16931ème jour

C'est comme vous voulez

Hier soir, après le concert, c'était l'anniversaire d'Edouard. Ambiance sympathique et beaucoup de monde dans une salle de l'école Vétérinaire de Maisons Alfort. Je discute musique assez longuement avec un ami d'Edouard, de 23 ou 24 ans, qui m'appelle Monsieur et me vouvoie systématiquement. Je sors de la discussion déprimé.

16930ème jour

Le récital d'Eric Artz à l'Institut Hongrois

Je me suis rendu tout à l'heure à Institut Hongrois pour un récital d'Eric Artz. En m'installant dans la petite salle face au demi-queue Steinway, je me demandais si je retrouverais le même plaisir que celui que j'avais eu lors de ce concert surprise de la fête de la musique l'année passée. Je n'ai pas été déçu.
Eric Artz s'installe et démarre par deux Impromptus de Schubert d'une très belle poésie. Suit la Fantaisie-Impromptu de Chopin, flamboyante et limpide, puis deux Etudes, la célébrissime 3ème étude de l'opus 10 et la 11ème de l'opus 25, réputée injouable. La justaposition des deux études est intéressante car elle met en évidence ce qui de mon point de vue fait la plus grande qualité du jeu d'Eric Artz : des passages tendres et lyriques, où le piano chante à en pleurer et d'autres d'une virtuosité implacable, à la technique très sûre. La première partie se termine avec le Premier Scherzo, déjà jouée lors du concert de la rue de Madrid. Il me semble que l'interprétation est encore plus rapide que l'année passée, plus virtuose, sur le fil du rasoir, avec de très grands risques.
La deuxième partie du récital démarre avec deux Nocturnes de Chopin, dont le célébrissime Deuxième. Nous passons ensuite à Liszt en retrouvant le même contraste entre une immense douceur, le célèbre Rêve d'amour, et la virtuosité totale, avec l'une des Etudes d'éxécution transcendante. Mais le clou du spectacle consiste en la Deuxième Rapsodie Hongroise qui m'avait déjà subjugué alors que je l'écoutais dans de forts mauvaises conditions en voiture. Tout le monde connait cette oeuvre. Il en existe de nombreuses transcriptions orchestrales, parfois effroyables, et l'entendre parfaitement interprétée, avec fougue et classe est un bonheur incroyable. Après le feu d'artifice concluant la Rapsodie, la salle en délire réclame un bis et s'attend sans doute comme moi à une oeuvre tendre, nocturne ou mazurka... Il n'en est rien. Eric Artz nous annonce un vieux numéro de cirque d'Horowitz, les Etincelles de Moszkowski.
Eric Artz interprètera des pièces de Chopin, ainsi que les variations sur "La ci darem la mano" avec des membres de la Philharmonie de Berlin, lors des Rencontres Internationales Chopin de Nohant le 23 juillet prochain.

16929ème jour

Vol tôt - boulot Milano - pas d'Abbado

Lever vers 5h30 pour attraper le vol de 7h00, ce qui était un peu risqué, mais qui s'avéra juste suffisant... Arrivée à 9h30 au bureau de Milan, ce qui ne fait pas tant de différence avec une arrivée au bureau à Paris. L'après midi, réunion de travail avec mon client et les collègues italiens sur le mode désormais habituel: on fait la réunion en italien et lorsque j'interviens, je bascule en anglais. A 17h00, je reprends un taxi pour Linate. Mon avion est prévu à Roissy aux environs de 20h00. Je sais qu'à la même heure, commence au Théâtre du Chatelet le concert de Claudio Abbado avec les Gustav Mahler Jugend. Je n'avais pas pris de place, reculant devant des tarifs indécents. Alors je me dis qu'avec un peu de chance, je peux arriver au théâtre vers l'entracte, entrer si les contrôles ne sont pas trop sévères et assister à la deuxième partie, la Quatrième de Mahler. Les encombrements sur l'autoroute du nord sont tels que j'arrive a 21h00 au périphérique. Le rêve se termine.
En rentrant chez moi, je me souviens avoir entendu Claudio Abbado diriger la Première, la Deuxième, la Troisième, la Cinquième, la Sixième, la Septième, et l'extraordinaire Neuvième de 1999 à Berlin. C'est la deuxième année consécutive que je rate une Quatrième sous sa direction. Elle et la Huitième feront sans doute toujours défaut à ma liste.

