La Deuxième de Mahler au Concertgebouw
J’ai pris mon petit déjeuner chez Keyzer, puis je me suis baladé dans le centre, je n’ai pas su résister à l’appel du hareng aux oignons de
Spui et j’ai rejoint
Paris Broadway qui déposait sa valise à la consigne de la gare. On a pris une part de gâteau dans le petit café en entresol de
Pieter Cornelisz Hooftstraat où un chat affectueux a coutume de dormir devant le feu.
Nous avons décidé de revendre la place de
Paris Broadway plutôt que celle que j’avais achetée pour G. J’imaginais pourtant bien qu’avec mon odeur d’oignon et ma toux persistante, je n’étais pas en ce jour un compagnon de concert idéal. Nous étions fort bien placés, juste dans l’angle sud du balcon. Cette
Deuxième de Mahler a été légèrement en deçà de mon attente en raison d’une multitude de petits détails et surtout de l’imperfection de l’ensemble du premier mouvement, pas très propre, malgré une entrée en matière époustouflante, toute de tension. Mariss Jansons respecte la pause suggérée par Mahler à la fin du premier mouvement et il réussit fort bien à éviter les applaudissements à son retour sur scène. Le deuxième mouvement était absolument sublime, dirigé très lentement par un Jansons sans baguette, ou plutôt ciselé somme une miniature. Le
Urlicht a été chanté de manière très belle et très engagée par une Bernarda Fink qui a incroyablement progressé depuis quelques années que l’avais entendu à la
Cité de la Musique. Mais le clou de ce concert était le dernier mouvement proche de la perfection. Les fanfares de coulisses étaient justes (ce qui est rare) mais aussi à un niveau sonore idéal. Le chœur était absolument prodigieux, en particulier les basses qui conféraient un côté russe au chant de Klopstock. Et Mariss Jansons a bien sûr l’intelligence de faire chanter le chœur assis, ce qui permet à ceux qui ne connaissent pas l’œuvre d’être surpris, et aux autres de ne pas être dérangés par un mouvement inutile et bruyant. En revanche, le chœur s’est levé un peu tard, le meilleur moment étant tout en chantant
Bereite dich ce qui donne un effet irrésistible au passage. J’étais en larmes à la fin de la symphonie, et heureux aussi de d’entendre pour la première fois l’orgue du Concertgebouw dont je ne suis pas sûr désormais qu’il serait l’instrument idéal pour la
Troisième Symphonie de Saint-Saens.
Retour calme sur Paris par le vol KLM du soir, et satisfaction d’arriver chez moi avant
Paris Broadway parti bien avant moi par le
Thalys.