Trois heures de marche
Hier matin, j'étais libre de mon emploi du temps. Je quitte l'hôtel vers 9 heures pour une longue marche jusqu'au centre ville. J'admire la
Tour de Galata, témoin du passé gênois de la ville. Puis je traverse l'un des deux grands ponts sur le bras du fleuve. Je me retourne émerveillé : sur toutes les collines environnantes, des mosquées et des minarets. Des deux côtés du pont, des pêcheurs cherchent à attraper des sardines argentées. Arrivé sur l'autre rive, j'aperçois la mosquée de
Yeni Camii sur la place Eminonu. Je rentre dans sa cour intérieure, îlot de calme dans la vacarme de la circulation. Puis c'est le
bazar égyptien, avec ses odeurs, ses couleurs, son magasin de café
Kurukahveci Mehmet Efendi, fondé en 1871, véritable voyage dans le 19ème siècle.
Je remonte la colline vers l'Université, traverse un petit marché aux livres, puis pénètre dans le Grand Bazar, incroyable caverne d'Ali Baba aux grandes allées spacieuses.
Je demande mon chemin à une charmante policière et je me retrouve entre la Basilique
Sainte-Sophie et la
Grande Mosquée Bleue. Je songe à l'image de Sainte-Sophie dans mon livre d'histoire de Sixième, aux années écoulées depuis. J'entre par la porte des empereurs pour admirer la coupole de mosaïques dorées aux trois quarts restaurées. Je caresse deux petits chats qui semblent habiter les lieux.
A peine sorti, un jeune me propose de me cirer les pompes. Elles en ont bien besoin, surtout avec le rendez-vous que j'ai l'après-midi. Je demande le prix : 5 millions de livres. Au hasard je négocie à trois. Marché conclu. Je m'assois sur un banc dans la rue. Un coup de brossage, un coup de cirage, de la crème qu'il passe avec les doigts. Mes vieilles godasses achetées à Strasbourg il y a six ans n'ont jamais autant brillé. Le gamin m'explique que le prix négocié, c'était pour le brossage. Qu'avec le cirage, je dois débourser quinze millions. Je l'envoie se faire cirer ailleurs et lui donne le montant prévu. Il me suit dans la rue sans succès en se lamentant. Il est temps de rentrer. Les taxis sont de la même couleur qu'à New York, mais plus petits, plus vieux et fabriqués par la sous marque locale de Fiat. Ils sont surmontés d'un petit panneau TAKSI.
A midi pile nous entrons dans la cour de l'hôtel. La sécurité ouvre le coffre, regarde sous la voiture avec un miroir. je regarde la facture du taksi, émerveillé par ce 1 suivi de sept zéros.