Où je me retrouve copilote de bus au milieu des vignes
Retour en Bourgogne, deux ans plus tard, pour un week-end similaire au précédent. Nous arrivons dans des TGV et sommes pris en charge par des bus qui nous accompagnent à nos hôtels autour de Dijon. Au bout de trois arrêts, le chauffeur, la soixantaine bien tassée et des grosses lunettes, nous annonce qu'il a besoin de faire demi tour. Mais il n'est pas facile de faire demi-tour sur une route Nationale, avec un bus de soixante places. Il avance toujours plus loin, raconte au téléphone à un interlocuteur inconnu avec son accent rocailleux que
c'est vraiment la merde, kia pas moyen de faire demi tour dans ce bordel. Au bout d'une vingtaine de kilomètres, il y parvient. Nous arrivons à un hôtel, tout le monde descend. Je me retrouve seul dans le bus et m'installe donc à côté du chauffeur.
- Je ne sais pas où est votre hôtel, me dit-il
- Moi non plus! ai-je répondu amusé.
- On va pas retourner à Dijon. Doit y avoir moyen de couper par les petites routes...
Et nous voilà partis. Quelques kilomètres plus loin, Papy Mougeot s'arrête à un carrefour, met les warnings, descend du bus et traverse la route pour aller lire les panneaux qu'il ne parvenait pas à déchiffrer de son siège.
- Vous avez une carte? lui ai-je demandé
J'ai ouvert la carte, il a regardé avec moi.
- C'est où Dijon? a-t-il demandé alors qu'on ne voyait guère que celà au milieu de la carte.
Je lui ai suggéré de reprendre le volant et je l'ai guidé sur les petites routes départementales au milieu des vignes. Au bout d'une vingtaine de minutes, il m'a enfin déposé à mon hôtel. Nous étions devenus les meilleurs amis du monde.