Aida à l’opéra de Cluj Napoca
Aujourd’hui, c’est la journée touristique de notre séjour. A l’origine, j’avais eu l’idée de faire une excursion dans chacun des cinq pays frontaliers, Hongrie, Slovaquie, Pologne et Ukraine, tous proches de Cluj, mais le calcul des distances rendit ce projet impossible et nous nous sommes rabattus sur la visite de Sigishoara, une petite ville médiévale classée au patrimoine de l’UNESCO. Le matin de bonne heure, nous partons donc en direction de Bucarest. La route est bonne, les paysages vallonnés, nous croisons des villages pittoresques, quelques villes industrielles sans charme, beaucoup d’églises orthodoxes en construction, et sur une large portion de la route, des vendeurs d’ail et d’oignon, sans doute pour nous rappeler que nous sommes au pays du comte Dracula. Sigishoara est d’ailleurs son lieu de naissance. La ville est belle mais petite, le centre médiéval se trouve en haut d’une colline avec ses maisons colorées, son atmosphère
Mittel Europa. L’influence de l’Empire Austro-Hongrois est évidente avec le nom des rues écrit en roumain et en allemand, l’école de la ville, vieille bâtisse au nom allemand elle aussi. Nous déjeunons d’une pizza sur une terrasse ensoleillée de la place principale et nous rentrons à Cluj. Je tire en liquide à un distributeur le montant de la location et du premier mois de loyer et nous allons à l’appartement pour signer le contrat de location avec le propriétaire. J’ai un peu hésité à signer le contrat en roumain, même avec une traduction faite oralement par Bogdan mais le propriétaire m’inspirait confiance et un coup d’œil jeté dans la nuit par une amie roumaine m’a montré que j’avais raison.
Dès le contrat signé, ma fille et moi avons filé à l’opéra de Cluj car à ma grande surprise, on y donnait ce jour une représentation unique d’
Aida. Je n’aime pas trop Aida, son côté péplum avant l’heure, ses marches rengaines et ses mises en scènes souvent grotesque. Et pourtant, comme me l’a souvent fait remarquer HLG, Mahler affectionnait particulièrement cet opéra et voulait toujours le diriger lui-même à Vienne, preuve s’il en faut de sa qualité. Je devrais un jour me trouver une représentation d’exception d’
Aida à Vienne ou Berlin et me faire une vraie idée. Jusqu’à aujourd’hui, je n’ai guère été gâté car ma seule représentation d’
Aida jusqu’à aujourd’hui a été
l’étonnant carton pâte de l’opéra de Kiev qui m’avait fait fuit à la fin du deuxième acte. J’appréhendais donc le pire ce soir avec la représentation unique de l’œuvre par l’orchestre, les chœurs et la troupe locale. Eh bien je dois confesser que si le spectacle n’était pas d’une grande qualité, il restait honorable et absolument pas ridicule. La troupe s'en est sortie au mieux des moyens du bord et l’orchestre jouait plutôt correctement une partition qui n’a rien de facile.
Ma fille et moi sommes néanmoins partis après les grandes marches et nous sommes aller prendre notre dîner d’adieu au
Baracca.