16928ème jour

Le thé glacé

Il buvait du thé.
Il buvait du thé japonais glacé.
Lorsqu'il travaillait, il avait les cheveux sagement rangés sur le côté.
Mais ce soir il s'était coiffé en pétard.
Il buvait du thé.
Il buvait du thé japonais glacé.
Il était steward pour des airlines.
Il était steward pour Singapore Airlines.
Il buvait du thé.
Il buvait du thé japonais glacé.

16927ème jour

Lisbonne

Belle journée ensoleillée à Lisbonne, la température ne rendant que plus frustrant cet aller retour dans la journée. Le matin, visite d'un centre très sécurisé avec des sas à reconnaissance d'empreintes digitales et comparaison du poids. Mon collègue est tout géné d'annoncer ses 91 kilos. Notre client nous raconte que quelques mois plus tôt une cliente un peu ronde indique 55 kilos au gardien lors de l'inscription. Blocage du sas. Il a fallu remonter le poids de trois tranches pour que celle-ci puisse enfin entrer dans les locaux.
Après la réunion de travail, un déjeuner agréable avec de délicieux poissons, l'un grillé, l'autre cuit en croute de sel dans l'un des restaurants se trouvant au bord du Tage sous le grand pont.

16926ème jour

Le contournement de Bruxelles

J'ai du probablement conduire une bonne vingtaine de fois de Paris a Amsterdam et à l'aller comme au retour, j'ai toujours eu la plus grande difficulté à ne pas me tromper et à prendre la bonne route entre Bruxelles et Anvers. Il y a l'autoroute, qui passe par Mechelen, avec son extraordinaire scission en deux morceaux peu avant d'arriver à Anvers, avec ses panneaux verts et qui s'appelle E19. Et puis il y a la voie express, avec ses panneaux bleus et ses nombreux feux touges, qui passe par Boom et qui s'appelle A12, avec un A comme Autoroute. Tout est donc fait pour tromper l'ennemi mais me direz-vous, je connais tellement bien le piège que je ne devrais pas me tromper. Eh bien si! Il y a parfois des pièges variantes. Par exemple hier soir, en sortant de Bruxelles, devant le grand panneau (fort important) indiquant à droite Bruxelles A12 et à gauche Bruxelles E19, eh bien devant ce panneau, il y avait un autre panneau indiquant danger et qui camouflait totalement l'autre.
"Fuyons cet enfer!" a dit Michael. En fait il aurait été plus sage de contourner la Belgique...

16925ème jour

Schubert, le sabot et les tulipes

Un réveil moins tardif que je ne l'aurais voulu, des volutes de fumée inattendues en ces heures matinales, le soleil qui miroite sur les canaux, la petite salle de concert du Concertgebouw, un classique quatuor de Ravel, un sublime octuor de Schubert, un jeune contrebassiste blond comme les blés qui danse en jouant tant il est heureux, une jolie clarinettiste qui se nomme Celeste, une discrète bassoniste qui me fait regretter d'autant plus un certain Joost, un sabot sur la lada pour cinq minutes de retard, et puis il est l'heure de rentrer...

