Sor, Beethoven, Haydn et Brahms par l'orchestre de Barcelone
Retour à l'Auditori pour un concert dirigé par
Paul Goodwin et consacré à des oeuvres de la fin du XVIIIème siècle et aux variations sur un thème de Haydn de Brahms. Le concert démarre par une oeuvre de Fernando Sor, compositeur né à Barcelone dont je ne connaissais guère que le nom, qui était également chanteur et guitariste et qui est mort à Paris le 8 juillet 1839 et enterré au cimetière de Montmartre. La
Troisième Symphonie interprétée ce soir est une oeuvre de neuf minutes, plutôt agréable à écouter, et dont l'inspiration se rapproche des oeuvres de jeunesse de Rossini ou des symphonies à cordes de Mendelssohn. Suivait le
Deuxième Concerto pour piano de Beethoven, sans doute le moins aimé des cinq, dans une belle interprétation d'Alexei Volodin, en particulier dans la fin du mouvement lent, amené vers une perspective presque statique, dans un pianissimo d'une subtilité et d'une beauté magnifiques. Après l'entracte, Paul Goodwin dirige la 99ème symphonie de Haydn, univers dans lequel il semble particulièrement à l'aise. Cette symphonie pourrait elle aussi s'appeler
La surprise tant Haydn se délecte à y insérer des passages inattendus, comme l'ouverture avec ses timbales tonitruantes, ou la fausse fin dans le finale. Le concert se terminait avec les fameuses variations sur un thème de que j'ai eu beaucoup de plaisir à entendre pour la première fois en concert. Paul Goodwin les a hélas entrainées plus près de Haydn que de Brahms, avec des cordes sans vibrato et un son un peu fragile, manquant du gras et de la profondeur qui sont habituellement la marque de Brahms.
Un des aspects amusants de ce concert était l'attitude du chef. Paul Goodwin, ancien hautboïste de l'Academy of Ancient Music, prend un plaisir manifeste à son nouveau métier de chef, et il le montre. Dirigeant sans baguette, il sourit en permanence, abuse de grands gestes théâtraux censés impressionner le public mais sans doute bien peu efficaces pour la plupart. Sa très haute taille (probablement deux mètres) et sa maigreur sont accentués par sa longue redingote noir ras du cou. Il sautille en dirigeant, tentant de dégager une energie pas toujours communicative. Il salue le public en mettant sa longue silhouette à angle droit, mais le plus amusant est sa façon de faire lever les musiciens pour les saluts. Il a un premier geste de préparation du genre "
vous allez voir, je vais y arriver!" puis lance ses grands bras vers le haut, comme un prestidigateur qui va faire apparaitre des lapins dans quatre vingt chapeaux. Et il est si content d'y être parvenu que le public aurait mauvaise grâce de ne pas l'applaudir.