18942ème jour
Edouard I
Passage très bref au travail en ce jour où tout le monde fait le pont. Je reçois mon caban
Firetrap qui s’avère être exactement à la bonne taille, à mon grand soulagement.
Je passe une bonne partie de la soirée à bavarder sur
skype avec Edouard un garçon de Lille qui s’avère être adorable. Comme il se dandine devant son ordinateur, je lui demande ce qu’il écoute et je découvre
Fosterthepeople, le groupe californien de rock à la mode. Tout excité, je vais sur le champ au
Virgin Megastore acheter leur CD.
18941ème jour
Beethoven par le Gewandhausorchester et Riccardo Chailly
Ce matin, je dois m’occuper de Vitalii et je l’emmène pour une promenade sur les Champs Elysées. Comme il n’a pas faim (et que moi j’ai très faim) je le dépose (cette fois ci définitivement) devant le musée d’Orsay avec la même mission que la veille.
Dans l’après-midi, je vais salle Pleyel pour l’avant dernier concert
du Gewandhausorchester de passage à Paris pour une intégrale des symphonies de Beethoven.
L’interprétation de Riccardo Chailly a beaucoup fait parler d’elle à l’occasion de sortie de l’enregistrement chez
Decca et en effet elle est étonnante, extrêmement rapide, contrastée, nerveuse. La
Quatrième est jouée plus comme le chaînon manquant entre la
Troisième et la
Cinquième que comme une symphonie paire. La
Sixième quant à elle est superbe, à la fois poétique et chantante. Entre les deux symphonies, une œuvre de Bruno Mantovani très orientée vers les percussions et le rythme. Le compositeur est d’ailleurs dans la salle et, depuis l’arrière-scène, je le vois de face et je n’ai jamais vu compositeur ayant l’air d’autant s’ennuyer à l’écoute de l’une de ses propres œuvres. Bruno Mantovani montera sur scène pour saluer avec Chailly. Il montre un air parfaitement benêt et il a incroyablement grossi, son pantalon ne pouvant plus contenir son énorme bedaine. L’effet des subventions et du succès probablement.
18940ème jour
Vitalii II
Je récupère Vitalii gare de Lyon et je me rends compte immédiatement que cela ne collera pas. Il est gentil, plutôt discret mais a vraiment peu de conversation. Ses traits anguleux et ses cheveux longs (le garçon du café Beaubourg qui ne l’a vu que de dos l’appellera
Madame, créant une certaine gêne à table) parviennent assez rapidement à m’énerver et après l’avoir promené pendant plusieurs heures rive droite et rive gauche, je le laisserai dans l’après midi devant le Louvre avec pour mission de le visiter le plus longtemps possible. De lassitude, j’annulerai le numéro trois Fabien, et le numéro quatre s’annulera de lui-même, ce qui me va très bien.
Je récupèrerai Vitalii le soir après sa promenade sur les bateaux mouche et il passera une nuit très sage chez moi, dans un autre lit.
18939ème jour
Le week end des quatre garçons
A huit heures, mon avocat passe me chercher à mon hôtel et je retourne à Silivri dans une belle Mercedes avec chauffeur. C’est nettement plus agréable que la veille.
Après une journée de travail, le chauffeur me ramène à
Ataturk bizarrement vide en ce vendredi de veille de fête nationale. Dans l’avion, un
Airbus flambant neuf de
Turkish Airlines, je me prépare à passer un week-end un peu étrange puisqu’étant pour une fois seul à Paris et tenant compte des lapins habituels que posent les garçons, j’ai proposé à quatre d’entre eux de se voir. Il y a
Vitalii, le biélorusse de Clermont-Ferrand qui m’a confirmé à la dernière minute qu’il vient me voir et qu’il logerait même chez moi. Il y a Choco (oui, je sais, un surnom un peu ridicule), qui vient lui aussi passer le week-end à Paris et qui heureusement a son propre hébergement. Il y a Fabien, un garçon de Boulogne-sur-Mer qui a quitté sa famille et se retrouve en galère à Paris et voudrait que je l’héberge à plein temps. Et puis il y a Alexandre, un garçon des beaux quartiers, très BCBG et un peu en recherche de papa et qui accepte de prendre un verre avec moi dès mon retour d'Istanbul.