16924ème jour

Le Chant de la terre de Daniel Harding au Concertgebouw

Lorsque Daniel Harding a baissé sa baguette devant les cordes de l'Orchestre Royal du Concertgebouw, je me suis souvenu cette phrase d'Alban Berg, alors que nous roulions vers Bayreuth : "Les plus grands orchestres, on les reconnait au fait que parfois, leur son ressemble à la voix humaine." Et c'était exactement celà. Un son humain chaud et mystérieux alors que commençait le Largo du Huitième Quatuor de Shostakovich, dans l'arrangement qu'en a fait Rudolf Barshai pour un orchestre à cordes au grand complet. Le son est sans doute moins incisif que dans la version originale, mais la transcription orchestrale convient parfaitement à ce quatuor génial, comme elle convient d'ailleurs aussi aux plus grands quatuors de Beethoven. Harding a parfaitement su faire ressortir l'atroce pessimisme des deux largo encadrant l'oeuvre, comme la violence macabre des valses interrompues, des mélodies amères et cinglantes des trois mouvements centraux. L'oeuvre s'achève dans un silence de mort des mille cinq cent spectateurs qui retiennent leur souffle.
Nous profitons de la pause pour changer de place. Il est très agréable d'être sur le podium face au chef pour un concert orchestral, mais dès que l'oeuvre fait appel à des voix, ces places sont à bannir. Nous nous installons au deuxième rang de la salle juste aux pieds du chef.
Le Chant de la terre a beau être l'une des oeuvres les plus connues de Mahler, elle n'est pas la plus jouée et de loin, sans doute en raison de la difficulté à trouver deux solistes capables de se confronter à pareil pari. En faisant appel à Sarah Connolly et Peter Hoare, Daniel Harding a complètement réussi le sien. J'ai probablement entendu cette oeuvre des centaines de fois et poutant, j'y ai encore découvert des merveilles, en particulier en provenance de la section des violoncelles devant lesquels nous étions installés. Et puis, pendant l'intermède orchestral de der Abschied, je songeais à cette spectatrice qui, dans cette même salle, le 4 octobre 1939 se leva juste avant le retour de la soliste, s'avança près du chef Carl Schuricht, à quelques centimètres de là où nous nous trouvions, et s'écria devant une audience médusée : "Deutschand über alles, Herr Schuricht!"
Et le Chant de la terre, c'est bien sûr cette fin, l'horizon bleuté, la fin de l'existence de tout être humain, résolu à se fondre dans cette nature qui, éternelle, refleurit à chaque printemps... Comment sortir autrement que bouleversé par une telle expérience?

16923ème jour

Nouveau tournis

Lever à 7h00, heure d'Istanbul, 6h00 heure de Paris. Petit déjeuner dans la salle du dernier étage de l'hôtel enfumée par quelques turcs. Taxi jusqu'au bureau. Je guide le chauffeur qui ne connait pas l'adresse. Je travaille dans la salle du réunion de notre bureau où, en se penchant bien par la fenetre, on aperçoit le Bosphore. A 13h30, je me change, je prends mes bagages, je hèle un taksi dans la rue et me voilà parti pour l'aéroport Ataturk. J'achète des cigarettes, des loukoums, une bouteille de vodka et une de Kavaklidere rouge en prévision du week end. Nous partons avec vingt minutes de retard vers Paris. Vol calme. J'écoute la Flûte enchantée presque en entier. Mon voisin de devant s'inquiète de savoir s'il y a du porc dans la viande des grisons.
Arrivée à l'heure à Roissy. Michael est là, on discute un long moment par téléphone à travers la vitre de la salle d'attente des bagages. On récupère la lada qui est au parking et on part vers le nord, par une route que j'ai déjà faite six jours plus tôt. Bruxelles, Anvers, Breda, Utrecht, Amsterdam. Comme d'habitude, je me trompe sur le ring de Bruxelles.
On arrive un peu avant onze heures. Je découvre le bel appartement de tigger, près du zoo d'Amsterdam, avec une vue splendide sur le Singelgracht. On boit quelques vodkas, on fume un peu et on part en taxi. The Arc, Exit, quelques substances illicites qui circulent, un cou mordu. Vers trois heures, je rentre. J'ai les clefs de tigger. Je m'endors dans son lit, le chat me regarde de ses yeux verts.

16922ème jour

Pleyel en Turquie

Je travaille à mon bureau de Besiktas lorsque mon gsm vibre. C'est le service des abonnements de la Salle Pleyel qui m'indique que le concert d'inauguration est seulement sur invitation et me demande donc de venir le lendemain. Je n'entendrai donc pas la première Deuxième, mais la Seconde.

16921ème jour

Devant le Burger King de Taksim

Le lieu de rendez-vous le plus courant d'Istanbul se situe à Taksim, juste devant le Burger King. C'est un peu comme la statue de Danton à l'Odéon où tout parisien a eu au moins un fois un rendez-vous.
Mais lorsqu'on attend quelqu'un devant le Burger King de Taksim, on est sans cesse interpellé par des passants qui veulent soit faire connaissance, soit plus, les entrées en matières étant nombreuses :
- What time is it?
- Where are you from?
- You have a nice watch...
- May I help you?

16920ème jour

Istanbul

Retour à Istanbul où il fait au moins dix degrés de plus qu'à Paris même si le ciel est couvert. Un peu partout des affiches d'Olivier Martinez, qui est le nouveau top model de la marque turque de Prêt-à-porter Vakko.

