se rende au concert de Milan dans six jours.
Le soir, je retrouve Gaëtan à
Pleyel pour un concert de l’orchestre de Paris dirigé par le désormais mythique Guennadi Rozhdestvensky dans un programme russe. Le concert commence par la méconnue
Fantaisie de concert de Tchaikowski, qui est une sorte de quatrième concerto pour piano du compositeur russe. L’œuvre, pas vraiment inoubliable, est jouée par Viktoria Postnikova, qui n’est autre que Madame Rozhdestvensky à la ville et qui semble porter la culotte (fort large d’ailleurs).
Mais le clou de cette soirée était la
Quatrième Symphonie de Schostakovich admirablement dirigée par un Rozhdestvensky inspiré et jouée par un Orchestre de Paris méconnaissable, incandescent, chauffé à bloc, jouant juste ensemble avec une énergie, une détermination absolument extraordinaire. J’aurais eu les yeux fermés, j’aurais probablement pensé entendre Vienne ou Berlin tant cette interprétation m’a donné un long frisson de bonheur. Chapeau bas !
19300ème jour
La Giocconda à l’opéra de Rome
Je prends le vol de 7h10 pour Rome, et embarqué le premier et assis au premier rang, je constate avec tristesse la bêtise de mes contemporains, la palme d’or appartenant à cet abruti qui enguirlande l’hôtesse lorsqu’elle lui demande sa carte d’embarquement, jure ses grands dieux que la dite carte ne lui a pas été rendue à la porte, bloque l’allée centrale pendant cinq bonnes minutes, insulte la terre entière, avant de retrouver la carte dans ses bagages.
Rome Fiumicino Termini par train
Leonardo dans la lumière du matin.
Déjeuner seul à la
Matriciana avec de la
puntarella et des
bucatini alla matriciana. J’achète pour Mario les Mémoires de Da Ponte.
Le soir, un verre de vin de pétillant dans l’appartement de
Mario, dont la terrasse domine Rome. Puis, nous partons à l’opéra de Rome, salle assez laide de l’après guerre que je visite pour la première fois. Mario connaît tout le monde, le chef de la Police, des jolies filles qui veulent embrasser et encourager le quasi centenaire. Je lui tiens le bras mais souvent il m’échappe et marche à toute vitesse sur un rythme saccadé.
Que dire de
La Gioconda que j’entends ce soir pour la première fois? C’est un opéra bien long, quatre heures avec les entractes et dont les actes sont inégaux, le deuxième étant de loin le plus intéressant. J’étais aussi heureux d’entendre pour la première fois au concert la fameuse
Danse des Heures, que je connais depuis mon enfance, alors que ma sœur adorait l’écouter sur un LP ou figurait aussi un extrait de
Coppelia. Le ballet de ce soir était éblouissant et Mario, à mes côtés criait des
Magnifico! enthousiastes.
Pour être très honnête, j’atais assez heureux de voir la
Gioconda se suicider à la fin de l’opéra à minuit quinze et, dès l’opéra terminé, plutôt que d’applaudir, Mario s’est levé et a déclaré qu’il avait faim. Nous sommes allés à la
Matriciana et j’avais peur d’avoir l’air un peu idiot au cas où le serveur du midi me reconnaitrait. Assis en face de Mario, j’ai pu constater qu’à 96 ans, il avait un solide appétit. Après une
puntarella en guise de mise en bouche, il a pris une énorme platée de
bucatini alla matriciana, puis, comme il avait encore un peu faim, une belle assiette de
porcini poélés et pour finir, un gros gâteau. Et cela faisait plaisir à voir que de le regarder se faufiler entre les voitures dans le trafic romain pour rejoindre le parking.
19299ème jour
Paris
Terrible journée de réunions à Paris.
Le soir, dîner avec un collègue à
Il Piccolino alors que deux autres collègues, plutôt que de dîner avec nous, foncent en Bourgogne au volant de ma voiture.
19298ème jour
Le second concert du cycle de musique de chambre de Brahms à Pleyel
Cela devient un rituel, nous emmenons le chien d’HLG en promenade au bois de Boulogne et nous déjeunons dans le salon vert. Juste une heure de repos chez moi et nous repartons à Pleyel où nous retrouvons Gaëtan de passage à Paris. Je lui laisse ma place et je m’installe au rang VIP à côté de HLG.
