Impressions du clair de lune
Je m'assois. Il me l'apporte, le pose doucement contre moi. Il suffit de bloquer la pique entre deux lattes de parquet pour obtenir de la stabilité. Mes mains se posent plutôt naturellement là où il faut, mais je n'ose pas démarrer, sans doute par peur du ridicule. Il m'encourage. Je me lance sur la corde la plus grave, celle de do. Je suis surpris de la force qu'il faut donner pour que le son soit plein. Je parcours les quatre cordes pour les faire vibrer au naturel avec plus au moins de bonheur. Do. Sol. Ré. La. Je me lance dans la suite logique : Tenter de produire d'autres sons à l'aide de la main gauche. Il me suggère de tenter
Au clair de la lune. Tout simplement. En fait, c'est loin d'être aussi simple. J'ai du mal à trouver l'emplacement précis de l'index, puis de l'annulaire pour que le ré et le mi soient juste. Synchroniser un mimimum les deux mains. Garder l'archet perpendiculaire à l'instrument. Appuyer suffisamment fort. Au final je parviens à jouer la mélodie, pas très justement, et surtout pas très proprement.
Je ressors de l'exercice à la fois heureux de l'expérience et malheureux d'avoir consacré les principales priorités de ma vie à ce qui ne m'intéresse pas le plus.