16919ème jour

La Gran Partita à La Haye

Il faisait très beau pour ce dernier jour aux Pays-Bas, la première vraie journée de printemps. Tout le monde était dehors, le matin sur les bords de mer de Schweningen, puis l'après-midi dans les rues animées du centre ville. A quatorze heures, nous arrivons dans la Nieuwe Kerk, belle église du 17ème siècle aujourd'hui utilisée uniquement comme salle de concert. Les portes ne sont pas encore ouvertes mais de nombreux spectateurs sont déjà là. Mes filles se glissent dès l'ouverture pour prendre des places au premier rang. Les treize Nederlands Blazers arrivent ensemble, très détendus. Le spectacle consiste bien sûr en la Sérénade Gran Partita, mais entre les mouvements, l'un des deux hautboistes, coiffé à chaque fois d'une perruque par sa collègue, nous lit une lettre imaginaire de Mozart à son père, qui commence invariablement par Beste Papa, et à laquelle nous ne comprenons goutte.
Il reste bien sûr l'oeuvre elle même dans une interprétation d'exception. A aucun moment je ne suis déçu par rapport à la magie du disque. Une parfaite fusion des interprètes, un plaisir intense à jouer entre eux, une liberté et une fantaisie qui conviennent à merveille à cette oeuvre. En bis, les Nederlands Blazers nous offrent la dernière variation du Sixième mouvement, qu'ils achèvent en répétant inlassablement les dernières notes dans une sorte de Perpetuum mobile qui s'évanouit. La salle se lève pour une véritable standing ovation méritée.
Mon obsession peut maintenant s'éloigner, je pense être sevré.

16918ème jour

Mahler Amsterdam

Bien des rues de la ville sont déjà pavoisées d'affiches multicolores Mahler - Das Lied von der Erde, un peu comme celles que l'on voyait partout à Munich en 1910 pour la création de la Huitième. J'aime cette ville.
A chaque fois que nous passons devant le Concertgebouw je m'agenouille devant le Saint des Saints. La première fois, mes filles offusquées tentent de me relever. Ensuite, elles font juste celles qui ne me connaissent pas...
Et une mauvaise nouvelle: les livres turques sont systématiquement rejetées pas les horodateurs amstedellois!

16917ème jour

WW à Bruxelles

Passage à Bruxelles pour l'Exposition Le Désir de la Beauté sur les Wiener Werkstätte au Palais des Beaux Arts. De nombreux objets de décoration, mobiliers, tissus, vases, services de tables ne sont hélas pas choisis parmi ce que les Wiener Werkstätte ont produit de plus exceptionnel et ils sont de plus exposés dans des conditions fort peu avatageuses.
Et surtout une malheureuse vitrine dédiée au Palais Stoclet, construit sans limitation de budget par Josef Hoffmann entre 1905 et 1911, sans doute son chef d'oeuvre, fermé au public car demeure privé et objet du déchirement des quatre géritiers de la baronne Stoclet en 2002. La visite de cet endroit unique restera sans doute encore longtemps l'un de mes rêves...
Et une bonne nouvelle: les livres turques fonctionnent parfaitement dans les horodateurs bruxellois!

16916ème jour

Petites épiphanies

Vous êtes seul, tout triste, sans amour, malheureux, sans foi en l'avenir. Alors vous appelez la compagnie de taxi et demandez : " S'il vous plait, je voudrais une voiture à 20h15 au coin des rues X et Y. Le chèque sera dans la poche de mon pantalon". A 20h14, au coin en question (un qui convient fort bien, c'est celui de la rua França avec la rua Haddock Lobo qui est très en pente) vous regardez vers le carrefour, en haut de la rue. Et là se trouve arrêté -oh merveille- un énorme taxi reluisant, crachant du feu par les naseaux, comme le dragon d'un conte pour enfants. Le chauffeur guette par la fenêtre, vous regarde et lève le pouce. Vous levez le pouce aussi : c'est bon. Et vous avancez dans la rue. Le taxi démarre en trombe, ses pneus grincent sur l'asphalte. Et voilà : c'est fini. Un filet de sang coulant sur le menton, la victime gémit ses derniers mots : "Je meurs content. C'est exactement ce que je voulais".
Caio Fernando Abreu : Petites épiphanies
Ces petites épiphanies sont la chronique parues dans le quotidien O Estado de São Paulo, de 1986 à sa mort en 1996. Elles évoquent son ennui, son pessimisme, l'amour de sa ville, les petites choses de la vie qu'il observe de façon assez distanciée. Et puis je ne regarderai jamais plus le carrefour des rues França et Haddock Lobo, où j'ai donné quelques rendez-vous, de la même façon.
Sans le Pot pourri, je n'aurai sans doute jamais connu ces pages.
Merci, Alice.