Le programme de ce soir commence avec la
Première Sonate pour piano et violon, jouée toujours aussi légèrement et tendrement par Guy Brausntein. Le public semble si enthousiaste à écouter cette œuvre qu’il applaudit très fort dès la fin du premier mouvement. Le concert se poursuit avec une œuvre que j’aime profondément et qui est bien rarement jouée : le Trio pour violon, cor et piano, une merveille absolue avec, excusez du peu, Stefan Dohr au cor. Sa complicité avec Guy Braunstein est évidente est le résultat est simplement merveilleux. Après le premier mouvement, une vieille dame visiblement fatiguée quitte la sale et Stefan Dohr regarde le public catastrophé, comme si celle-ci s’en allait à cause de lui.
Le concert s’achève avec le
Premier Quatuor pour piano et cordes, œuvre que j’avais découverte il y a fort longtemps lorsque Murray Perahia l’avait enregistrée avec les trois membres survivants de feu le
Quatuor Amadeus. La petite marche du troisième mouvement me ravit et le
Finale, irrésistible comme d’habitude, m’a donné furieusement envie de me lever et de danser.
Diner avec Gaëtan et un collègue italien au
Vaudeville.
19297ème jour
Le premier concert du cycle de musique de chambre de Brahms à Pleyel
Après un déjeuner avec mes filles au
café di Roma, le soir, je passe chercher HLG chez lui pour le premier concert du cycle de musique de chambre de Brahms à Pleyel. Dans le hall, nous croisons l’organisateur du concert, qui est un proche d’Abbado et qui nous affirme que celui-ci va annuler le concert de la
Scala. On en rigole avec HLG et nous nous promettons de lui envoyer une carte postale depuis Milan.
Ce premier concert commence avec la seconde
Sonate pour piano et violoncelle, très délicatement et tendrement jouée par le pianiste coréen Sunwook Kim et Ludwig Quandt qui se montre très doux, très léger, avec hélas par moment, quelques problèmes de justesse. Le concert se poursuit avec le Trio pour piano et cordes op. 8 et c’est Guy Braunstein qui entre en scène et qui sera le pivot de toute cette série de huit concerts. C’est un personnage étrange, avec sa mine renfrognée beethovenienne que parfois éclaire un immense sourire de bonheur tant la musique semble le rendre heureux. Et les trois compères, Sunwook Kim, Olaf Maninger et Guy Braunstein nous donnent une leçon de tendresse et d’amour.
Le concert se termine avec le si beau
Premier Sextuor à cordes, que j’entends pour la première fois en concert, si j’exclue
le déchiffrage auquel j’avais assisté à Barcelone. C’est une œuvre rarement jouée et vraiment sublime, même si HLG trouve son dernier mouvement un peu faible.
19296ème jour
Rome Paris
Une journée qui ressemble à
celle de juillet dernier. Matinée passée à visiter des usines. Déjeuner de famille dans la maison de Mario avec des
pasta alla carbonara à se damner et le vin de la propriété. Le soir, retour sur Paris et je passe mon temps à tout oublier. J’oublie ma carte d’embarquement au contrôle des bagages à main et j’oublie mes justificatifs de frais et mon ticket de parking d’Orly dans la salle d’embarquement. Tout finira par s’arranger.
19295ème jour
Rome mon amour
Journée de travail dans la banlieue de Rome avec des clients adorables.
Le soir, je retrouve la famille de Mario dans le
Trastevere et ils me font découvrir
Ceccho er Carettiere, un vrai restaurant romain où je déguste ma première
puntarella de l’hiver, de délicieux
Porcini poélés et où je découvre l’
oronge de César, une annamite merveilleuse que les empereurs romains appréciaient, nous dit la légende. Et sinon, les
pasta alla matriciana étaient merveilleuses elles aussi.
19294ème jour
Paris Rome
Le matin, à la première heure, je prends contact avec le service de presse de la
Scala et je confirme et paye mes deux places de concerts. Après une journée de travail à Paris, je prends le col
easyJet pour Rome. Je loge avec des collègues au
Sheraton qui se trouve en banlieue. Je n’aime pas cette idée mais pour ce déplacement particulier, c’est assez pratique. On dîne dans un restaurant de l’
Aventin, recommandé par un collègue romain mais qui s’avère être très décevant.
Je ne vois pas Luca car il est pris. Il a un petit ami, mais cela m’aurait cependant fait plaisir de le revoir.
19293ème jour
Je serai à la Scala le 30 octobre
Le matin je rentre sur Paris. J’ai un message qui m’indique que, à priori, j’aurai deux places pour le concert de Claudio Abbado à la
Scala. J’en suis vraiment heureux et informe aussitôt HLG.
