23660ème jour
Falstaff
Première journée de travail en Home office pour mon nouveau travail, ce qui me confirme que je n'aime pas travailler à distance et que je suis beaucoup moins efficace en proximité de nombreuses tentations de livres et de disques.
Le soir, je retrouve Martin pour la dernière représentation de
Falstaff à l'Opéra Bastille. Mise en scène traditionnelle de l'ère Gall, dominée par l'extraordinaire Ambrogio Maestri dont c'est sans doute le rôle de sa vie et la toujours merveilleuse Marie-Nicole Lemieux, souveraine dans le rôle de Mrs Quickly. Nous sommes installés au quatrième rang de parterre, ce qui me confirme que les premiers rangs devant la fosse sont les meilleures places à Bastille.
Pour le plaisir d'accompagner Martin, dîner médiocre chez
Bofinger. Alors que nous attendons notre table, nous croisons l'ancien producteur de Johnny Hallyday, désormais bien décati.
23659ème jour
Secession
Très belle exposition au
Wien Museum qui est le nouveau nom du Musée Historique de la ville de Vienne et dont les nouveaux locaux ont été inaugurés en 2023, juste en face du
Musikverein. L'exposition intitulée
Secessionen relate l'histoire, non pas de la
Sécession viennoise, mais des
Sécessions, puisque, au delà de Vienne, le mouvement s'est disséminé à Berlin et Munich. J'ai eu l'impression, tout au long de ma déambulation, de tourner autour de Mahler sans ne jamais le voir avec des oeuvres de Klimt, Carl Moll, Otto Wagner et Kokoschka.
Retour à Paris et
early dinner chez
Lilly Wang.
23658ème jour
Abonnementkonzert I
Au début de ma longue absence sur ce blog, j'ai pris de la décision d'être candidat pour être abonné aux concerts d'abonnement des
Wiener Philharmoniker. Ceux-ci jouent dix concerts par an à guichets fermés, un par mois de septembre à juin, le samedi à 15h30 et le dimanche à 11h00. La seule façon d'assister à ces concerts, à part quelques places aléatoires de dernière minute, est d'être abonné. Cependant, la liste d'attente est de dix ans. Une fois par an, entre mars et mai, j'ai donc patiemment envoyé une lettre aux
Wiener Philharmoniker demandant deux places pour le samedi ou le dimanche en n'importe quelle catégorie. Et l'an dernier, à ma grande satisfaction, j'ai eu le bonheur de recevoir le précieux sésame, qui m'est désormais acquis à vie: Etre abonné des
Wiener Philharmoniker. C'est agréable avec cependant la contrainte de devoir aller une fois par mois à Vienne pour le week-end ou même pour la journée, le concert ayant lieu à 15h30.
En prenant la décision de vivre à Dubaï, j'avais bien conscience que ce privilège devenait quelque peu difficile à exercer mais qu'importe, si je ne fais plus le pèlerinage mensuel, je revendrai ou donnerai une partie de mes places.
Me voici donc embarqué des sept heures du matin dans le vol Paris Vienne d'
Austrian. En arrivant dans le centre ville, ma chambre n'est pas prête et je me promène en ville en attendant le concert. J'ai eu du mal à trouver un restaurant, mes adresses habituelles
Labstelle,
Figmüller et
Oswald & Kalb affichant complet. Je me suis rabattu sur
Weibel's Wirthaus, un vieux restaurant hyper traditionnel où je vais depuis des années.
Alors que je retourne dans le centre, Ulises me contacte. Ulises est un pianiste mexicain qui a déménagé en Europe, à Berlin puis maintenant à Vienne et qui est répétiteur à l'Opéra. Il m'a vendu quelques programmes anciens et il me propose de passer chez lui pour me montrer quelques merveilles mahleriennes. Il habite sur le Prater, à un étage élevé d'un bel immeuble. Son appartement est clair et agréable, avec un nombre invraisemblable de partitions et de livres liés à la musique, autour d'un beau piano demi-queue sur lequel trône l'énorme partition du Rosenkavalier qu'il doit prochainement faire répéter à la
Scala.
Ulises me fait découvrir les programmes des
Abonnementkonzerten des saisons 1898/1899 et 1899/1900, à une époque où il n'y avait que huit concerts par an, tous dirigés par un certain Gustav Mahler. J'admire aussi un faire part en carton, sur lequel est sobrement imprimé: GUSTAV MAHLER - ALMA MAHLER-SCHINDLER - WIEN IM MÄRZ 1902, formidable témoignage d'un mariage célébré dans l'intimité dans la sacristie de la
Karlskirche. Je rêve un peu en tenant ce document entre les mains, en me demandant combien d'exemplaires ont réussi à passer l'épreuve du temps et de deux guerres mondiales.
