Un concert naufrage
Journée passée à faire ce que je n’ai jamais le temps de faire. Je fais enfin refaire mes lunettes de vue que j’avais oubliées quelque part à l’île Maurice. A la grande surprise de l’opticien, je reprends le modèle de lunettes de soleil
Ray Ban galbées que je fais adapter en lunettes de vue. En début d’après-midi, je suis passé rue Cambronne chercher mon lecteur
acute qui sera sans doute mon ami des dix prochaines années.
Le soir, après un très bref passage au
Toni & Guy de Villiers (j’abandonne Clément qui opère désormais vraiment trop loin de mes bases), je rejoins H. à Bastille pour un concert symphonique qui s’avèrera désastreux. Je passerai vite sur une Passacaille de Webern correctement interprêtée, mais bien faible en comparaison avec l’orgasme sonore que
Zubin Mehta avait dirigé au Musikverein en octobre. Suivait le concerto pour violoncelle de Schumann dont l’intérêt principal était la chasuble turquoise fluorescent de Misha Maisky probablement piquée à Jessye Norman (ou d’après une source secrète, découpée dans une culotte de cete dernière). Suivait le meilleur moment du concert avec un extrait de l’une des suites de Bach, toute de tendresse. Le pire était pour la fin, Philippe Jordan dirigeant une
Quatrième de Brahms plate comme une autoroute du Palatinat. Il n’y avait rien, pas d’énergie, pas de son brahmsien, aucune tension, juste des musiciens qui jouaient des notes en ayant à l’esprit leur métro de retour, devant un chef qui gesticule. Et il gesticule bien, Philippe Jordan. Ses mouvements sont précis et élégants, on sentirait presque qu’il a une vision pour cette malheureuse symphonie de Brahms mais hélas, il ne parvient à aucun moment à la communiquer à ses musiciens. Un naufrage.
Le public est lui aussi d’une médiocrité absolue, applaudissant avec un enthousiasme poli entre chacun des mouvements de Brahms (Merci à Schumann d’avoir composé son concerto sans interruption entre les mouvements). Il y avait le voisin qui ronflait, cet autre qui remuait comme un beau diable sur le seul fauteuil de Bastille qui grince, celui à la montre qui fait
Bip sur le coup de dix heures. H. Et moi nous sommes éclipsés dès la dernière note, laissant cette bande de ploucs applaudir le désastre avec frénésie.
Pour ceux qui veulent écouter une vraie
Quatrième de Brahms, c’est
là.