Le soir je constate qu’il fait vraiment froid chez moi. Je me résous à décider d’allumer le chauffage dès mon retour de Rome. Je parle sur un chat avec un garçon qui habite le
Ranelagh, qui s’appelle Milan, qui aime Gombrowicz, qui a des longs cheveux blonds et que je rêve de rencontrer.
19292ème jour
Paris Milan
Le matin, de bonne heure, vol de Paris à Malpensa.
Journée de travail à Milan.
Le soir retour chez
Da Salvatore pour un dîner sicilien.
19291ème jour
J’ai free j’ai rien compris
Comme rien ne se passe chez
free et que cela fait un mois que je n’ai pas de connexion internet, je rappelle le support et je découvre qu’ils ne savent pas comment me faire connecter par
France telecom, les deux lignes de l’étage étant déjà affectées, l’une à ma voisine, l’autre à un Monsieur Mathurin inconnu dans l’immeuble. La complexité du dossier est aussi accentuée par le fait que mon interphone est celui du 1erG alors que ma porte est celle de droite en sortant de l’ascenseur. Je commence à m’énerver.
19290ème jour
Dans la maison
Après avoir déjeuné avec ma fille aînée, nous allons voir
Dans la maison, le nouveau fil assez réussi de François Ozon.
19289ème jour
Rémi V
Alors que je rentre du travail, Rémi me parle sur
Viber. Il me dit qu’il laissera chez ses affaires d’Amsterdam plus longtemps que prévu et a l’intrépidité de me demander s’il peut me faire confiance. Je lui demande de quoi il peut bien avoir peur, si c’est par exemple que je lui prenne 55 Euros dans son sac. A peine surpris, il avoue aussitôt son larcin minable.
Diner à
Il Piccolino avec E. et S. Qui passent ensuite chez moi boire un verre de Sekt et écouter les variations
Cappriciosa.
19288ème jour
Dortmund Eindhoven Düsseldorf Paris
Deux heures d’attente sur l’autoroute entre la frontière allemande et Eindhoven en raison d’un accident. Réunion de travail à Eindhoven. Route jusqu’à Düsseldorf. Visite au
Saturn de la
Königsallee. Retour à Paris.
19287ème jour
Long Walk à Dortmund
Le matin vol
Lufthansa de Paris à Düsseldorf où je loue une Volkswagen
Scirocco pour me rendre à Dortmund. En effet, fasciné par le nouveau disque de Francesco Tristano, j’ai décidé d’assister à l’un des concerts de sa tournée allemande
Long Walk. Le deuxième concert de la tournée a lieu dans le beau
Konzerthaus moderne de Dortmund, à moitié plein ce soir. J’ai grand plaisir à retrouver Francesco que je n’avais pas entendu depuis fort longtemps et à revoir sa façon si particulière et un peu intimidante de saluer. En le regardant sur scène, je me dis qu’il a probablement exactement le visage que Michael Jackson aurait aimé avoir, avec ces yeux immenses et ce petit nez droit et décidé. Mais ce qui me frappe avant tout, c’est la qualité de son son, quelque chose de net et voluptueux, que j’avais oublié et qui m’avait pourtant tellement frappé
lorsque je l’avais entendu lors de ses débuts et de cette tournée des petites villes autour d’Orléans.
Le programme reprend l’essentiel du disque
Long Walk avec un prélude de Buxtehude enchainé avec les variations
Capricciosa qui m’émerveillent de bout en bout. Bizarrement, par instant, le piano semble prendre un son légèrement électronique sans que je puisse affirmer que c’est une impression ou la réalité. Le concert se poursuit avec une
Toccata de Buxtehude, puis, quel bonheur, un bon tiers des
variations Goldberg auxquelles Francesco Tristano apporte son style si particulier. Le concert se poursuit avec les propres compositions de Francesco que, comme d’habitude, il joue avec un plaisir certain (et un déhanché étonnant). En l’écoutant, je me demandais s’il est plus facile de jouer du Frescobaldi à des raveurs ou de la musique électronique au public classique allemand si conservateur. J’ai eu ma réponse en constatant étonné le triomphe du public, enchanté d'entendre ce qui était la seconde exécution en publique d’une œuvre de musique contemporaine.
19286ème jour
Perahia
En fin de journée, je vais acheter le gros coffret célébrant les quarante ans de carrière de Murray Perahia et qui m’économise deux bons décimètres d’étagère.