Le temps passe, Ulises et moi partons rapidement pour le
Musikverein où se tient le premier
Abonnementkonzert de la saison. Je découvre mes nouvelles places, ayant été promu de la troisième à la seconde catégorie. Elles sont de côté mais au treizième rang, et l'acoustique est infiniment meilleure que celle de mes places de l'an passé. J'ai vendu ma seconde place à un juge allemand de Kiehl qui est passé par hasard devant le
Musikvrein et s'est décidé à la dernière minute à acheter un billet à la sauvette.
Cet après-midi, Daniele Gatti inaugure la saison avec un programme russe qui aurait beaucoup plu à Karajan: L'
Apollon musagète, un ballet un peu paresseux composé par Stravinsky uniquement pour cordes mais magnifiquement joué par l'orchestre et la
Dixième Symphonie de Schostakovich, qui utilise énormément le fameux thème DSCH.
En rentrant à l'hôtel, je pense que je me complique beaucoup la vie à venir à Vienne pour un programme que les
Wiener Philharmoniker joueront dans neuf jours au
Théâtre des Champs-Elysées.
Une heure plus tard, je suis au
Staatsoper pour une représentation des
Nozze di Figaro. On dit souvent qu'il ne faut jamais aller à l'opéra de Vienne lorsque les Wiener Philharmoniker sont en tournée et l'adage se vérifie ce soir. L'orchestre est absolument parfait, bien qu'il soit dirigé par un vieux cheval de labour anglais, Ivan Bolton, le teint rose, grassouillet et souriant, et semblant ravi d'être là. Sur scène, André Schuen qui se confirme étre le grand baryton de sa génération.
23657ème jour
Bogota Paris
En partant à minuit de Bogota, si l'on tient compte de la durée du vol (dix heures) et du décalage horaire (sept heures), on atterrit à Paris à 17h20, ce qui signifie une journée à peu près vide de tout événement marquant.
Cependant pour meubler cette soirée parisienne, j'avais accepté d'inviter à dîner Vadim, un ukrainien de Paris croisé sur
Tinder. Je me démène, prends une douche à peine arrivé chez moi, commande un
Uber mais sitôt arrivé dans la rue pour l'attendre, Vadim annule, prétextant se sentir mal. Déçu, j'annule le
Uber et rentre chez moi pour une triste soirée
Netflix en solitaire.
23656ème jour
Dernier jour à Bogota
Je ne suis guère surpris de voir Frey m'accueillir au comptoir pour mon
check-out. très professionnel, il fait comme si rien n'était. Avant de rejoindre mon taxi, je lui précise qu'il n'hésite pas à me contacter si ses plans d'une installation en Europe se concrétisent mais je sens à sa réponse polie qu'il n'en fera rien.
Le soir, un collègue colombien m'accompagne à l'aéroport. Nos deux vols sont presque à la même heure, un peu avant minuit, lui pour Miami, moi pour Paris. Il a une valise et un petit sac grillagé dans lequel on voit une grosse chatte très poilue aux yeux courroucés.
Les formalités de contrôle des passeports sont interminables mais j'embarque à temps dans l'Airbus A350 d'Air France.
23655ème jour
Bogota
En partant rejoindre mon taxi à huit heures, j'aperçois encore Frey qui me donne l'impression de ne jamais dormir. Après une journée de meetings à l'usine, mes collègues n'emmènent pour un late lunch, ou un early dinner, je ne sais plus trop, à
Pajares Salinas, un élégant restaurant espagnol du quartier de Chico Norte. Très bons papas comme la veille arrosés cette fois ci d'un rouge du
Duero.
je rentre à pied à l'hôtel avec presque l'impression d'une routine.
23654ème jour
Les eucalyptus de Bogota
Journée semblable à la veille. Un taxi me récupère à l'hôtel à huit heures. Vingt minutes de trajet à travers le quartier élégant des ambassades et arrivée à l'ancienne limite de la ville, là où se tient l'usine qui, au fil des années, est devenue un petit campus avec une rue quasiment privatisée.
Aujourd'hui mes collègues m'ont emmené dans un restaurant assez agréable,
Harry Sasson, qui me fait penser au
Figuiera de Sao Paulo, mais sans le figuier. Au menu, des tapas de toutes sortes, un veau un peu trop copieux pour moi, le tout arrosé d'un très bon Malbec argentin.
Je rentre à pied à l'hôtel en admirant les nombreux immenses eucalyptus aux feuilles d'un vert argenté que l'on voit un peu partout. En pénétrant dans l'hôtel, je salue Frey, qui a vraiment des horaires très élastiques.
23653ème jour
Un jour à Bogotá
Je me suis levé très tôt en raison du décalage horaire. Je profite de ce moment pour aller me promener pendant 45 minutes autour de l’hôtel dans les rues déjà ensoleillées. Le quartier me fait un peu penser à São Paulo, avec une végétation tropicale malgré la température plutôt fraîche. La température est égale tout au long de l’année à Bogota. Nous sommes légèrement au nord de l’Equateur mais l’altitude de 2600 mètres crée ce climat très particulier. Près de la ville, à l’est, des montagnes dominent le paysage.
