Pèlerinage sur le lieu de création de la Huitième Symphonie
Nous sommes partis dans la matinée pour Munich, avons pris le train pour la
Hauptbahnhof, déposé nos bagages à l’hôtel tout proche et nous avons aussitôt rejoint HL à son hôtel près de la
Gasteig Philharmonie. A ma grande surprise, HL n’est pas là, il est bien arrivé à Munich la veille mais il n’est pas à son hôtel et reste introuvable. Nous partons donc sans lui à la
Musikfesthalle où la conservatrice nous attend pour la visite de l’immense hall où Mahler a dirigé à quatre reprises (deux répétitions et deux concerts) la
Huitième Symphonie en septembre 1910. Finalement, HL donnera signe de vie et arrivera en taxi avec une demi heure de retard.
La
Musikfesthalle est un ensemble de hangars qui ont la même allure et ont été construits au début du vingtième siècle. Faits de béton et d’acier, ils étaient alors la plus haute voute sans pilier du monde, une sorte de CNIT rectangulaire et avant l’heure. L’ensemble a fait l’objet d’une restauration très soigneuse il y a une dizaine d’années, chaque pièce ayant été démontée nettoyée et remontée. Très bizarrement, le hall 1 avait à sa création une vocation musicale puisque on y avait installé en son centre un orgue monumental qui coupait l’espace en une salle proprement dite et les coulisses. La hauteur vertigineuse des lieux inquiétait Mahler qui doutait, sans doute à juste titre, de la qualité de l’acoustique. C’est ainsi que pendant les répétitions, la salle a été
remplie de soldats placés ici pour tester la qualité du son lorsque la salle serait occupée. Une photo immortalise cette bien étrange assistance en uniforme.
C’est donc avec beaucoup d’émotion qu’HL et moi avons découvert cet endroit mythique, transformé aujourd’hui en
musée des moyens de locomotion et où l’on voit des véhicules de toutes sortes, voitures, autobus et trains.
HL avait ses billets pour le concert du soir et moi pour le lendemain mais j’ai décidé de tenter ma chance avec un petit panneau
Suche 2 Karten. Alors que A. m’attendait au chaud, j’ai bravé le froid bavarois pour tenter d’acheter deux billets à des spectateurs. Nous étions une dizaine à tenter notre chance pour ce concert hyper complet et chaque fois qu’un spectateur montrait qu’il avait un billet à vendre, une mini émeute s’organisait autour de lui pour acheter le précieux sésame. Je ne sais si cela est du à l’élégance de mon
Tracht viennois et de ma chemise à col cassé, mais un couple charmant est venu directement et discrètement vers moi pour me proposer deux très bonnes places au prix normal. J’étais ravi.
Nous avons donc pu assister une première fois à cette
Huitième dirigée par Mariss Jansons, dans la ville où elle fut crée cent et une années plus tôt. L’acoustique un peu ingrate de la
Gasteig Philharmonie a laissé résonner les forces colossales de cette
Huitième très réussie, proche de
celle d’Amsterdam également dirigée par Jansons le 6 mars dernier.
Nous avons dîné à l’immense
Augustiner Keller qui se trouve un peu au-delà de la
Hauptbahnhof de petites saucisses bavaroises et de deux grandes bières derrière lesquelles j’ai eu le plaisir de photographier A. souriante et ravie de sa soirée.