Le marathon commence (mal) dès mon arrivée avec Alexandre, que je récupère directement après l’aéroport en bas de chez lui boulevard Exelmans et qui s’avèrera être un ex-junkie complètement hystérique. Deux cocktails du bar du
Murano plus tard je le déposerai avec soulagement en bas de chez lui. Alors que je rentre chez moi, je découvre que j’ai raté à la fois la livraison de ma nouvelle
freebox et celle de mon caban
Firetrap.
18938ème jour
Paris Istanbul
Pour la troisième fois en trois semaines, je prends le vol de 8h00 de
Turkish Airlines pour Istanbul. A
Ataturk, les contrôles de passeport sont tellement bondés de monde qu’il me faut quarante minutes pour rejoindre la file de taxi. Le chauffeur me fait choisir entre la
Motorway et l’
Highway. Je choisis l’
Highway pour aller plus vite, mais bizarrement, il prend la
Motorway qui est une quatre voies qui longe la mer. Le trafic est fluide et j’arrive à Silivri pour vingt livres turques de moins que prévu.
Le soir, après une journée de travail, mon client me ramène à Istanbul et m’invite à dîner dans un restaurant de
Levent où tous les convives trépignent en regardant le match de
Besiktas contre
Fernabace. A chaque but la moitié de ma salle se lève en hurlant tandis que le regard de l’autre moitié s’obscurcit.
18937ème jour
Firetrap
Passé douze heures d’affilée dans une salle de réunion où il faisait tellement chaud que de temps à autres, nous mettions en route la climatisation qui transformait aussitôt la pièce en véritable glacière. Seule ma résistance physique m’a permis de tenir jusqu’au dîner, très agréable, chez
Karl et Erik.
En rentrant chez moi, je me balade sur internet, découvre un très beau
caban anglais de la marque
Firetrap non commercialisé en France et après quelques hésitations et une mesure de mon thorax (107 cm), je me décide à le commander sur internet.
18936ème jour
MÔM
Je sors tard du bureau, vers 20h30 et j’arrive très en retard au dîner que j’ai organisé pour une douzaine de collègues chez
MÔM. Vers 23h30, en sortant du restaurant, je suis à deux doigts d’aller à Athis-Mons pour chercher Fabien, un garçon inconnu qui a besoin d’un hébergement d’urgence mais ma journée du lendemain est tellement dure que je préfère sagement me reposer chez moi.
18935ème jour
Leander et Charles
Journée de travail banale hantée par deux souvenirs.
Je reçois une invitation de lien
LinkedIn de la part de Leander puis, après un message échangé avec lui, je comprends qu’il s’agit d’une invitation automatique envoyée à tous ses contacts. Bien qu’il m’explique être encore un peu honteux de la
façon brutale dont il avait cessé de communiquer avec moi il y a un an, je ne donne pas suite.
Et puis mon
iPhone me fait me souvenir de Charles dont c’est l’anniversaire aujourd’hui. J’ai toujours gardé une tendresse pour lui et je lui envoie un SMS. Je ne reçois pas de réponse. Il est probable qu’il ait changé de numéro mais je ne peux m’empêcher d’imaginer que sa santé fragile ait eu pour lui quelque conséquence.
18934ème jour
Mes promenades avec HL
Cela devient presque une habitude, je passe chercher HL chez lui à 9h30 et nous partons promener son chien
Tempo, cette fois-ci au bois de Boulogne. Nous sommes accompagnés par une étudiante en musicologie serbe qui fait une thèse sur Mahler et l’Italie.
Petite frayeur dans le bois alors que le chien s’est éloigné et ne revient plus.
Déjeuner chez
Ly.
18933ème jour
Drive
Déjeuner avec ma plus jeune fille à la
Pizzetta piu grande rue Caulaincourt. Puis, après une promenade à Montmartre, nous allons voir
Drive au
Pathé Wepler. C’est un excellent film noir dont le personnage taciturne et efficace me fait penser à celui d’Alain Delon dans
Le Samourai.
18932ème jour
Istanbul Zurich Paris
Le vol
Turkish Airlines d’Istanbul atterrit à Zurich à 9h45 et j’étais censé attraper le train de Neuchâtel de 10h10. Le pari était risqué, d’autant plus que le débarquement s’est fait en bus, pour le terminal E, à l’autre bout de l’aéroport. J’ai donc du courir avec ma valise vers le petit train qui emmène les voyageurs au terminal principal, passer la douane avant tout le monde, prendre les escalators qui mènent à la gare et croyez moi si vous le voulez, je suis entré dans le train à 10h09.
