La Neuvième par l’orchestre de l’opéra de Munich
Paris Munich en fin de matinée. Par un hasard étonnant ce rendez vous à Munich a été fixé il y a quelques semaines, alors que ce soir, l’orchestre de l’opéra de Bavière donne la
Neuvième de Mahler sous la direction de Kent Kagano. Il ne restait que des places debout, mais j’avais pris un ticket.
En fin d’après-midi, je passe à l’opéra, des billets sont revenus et je m’achète une très bonne place, la caisse de l’opéra me remboursant même ma place à neuf euros. Comme l’affiche du concert est vraiment très belle, je demande à la billetterie si je peux en avoir une et une fille adorable descend de l’administration de l’opéra pour me l’apporter.
Après un
very early dinner à la brasserie
Spatenbrau, je traverse la place pour ce qui est bizarrement ma première visite à l’opéra de Munich, une institution très respectée en Allemagne, encore très marquée par les noms de Richard Strauss, de Karl Böhm ou plus récemment de Carlos Kleiber et Zubin Mehta. La salle a été refaite après guerre dans un style un peu bizarre, propre, néoromantique et somme toute assez laid. Mais du parterre, on voit bien et on entend très bien. Le spectacle est aussi dans la salle tant tout le monde est sur son trente et un.
Le concert débute par l’œuvre la plus connue du compositeur peu connu Karl Amadeus Hartmann (1905-1963), dont j’avais entendu l’œuvre ultime,
Gesangszene, d’après des textes de Giraudoux,
l’an passé à Berlin. Au programme ce soir, son
Concerto funebre pour violon et orchestre (plutôt fourni) à cordes, composé juste avant la guerre et révisé en 1959. C’est assez beau, en particulier les mouvements lents que l’extraordinaire Gil Shaham, que je n’avais pas entendu depuis
son incident d’archet d’il y a quatre ans, joue avec un plaisir visible, et amène à un niveau de beauté étonnant.
En deuxième partie, l’œuvre devenue si dangereuse depuis la perfection abbadienne de Lucerne. Le premier mouvement est assez banal. L’orchestre est bon, joue de façon très unie, mais un peu lisse. Le
Ländler est plus incisif, la folie du troisième mouvement est bien présente et l’orchestre commence même à se déchainer. Le
Finale est très remarquable avec les brassées de cordes comme je les aime et une toute fin absolument étouffante comme si l’air était raréfié dans la salle du
Staatsoper. Le public de l’opéra se tient d’ailleurs muet dans un silence abbadien alors que la baguette de Kent Nagano reste suspendue.
Je rentre sous la pluie en taxi au NH de l’aéroport
Franz Josef Strauss.