Je pars au bureau où je suis accueilli par la famille qui a créé cette entreprise et qui me fait immanquablement penser à la série américaine
Dallas. Il y a trois frères et une sœur assez jolie qui n’ont pas l’air de se porter en grande estime.
Je passe l’essentiel de ma journée à visiter une usine de fond en comble, guidé par l’un des frères, élégant colombien à la crinière argentée dont c’est là le royaume. Et d’ailleurs, tous les ouvriers le nomment respectueusement
Don Carlo. Je lui confie que j’ai parfois l’impression d’être dans un opéra de Verdi mis en scène de façon moderne. Il rit.
En fin d’après-midi, je retourne à l’hôtel. Frey m’accueille de loin avec un joli sourire de connivence.
23652ème jour
Paris Bogotá
Il y avait longtemps que je n’avais découvert un nouveau pays. Cela remonte à mon unique visite en Nouvelle Zélande, il y a cinq ans. En début d’après-midi je me retrouve donc au siège 1C de l’Airbus A350 qui effectue le vol Paris Bogotá pour Air France. Vol calme, un peu long toutefois (dix heures) surtout un jour après avoir voyagé sur le Dubaï Paris. Arrivée dans une nuit noire à 19h00 mais il est déjà deux heures du matin à Paris. Un petit taxi blanc m’emmène à travers une banlieue assez ingrate jusqu’à mon hôtel du centre ville.
Je m’installe dans la chambre, j’ai sommeil, je cherche des activités afin de m’occuper l’esprit et de ne surtout pas m’endormir trop tôt, ce qui entraînerait de façon certaine un réveil au milieu de la nuit.
Je regarde qui est disponible sur
Grindr, un garçon me contacte, je lui dis: “
My name is Vincent”, ce à quoi il répond un étonnant “
I know, I did your check in”. Et de fait, à y bien regarder, c’est bien le garçon plutôt sexy qui m’a accueilli dans l’hôtel, trente minutes plus tôt. On fait connaissance, il est étudiant en tourisme, il rêve de venir travailler en Europe, mais je comprends qu’il a surtout envie de me sucer. J’hésite à accepter, je suis fatigué du long voyage. De plus c’est un peu risqué, Frey (c’est son prénom) m’explique qu’il n’a absolument pas le droit d’aller dans les chambres des clients… sauf pour leur apporter quelque chose. Frey propose que j’appelle la réception pour demander une serviette. Je trouve l’idée étrange, il y en a pléthore dans la salle de bains. Comme d’habitude, j’ai beaucoup de mal à résister à l’appel de l’aventure et je prends le téléphone, compose le 0, demande si on peut m’apporter un kit de rasage. Au bout du fil, Frey, très professionnel, acquiesce. Il ne me reste qu’à attendre. Quelques minutes plus tard, je vois Frey arriver par le judas de la porte. Je lui ouvre. Nous nous embrassons en restant dans l’entrée exiguë de la chambre. Il embrasse très bien, mais descend aussitôt pour s’occuper de mon membre, aussi professionnellement qu’il a effectué mon check in. Je jouis sur sa langue. Frey va dans la salle de bain, se nettoie le visage et repart aussitôt.
Comme aurait dit Jacques Chirac: “
Dix minutes, douche comprise… »
23651ème jour
Un samedi à Paris
Le vol Air France est probablement l’un des premiers à atterrir à Roissy, vers 6 heures le matin, et il est agréable de passer les contrôles rapidement et de bénéficier d’un trafic fluide vers Paris. Je retrouve mon appartement propre et vide et ma plante en bien mauvais état faute de soins.
Martin me propose de déjeuner ensemble et j’accepte avec plaisir. Martin est ce garçon avec qui je suis allé à Venise le 1er mai. Nous avions parcouru la biennale en tous sens et dégusté des Bellini. Il est beau, il fait le plus beau métier du monde et j’aime toujours beaucoup discuter avec lui. Il est passé chez moi prendre une coupe de champagne, et nous sommes allés déjeuner au
Violon d’Ingres où j’ai tant de souvenirs.
23650ème jour
Revoir Paris
Vendredi, c'est plage et, comme la semaine passée, je retrouve les gamins turbulents pour une baignade à
Nike beach et un petit déjeuner sur la plage. Je passe à l'hôtel pour déposer mes valises à la réception et laisser l'essentiel de mes affaires au bureau. Je dépose aussi mes costumes au pressing jusqu'à mon retour dans douze jours.
Le soir, seul au bureau, j'attends l'heure de mon vol en écoutant
Rheingold. Je passe à l'hôtel récupérer mes valises et je file à l'aéroport en
Uber pour prendre le vol de Paris de 0h40 dont je vais probablement devenir un habitué.