Déjeuner à Olten dans un restaurant de la
Frohburgstraße.
Train pour Zurich.
Zurich Paris.
18931ème jour
Silivri
Journée de travail à Silivri. C’est Ali, mon client devenu ami qui m’y emmène et me ramène le soir.
18930ème jour
Paris Istanbul
Retour à Istanbul, cette fois-ci avec mon boss. Nous travaillons toute la journée à l’hôtel avec un client et je les emmène dîner à
Sultanhammet, à l’hôtel
Armada qui me rappelle le souvenir de
Daniel le brasilo-israélien, et dont le restaurant a une vue étonnante avec d’un côté la mer de Marmara et de l’autre les minarets de la mosquée bleue. Dans le lobby de l’hôtel, il y a toujours une fontaine dans laquelle une quinzaine de tortues passent leurs journées et leurs nuits à forniquer. De retour à l’hôtel, je suis tellement fatigué que je m’endors la lumière allumée.
18929ème jour
Senderens
Je n’avais pas été au
Lucas Carton depuis un déjeuner avec un client pour célébrer une belle affaire. C’était il y a plus de vingt ans. Alain Senderens a maintenant soixante et onze ans. Tout le monde sait qu’il a abandonné ses étoiles pour une cuisine plus simple. On trouve sur internet de nombreux témoignages de clients mécontents de sa nouvelle formule et qui crient à l’arnaque.
Moi et mes clients en sommes sortis ce soir absolument ravis.
18928ème jour
Baptiste
Sur un coup de tête, je pars au Blanc Mesnil chercher Baptiste, un garçon qui s’avère être absolument affreux avec une bouche molle et informe qu’il avait soigneusement dissimulée derrière son appareil photo, sur la photographie qu’il m’avait montrée. Il est par ailleurs clairement trop jeune et j’ai songé quelques instants à le ramener chez lui après un simple tour de pâté de maisons, mais j’ai eu pitié et je l’ai emmené dîner dans un
restaurant italien de la rue Caulaincourt dont j’avais lu la critique le jour même.
Pendant le dîner, ma sœur me prévient que A. a eu une occlusion intestinale peu après notre retour de Munich et qu’elle va sans doute se faire opérer.
Je ramène Baptiste chez lui et je rentre à Paris en prenant régulièrement des nouvelles de A.
18927ème jour
Munich Paris Fabio
Nous rentrons de Munich en début d’après-midi, déjeunons avec une de mes filles au
Café di Roma, puis nous déposons A. à la gare de Lyon pour son train de retour en Auvergne, après un week-end qui, je l’espère ne l’aura pas trop fatiguée.
Le soir, je dîne au
café Marly avec Fabio, un romain de passage à Paris. Il adore Paris, y a fait un stage au printemps et espère s’en trouver un autre. Il a une grande bouche un peu carnassière, un cou de taureau et un très beau sourire.
18926ème jour
Un zeste d'Autriche
Nous avons récupéré à la gare une belle BMW Série 5 et nous sommes partis en direction de l’Autriche. Sur la route il faisait gris, mais le paysage bavarois était magnifique et le ciel s’est éclairci dès que nous avons passé la frontière. Après un pèlerinage sur la tombe de Karajan à Anif, nous avons déjeuné au
Peterstiftskeller que HL m’avait fait découvrir l’an passé et nous avons bien sûr choisi comme dessert le
Salzburger Nockerln. Nous avons repris la route pour l’
Attersee afin d’effectuer un petit pèlerinage au plus ancien des
Haüschen qui était superbe avec ses murs blancs, sous le soleil incroyablement bleu du
Salzkammergut. Après une escale à Bad Ischl, nous sommes retournés à Salzbourg pour un récital de piano très court de la pianiste russe Nadja Rubanenko. Au programme, deux sonates de Mozart (K311 et K 576) et l’Andante K540. Beaucoup de fausses notes sur un piano un rien ingrat mais l’esprit était fort mozartien et avec l’âge, j’aime de plus en plus ces sonates que j’ai découvertes par l’enregistrement
Erato de Maria João Pirès, lorsque j’avais quinze ans.
