La Traviata au Festival d’Aix en Provence
Alors que je revenais de la piscine de l’hôtel, Antoine était introuvable. Il s’était caché dans le placard de la chambre. C’est cela aussi, Antoine.
On est allés en ville pour faire quelques courses. Je devais en particulier me trouver des chaussures pour le mariage auquel j’assistais dans l’après midi. C’est Antoine qui conduisait lorsque nous entrons dans un parking. Il cherche à prendre une place sur la gauche, relativement étroite entre un pilier de béton (à gauche) et un autre véhicule (à droite). J’imagine qu’il n’a pas regardé son rétroviseur, car la voiture a touché le pilier de bêton sur son flanc gauche. Je vais voir s’il y a des dégâts (l’aile est rayée) et je me rends compte qu’Antoine au lieu de reculer en braquant toujours à gauche, s’apprête à faire la manœuvre en contrebraquant complètement sur la droite, ce qui bien sûr aurait eu tendance à finir de défoncer l’aile de la voiture. J’ai hurlé. Oui on peut dire cela. J’ai hurlé car c’est la seule chose qui m’est venu à l’esprit pour éviter de bousiller stupidement une voiture de location. J’ai hurlé donc, je lui ai demandé de sortir de la voiture et j’ai refait la manœuvre en garant la voiture en marche arrière, ce qui était évidemment plus facile.
Antoine n’était pas content. Il était même profondément vexé de s’être fait crier dessus et m’a rappelé fermement (si tant est que j’avais besoin de le savoir) que je n’étais pas son père. La relation a été tendue entre nous pendant toute cette matinée, jusqu’à ce que je parte au mariage. J’avais tort bien sûr, j’aurais du mieux me contrôler, d’autant plus qu’il s’est avéré qu’après un lavage, on ne voyait presque plus rien de l’incident sur l’aile de la voiture.
Je suis allé à mon mariage près d’Orange tandis qu’Antoine allait voir le dernier volet des aventures d’Harry Potter (bien content d’échapper à ça, même si je déteste les mariages).
De retour de mon mariage, nous sommes donc nous sommes regarés dans le parking maudit du matin, puis, après un dîner sur le
Cours Mirabeau, nous sommes allés au
théâtre de l’Archevêché pour
La Traviata. Il ya bien longtemps que je n’étais pas allé dans cette merveilleuse cour, l’un des rares endroits au monde où j’aime la musique en plein air. Ce soir, le
London Symphony Orchestra était dans la fosse, et ça n’était pas Nathalie Dessay qui chantait mais la soprano moldave Irina Lungu. D’après une connaissance qui a vu les deux interprètes, c’était plutôt mieux et je dois reconnaître que je n’ai pas été vraiment convaincu par les videos que j'ai pu voir de Nathalie Dessay dans ce rôle. Alfredo était chanté par Charles Castronovo, un peu léger dans les aigus, et Germont était interprété par Ludovic Tézier, extraordinaire dans ce rôle. Certains ont trouvé sa présence scénique un peu indifférente. Pour ma part, je trouve que cette posture a donné une profondeur remarquable à son rôle. Il y avait aussi des décors minables (honnêtement j’aurais pu faire mieux) un chef qui m’a très agréablement surpris (Louis Langrée). Quant à l’orchestre, il n’y a que
Le Monde pour faire semblant de remarquer qu’il n’a pas l’habitude de jouer du Verdi. Même si cela est vrai, c’est tout simplement l’un des meilleurs orchestres au monde, et il est merveilleux de jouer Verdi comme cela, sans la moindre trace de vulgarité. C’est cela qu’on appelle l’élégance.