23649ème jour
Aleksandr II
Les choses deviennent sérieuses. Premier meeting à sept heures du matin (depuis mon hôtel) suivi de nombreux autres jusqu'à vingt heures. Je m'étais quand même bloqué un peu plus d'une heure pour découvrir une autre recommandation du Guide Michelin:
: Jun's, un établissement de
Business Bay où officie Kelvin Cheung et sa cuisine d'origine chinoise mais très influencée par son enfance passée en Amérique du Nord. J'ai particulièrement aimé son entrée de carottes.
L'après-midi est consacrée à la réunion mensuelle de management qui est la première pour moi. Le premier slide est dédié aux nouvelles importantes du mois et mon arrivée dans l'entreprise en fait partie. Mais la nouvelle a été rédigée par un collègue facétieux comme étant, non pas mon
on boarding mais mon
coming out. Grosse rigolade, moi compris.
Un peu plus tard, Aleksander m'envoie des messages pour m'indiquer qu'il aimerait que l'on se revoie. Je lui réponds que je ne serai pas disponible avant 20h30, ce qui le déçoit car il ne sera plus libre. Finalement il se libère et, comme trois jours plus tôt, je le retrouve dans le hall de l'hôtel et nous montons dans ma chambre. Cette fois ci, tout s'effectue comme si nous étions deux vieilles connaissances. Nos corps se connaissent et se reconnaissent et nous savons comment nous satisfaire. Il aime visiblement me donner du plaisir avec sa bouche et j'aime lui en donner. Je m'installe au dessus de lui et nous masturbons à tour de rôle nos deux sexes réunis. Il insiste pour que je jouisse dans sa bouche au moment ou il jouit lui même.
Nous prenons une douche ensemble sans la salle de bains et à ma grande surprise, il reste avec moi sur le lit pendant deux heures. Il me masse et me caresse gentiment mais surtout nous parlons longuement, de sa vie, de la mienne et du fait que nous ne nous reverrons pas avant deux semaines.
Dès qu'il est parti, je m'affaire pendant trente minutes à préparer ma valise et à choisir ce que j'emmène demain et ce que je laisse à Dubaï.
23648ème jour
Alexander Malofeev en Dodge à Abu Dhabi
En fin d'après-midi, je me suis fait un petit plaisir: j'ai loué une grosse
Dodge et j'ai pris la route pour Abu Dhabi, distante de seulement cent vingt kilomètres. Malgré les embouteillages inévitables, le départ de Dubaï était assez beau, les rayons dorés du soleil couchant éclairant les haies de gratte-ciel. Je me suis retrouvé rapidement sur l'autoroute rectiligne qui longe la côte, à une dizaine de kilomètres de celle-ci. Le trafic s'améliore au fur et à mesure que l'on s'éloigne de Dubaï, la limitation de vitesse passe à 120km/h, puis à 140. Au bout de cent kilomètres, on prend une sortie en direction de l'île d'
Al Jubail que l'on traverse puis, après un pont, on arrive enfin à l'île de
Saadiyat où se tient le spectaculaire
Louvre Abu Dhabi. Mais ce soir, je ne suis pas allé au Louvre, j'ai bifurqué sur la droite dans l'improbable
Jacques Chirac Street et je me suis garé presque en face du
Manarat al Saadiyat, un centre artistique d'exposition et de concert où se tient ce soir un concert de musique de chambre par Alexandre Malofeev, le jeune prodige blond que je suis depuis ses débuts alors qu'il n'avait que vingt ans, accompagné par quatre solistes de l'orchestre du festival de Lucerne. La salle noire a peu de charme et des photographies sont projetées en arrière scène en guise de décor. On entend beaucoup parler français dans l'assistance. Les musiciens arrivent sur scène et, à ma grande surprise entament une musique inconnue. La salle se lève comme un seul homme et je comprends qu'ils jouent une version classique de
Ishy Bilady, l'hymne nationale des Emirats.
C'est un très beau concert auquel j'ai assisté ce soir avec en première partie le troisième Quatuor avec piano de Brahms et après l'entracte, le Quintette
La Truite de Schubert. J'ai particulièrement admiré la qualité de ses solistes a jouer ensemble, alors qu'ils n'en ont probablement pas l'habitude. On sentait qu'ils avaient un vrai plaisir à jouer ensemble, en particulier dans le bis qu'à ma grande honte, je n'ai pas réussi à reconnaitre. La salle a applaudi bruyamment après chacun des neuf mouvements. J'ai repris la
Dodge et je suis rentré à Dubai, non sans avoir fait un long détour pour traverser
Abu Dhabi downtown, beaucoup moins spectaculaire que sa grande voisine.
