Un puzzle catalan
Un des petits avantages à voyager souvent pour le boulot est de satisfaire mon goût à visiter les disquaires d´un peu partout. Et pour ce premier passage à Barcelone, je m'étais fixé comme but idiot de faire un tour à la fnac de la place de Catalogne. Mon avion étant planifié à 18h45, c'était mal parti...
Je me suis débrouillé pour être très à l'avance à Roissy, et j'ai pu prendre le vol précédent et arriver à Barcelone à 19h30. Un chauffeur de taxi très bavard m'a permis de jeter mes affaires à l'hôtel avant de me jeter moi même à 20h45 devant la fnac. Ca en valait la peine. J'y ai trouve un enregistrement que je cherchais depuis longtemps : la
Deuxième Symphonie de Wilhelm Fürtwangler. C´est un disque bizarre, une sorte de puzzle musical : Fürtwangler a composé cette oeuvre en 1944, en plein effondrement du regime nazi, et il l'a achevée l'année suivante alors qu'il n'avait plus le droit de diriger. En 1946, Fürtwangler a failli devenir le chef de l'orchestre Symphonique de Chicago. Mais le veto des grandes familles américaines, du à son passé controversé, a empêché ce projet. Fürtwanger est resté à Berlin. L´année de sa mort, en 1954, on lui a présenté à Salzbourg un couple argentin qui voulait lui faire entendre leur fils de 11 ans, prodige du piano. Fürtwangler a auditionné le jeune Barenboim et a décrété que c'etait un phénomène.
Quarante sept ans plus tard, c´est le même Barenboim qui se retrouve à la tête de l'orchestre de Chicago et qui enregistre la Deuxième Symphonie de Fürtwangler. La boucle est bouclée.
A part ca, je suis dans un cybercafé a côté du
Dietrich où je vais sûrement aller boire une vodka à la santé de quelqu'un avec qui j'etais en ce même endroit il y a dix huit mois.