Retour à Munich dans la nuit, avec des pointes de vitesse très amusantes jusqu’à 225 km/h. A. somnole.
18925ème jour
La Huitième par Mariss Jansons et l'orchestre de la Radio bavaroise
A. a un peu de mal a marcher; aussi nous nous sommes contentés d’une courte promenade dans le centre près de la
Marienplatz et d’un déjeuner à l’
Augustiner Keller, celui qui se trouve dans le quartier piéton, dans une vieille maison épargnée par la guerre et où j’ai mes habitudes depuis au moins vingt cinq ans.
L’après-midi, je me suis donc promené seul dans le centre, je suis retourné au
Saturn près de la
Hauptbahnhof et j’ai découvert
Ludwig Beck, le meilleur disquaire de la ville. Comme je n’avais pas grand-chose à faire, je suis allé chez
Lippert's, un coiffeur à la fois très branché et très allemand qui m’a coûté une fortune, mais désormais, Munich rejoint Clermont-Ferrand, Paris, Istanbul, Chicago, Prague, Lucerne, New York, Amsterdam et Cuernavaca, la liste des villes exotiques où je suis allé chez le coiffeur. Le soir, nous reprenons nos habitudes de la veille et nous prenons un taxi pour la
Gasteig Philharmonie pour notre seconde
Huitième. J’avais repéré la veille à un stand qu’en échange d’un bon, les abonnés de la
Philharmonie pouvaient récupérer un double CD en série limitée de la
Troisième Symphonie enregistrée l’an passé. J’avais tenté ma chance pour en récupérer un, mais sans succès. Aujourd’hui j’essaye de proposer aux abonnés qui ont plusieurs bons, et donc plusieurs CD, de le leur racheter. L’air ahuri, voire choqué de certains, est à mourir de rire. Après plusieurs échecs, une dame charmante, qui repart avec cinq exemplaires du CD, m’en offre très gentiment un. Comme je raconte mon aventure à A. celle-ci a bien sûr envie de son CD et elle se plante devant le stand et explique en français qu’elle voudrait vraiment avoir le CD et elle ne bouge plus. De guerre lasse, les distributeurs de CD lui en donnent un en souriant devant tant de candeur.
Interprétation aussi belle que la veille et nouveau triomphe du public munichois pour son chef et son orchestre, peut être en souvenir de la création de la
Huitième, cent un ans plus tôt.
Nous dînons dans un restaurant à côté de l’hôtel avec une
Rindsuppe et de délicieux
Kaiserschmarren.
18924ème jour
Pèlerinage sur le lieu de création de la Huitième Symphonie
Nous sommes partis dans la matinée pour Munich, avons pris le train pour la
Hauptbahnhof, déposé nos bagages à l’hôtel tout proche et nous avons aussitôt rejoint HL à son hôtel près de la
Gasteig Philharmonie. A ma grande surprise, HL n’est pas là, il est bien arrivé à Munich la veille mais il n’est pas à son hôtel et reste introuvable. Nous partons donc sans lui à la
Musikfesthalle où la conservatrice nous attend pour la visite de l’immense hall où Mahler a dirigé à quatre reprises (deux répétitions et deux concerts) la
Huitième Symphonie en septembre 1910. Finalement, HL donnera signe de vie et arrivera en taxi avec une demi heure de retard.
La
Musikfesthalle est un ensemble de hangars qui ont la même allure et ont été construits au début du vingtième siècle. Faits de béton et d’acier, ils étaient alors la plus haute voute sans pilier du monde, une sorte de CNIT rectangulaire et avant l’heure. L’ensemble a fait l’objet d’une restauration très soigneuse il y a une dizaine d’années, chaque pièce ayant été démontée nettoyée et remontée. Très bizarrement, le hall 1 avait à sa création une vocation musicale puisque on y avait installé en son centre un orgue monumental qui coupait l’espace en une salle proprement dite et les coulisses. La hauteur vertigineuse des lieux inquiétait Mahler qui doutait, sans doute à juste titre, de la qualité de l’acoustique. C’est ainsi que pendant les répétitions, la salle a été
remplie de soldats placés ici pour tester la qualité du son lorsque la salle serait occupée. Une photo immortalise cette bien étrange assistance en uniforme.