23647ème jour
L'ogre et la Sirène
Au petit déjeuner à l'hôtel, à la table devant moi, est installé un gros bonhomme hirsute et barbu, à la bedaine débordante. Il ferait un ogre parfait dans un remake du Petit Poucet. Alors qu'il revient du buffet, il me regarde avec un grand sourire, montre son torse avec son pouce levé et me dit: "
Shastakovich!" Interloqué un bref instant, je comprends qu'il est russe et que, contrairement à Aleksander, il connait Dimitri.
Déjeuner solitaire à
Fil'lia, le très agréable restaurant italien logé au 72ème étage du magnifique hôtel SLS. Y retournerai-je (© FS)? Très certainement.
En fin d'après midi, je pars pour visiter pas moins de 6 appartements dans un lotissement qui répond au joli nom de "
La Sirène" (avec accent), au bord d'un nouveau petit port de Plaisance en cours d'ouverture et qui répond au joli nom, lui aussi bien français de "
La Mer". La fille de l'agence s'appelle Jeni. Elle me fait visiter pas moins de 6 appartements flambants neufs, plutôt bien fabriqués, tous selon le même modèle, le même plan et la même décoration. Trois ont une morne vue sur l'immeuble d'en face, deux bénéficient d'une étroite ouverture sur le port et le dernier a vue sur l'intérieur des terres. En se penchant du balcon, on aperçoit le
Burj el Arab. "
You'll benefit from the Firework once a year" me dit-elle en souriant.
C'est, jusque là, ce que j'ai vu de mieux, mais je choisis de différer ma décision au mois prochain.
23646ème jour
Retour aux vide ordures
Dans la matinée, un coursier passe au bureau me livrer ma carte bancaire. Afin de m'authentifier, je lui montre mon passeport français, mais il exige ma carte de résident UAE que je n'ai pas encore reçue. S'ensuit une vive discussion avec le coursier, puis avec son chef au téléphone, mais rien n'y fait, le coursier repart avec le colis.
En début d'après midi, je vais visiter un appartement dans un immeuble en cours de finalisation de
Business Bay. L'agent qui organise la visite, Awab, est un jeune en abaya blanche, qui parle quelques mots de français et a beaucoup de bagout. Les visites d'appartement se passent immuablement selon le même programme: on vous fait admirer le hall d'entrée, souvent prétentieux, on monte à l'étage visiter l'appartement proprement dit, on passe à la salle de gym, systématique dans les résidences de Dubaï, et on finit par la piscine, souvent jolie. Je n'ai pas aimé l'appartement d'aujourd'hui, aux finitions médiocres et à la vue bouchée par un parking disgracieux. En revenant vers l'ascenseur j'aperçois un
Garbage room et par curiosité je pousse la porte. Mais oui, à ma grande surprise, il s'agit bien d'une pièce où se trouvent des vide-ordures. Comme ils ont quasiment disparu en France, je pensais qu'il en était de même partout dans le monde. Awab m'explique qu'ils sont systématiquement dans les immeubles de Dubaï. "
Local people are too lazy" conclut-il amusé.
23645ème jour
Aleksandr
Je transfère mon compte
WhatsApp de mon numéro français au numéro émirati et je réalise aussitôt qu'aucun de mes correspondants
WhatsApp n'a reçu d'alerte et que, en conséquence, il faudrait que je les contacte tous un par un pour les informer du changement de numéro. Je fais donc machine arrière, repasse sur le numéro français, et de nouveau sur le numéro émirati, en cochant cette fois ci le bon paramètre informant tous mes correspondants. Je reçois aussitôt une salve de messages me demandant de confirmer que j'habite désormais Dubaï.
Dans l'après midi, et suite à mes explorations de la veille, je contacte Aleksander, un jeune russe qui habite Dubaï et nous décidons de nous rencontrer. Pour des raisons évidentes, il y a énormément de russes à Dubaï en ce moment et notamment des jeunes qui n'ont guère envie de se faire enrôler dans la machine de guerre de Poutine.
Comme un clin d'œil, j'enfile mon tee-shirt noir imprimé ШОСТАКОВИЧ en lettres blanches et je vais le chercher à l'accueil. Il est là, pas du tout intimidé, et m'indique juste "
It is a family name" en montrant mon tee-shirt (je découvrirai par la suite qu'il n'a aucune idée de qui est Schostakovich). A peine entré dans ma chambre, il me fait comprendre qu'il aime plus l'action que les préliminaires, nous nous déshabillons sans perdre de temps et explorons nos corps. Il est très habile de sa bouche et comme il m'avait indiqué aimer être dominé, je m'efforce de lui donner ce dont il a envie. Alors que nous sommes l'un sur l'autre, je me remémore avoir souvent affirmé que les russes étaient les meilleurs de leur catégorie dans ce genre de sport. Aleksander me le confirme de la façon la plus évidente. Le seul inconvénient de son énergie et qu'il est tellement excité qu'il jouit sans le vouloir en évacuant un grand jet de sperme que j'étale, amusé, sur son corps. Il est tout ennuyé et je le console en lui disant que ça n'est pas grave et que j'ai passé un très bon moment. Nous nous rhabillons, nous prenons une douche, et Aleksander me propose d'aller boire un café. Nous allons à l'
Intercontinental, tout proche, et faisons connaissance. Aleksander est de Krasnoïark, une ville en plein milieu de la Sibérie. Il est parti de chez ses parents assez jeune pour aller vivre et étudier à Moscou et, il y a deux ans, il est venu à Dubaï afin de poursuivre ses études de business international qu'il finance en travaillant dans une boîte d'import-export. La discussion est agréable et alors que je le regarde partir dans la
Lexus typique des
Uber des Dubaï, je songe: Nous reverrons nous?
