Les flots du Danube
L'une de mes scènes de film préférées est la fin de
Agent X27 de Josef von Sternberg. L'héroïne, espionne jouée par Marlene Dietrich, est en prison, condamnée à mort. Pour la dernière nuit avant son exécution, on lui propose d'exaucer un dernier voeu. Elle demande un piano dans sa cellule. Et on voit Marlene, de dos, interpréter une valse de façon très virile, très puissante, en insistant sur le petit retard très typique du deuxième temps de la valse viennoise, puis en s'interrompant, lassée ou épuisée, au moment précis de ce retard.
J'ai longtemps cherché le nom de ce morceau, sans doute des années. Puis je l'ai entendue un jour par hasard sur France Musique. Il s'agit de la valse
Donauwellen de Joseph Ivanovici. Il a fallu que j'aille jusqu'à Vienne pour en trouver un enregistrement assez minable d'ailleurs... Et depuis, cet air me poursuit. Je l'ai entendu par hasard à des moments importants de ma vie. Je me rappelle qu'un joueur d'orgue mécanique le massacrait il y a peu dans la gare RER de La Défense. Et l'autre jour, à Nice, alors que nous partagions un dernier déjeuner avec
Mennuie, un accordéoniste s'est installé sur la place voisine pour jouer.... devinez quoi...