Tchaikowski par Vladimir Ashkenazy, le Philharmonia Orchestra et Evgeny Kissin au Rosengarten de Mannheim
Je récupère ma fille et J. à huit heures du matin et nous partons vers l’est. Déjeuner au
Bürestubel à Pflugriesheim où un
client m’avait emmené il y a un an. Puis nous reprenons la route pour l’Allemagne. Marche dans la longue rue de la vieille ville de Heidelberg, toujours aussi belle, et où j’ai plaisir à retrouver le panneau attestant que Achim von Arnim et son beau frère Clemens Brentano ont travaillé au
Knaben Wunderhorn. J’achète aussi deux disques de concerts du Nouvel-An parus ce jour en Allemagne : celui de Vienne bien sûr, avec Daniel Barenboim, mais aussi celui de Dresde, très amusant, et où les magnifiques musiciens du
Semper Oper et Christian Thielemann nous emmènent de l’opérette berlinoise des années trente jusqu’à
West Side Story. L’une des plages les plus savoureuses de ce disque est la Marche
Berliner Luft, extraite de l’opérette
Frau Luna de Paul Lincke. C’est une marche devenue quasiment l’hymne de la ville de Berlin et qui donne irrésistiblement envie de frapper dans les mains. C’est devenu un peu aussi l’hymne de notre week-end en Allemagne, pour ma fille et moi.
Le soir, nous prenons la longue droite qui sépare Heidelberg de Mannheim et nous allons au
Rosengarten pour le dernier concert de la tournée de l’orchestre
Philharmonia. La caisse de la salle était particulièrement mal organisée et, après une longue queue parmi des étudiants chinois qui voulaient une place, la fille du guichet a été incapable de trouver mon billet. C’est sur la base de l’email de sa collègue qu’elle m’a donnée deux places du septième rang, totalement de côté. J’étais un peu énervé mais nous avons pu nous recentrer très légèrement avant le début du poème symphonique.
Le programme de ce soir était identique à celui du concert de mardi dernier au
Théâtre des Champs Elysées et pourtant, il m’a procuré un bonheur infiniment plus intense. Est-ce mon esprit plus serein pendant un week-end ? Est-ce l’auditoire allemand plus discipliné que celui de Paris. Toujours est-il qu’Evgeny Kissin m’a absolument subjugué dans cette interprétation parfaite du
Premier Concerto avec les accords plaqués du tout début, la merveilleuse douceur de l’
Andantino, ou encore la toute fin de l’œuvre avec sa mélodie si russe qu'elle m’a tiré des larmes aux yeux. Kissin joue en bis une étude de Scriabine sous les acclamations du public. Seconde partie avec la
Cinquième Symphonie et la direction toujours aussi précise et inspirée de Vladimir Ashkenazy que je considère maintenant comme un très grand chef et dont j’aimerais beaucoup entendre les Symphonies de Mahler. Il a dirigé une intégrale à Sydney pendant da saison 2010-2011. La
Barcarolle des
Saisons a été jouée en bis, comme mercredi à Paris et Ashkenazy nous a fait le même petit sketch, cette fois ci dans un mélange d’allemand et d’anglais étonnamment plus hésitant que son français.
Un verre d’
apfelsaft et un
bretzel dans la vieille ville d’Heidelberg avant d’aller dormir.