Vierundzwanzig Stunden aus dem Leben eines Wanderers in Wien
Ce séjour a beau être mon septième à Vienne, je ne connais pas si bien cette ville car je n'y ai jamais résidé plus de deux ou trois jours... Chaque passage a été l'occasion de quelques découvertes mais il reste de nombreuses pièces manquantes à mon puzzle. Les deux journées ont eu le même climat : froid et ensoleillé le matin, glacial et neigeux dès la fin de l'après-midi. J'ai cependant arpenté la ville en tous sens, j'ai enfin visité le merveilleux Musée Leopold aux sublimes Schiele et Klimt, j'ai revu la maison de Mozart de la
Dom Gasse, avec son appartement lumineux qui respire une joie de vivre sans doute liée à la composition des
Nozze di Figaro.
Samedi soir, j'ai quitté mon hôtel et après avoir tenté d'avancer à pied, les trottoirs recouverts de glace m'ont convaincu de prendre un taxi pour me rendre à
Josefstadt dans le Huitième arrondissement, à l'angle de
Lerchengasse et de
Pfeilgasse. De là, j'ai appelé Ulrich. Il m'a dit d'avancer dans
Pfeilgasse jusqu'à un grand bâtiment années soixante marqué
Akademie. J'ai attendu quelques instants et il est venu me chercher. On a pris un immense ascenseur jusqu'au septième étage et il m'a accueilli dans sa minuscule chambre qui contenait juste un lit et un bureau. Il était très beau, moitié autrichien, moitié latino, avec un regard bleu intense sous ses cheveux sombres. Initialement je lui avais proposé d'aller dîner mais il devait absolument recevoir un appel de sa tante qui arrivait à Madrid en provenance du Vénézuela. Et l'appel en question ne pouvait arriver que sur un téléphone rose au pourtour de peluche, acheté pour la somme de un dollar à Singapour et qui tronait sur le bureau. J'ai tenté d'échafauder plusieurs solutions pour nous libérer du joug du truc en plume rose, mais sans succès. On s'est avachis sur le lit et on a parlé en sirotant des cannettes de bière légère. De temps à autres, il recevait un appel de sa patronne, française hystérique installée depuis des siècles à Vienne et dirigeant la filiale locale d'une marque de cosmétiques. Elle l'appelait à tout bout de champ, en sortant de chez sa psy, puis du restaurant, juste pour lui dire que tout allait bien. Et Ulrich acceptait
because I'm very well paid. On a parlé de sa tante, une autrichienne plus très jeune qui tient une maison pour touristes néo-hyppies américains au milieu de la jungle et des tamanoirs, on a parlé de Paris et de Vichy, d'Hugo Chavez et du côté tellement posh de tout ce qui est français en Autriche. On a parlé de se revoir à Paris en février. Et puis comme la tante vénézuélienne n'appelait toujours pas, je suis reparti. Il m'a raccompagné à l'ascenseur. J'ai marché sur les trottoirs de
Josefstadt transformés en patinoire alors que de gros flocons tombaient. Par chance j'ai trouvé un taxi sur
Marchenfelder Straße et je suis rentré à l'hôtel par le
Ring et le
Franz-Josefs Kai.