16915ème jour

Le 4 avril dernier

Par hasard sur France Musique, j'entends la fin du récital récemment donné par Sumi Jo au Théâtre du Chatelet. On en est aux bis, lorsque soudain elle annonce, dans un français plutôt bon : "Je vais maintenant chanter l'Ave Maria de Schubert, et je vais le dédier à mon père, qui est parti, qui est parti pour toujours... Il est parti ce matin. Et ce matin, j'aurais du être à ses obsèques en Corée. Mais je devais être avec vous pour chanter. Alors je vais chanter pour lui. Et je suis sûre que là où il est il sera très heureux..."

16914ème jour

Où Mozart a encore failli me jouer un tour

En rentrant ce soir, je trouve sous la porte une nouvelle lettre en provenance des Pays-Bas. A l'intérieur, un courrier émanant de la Dr Anron Philipszaal qui organise le concert de lundi à La Haye. Elle est bien sûr en hollandais. Quelque peu inquiet, je balance le tout dans la traduction Babelfish pour découvrir ceci :
Selon notre administration vous avez acheté les tickets ou avez réservé pour le "Gran Partita - de Mozart" de det néerlandais, les soufflards "postent" le ensemble. Ce concert est le lundi 17 avril dans cette nouvelle église, à 14.30 heures.
Au début de cette saison de théâtre 2005-2006, sur les cartes d'accès du concert susmentionné, une heure de commencement trouvée heures a été mentionnée abusivement (20.15). Nous avons adapté bien entendu directement ceci lors du constat, mais la possibilité existe donc que sur vos cartes, trouver un moment se trouve. Le temps correct doit être 14.30 heures.
Comme la chance existe que vous avez parti du temps faux, je conduis vous cette lettre. Si vous avez pu avoir acheté jouez déjà aux cartes, et inespéré ont compté sur un concert de soir, vous pouvez si vous le concert's ne peut pas habiter l'après-midi de les cartes annuler gratuitement. Si vous remplissez que le cas bande de réponse , et le volant ci-dessous qui avec vos billets d'entrée à notre . J'offre mon excuses pour éventuellement causé le désagrément.
Si vous pouvez assister ordinairement le voorstelling's à l'après-midi, vous ne devez ensuite faire rien . Aussi, si vous avez placé une réservation, vous ne devez pas entreprendre d'action . Au nom du théâtre, je souhaite vous un joli concert.

Ouf! J'assisterai au joli concert.

16913ème jour

Humour noir

Lors du tout dernier récital parisien de Chales Trenet à la salle Pleyel, fin 1999, j'étais au premier rang, heureux de le voir et de l'entendre une nouvelle fois, triste de constater qu'il avait tant de mal à se déplacer, après s'être parait-il, fait renverser par un vélo dans le bois de Vincennes. Charles avait fait une bonne partie de son récital assis, il ne s'était levé que pour quelques bis en fin de concert, les grands tubes de son répertoire. Le public réclamant inlassablement La mer, il avait souri, avait regardé la chaise devant lui puis avait annoncé : "La Mer, la chaise, l'année prochaine, c'est le Père Lachaise!"

16912ème jour

Découverte

Il nous a bizarrement fallu être sur place, Michael et moi, pour constater qu'en raison de la forme pentue du Pont du Nord, il est extrêmement difficile de se retrouver de part et d'autre du canal Saint Martin en tenant chacun l'une des extrémités d'un rouleau de papier aluminium.

16911ème jour

Chantilly

Hier, une visite rapide du Château de Chantilly avec Moulin Rouge. Le Duc d'Aumale, fils de Louis-Philippe, qui hérita des lieux à l'âge de huit ans en 1830 le fit entièrement reconstruire suite à sa destruction pendant la révolution et l'utilisa pour abriter ses collections de livres et d'oeuvres d'art.
Nous avons pu y voir un Raphaël, quelques Ingres et de nombreux portraits de membres de la famille de Montmorency. En regardant tous ces visages, aux yeux si vivants, je repensais à cette scène du Cercle des poètes diparus et je pensais plus que jamais Carpe Diem.