Le soir, mon nouveau patron a la gentillesse de m'emmener dîner chez
Nobu Dubai. Il passe me chercher à mon hôtel et nous allons dans sa
Jeep à la Palme, ou plus exactement à l'extrémité de la Palme, où se tient l'extravagant
Atlantis Hotel.
Nobu Dubai se tient dans un étage élevé, avec une décoration contemporaine impressionnante et une vue à couper le souffle sur La Palme et sur Dubaï. Malheureusement le contenu de l'assiette n'est guère à la hauteur. C'est bon sans plus et certainement pas à la hauteur du prix demandé.
Nobu reste un concept étonnant pour moi.
Nobu Tokyo est d'une médiocrité absolue après avoir longtemps été un restaurant étoilé. Pas un japonais n'y mettrait les pieds aujourd'hui. Le seul valant la peine est
Nobu Los Angeles, mais l'ancien restaurant, le premier créé par
Nobu dans les années 60 et encore dans son jus, à condition de bien choisir ce qu'on y mange. Y retournerai-je, comme dirait l'ami François Simon? Non!
23644ème jour
Dubaï le samedi
C'est mon premier week-end a Dubaï. Il fait tellement chaud que je n'ai guère envie d'explorer la ville. En guise d'exploration, je me contente de celle de
Grindr, que je consulte depuis la piscine réfrigérée dans laquelle je vais me rafraichir dès que la chaleur devient insupportable.
En début d'après midi je continue ma découverte des restaurants du
Guide Michelin de Dubaï en visitant cette fois ci
Il Borro Tuscan, un restaurant italien de l'hôtel
Medinat Jumeirah où j'avais dîné il y a une quinzaine d'années dans un merveilleux restaurant indien. Un peu comme
Coya il y a quelque jours, c'est bon, sans plus, et très cher. Le maître d'hôtel est un milanais tiré à quatre épingles avec qui j'ai plaisir à baragouiner en italien. Sur la carte il y a même du
Sgroppino!
Je fais un tour à
Mall of Emirates toujours aussi étrange avec sa piste de ski ridicule et je rentre à l'hôtel par un saut du métro aérien (ma première et probablement dernière expérience de ce métro lent et bondé) et par une longue marche à travers
Business Bay. Pendant ce temps,
Paris-Broadway est à Tokyo dans l'un de mes restaurants préférés au monde en train de déguster des sushis.
23643ème jour
Comment démarrer sa journée à la plage et la finir à l'Opéra de Dubai
Les gamins turbulents m'ont proposé de se retrouver à
Kite Beach à 7h30 du matin et bien sûr j'ai accepté. C'est une première pour moi que d'aller nager dans la mer avant d'aller travailler. Le matin, il fait un peu moins chaud (37 degrès quand même), il y a un beau soleil et moins de pollution que les jours précédents. On nage, eux en crawl, moi en brasse mais c'est vraiment très cool. On prend notre petit déjeuner à la terrasse d'une boutique de plage, on se change et on part au bureau.
L'après-midi, le chauffeur repasse me chercher. Il m'emmène cette fois ci dans un grand bâtiment au nord de Dubai pour que l'on prenne mes empreintes digitales afin d'obtenir ma carte de résident. J'arrive à un stand ou se tient un type avec la tenue emirati traditionnelle toute blanche. Il enfile des gants chirurgicaux (une image absurde de toucher rectal me passe par la tête) me saisit la main et l'applique assez fermement sur la vitre de l'appareil de prise d'empreintes, doigt par doigt, puis paume par paume, en appliquant assez fort, puis en tournant chaque doigt et chaque paume afin de prendre un peu l'empreinte du côté. Après chaque doigt, la lumière verte s'allumait et mon bourreau semblait satisfait.
Ce soir, je vivais aussi ma première expérience musicale du Moyen Orient avec Aïda à l'Opéra de Dubaï. L'Opéra se situe dans un beau bâtiment récent, juste à côté du Burj Khalifa. En arrivant, j'ai admiré les affiches des prochains concerts: Carla Bruni en Octobre, Richard Clayderman en novembre, ce qui donne une idée assez claire sur la qualité de la saison.
