Sonate
J'ai ouvert en grand les rideaux. La nuit était totalement noire et permettait donc de parfaitement distinguer toutes les lumières de la ville. Celles de la rive asiatique au loin, celles, mobiles et nombreuses, des bateaux qui traversent le Bosphore en tout sens, celles enfin, toutes proches, des contreforts de Besiktas. J'ai appuyé sur
Play et le voyage a commencé : trente minutes denses et tourmentées pour un instrument seul. Jamais aucune monotonie cependant. Parfois le violoncelliste alterne des passages dans l'extrême grave de son instrument avec de courts instants où les cordes semblent vibrer d'un son métallique. On se perd par parfois dans les méandres de mélodies ascendantes et dans celles, plus tragiques qui nous font brutalement quitter le ciel pour la terre. Et pourtant, on progresse dans les ténèbres de ces sons magiques, comme à travers les volutes d'une fumée qui aurait soudain envahi un espace néammoins immense.
L'
allegro molto vivace s'achève. Comme à l'occasion d'un voyage, on ne sort pas indemne d'un tel déplacement, surtout lorsqu'on l'effectue pour la première fois. L'écran de l'Ipod s'éteint. J'ai une pensée pour celui qui m'a initié à ce voyage.
Zoltan Kodaly : Sonate pour violoncelle op.8
C'est effectivement sublime... j'ai travaillé le premier mouvement l'année dernière.
zozocello | 19.01.05 @ 19:49 >