16910ème jour

Une enveloppe

Reçu ce jour une enveloppe en provenance des Pays Bas. A l'intérieur cinq tickets marqués :
Nederlands Blazers Ensemble
Post van Mozart / Gran Partita
Nieuwe Kerk
Maandag 17 april 2006
aanvang 14:30

16909ème jour

Trucs de voyage II

Ne jamais s'énerver pour des choses qui n'en valent pas la peine : rater son avion, une longue file d'attente, un douanier pointilleux. Au contraire avoir toujours de quoi s'occuper pour meubler intelligemment les moments creux du voyage : un livre, une revue, une musique. Je n'ai jamais autant lu que depuis que je voyage intensément.

16908ème jour

Mahler Dutilleux Ravel

Quelques crétins n'étant toujours pas informés que le CPE ne sera jamais appliqué ont choisi de bloquer ce soir le périphérique et par la même occasion tout le secteur de la Porte Maillot. Vers 19h40, j'ai jeté l'éponge, j'ai garé la lada et j'ai couru vers la station Etoile en téléphonant à Moulin Rouge pour qu'il récupère les places au contrôle.
A 20h05, j'arrive devant l'Opéra Bastille, il est là, les places à la main et on s'installe vite au fond de la salle alors que Matthias Goerne est déjà en plein dans le premier Lied de cette soirée, Der Schildwache Nachtlied. Je suis horriblement énervé pendant tout ce début de concert, parce que je déteste être en retard, parce que j'ai envie de tousser, mais surtout parce que je sens que ce qui se déroule sur scène est exceptionnel et que ma fatigue et mon énervement m'empêchent de l'apprécier vraiment. L'accompagnement orchestral est totalement somptueux, offert par l'orchestre de l'Opéra et un Salonen impérial. Christine Schäfer et Matthias Goerne, que j'avais entendus, pour l'une lors de la Deuxième de Boulez à Vienne l'an passé, et pour l'autre dans le même cycle du Wunderhorn de Chailly au Chatelet, interprêtent magnifiquement les douze grands Wunderhorn Lieder orchestraux de Mahler avec en prime, au coeur du programme das himmlisches Leben de la Quatrième et le Urlicht de la Deuxième magnifiquement chanté par Matthias Goerne. La mode excécrable qui a sévi pendant plus de vingt ans consistant à interprêter ces Lieder en infâmes duos, soit disant pour les rendre moins monotones, semble désormais révolue.
A l'entracte nous rejoignons nos vraies places au cinquième rang centre de la salle, juste derrière Papy et Mamie. Esa-Pekka Salonen revient, précédé de quatre moufflets pour Shadow of time d'Henri Dutilleux. L'oeuvre est belle, intéressante et variée et je m'amuse de voir les quatre jeunes chanteurs assis juste devant le chef et qui admirent sa gestuelle énergique. Sous des tonnerres d'applaudissement, le compositeur, qui semble rompu à cette tâche, vient saluer une salle en délire. Salonen revient aussitôt pour nous donner la plus belle Valse de Ravel qu'il ne m'ait jamais été donné d'entendre. Salonen, qui malgré ses 48 ans, a l'air d'un éternel adolescent, dirige magnifiquement l'oeuvre en nous enivrant par cette musique à la fois opulente et féline, à la tête du meilleur orchestre français du moment.
En quittant la salle, je demande à Mamie si c'est bien elle qui m'a offert ma place voici trois ans. "Pas du tout! Mais c'est très gentil de vous en souvenir" me répond-elle énigmatiquement...

16907ème jour

Nick II

On a déjeuné ensemble. Et puis ce soir, il est venu chez moi. On a ouvert une bouteille de Montrachet rouge, on a joué deux fois aux échecs, on a fait la dînette avec plein de bougies sur la table joliment dressée, on a refait une kissing party, on a fait l'amour, on a pris une longue douche à deux, on a refait l'amour et on a un peu dormi.