L'email accompagnant le billet indiquait de s'habiller élégamment mais j'avais opté pour un simple pantalon blanc et un tee shirt noir. Je me suis rapidement rendu compte que tout le monde était en costume et robe du soir. De plus il faisait un froid sibérien dans la salle. Avant que la musique en commence, ma voisine de gauche, une locale voilée tout en noir a saisi un flacon de parfum pour s'en asperger. Mes voisines de droite, deux vieilles russes ont papoté pendant la musique, l'une d'entre elles ayant la voix rauque d'un vieux moujik des steppes. Malgré mes
chhhttt insistants, rien n'y a fait, elles ont continué comme si de rien n'était. De nombreux spectateurs filmaient la représentation malgré les annonces d'interdiction. Des garde chiourmes les pointaient avec un faisceau laser pour les faire renoncer. Le pire était sur scène. Orchestre faible, chef moyen, solistes médiocres, sauf Aïda, tous venus de Varsovie pour l'occasion.
je suis parti au premier entracte.
23642ème jour
C'est pas le Pérou
A Dubai, tout va vite. Lors de mon installation à Hong Kong, il m'avait bien fallu trois mois avant de pouvoir ouvrir un compte à la
Hong Kong & Shanghai Bank of Commerce. Alors qu'ici, à Dubai, un type de la banque est venu deux jours après mon arrivée afin d'ouvrir dans la journée un compte en banque comprenant une carte de crédit plutôt haut de gamme. Je n'ai eu besoin que de mon passeport français pour finaliser toutes ces formalités.
Comme je l'ai évoqué plus tôt, je ne mange plus le soir depuis six mois et me contente d'un petit déjeuner désormais copieux et d'un déjeuner. Il y a peu de choix autour du bureau. Aussi ai-je décidé de me faire plaisir de temps à autres et aujourd'hui je suis allé au
Four Seasons de
Jumeirah qui héberge
Coya, un restaurant péruvien recommandé par le
Guide Michelin. Comme souvent dans les souvenirs que j'ai de Dubai, c'est bien mais très cher pour ce que c'est. D'ailleurs, le voisin de
Coya est
Nusr -Et, une succursale de
Nusret Gökce, cet escroc turc qui vend des steaks recouverts d'une feuille d'or qu'il sale majestueusement en renversant une salière sur son coude, devant des convives au palais de vache et totalement hébétés.
Dans l’après-midi, nous recevons une circulaire du gouvernement nous accordant genéreusement une journée de congés pour l'anniversaire du Prophète qui tombe cette année le 15 septembre, soit ce dimanche. "
Il ne fallait pas" m'écriai-je. Dois-je rappeler qu'on ne travaille plus le dimanche à Dubai depuis cinq ans...
Le soir, je visite mon premier appartement. Il est près du canal, les photos sont attrayantes. La réalité est moins agréable avec un papier peint hideux, une finition
quick and dirty et une vue sur le canal, avec entre les deux un terrain vague qui attend juste le gratte ciel qui le surmontera.
23641ème jour
Visite médicale à Dubaï
Cette fois ci, je passe la journée au bureau de Dubaï, au douzième étage d'une grande tour verte à l'architecture subtilement tourmentée. Je passe du temps avec l'équipe de nationalités variées avec un noyau dur de jeunes français turbulents et chahuteurs avec qui je m'entends immédiatement bien. Ce changement d'environnement renforce encore mon illusion d'être jeune, ce qui est une ivresse dangereuse.
L'après midi, le chauffeur repasse me chercher pour aller cette fois ci dans un immense centre médical de banlieue totalement vide. Et là, en quinze minutes chrono, je passe une visite médicale hyper rapide; prise de sang et radio des poumons. On ne peut pas obtenir de visa de travail à Dubaï si l'on est séropositif et il faut donc en passer par là.
Le soir, petit pincement au cœur car à Paris, commence le concert de rentrée de l'Orchestre de Paris et de Klaus Mäkelä. J'avais bien sûr mes billets pour cette
Eroica. Je les ai revendus la mort dans l'âme. C’est évidemment le gros côté négatif de cette nouvelle vie: le désert d'Arabie est aussi un désert musical.
23640ème jour
Sharjah II
Journée similaire à la précédente avec le malheureux chauffeur qui affronte quatre heures d'embouteillages pour finalement me conduire deux fois trente minutes de Dubai à Sharjah aller et retour. C'est fort heureusement la dernière fois. Toujours le même maelstrom de réunions et de nouveaux visages, ce qui est un supplice pour moi en raison de ma mauvaise mémoire des visages. je suis toujours dans la terreur de me présenter à quelqu'un auprès de qui je viens d'être introduit.
