Tchaikowski par Vladimir Ashkenazy, le Philharmonia Orchestra et Evgeny Kissin au Théâtre des Champs Elysées
Le premier de mes trois concerts
Philharmonia – Ashkenazy – Tchaikowsky de la semaine me permet de vérifier que le public du
Théâtre des Champs-Elyséees est l’un des pires au monde. Dans l’ordre, j’aurai supporté ma voisine de gauche qui parle tout le temps et très fort et pour raconter des inepties, cette même voisine qui fait
chuuuut très bruyamment quand les autres parlent et qui râle parce que son voisin de devant bouge trop la tête à son goût, ma voisine de droite qui râle parce que ma voisine de gauche parle, un vieux qui tousse en permanence dans la loge juste derrière, un téléphone qui vibre quatre ou cinq fois pas très loin de moi, un autre téléphone qui sonne quant à lui très fort (sonnerie au format téléphone fixe des films américains) pendant le mouvement lent du
Concerto de Tchaikowski, un couple de vieux qui quitte la salle en plein milieu du deuxième mouvement de la
Cinquième Symphonie et, cerise sur le gâteau, le public qui applaudit à tout rompre à la fin du premier mouvement du
Concerto.
Il n’en reste pas moins que le concert de ce soir, sans être génial, était magnifique. Il a débuté par
Voyevoda (la Ballade Symphonique, pas l’opéra) œuvre que Tchaikowski jugeait complètement ratée et il n’avait pas complètement tort. Mais le morceau de bravoure de ce soir était le
Concerto pour piano, avec un Evgeny Kissin impérial, probablement au sommet de son art. Je n’avais jamais eu de chance avec ce
Concerto l’ayant entendu trois fois dans ma vie (Le désastre de
Cyril Tiberghien à
Mogador,
Ivo Kahánek à Prague et
Arcadi Volodos au
Concertgebouw) mais jamais de façon satisfaisante jusqu’à ce soir. De là où je suis placé, je peux parfaitement voir les mains de Kissin et vérifier ce que m'a indiqué récemment mon client organiste : de par sa tonalité en si bémol majeur, le pianiste n'utilise dans cette oeuvre quasiment que les touches noires de son instrument.
En bis, Kissin nous offre une
Valse de Tchaikowski. Le concert s’achève avec une très belle
Cinquième Symphonie qui m’a fait me souvenir de mon premier concert avec Herbert von Karajan au
Théâtre du Chatelet et puis aussi de mon ami HL qui déteste tellement le thème principal du premier et du quatrième mouvement. C’est la deuxième fois que je voyais Vladimir Ashkenazy diriger. Il a une gestuelle assez laide mais très efficace et très expressive. Comme il est fort petit, je dirais 1m60, il dirige depuis une estrade surélevée, de près d’un mètre de haut. Il a l’air aussi très drôle dans son comportement, saluant à la fin du concert avec la baguette coincée dans la bouche, ou entrainant les musiciens en coulisse, façon d’abréger des applaudissements très nourris et de nous faire comprendre qu’il n’y aurait pas de bis ce soir.
Rentré chez moi, je parle avec Sylvain un
grindrien que je ne connaissais pas et qui habite tout près de chez moi. Il est originaire d’Aix et semble très charmant. Comme il me laisse volontiers son numéro de téléphone je l’invite à venir chez moi après le concert du lendemain.