16906ème jour

Nick I

Il m'avait dit s'appeler Nick. Il habitait un petit appartement construit dans deux chambres de bonne, sous les toîts d'un immeuble du 18ème arrondissement. Quand il m'a accueilli, vers deux heures du matin, il était habillé d'un simple boxer noir. Il avait un beau sourire, m'a dit qu'il aimait ma chemise blanche cintrée achetée deux mois plus tôt à Bali. Quand je me suis assis sur son lit, il m'a aussitôt embrassé. Après tout, on avait prévu une kiss party. Mais elle a vite dérivé la kiss party, vers des gestes plus intenses et plus forts. Dans l'obscurité, à la lueur de la bougie, ses yeux avaient une lueur étrange, comme ceux de Lestat dans le film Entretien avec un vampire. Celà m'inquiétait un peu, me stimulait aussi. On a discuté longtemps sur son lit, l'un contre l'autre. On a parlé de l'Egypte et de la Croatie, de danse et de musique, d'hier et de demain.
Et puis je suis reparti vers quatre heures trente.
Il faisait froid.
Il ne s'appelle pas Nick en fait, mais Aleksandar.
Et il est danseur.
Danseur au Moulin Rouge.
"Entre classe et vulgos" vient de me dire Michael.

16905ème jour

Adriana Mater

Quatre jours après la ridicule grève surprise des techniciens nantis de l'emploi de l'Opéra Bastille, c'était donc enfin la première mondiale d'Adriana Mater. Le rideau se lève sur un décor ressemblant fortement à la cité de la guerre des Etoiles que j'avais visité près de Tozeur voici quelques années. Au cours de la représentation, les maisons se colorent de l'intérieur dans des teintes orangées, rouges ou bleues. Joli mais déjà vu si souvent... Quatre personnages, Adriana, sa soeur, son violeur, puis au deuxième acte, son fils. Ils sont habillés n'importe comment, mais c'est la guerre, qui plus est dans un pays ressemblant à la Bosnie, on n'est pas là pour être glamour. Il reste la musique bien sûr, un orchestre chatoyant aux belles couleurs symphoniques, un choeur caché, aux voix retransmises sur haut parleurs, utilisé comme une matière orchestrale et dramatique. Et puis les solistes, et c'est de là que vient la plus grande déception. L'écriture de Kaija Saariaho pour les voix est étrange, elle semble indépendante de l'action théâtrale, dans des harmoniques souvent semblables et il ressort de l'oeuvre une grande monotonie.
Celui qui sort le mieux son épingle du jeu est le librettiste Amin Maalouf, avec un très beau texte parvenant à nous faire réfléchir sur un sujet aussi éculé que la guerre.
Les spectateurs applaudissent chaleureusement mais brièvement. Au rang juste devant nous, le mari et le fils de la compositrice ont l'air très fier de leur épouse et maman. (Message personnel pour Ben : le fils de Kaija Saariaho ressemble comme deux gouttes d'eau à Hayden Christensen).
Une pensée amicale à mon voisin de droite qui a fait la queue pour avoir des places.
Une pensée émue à mon voisin de gauche qui, toutes les deux minutes, avec une régularité d'horloge, a commis un rot silencieux mais aux odeurs épanouissantes d'ail et d'intestin dérangé.

16904ème jour

Wolfgang & Wolfgang

De nouveau un concert au Théâtre des Champs Elysées dans la série des deux précédents et avec des places obtenues dans des conditions que je n'ose encore évoquer ici. Au programme, l'intégrale de l'oeuvre pour flûte et orchestre de Mozart, soit les deux concerti, l'andante et le fameux concerto pour flûte et harpe composé à Paris.
Wolfgang Schultz est le soliste de cette soirée marathon pour lui. Il est habituellement le soliste des Wiener Philharmoniker -excusez du peu- et reviendra d'ailleurs prochainement avec eux redonner ce même Mozart au même endroit. J'ai une vénération pour lui depuis que je l'ai entendu dans la flûte annonçant le jugement dernier, dans le dernier mouvement de la symphonie résurrection. Un passage extraordinaire et en tout cas la plus belle interprétation de ces mesures magiques.
Tout à l'heure, Maestro Schultz semblait un peu fatigué de la soirée. Il a disposé sa grosse bedaine au milieu du petit orchestre créé pour la circonstance et a enchainé avec bonhommie tout le programme. De temps à autres il avait un geste mou et discret de la main pour entraîner son orchestre.
Un moment sublime cependant avec le concerto pour flûte et harpe que j'entendais pour la première fois en concert.

16903ème jour

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juste pour alice
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