La réunion la plus amusante est celle avec le service marketing, avec à sa tête une libano-égyptienne jolie, souriante et maquillée et de son équipe composée de deux femmes austères voilées de noir.
Soirée repos à l'hôtel.
23639ème jour
Sharjah I
Le chauffeur revient me chercher ce matin. Le malheureux doit faire deux heures dans le trafic de Sharjah à Dubaï pour finalement retourner avec moi à Sharjah en trente minutes. Sur la route, on s'arrête dans un petit magasin de photographie tenu par une famille indienne. C'est amusant. On me tire le portrait afin de réaliser une photographie dont je ne sais pas encore qu'elle va me poursuivre partout: elle figurera sur le badge d'entreprise, mais aussi sur ma nouvelle carte d'identité et mon permis de conduire. J'ai bien fait de mettre un costume et une chemise blanche.
Le marathon de réunions d'introduction commence avec un meeting par heure, juste entrecoupé par un déjeuner avec deux collègues dans le restaurant libanais d'un Mall voisin.
Le soir un collègue m'entraîne au Dubaï Mall car il veut dîner dans un restaurant, là encore libanais. Fort heureusement, je ne dîne plus le soir depuis six mois, régime intermittent oblige et je me content d'un coca zéro. Nous admirons le geyser des fontaines dans la moiteur de la nuit et nous rentrons à l'hôtel en taxi.
23638ème jour
Dubaï
Moi qui mets rarement plus de quinze minutes à boucler une valise, il m'a bien fallu une heure pour préparer mes bagages pour ce départ sans retour. La balance du terminal 2E de Roissy m'a indiqué 25 kilos. Voyage calme alors que de fortes turbulences étaient annoncées au dessus des Alpes. Un chef de cabine attentionné qui accepte de faire une selfie avec moi afin de l'envoyer à
Paris-Broadway qui a voyagé avec lui sur un Paris New York il y a quelques semaines. "
Il était en 6A", me dit-il, démontrant ainsi une mémoire phénoménale.
Arrivée tardive dans la soirée. Un chauffeur est là avec un petit panneau à mon nom. Ils nous emmène à toute vitesse au milieu des gratte ciel dantesques dans la nuit dubaïote.
On arrive à l'hôtel un peu incongru dans son style suisse et son arôme de cannelle largement diffusé dans le hall.
Je découvre ma chambre pour les deux semaines à venir, avant de trouver un logement plus stable.
Je sors afin de trouver deux bouteilles que j'utilise comme haltères pour mon yoga lorsque je suis en déplacement. Dans une petite boutique improbable, je trouve des bouteilles d'un
Sprite local d'une contenance de 2,26 litres d'une couleur fluo que je ne boirai probablement jamais.
Avant de dormir, je contemple la ligne d'horizon et sa fascinante lèpre urbaine multicolore.
23637ème jour
Nouveau départ
Voila plus de dix ans que je n'avais ouvert ces pages. Dix ans... Près de quatre mille jours... J'ai eu du mal à retrouver le mot de passe permettant de poster et il m'est soudain revenu, comme une fulgurance. Que d'instants vécus dont j'ai parfois regretté de ne pas les ajouter ici afin de m'en souvenir.
L'un des derniers posts concernait la mort de Claudio Abbado dont j'ai depuis visité la petite urne funéraire à Sils Engadin et tout récemment, le mois dernier, j'ai même passé une nuit dans la chambre où il est mort, dans le pigeonnier du palais de Bologne où il avait posé ses partitions.
Dix années pendant lesquelles j'ai perdu mon ami HLG, puis, plus récemment, mes deux parents.
Dix années de voyages pendant lesquels j'ai découvert l'Australie, la Nouvelle Zélande, la Mongolie, l'Afrique du Sud, Surabaya, Vladivostok et surtout le Japon dont je suis tombé éperdument amoureux et que j'ai parcouru en tous sens. Et Hong Kong bien sûr qui a été ma maison pendant plus de trois ans et où je me sentirai désormais toujours un peu chez moi.
Et puis cette passion platonique avec Jef qui fut un compagnon de voyage merveilleux pour des départs heureux vers tant de pays lointains.
Aujourd'hui, j'ai revu la petite fille du compositeur bien aimé. Je suis allé la chercher gare de Lyon, nous avons déjeuné au Train bleu et nous avons assisté à un concert d'après la musique de son grand-père. Un concert un peu maladroit avec des passages cependant émouvants, notamment lorsque des enfants ont chanté le passage si difficile du Pavillon de porcelaine. Chantaient-ils en français ou en allemand? Comprenaient-ils même ce qu'ils chantaient? Peu importe. Puis est venu
Der Abschied et le Finale de cet Adieu qui dans la nuit bleutée de Royaumont, m'a rappelé le fait que demain est un nouveau départ pour de nouvelles aventures, une nouvelle vie et une nouvelle envie de partager ici l'écume des jours.
Go!