De Nacht
A minuit je traverse la rue pour me rendre au
Concertgebouw, plus précisément à la
Spiegelsaal qui est un beau foyer du rez de chaussée, derrière la grande salle. L’éclairage est doux avec de nombreuses bougies et des grands poufs noirs et rouges où l’on peut s’allonger.
Le concert de minuit
De Nacht démarre par un étonnant solo de trompette de Luciano Berio
Gute Nacht ; Puis alternent pendant une heure, du chant grégorien et des musiques en rapport avec la nuit : Les
Fêtes nocturnes de Martinu magnifiquement interprétées par des musiciens du
Concertgebouw, deux Lieder nocturnes de Schumann,
Zwielicht et
Mondnacht, une étrange pièce pour piano préparé de John Cage,
The perilous night, des extraits du
Pierrot Lunaire de Schönberg. Ce concert de minuit se termine par une nouvelle fois le
Gute Nacht de Berio.
Je rentre à l’hôtel pour une courte nuit et en fin de matinée le prends le vol KLM Amsterdam Paris.
Le soir, je me rends au
Théâtre des Champs Elysées pour un concert de
the Orchestra of the age of enlightment sous la direction de Vladimir Jurowski. Le concert démarre par l'ouverture de
Parsifal d’une terrible solennité, encore accentuée par les cordes à boyau et sans vibrato aucun des cordes. Le programme se poursuit avec
Totenfeier de Mahler, la version originale du poème symphonique qui est ensuite devenu le premier mouvement de la
Seconde Symphonie, l’œuvre qui avait rendu fou Hans von Bülow, quand le jeune Mahler la lui avait jouée au piano. Si l’interprétation est intéressante, il faut bien reconnaître que nos oreilles sont habituées à un Mahler au son plus corsé, plus intense et ce que l’on entend ce soir ressemble un peu ce qu’est un
Hammerflügel par rapport à un piano moderne.
A l’entracte je reste fasciné devant un jeune homme à la grâce de faune qui semble être l’amant du quinquagénaire qu’il accompagne.
La deuxième partie démarre par de bien décevants
Lieder eines fahrenden Gesellen chantés par Sarah Conolly. Ce concert s’achève par le Poème Symphonique de Liszt
Les Préludes que j’entends pour la première fois en concert. C’est une œuvre que j’aime énormément et depûis fort longtemps. Agé de douze ans, j’avais acheté à Berne un petit magnétophone à cassettes
Philips et ma première cassette audio contenait trois œuvres dirigées par Ferenc Fricsay: la
Symphonie du nouveau monde, la
Moldau et
Les Préludes. L’interprétation de ce soir, bien qu’énergique et pleine de contraste, m’a encore laissé sur ma faim.
Après le concert, je croise Vladimir Jurowski qui dîne au
Bar des théâtres avec des membres de l’orchestre. Il a un sac à dos noir au format assez spécial et dont dapassent quelques étuis à baguette.
Rentré chez moi, je discute quelques instants sur
skype avec G. qui depuis Los Angeles, m’indique qu’il va partir en excursion à Las Vegas, très bien accompagné. Ce propos ambigü me confirme ce que je savais déjà : moins je le verrai, mieux je me porterai.