C’est donc avec beaucoup d’émotion qu’HL et moi avons découvert cet endroit mythique, transformé aujourd’hui en
musée des moyens de locomotion et où l’on voit des véhicules de toutes sortes, voitures, autobus et trains.
HL avait ses billets pour le concert du soir et moi pour le lendemain mais j’ai décidé de tenter ma chance avec un petit panneau
Suche 2 Karten. Alors que A. m’attendait au chaud, j’ai bravé le froid bavarois pour tenter d’acheter deux billets à des spectateurs. Nous étions une dizaine à tenter notre chance pour ce concert hyper complet et chaque fois qu’un spectateur montrait qu’il avait un billet à vendre, une mini émeute s’organisait autour de lui pour acheter le précieux sésame. Je ne sais si cela est du à l’élégance de mon
Tracht viennois et de ma chemise à col cassé, mais un couple charmant est venu directement et discrètement vers moi pour me proposer deux très bonnes places au prix normal. J’étais ravi.
Nous avons donc pu assister une première fois à cette
Huitième dirigée par Mariss Jansons, dans la ville où elle fut crée cent et une années plus tôt. L’acoustique un peu ingrate de la
Gasteig Philharmonie a laissé résonner les forces colossales de cette
Huitième très réussie, proche de
celle d’Amsterdam également dirigée par Jansons le 6 mars dernier.
Nous avons dîné à l’immense
Augustiner Keller qui se trouve un peu au-delà de la
Hauptbahnhof de petites saucisses bavaroises et de deux grandes bières derrière lesquelles j’ai eu le plaisir de photographier A. souriante et ravie de sa soirée.
18923ème jour
Départ
En fin de journée, je vais chercher A. gare de Lyon. Je l’ai invitée à passer avec moi un week-end à Munich, cadeau de ses quatre-vingts ans. Elle est ravie et je suis heureux de lui faire plaisir. Nous dînons chez
Ly avec l’une de mes filles avant de rentrer dormir chez moi.
18922ème jour
Mittel Europa
Déjeuner très international avec des collègues européens de passage à paris : deux roumains, deux tchèques, une hongroise et une grecque.
18921ème jour
Pas grand chose
Après un déjeuner avec une collègue grecque adorable et une journée bien remplie, je croise un collègue américain sur le parking du bureau. Il est vingt heures trente et nous débattons des horaires de travail parisiens et de ceux en vigueur aux Etats-Unis, avant de nous quitter.
18920ème jour
Restless
Après un déjeuner à
L’Entrecôte de la rue Marbeuf avec deux de mes filles, nous passons chercher HL chez lui car nous avons décidé d’aller voir ensemble
Restless, le nouveau film de Gus van Sant, fort décevant, qui raconte l’histoire de deux adolescents un peu morbides et fascinés par la mort et les enterrements. Je sens HL qui s’agite à côté de moi et qui aimerait partir. Nous resterons finalement jusqu’au bout et je le consolerai avec deux douzaines d’huîtres chez
Ganier.
18919ème jour
Mozart et Bruckner par l’orchestre du festival de Lucerne et Claudio Abbado
Au réveil, je lis dans
Le Monde cette histoire moscovite amusante:
- Maître Corbeau, vous votez pour Poutine?
- Oui...oups, mon fromage!
- Et tu crois que si tu avais dit non, ça aurait changé quelque chose ?, rétorque le Renard.
Après une matinée bien arrosée dans les caves
Patriarche de Beaune et après un déjeuner assez arrosé lui aussi, j’ai commis l’imprudence de rentrer à Paris en voiture sans trop faire attention aux limitations de vitesse. Les gendarmes très courtois m’ont verbalisé et heureusement ne m’ont pas soumis à l’alcotest.
En arrivant sur Paris, je passe directement récupérer Christophe sur la jolie petite place de l'abbé Georges Hénocque que je ne connaissais pas encore. Christophe est un garçon belge qui fait des études de droit à Paris. Il est très grand et a d’immenses yeux que je trouvais très attirants en photo mais qui s’avèreront être limite globuleux. Nous passons chez moi, le temps pour moi de prendre une douche et d’enfiler un costume et nous partons ensemble à
Pleyel pour le concert Abbado. Comme (i),je n’avais qu’une seule place, (ii) j’avais invité Christophe sur un coup de tête, (iii) je voulais être assis à côté de lui, j’avais acheté deux places supplémentaires, persuadé que je revendrais ma première place facilement. J’avais tort. En raison d’une annulation massive (difficile d’imaginer pourquoi) plus de cent places étaient revenues et étaient mises en vente trente euros juste avant le concert. Une vraie aubaine pour un concert Abbado. Malgré l’immense file d’attente, tous ceux qui ont tenté leur chance ont eu leur place et je suis resté comme un idiot avec la mienne. La petite drague m’aura couté deux cents euros. Tant pis pour moi.
