Wagner à Tanglewood
A neuf heures pétantes, nous sommes allés chercher notre
Mustang décapotable de location à une agence de la 33ème rue. Cette année, elle est n’est plus toute jeune, mais elle est d’un noir élégant. Après avoir récupéré nos bagages à l’hôtel, nous traversons le
Connecticut et arrivons à Springfield où j’ai choisi un motel assez médiocre pour nos deux jours dans le
Massashussets. Aller au festival de
Tanglewood est un rêve que j’avais depuis fort longtemps, probablement depuis la sortie en disque de la mythique
Huitième Symphonie de Mahler que Seiji Ozawa y a enregistré en 1980, mais sans doute aussi à l’issue de lectures sur l’ambiance musicale qui règne sur le campus avec le souvenir de Serkin, Casals, Koussevitzky et Bernstein.
Lorque l’on quitte l’autoroute qui va de Boston à Albany, la campagne est absolument superbe avec des petites maisons élégantes en bois, des jardins non clôturés, des golfs et des petits lacs. Le festival de Tanglewood se tient à Lenox, une jolie petite ville qui tient de l’Amérique WASP de carte postale. Même si le festival d’été de l’Orchestre Symphonique de Boston a commencé dès 1935 dans les
Berkshires, c’est à partir de 1937 qu’il s'est tenu à
Tanglewood, propriété offerte à l’orchestre par une riche famille. C’est donc cette année le 75ème anniversaire du Festival et le concert du jour est la reconstitution d’un programme Wagner dirigé par Koussevitsky le 12 août 1937. Il comprend l’ouverture de Rienzi, la
Siegfried Idyll, le Prélude et la mort d Isolde, puis après l’entracte, la chevauchée des
Valkyries, les murmures de la forêt du
Crépuscule des Dieux et pour finir, le
Prélude de
Parsifal et celui de
Tannhäuser.
En 1937, un orage terrible avait empêché l’exécution de la
Siegried Idyll et la tente n’avait pas supporté les déluges de pluie qui avait trempé les malheureux spectateurs. C’est donc dès l’année suivante que le toit solide sur pilier a été construit. C’est un bâtiment assez laid, sans mur, de façon à ce que les spectateurs assis dans l’herbe aux alentours puissent entendre la musique et son acoustique est donc un peu fragile. La plupart des festivaliers viennent en début d’après midi avec un impressionnant matériel leur permettant de pique-niquer dans l’herbe. J’ai été frappé par l’âge très élevé de l’assistance et par le nombre incroyable de déambulateurs. Musicalement, le concert était bien sans plus, le chef, Asher Fisch m’a fait bonne impression, mais même les fortissimos wagneriens avaient tendance à se perdre un peu dans le vide.