Un concert à la Sala São Paulo
João passe me chercher à mon hôtel. Nous filons en taxi à l'autre bout de la ville, à la Sala São Paulo réputée être la plus belle salle de concert d'Amérique latine. La salle a été créée il y a cinq ans environ dans l'immense hall d'une gare de chemin de fer. C'est un grand espace rectangulaire entouré de nombreuses colonnes doriques en pierre blanche. Un très beau bois clair a été utilisé pour créer les balcons et un étonnant plafond à caissons modulaires. Il s'en dégage une impression
d'une beauté très pure et très naturelle, comme si la salle avait toujours existé.
L'orchestre se met en place pour donner un concert d'une densité rare : Concerto pour alto de Schnittke, puis la fameuse
Septième Symphonie de Shostakovich, composée pendant le terrible siège de Leningrad puis créée là bas, pendant le siège, par un orchestre galvanisé. La qualité globale du concert est plutôt bonne et les musiciens d'orchestre n'ont pas à rougir dans leur façon d'accompagner l'incroyable Tabea Zimermann dans le concerto dense et virtuose de Schnitkke.
Le public paulitain est étrange. Les spectateurs parlent volontiers pendant les oeuvres, baissant à peine la voix. A la fin du concert, fort long il est vrai, la moitié de la salle se lève sans même applaudir, l'autre moitié tentant vainement de récompenser les musiciens comme ils le méritent.
Nous allons boire un verre dans Jardins avec João. Il est une heure du matin, quatre heures en France. C'est parfait. Le décalage horaire est absorbé.