Sans être aussi exceptionnel que l’an passé, le concert de l’orchestre du festival de Lucerne était exceptionnel. La symphonie
Haffner était à la fois souriante, souple, avec une pointe d’humour et surtout, jouée avec un unisson qui tenait de l’exceptionnel. Quels musiciens, mais quels musiciens ! Nous étions placés en arrière scène et je suis de plus en plus persuadé que ce sont les meilleures places de Pleyel du point de vue de l’acoustique, à condition bien sûr qu’il n’y ait pas de chant. La
Cinquième de Bruckner a beau être assez ennuyeuse et terriblement répétitive, Claudio Abbado, toujours aussi heureux lorsqu’il dirige nous a absolument ébloui par sa vision de l’œuvre, en y accentuant les contrastes jusqu’à la limite. La salle a fait un triomphe à l’orchestre et à son chef.
Dîner avec Christophe à la
brasserie Lorraine avant que je ne le dépose chez lui.
18918ème jour
Istanbul Roissy Beaune
J’ai passé la matinée à montrer le quartier de
Sultanhammet à un collègue qui est dèjà venu une vingtaine de fois à Istanbul et qui bizarrement, n’avait jamais visité Sainte Sophie.
Je reprends même vol de 13h45 que le vendredi précédent. Alors que nous attendons l’embarquement dans le très beau salon Turkish Airlines de l’aéroport Ataturk, nous découvrons un étrange phénomène : des voutes blanches ont été installées au dessus certaines tables du salon. Ces voutes créent un étrange phénomène de point focal, permettant à deux personnes de discuter à distance alors qu’elles ne font que murmurer, un peu comme dans les salles en voute ellipsoïdales de l’abbaye de La Chaise Dieu qui servaient, dit-on, à confesser les lépreux.
A peine arrivé à Paris que je prends le volant pour le Clos Vougeot où je subis la soirée la plus épouvantable de ma vie professionnelle qui heureusement, n’a lieu que tous les deux ans et à laquelle je croyais avoir échappé pour toujours.
18917ème jour
Paris Istanbul
Lever un peu avant six heures pour attraper le vol
Turkish Airlines de huit heures. J'ai bien dormi dans l’avion, il parait même que j’ai un peu ronflé.
Déjeuner avec un collègue et un client chez
Tike, un excellent restaurant qui appartient à une chaîne turque et qui a des succursales à Kiev, à Tel Aviv et même à Athènes.
Réunions jusqu’à très tard à Silivri.
Discussions avec un anglais de
grindr qui comme souvent, disparaît subitement.
18916ème jour
Madrid Paris SH
Petit déjeuner au même endroit que la veille.
Déjeuner dans un restaurant étrange de la banlieue de Madrid où les propriétaires ont fait installer dans le jardin des statues grandeur nature à leur effigie.
Dans l’après-midi, je propose à Christophe, un garçon belge et bientôt avocat, de se rendre avec moi au concert Abbado de samedi.
A peine rentré sur Paris et le temps d’une douche, je retrouve SH devant le magasin Vuitton des Champs Elysées. J’avais passé beaucoup de temps avec SH il y a presque trois ans, de
Paris à
Berlin et
Venise. On se retrouve avec plaisir, on dîne au café Marly et je le dépose en bas de chez lui, à deux pas de chez G, et je rentre chez moi pour une nuit de trois heures.
18915ème jour
Madrid
Comme d’habitude à Madrid, un petit déjeuner sur la
Plaza Santa Ana où le jus d’orange est très bon, le croissant trop gros et les serveuses latino peu aimables.
Journée de réunions en banlieue de Madrid.
Déjeuner dans un bistro avec quelques tranches de jambon bien moyennes pour l’Espagne.
