VIETATO FUMARE
Il y avait la foule des beaux soirs tout à l'heure à l'opéra Garnier pour la première de
Cosi. Je cède le passage à Stephane Lissner qui a encore trois mois devant lui avant sa propre ouverture à Milan. Nous sommes placés à l'amphithéâtre ce qui n'est pas trop mal pour voir et parfait pour entendre. En revanche, je ne vous recommande pas le dernier rang de l'amphithéâtre, sauf si vous êtes au format de Mimi Mathy. La place entre votre dossier et le dossier de devant est de l'ordre de cinquante centimètres. Mon voisin de droite ayant refusé ce traitement est parti je ne sais où, ce qui m'a permis de m'asseoir perpendiculairement à la scène, la tête à 90° du corps.
L'orchestre démarre pour l'ouverture, très cohérent. Il nous régalera toute la soirée, par la précision de ses pupitres, le velouté des vents, et en particulier des bois tellement présents dans cet opéra, avec une mention spéciale pour la jeune femme dont j'ignore le nom, en charge de l'accompagnement des récitatifs au pianoforte. Elle nous a émerveillé pendant trois heures par sa délicatesse et son imagination.
Vocalement, le résultat est plus variable. Le trio vocal est sublime avec une mention spéciale à Erin Wall merveilleuse
Fiordiligi et à Barbara Bonney,
Despina de luxe. Côté hommes c'est un peu plus inégal. Ruggero Raimondi défend vaillamment le rôle de
Don Alfonso de son beau baryton basse qui montre maintenant les effets de l'âge, mais avec une puissance vocale et une présence scénique magnifiques. Stéphane Degoult nous offre un
Guglielmo moyen, à la voix un peu aïgue pour le rôle. Et Shawn Mathey, après un début incertain à la limite du faux, chantera quelques airs d'une incroyable beauté.
Une mise en scène un peu agaçante de Patrice Chéreau avec ses soi-disant originalités tellement éculées et un décor dont on se lasse dès qu'on l'aperçoit.
Mais le gagnant de la soirée, c'est Mozart qui une fois de plus nous laisse totalement exangue après l'un de ses opéras, totalement enivré de musique.