Un concert à l'opéra de Budapest
Aller à l'opéra de Budapest est un véritable voyage dans le temps. On y retrouve des impressions, des visions et des odeurs d'une autre époque qu'on peut situer un peu avant la deuxième guerre mondiale. L'or, le marbre, les tapis rouges un peu usés, les fauteuils redressables de bois noir et de velours rouge, les orifices dorés du chauffage sous chaque fauteuil, le fond de scène incroyablement décoré, rien ne semble avoir changé depuis l'inauguration du théâtre en 1885, l'électricité mise à part. Le vestiaire en lui même vaut la peine d'être vu, avec ses hôtesses aux tenues d'un autre âge. Il y dans la salle une odeur de vieille tenture très poussiéreuse. Le public, pas très jeune, s'est mis sur son trente et un pour venir à l'opéra et il y a fort peu de touristes. A l'entracte, on parle hongrois dans le magnifique foyer, on boit du
Tokay ou du
Törley accompagné de grands bretzels locaux. J'ai reçu quelques regards suspicieux, alors que je buvais mon verre de
Törley, vêtu d'un costume noir sans cravate mais chaussé de
Converse brésiliennes noires et argent.
Restait le concert hélas donné par l'
orchestre Philharmonique de Budapest et non celui de l'Opéra, un ensemble très féminin, les cordes étant squattées quasiment en totalité par des petites mamies en robe noire. Au programme, la 34ème symphonie de Mozart, gentiment savonnée, le concerto pour trompette de Josef Haydn, brillamment interprété par Tamas Velenczei, une symphonie soporifique de son frère Michael, et pour finir la 82ème symphonie de Josef Haydn (l'Ours) qui m'a semblée interminable. Les hongrois aplaudissent de façon assez amusante, en tentant dès que possible de passer sur un rythme binaire -un coup fort, un coup doux- puis, peu à peu, le coup fort élimine le coup doux et on passe à un applaudissement espacé.
C'est le son que j'ai le plus aimé de ce concert.