Mon collègue me ramène dans le centre. Il est invité à une visite privée du musée de la Reine Sofia mais je me sens un peu fiévreux je ne l’accompagne pas. J’apprends que c’est dans ce musée que ce trouve
Guernica et
Wikipedia m’apprend cette histoire un peu trop belle pour être vraie. Pendant la guerre, alors que Otto Abetz, l'ambassadeur allemand à Paris interroge Picasso au sujet de Guernica (le tableau se trouvait alors aux Etats-Unis) et lui dit : "
C’est vous qui avez fait ça ?" et Picasso lui aurait répondu : "
Non, c’est vous !"
Dîner à l’hôtel.
18914ème jour
Paris Madrid
En fin d’après-midi j’embarque dans le vol de Madrid. Quelque minutes plus tard, le commandant, la mine déconfite, informe tous les passagers que nous devons quitter l’avion en raison d’un problème technique. Comme il s’agit d’un vol
easyJet, je me prépare à une attente sans fin et regarde même les horaires des vols Air France, mais en à peine plus d’une heure plus tard,
easyJet nous trouve un avion de remplacement.
J’arrive à Madrid, je retrouve avec plaisir mon petit hôtel à deux pas de la
Plaza de Santa Ana. Je retrouve aussi sur
Grindr un garçon du quartier qui, hélas, comme à l’habitude, est plus intéressé par la discussion virtuelle que par une vraie rencontre.
18913ème jour
Versailles
Le matin, je suis parti avec HLG et son nouveau chien, pour une promenade dans les jardins du château de Versailles. Au programme de notre discussion qui s’est prolongée chez
Ly : Sa prochaine conférence à Marrakech, l’avancement du premier volume, Idil Biret, Bruckner dont, d’après Eliahu Inbal, le côté répétitif de la musique a quelque chose à voir avec la litanie de la prière, les thèmes de la
Troisième, de la
Cinquième et de la
Septième Symphonies (toujours de Bruckner),
Senso, la Meier qu’il adore et la von Otter qu’il exècre, le nouvel enregistrement de
Fidelio par Claudio Abbado qui dirigera la
Huitième à Lucerne l’été prochain, notre prochain séjour à Munich pour une autre
Huitième, la santé de Boulez, la simplicité de Berio et la frime de Stockhausen qui avait peur de faire de la plongée sous-marine, de peur que «
l’Allemagne ne perde son plus grand compositeur », la prochaine exposition des œuvres d’Anna Mahler à Vienne, l’arrière petite fille de Mahler qui attend un enfant, son premier descendant mâle, et bien d’autres choses encore...
Passé mon après-midi à faire de la place sur mes étagères de CD (j’ai honte).
18912ème jour
Newson & Obaldia
A quinze heures, je me rends au théâtre de la ville pour le nouveau spectacle de DV8, la compagnie britannique de Lloyd Newson, dont j’avais tant aimé le spectacle
Just for show. Le spectacle qui nous est donné ce soir est hélas un galimatias politique, une série de messages, de citations ou d’interviews de personnages divers et variés au sujet de l’Islam et de l’Islamisme. Cela va d’un directeur d’école à un imam et passant par des journalistes ou David Cameron. L’ensemble de ces textes sont dits en direct pat les danseurs, ce qui est à la fois une prouesse (allez donc danser en parlant de façon naturelle) et l’origine de tous les problèmes. Quel est en effet l’intérêt de cette juxtaposition artificielle? Je suis reparti dès le début des applaudissements.
En fin de journée je retourne au
théâtre du Ranelagh pour un troisième spectacle du festival Obaldia intitulé
L’Amour à trois. Ce titre m’intriguait car je n’avais jamais entendu parler de cette pièce. Il s’agit en fait d’une pièce récente de René de Obaldia,
Pour ses beaux yeux, créée en 1998 au
Théâtre 13 et dont la fin a été légèrement transformée pour que l’action puisse se poursuivre de façon unie en l’un des impromptus les plus célèbres de Obaldia :
Le Grand Vizir. L’ensemble est curieusement assez cohérent et est brillamment supporté par les comédiens Michèle Boudet, Pierre Forest et Thomas Le Douarec, tous trois excellents. Rentré chez moi, j’ai parcouru rapidement les deux pièces dans leur texte original, pour m’apercevoir qu’il y a eu de très nombreux changements dans le texte, sans doute pour le rendre un peu plus actuel.