De Kuta à Nanterre
Envol de Kuta à 8h35. Atterrissage à Singapour à 11h00. A peine arrivé, je dépose ma grande carte de Bali à la consigne de l'aéroport, plus coûteuse que la carte elle même, et je saute dans un taxi. Mêmes impressions retrouvées : grandes avenues vides de circulation, espaces verts parfaitement entretenus, une sorte d'Amérique asiatique et genevoise à la fois. Le taxi me dépose devant le
Suntec, nouveau centre commercial qui héberge
Tower Records. Déception. Les rayons classiques ont fondu aussi vite qu'en Europe. Pas la moindre petite interprétation d'un orchestre japonais à me mettre sous la dent. Je repars à pieds et me retrouve rapidement devant le
Raffles. Je reparcours le hall en chantonnant "
I'll see you again" de Noel Coward. Direction le
Long Bar. Rien n'a changé. Merveilleuse atmosphère reconstituée d'un bar chic des années trente. Je m'installe au comptoir. Le personnel est magnifiquement bigarré : des chinois bien sûr, mais aussi des malais, des indiens, des indonésiens, à l'image de Singapour. Je commence par un
Singapore Sling. Normal, c'est dans cet hôtel qu'il a été inventé. Des petits samosas de légumes, quelques satays accompagnés d'oignons, un autre Singapore Sling, un expresso. La tradition ici est de manger les cacahuètes offertes à volonté sur les tables et de jeter les coquilles au sol. Le ménage n'est fait qu'une fois par jour et en fin de journée le
scratch scratch sous les pieds est irrésistible. Au plafond des palmes s'agitent mollement au gré d'un mécanisme complexe mais inutile, l'endroit étant fort climatisé.
Orchard Road, les centres commerciaux. J'achète un bouquin sur la vie de
Dimitri Mitropoulos, chef mythique décédé brutalement alors même qu'il dirigeait la Troisième Symphonie de Mahler à la Scala. Le ciel s'assombrit. Des trombes d'eau s'abattent sur la ville. J'évolue en zig-zag de centre commercial en centre commercial. Bloqué, je me réfugie dans une salle de jeu électronique ou une cinquantaine de jeunes singapouriens font des jeux en réseau dans un brouhaha indescriptible de hauts parleurs poussés à fond et de cris de joie des vainqueurs. Je repars au bout de vingt minutes. La pluie a cessé. Je prends le métro pour deux stations. Il est d'une propreté irréelle. Je stoppe à Chinatown, rare survivant du passé colonial de la ville. Je l'avais vu quasiment en ruine il y a dix ans. Il s'est peu à peu mué en une sorte de Disneyland multicolore et trop restauré. Singapour n'est pas la ville du juste milieu.
Je longe la Marina et ses restaurants à touristes. Je visite l'
Esplanade, nouvelle salle de concert du
Singapore Symphony Orchestra, dîne dans un
restaurant japonais qui fait face à la baie : ailes de raie, californian hand-roll, soft shell crabs, thé vert.
En repartant vers l'aéroport, un petit bip indique au chauffeur lorsqu'il dépasse les limites de vitesses autorisées. Je récupère ma carte de Bali. En route vers Paris. Passage de 35°C à -6°C en douze heures. Atterrissage à 6h00. Escale d'une douche à la maison. Métro. Nanterre à 9h00. Etrange journée.