Le soir, n’ayant aucune nouvelle de Rémi, je fouille les affaires qu’il a laissées chez moi mais n’y trouve rien d’intéressant à part un journal de bord enfantin et sans intérêt.
19285ème jour
Ma cassette! Ma cassette!
Alors que, au petit matin, j’attends des collègues dans une brasserie en face de la gare de Lyon, au moment de payer mon café, je découvre que les 55 euros qui se trouvaient dans mon portefeuille la veille ne s’y trouvent plus. J’ai beau tourner la situation dans tous les sens il n’y a qu’une explication rationnelle : Rémi les a pris, soit lorsque je nettoyais le pare-brise de la voiture dans la banlieue d’Amsterdam (risqué), soit chez moi juste avant de partir pour aller en boîte. J’en suis blessé et déçu et, comme je n’ai pas de preuve absolue, je décide de ne rien faire et de le laisser venir. Bien évidemment je ne l’emmènerai pas à Dortmund et Eindhoven comme je l’avais initialement prévu.
19284ème jour
Britten, Haydn, Turnage et Debussy par l’orchestre du Concertgebouw et Andris Nelsons
Après une balade dans
Jordaan, un parcours en tramway où Rémy se fait traiter d’
iceberg par un contrôleur hargneux car il se tient devant sa cabine et après un agréable déjeuner à la terrasse du
De Jaaren, nous retournons au
Concertgebouw pour un concert dirigé par Andriss Nelson et qui démarre par les très beaux
Sea Interludes du
Peter Grimes de Britten. Nous écoutons ensuite le
Concerto pour trompette de Haydn, un vieil ami que j’entends pour la première fois en concert. Le concerto est interprété par
Håkan Hardenberger, un remarquable trompettiste suédois aux allures de jazzman avec sa redingote violette. Il revient en seconde partie pour jouer concerto de Mark-Anthony Turnage dont il est le dédicataire, œuvre étrange dont je me rappellerai essentiellement le bruit mat des percussionnistes qui frappent leur mailloche en quadriphonie. Ce concert au programme hétéroclite s’achève avec
La mer de Debussy, finement ciselée par Andriss Nelsons. Après une petite promenade, nous rentrons à Paris en faisant un stop au
Zoute Zoen,
où je m’étais déjà arrêté avec Brice il y a fort longtemps.
Arrivés à Paris vers minuit, Rémi, qui n’a jamais un sou, m’annonce bizarrement qu’il va en boite avec des amis et je le dépose mystérieusement au
showroom près de l’Elysée.
19283ème jour
Beethoven et Korngold au Concertgebouw par l’orchestre Philharmonique Néerlandais
Je passe la journée à montrer la ville à Rémi, selon un itinéraire que j’ai l’impression d’avoir fait si souvent et chaque fois avec un garçon différent. Nous garons la voiture sur
van Luyken où le parking est gratuit le dimanche et on se balade dans toute la ville, prenant juste le temps d’un déjeuner au
café Maxime. Ayant vu que le soir, on donne l’
Empereur de Beethoven au
Concertgebouw, je le propose à Rémi qui accepte volontiers d'assister au concert, alors que nous en avons déjà un autre prévu le lendemain. Nous dînons au
Keyzer et traversons la rue pour nous installer au premier rang du
Podium Sud. Ca n’est hélas pas l’orchestre du Concertgebouw qui joue ce soir, mais l’orchestre Philharmonique néerlandais, sous la direction de son chef Marc Albrecht. Le soliste du concerto est Lars Vogt que je dois retrouver dans deux semaines à Paris dans le
Premier concerto de Brahms. Interprétation solide mais sans grand génie. La deuxième partie est consacrée à une œuvre peu donnée, la
Symphonie de Korngold, composée aux Etats-Unis, trois ans avant la mort du compositeur. C’est une œuvre à très gros effectif orchestral, très passéiste, dont l’inspiration mélodique vient de quelques musiques de film composées par Korngold dans les années 30. L’œuvre est finement orchestrée et, comme nous étions assis juste derrière le pianiste (on aurait pu facilement lui toucher l’épaule). Il était amusant de le voir passer du piano au celesta et même de prévoir ses interventions car il y avait des grosses flèches rouges sur les portées lorsqu’il devait passer d’un instrument à l’autre.
