Alexander Malofeev en Dodge à Abu Dhabi
En fin d'après-midi, je me suis fait un petit plaisir: j'ai loué une grosse
Dodge et j'ai pris la route pour Abu Dhabi, distante de seulement cent vingt kilomètres. Malgré les embouteillages inévitables, le départ de Dubaï était assez beau, les rayons dorés du soleil couchant éclairant les haies de gratte-ciel. Je me suis retrouvé rapidement sur l'autoroute rectiligne qui longe la côte, à une dizaine de kilomètres de celle-ci. Le trafic s'améliore au fur et à mesure que l'on s'éloigne de Dubaï, la limitation de vitesse passe à 120km/h, puis à 140. Au bout de cent kilomètres, on prend une sortie en direction de l'île d'
Al Jubail que l'on traverse puis, après un pont, on arrive enfin à l'île de
Saadiyat où se tient le spectaculaire
Louvre Abu Dhabi. Mais ce soir, je ne suis pas allé au Louvre, j'ai bifurqué sur la droite dans l'improbable
Jacques Chirac Street et je me suis garé presque en face du
Manarat al Saadiyat, un centre artistique d'exposition et de concert où se tient ce soir un concert de musique de chambre par Alexandre Malofeev, le jeune prodige blond que je suis depuis ses débuts alors qu'il n'avait que vingt ans, accompagné par quatre solistes de l'orchestre du festival de Lucerne. La salle noire a peu de charme et des photographies sont projetées en arrière scène en guise de décor. On entend beaucoup parler français dans l'assistance. Les musiciens arrivent sur scène et, à ma grande surprise entament une musique inconnue. La salle se lève comme un seul homme et je comprends qu'ils jouent une version classique de
Ishy Bilady, l'hymne nationale des Emirats.
C'est un très beau concert auquel j'ai assisté ce soir avec en première partie le troisième Quatuor avec piano de Brahms et après l'entracte, le Quintette
La Truite de Schubert. J'ai particulièrement admiré la qualité de ses solistes a jouer ensemble, alors qu'ils n'en ont probablement pas l'habitude. On sentait qu'ils avaient un vrai plaisir à jouer ensemble, en particulier dans le bis qu'à ma grande honte, je n'ai pas réussi à reconnaitre. La salle a applaudi bruyamment après chacun des neuf mouvements. J'ai repris la
Dodge et je suis rentré à Dubai, non sans avoir fait un long détour pour traverser
Abu Dhabi downtown, beaucoup moins spectaculaire que sa grande voisine.