Long Walk à Dortmund
Le matin vol
Lufthansa de Paris à Düsseldorf où je loue une Volkswagen
Scirocco pour me rendre à Dortmund. En effet, fasciné par le nouveau disque de Francesco Tristano, j’ai décidé d’assister à l’un des concerts de sa tournée allemande
Long Walk. Le deuxième concert de la tournée a lieu dans le beau
Konzerthaus moderne de Dortmund, à moitié plein ce soir. J’ai grand plaisir à retrouver Francesco que je n’avais pas entendu depuis fort longtemps et à revoir sa façon si particulière et un peu intimidante de saluer. En le regardant sur scène, je me dis qu’il a probablement exactement le visage que Michael Jackson aurait aimé avoir, avec ces yeux immenses et ce petit nez droit et décidé. Mais ce qui me frappe avant tout, c’est la qualité de son son, quelque chose de net et voluptueux, que j’avais oublié et qui m’avait pourtant tellement frappé
lorsque je l’avais entendu lors de ses débuts et de cette tournée des petites villes autour d’Orléans.
Le programme reprend l’essentiel du disque
Long Walk avec un prélude de Buxtehude enchainé avec les variations
Capricciosa qui m’émerveillent de bout en bout. Bizarrement, par instant, le piano semble prendre un son légèrement électronique sans que je puisse affirmer que c’est une impression ou la réalité. Le concert se poursuit avec une
Toccata de Buxtehude, puis, quel bonheur, un bon tiers des
variations Goldberg auxquelles Francesco Tristano apporte son style si particulier. Le concert se poursuit avec les propres compositions de Francesco que, comme d’habitude, il joue avec un plaisir certain (et un déhanché étonnant). En l’écoutant, je me demandais s’il est plus facile de jouer du Frescobaldi à des raveurs ou de la musique électronique au public classique allemand si conservateur. J’ai eu ma réponse en constatant étonné le triomphe du public, enchanté d'entendre ce qui était la seconde exécution en publique d’une œuvre de musique contemporaine.