19282ème jour
Paris Amsterdam
Après un déjeuner avec des clients dans un café dont le patron déambule partout en fauteuil roulant, je retrouve Rémi chez moi en fin d’après-midi et nous partons à Amsterdam en voiture. Sur la route, en Belgique, de véritables trombes d’eau s’abattent sur le véhicule, m’obligeant à réduire considérablement ma vitesse. Vers Anvers, Rémi s’endort et je conduis seul en me tenant éveillé grâce à
Q Music.
On arrive vers 23h00 à Amsterdam et j’ai beaucoup de mal à trouver une place pour la voiture même si Michael juge utile de me faire du radioguidage depuis Bangkok. J’ai choisi de loger à l’
American Hotel, une envie que j’avais depuis longtemps. L’hôtel s’avère être vieillot et sans grand intérêt, mais je reste fasciné devant son nom inscrit en lettres de néon rouge dans la nuit quasi hivernale.
19281ème jour
Rémi IV
De retour à Paris, je récupère cette fois-ci Rémi devant le
Pied de Cochon, on achète du bois, je lui commande un repas japonais pendant que je dîne à
Il Piccolino avec un collègue. Je retrouve Rémi chez moi, on écoute de la musique devant un feu de bois et on planifie notre week-end à Amsterdam qui commence le lendemain.
19280ème jour
Paris Milan
Tôt le matin, Paris Milan. Après une journée de travail, je me rends avec un collègue à l’
Antica Trattoria della Pesa, recommandée la veille par le patron d’
Il Piccolino, toute proche de mon hôtel et qui est une sorte de
Chez Allard milanais. L’
osso bucco y est merveilleux, tout autant que le
zabaione.
19279ème jour
Rémi III
Cette fois, je retrouve Rémi devant chez
Hermès et nous nous rendons à la mairie du Huitième arrondissement pour le récital de piano d’Eric Artz. J’hésitais à m’y rendre car je m’y étais pris trop tard pour réserver et Eric avait fait de la retape sur
facebook après même que le concert soit déjà complet. Nous y allons cependant avec une bonne demi-heure d’avance et un petit papy désagréable fait la police, nous reproche d’être venus en avance sans réservation. J’aperçois Eric qui discute avec des amis dans le hall, je m’approche de lui et il nous fait signe de rentrer par la porte arrière. La situation est ubuesque : papy fait la police par la porte devant et Eric fait passer tous ses amis en fraude par l’arrière. Je suis mort de rire.
Le programme est très artzien : deux
Nocturnes et le
Troisième Scherzo de Chopin,
Clair de lune et le
Passe-pied de la
Suite bergamasque ainsi que la
Première Arabesque et
Jardins sous la pluie de Debussy, la
Vocalise et un
Prélude de Rachmaninoff et pour terminer, la
Troisième Consolation et une
Rapsodie Hongroise de Liszt, véritable feu d’artifice. Gros succès très mérité. En bis, ma très chère
Sicilienne dans la transcription de Wilhelm Kempff.
Je dîne avec Rémi à
Il Piccolino et sans que cela ne me surprenne vraiment, il me demande si je peux lui prêter de l’argent. La somme n’étant pas anodine, je lui demande un délai de réflexion. Je le dépose au
Bristol où il semble résider chez une amie modèle.
19278ème jour
Rémi II
Le soir, je retrouve Rémi devant le Bristol et nous allons au Mini-Palais. Sentiment de fascination devant sa beauté comme deux jours auparavant, malgré le bonnet gris qu’il porte pendant tout le dîner. Il me raconte de nouveaux détails sur son enfance, une histoire sordide de beau-père violeur qui se suicide lorsqu’il est découvert, l'affaire de déshéritage qui en découle, mais aussi le cancer qui tue son frère puis sa sœur. Je ne sais que penser de ce déballage. Cela à l’air terriblement romanesque et totalement invraisemblable mais dans un sens, c’est tellement énorme que cela pourrait bien être vrai. Rémi est décidément étrange et des petits détails me dérangent. Il prétend avoir entendu la veille chez son père le disque
Long Walk qui traine dans ma voiture (alors que c’est quasiment impossible, le disque étant sorti le jour même). Et puis, mais c’est nettement moins grave, il m’a menti sur son âge en se vieillissant de deux ans.
On va chez moi boire du champagne et écouter de la musique. James Blake et Lisa Eckdahl, le Buxtehude de Francesco Tristano, mais aussi le
Finale de la
Quatrième de Mahler par Lorin Maazel(!) car il aime Kathleen Battle.
Tard dans la nuit, je le ramène au
Bristol dans lequel il s’engouffre avec sa dégaine habituelle.