1er Janvier
Comme chaque année, le déjeuner est ponctué par les valses et polkas du concert du Nouvel An cette année dirigé par le bien médiocre Franz Welser-Möst. Innovation de l’année, un zeste de Verdi et un rien de Wagner, anniversaires obligent.
Nouvelles tensions avec ma mère. Je repars agacé. Dans le train j’écris ce brouillon de lettre à l’attention de mon père :
Cher Papa,
Voila quatre années que nous ne nous sommes vus. Cela me rend triste. Comme tu le sais, j’étais à Clermont pour quatre jours en ce 1er janvier et je désirais te revoir. Tu n’as pas donné suite à ma demande. Est-ce un signe de désintérêt ? As-tu définitivement bifurqué vers une nouvelle vie ? La perspective de rencontrer tes enfants et tes petites-filles ne t’intéresse-t-elle plus ?
Je ne sais comment interpréter ton attitude. Je sais seulement qu’à nos âges, maintenir cette situation crée le risque réel de laisser s’instaurer l’indifférence et aussi, celui de ne jamais se revoir en ce monde.
Je ne sais ce que tu penseras de ce courrier. J’imagine qu’il t’embarrassera. Cela n’est pas ce que je recherche. Je souhaiterais seulement que de temps à autres, une fois par an peut être, tu réussisses à trouver l’occasion de me voir et de voir tes trois petites filles qui, elles-aussi, sont tristes d’être privées de leur grand-père.
C. m’indique que le fait de nous voir te crée peut-être des problèmes avec ta femme. Je n’ose croire que cela soit la vérité. Je n’ose imaginer que quelqu’un qui t’aime t’empêche de rencontrer tes enfants. Je sais pour ma part que rien ni personne ne m’empêchera jamais de rencontrer mes filles et de leur dire que je les aime. Elles sont la chair de ma chair et l’amour de ma vie.
Je sais aussi que tu as des soucis de santé mais que tu as pu éviter une opération, ce dont je me réjouis. Puisque je n’ai pu te voir en cette fin d’année, je te souhaiterai donc, par le biais de cette lettre, une bonne année 2013 en espérant que ta santé soit la meilleure possible. J’espère que 2013 nous permettra de nous revoir et de te redire que je suis
ton fils qui t’aime,
V.